Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : A_6_7.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 13 --

Epistre aux Corinthiens, où il est demonstré que Dieu, qui anime
l’Eglise par son Sainct Esprit, il le distribuë non seulement au
chef, mais encore aux moindres membres selon la proportion, &
l’vsage de chacun d’iceux. Ainsi deuons-nous dire de la Majesté, &
du pouuoir qui appartient à châques peuples pour se regir, maintenir
& conseruer. Ils en ont donné la principale fonction à leurs chefs,
mais ils ne s’en sont pas priuez totalement : ils n’ont pas entendu se
rendre esclaues, ny deuenir stupides, & insensibles comme des trones
de bois. De sorte que nostre Seigneur Iesus Christ ne dédaignant
pas de communiquer son Esprit au moindre des fideles, ny de se
qualifier l’vn de ses membres, on ne fait point de tort au Prince,
quand on soustient que les Magistrats, châcun dans leur competence,
ont vne participation de son authorité, plus ou moins grande, selon
l’estenduë & la dignité de leurs charges, & selon les diuerses fortunes
qui arriuent au Souuerain. Par exemple, quand nos Roys ont
entrepris des voyages d’Outre-mer, il est certain que les Magistrats
auoient plus de pouuoir & plus d’empire que pendant leur presence
& residence actuelle. Le mesme arriue-t’il dans les interregnes, le
mesme encore pendãt les minoritez. Quant est de ce pouuoir absolu,
infiny, indépendant, & qui n’a point de bornes, il n’appartient qu’à
Dieu seul, lequel ayant vne bonté, vne sagesse, & vne puissance infinie,
il n’en sçauroit mal vser. Et ceux qui veulent mettre la Majesté
des Roys à ce haut poinct transcendant & exorbitant, ils pechent
cõtre la propre seureté des Princes, & ne font rien pour eux-mesmes ;
car nous voyons par les histoires qu’ils ont esté les premiers écrasez,
& chastiez par la rigueur de leurs propres aduis. Ce n’est pas que
nous pretendions icy, en fortifiant le party des Magistrats, affoiblir
l’authorité legitime du Prince, ny rien innouer en l’Estat d’vne Monarchie
de douze cens ans, sous laquelle nos Predecesseurs ont vescu.
Ie veux croire que nul Parisien & nul François, en sa plus cruelle
oppression, n’est pas capable de former cette pensée, & la calomnie
du Placard n’est assistée d’aucune apparence, quand il dit que deux
cens Conseillers du Parlement se veulent eriger en Tyrans, pour
gourmander tout le reste de la France. C’est bien mal entendre leur
intention, veu qu’ils n’ont iamais pretendu autre chose que repurger
cet Estat de la vermine des Partisans, & de leurs fauteurs ; car quant
à l’interest, & à l’honneur des Princes, ny mesme à leurs delices, & à
Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : A_6_7.