Anonyme [1649], LE CENSEVR POLITIQVE. AV TRES-AVGVSTE Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_668. Cote locale : E_1_120.
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D’ailleurs à quel propos parler de caution,
Veu que c’est ordonner vne condition,
Qui pour le prisonnier est souuent impossible,
Tant l’horreur des prisons en ce poinct est nuisible.
A quel propos encor la garde des Huissiers,
Quand on veut exposer les biens aux creanciers.
Veu mesme que souuent faute de cognoissance,
Le riche mal-aisé s’en voit dans l’impuissance,
Et priué du moyen prescrit par vostre Arrest :
Il souffre cependant vn notable interest ;
Notable, c’est trop peu, disons irreparable,
Pour ce que la prison en fait vn miserable.
C’est là tout le succez qu’on peut en esperer,
Et c’est ce que le moins on veut considerer.
S’il a pourtant du bien qui soit en heritage,
Ou si tous ses effets il vous donne pour gage,
Estans tous exposez & mis deuant vos yeux,
Creanciers inhumains qu’esperez-vous de mieux ?
Tirerez-vous d’vn corps ou d’vne ame affligée
L’argent dont la personne est par corps obligée
Et quand bien en prison vous la verriez mourir,
Sa mort vous pourroit-elle au besoin secourir ?
Mais si vous monstrant tout elle fait son possible,
Pourquoy vous rendez vous à ses maux insensible ?
En declarant ses biens fait-on pas son pouuoir,
Et faisant ce qu’on peut fait-on pas son deuoir ?
On croit donc que ces maux dont on n’a la science,
Qu’à souffrir des prisons la dure experience,
Rencontreront vos cœurs disposez à pitié,
Moderans ses rigueurs au moins d’vne moitié.
Que la raison qu’on voit aujourd’huy dans sa pompe,
Chassera loin de vous l’imposteur qui vous trompe.
Que vous ferez enfin qu’vne execution
Ne sera plus pillage & persecution.
Et que tout debiteur offrant ce qu’il possede,
De son oppression trouuera le remede.
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Anonyme [1649], LE CENSEVR POLITIQVE. AV TRES-AVGVSTE Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_668. Cote locale : E_1_120.