Anonyme [1649], RAISONNEMENTS PARTICVLIERS DE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2972. Cote locale : C_9_3.
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du Ciel & de la nature de nous donner
des parens, & bien souuent encore apres que
nous sommes nés ne suiuons nous pas leurs fortunes
ny leurs inclinations naturelles. Il se rencontre
fort peu d’enfans semblables aux peres,
dont ie puis seruir de tesmoin, car si mon pere a
eu en soy quelque chose de reprehensible, quelque
excuse que ie me puisse apporter, il est vray
que i’ay beaucoup de deffauts qui sont incomparablement
plus grands que les siens. Mais pour
reuenir à ma race & à ma naissance, n’a ton pas
veu plusieurs fois, que des Empereurs & des
Roys ont esté tirez des conditions les plus viles
& les plus abiectes. Vn des premiers Dictateurs
de Rome fut enleué de sa charruë pour entreprendre
l’Estat, & les affaires estant acheuées il y
retourna comme auparauant. Auguste estoit
soupçonné d’estre de bas lieu ; Elius Pertinax
n’auoit esté qu’vn Marchand de bois, le Iardinier
d’Alexandre fut Roy d’vne Prouince d’Asie,
& mille autres exemples que ie pourrois rapporter.
Tout ce de quoy l’on pourroit donc me
blasmer à ce suiet là, c’est que ie n’ay pas veritablement
assez de vertu pour recompenser ce
deffaut, mais à qui s’en prendre, puis qu’il semble
que c’estoit le deuoir de la nature mesme de
me fournir les auantages necessaires pour la condition
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Anonyme [1649], RAISONNEMENTS PARTICVLIERS DE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2972. Cote locale : C_9_3.