Silhon [?] [1650], AVIS AVX FLAMENS. Sur le Traité que les Espagnols ont fait auec la Duchesse de Longueuille, & le Mareschal de Turenne. , françaisRéférence RIM : M0_485. Cote locale : D_1_17.
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de la part des François, vn iuste suiet de craindre, que du ressentiment,
soit de la disgrace soufferte, soit du bien-fait receu ;
ne se formât quelque liaison entre ces Princes & luy qui seroit
fatale à la France. Et par consequent vous voyez quel grand
obstacle les Espagnols ont mis à la Paix par ce Traité, & quelle
longue fusée ils ont entrepris de deuider, auant que d’y
arriuer.

 

Outre cela, la promesse que la Duchesse de Longueuille &
le Mareschal de Turenne leur ont faite de ne desarmer iamais,
qu’on n’eût contraint la France de venir à vne Paix égale auec
l’Espagne ; c’est à dire que les choses ne fussent au mesme estat,
qu’elles estoient auant la guerre. Cette promesse, dis-ie, ne
monstre-t’elle pas assez par le grand chemin qu’il y a à faire, &
les mauuais pas qu’il y a à franchir, auant qu’on en vienne là ;
que ce Traité a plustost esté vne conspiration pour rendre la
guerre immortelle ; qu’vne association pour acheminer la
Paix, & pour rompre les obstacles, qui l’ont iusques icy si
fort trauersée ?

D’ailleurs ne vous imaginez-vous point, de quel aiguillon
nouueau ce Traité poussera les François, qui ne sont pas ennemis
de leur partie, à s’opposer au dessein de ces autres François,
qui luy veulent procurer la Paix, en fortifiant la guerre
estrangere qu’on luy fait, & en suscitant dans ses entrailles la
ciuile. Qui la veulent rendre heureuse, & la mettre en vn
poste plein de seureté & d’honneur, en ouurant ses frontieres
à des Ennemis animez à la vengeance, par tant d’affrons & de
pertes receuë : en leur sacrifiant (& c’est vne des fins de la
guerre) les succés obtenus sur eux, & le fruit de tant de sang
répandu, & de tant de tresors consumez, l’espace de tant d’années.
Bref en la noyant au dedans de ce deluge de maux que la
guerre ciuile verse, & y destruisant par ce moyen les principes
& les organes de sa force & de sa vie. C’est proprement vouloir
rendre la santé & la beauté à vn corps malade & defiguré,
en le couurant de blessures, & le nourrissant de viandes empoisonnées.
C’est vouloir assurer vne place en mettant ses dehors
entre les mains de ses ennemis, en iettant le desordre dans
la garnison, & faisant entretuer les soldats qui la composent.

Vne Paix
égale seure
& honeste ;
ce sont les
termes du
Traité.

Ie passe outre, & vous dis, Messieurs, que les Princes arrestez

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Silhon [?] [1650], AVIS AVX FLAMENS. Sur le Traité que les Espagnols ont fait auec la Duchesse de Longueuille, & le Mareschal de Turenne. , françaisRéférence RIM : M0_485. Cote locale : D_1_17.