Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
18. Fev.
Ce iour mesme il nous fut mandé Que le beau-frere de Condé, Longneuille l’inébranlable Refusoit d’estre Connestable. Que cela fust en son pouuoir, Ie ne sçay. Mais il d’eust sçauoir Que tel qui refuse apres muse Si e prouerbe ne s’abuse.
Ce iour au Parlement on lut La lettre qui surprise fut, Et que par quelque manigance Escriuoit à son Eminence Le grand-homme Monsieur Cohon, Dont si vous abregez le nom, Il reste vn mot plein d’infamie, Qui fait tort à sa saincte vie. Il fut dit qu’on l’obserueroit, Et Gardes on luy donneroit, Comme à Monsieur l’Euesque d’Aire, Qu’on croyoit estre du mystere : Qu’en outre on prendroit au collet Vn Conseiller du Chastelet Laune, qui gaiguant la guerite N’attendit pas cette visite.
Ce iour l’Archeuesque regla, Et par son reglement sangla Messieurs de ieusne & de Caresme, Qui s’en venoient à face blesme Victorieux du carnaual Seconder le party Royal En nous ostant la bonne chere : Mais la farine estoit trop chere. Ce qui fit que nostre Pasteur Vsant enuers nous de douceur, Par vne forme d’indulgence, Et sans tiret à consequence Nous accorda de manger œuf, Mouton, goret, volaille & bœuf, Fromage veaux, agneaux esclanche, Lundy, Mardy, Ieudy, Dimanche ; Et du poisson les Mercredis, Les Vendredis & Samedis, Et toute la saincte sepmaine, Temps qu’il laissa sous le domaine D’vn Caresme tres-rigoureux Qui fut tout le reste aux Chartreux, Ou qui du moins y deuoit estre, Mais il se vint camper le traistre Chez quelques pauures habitans Qui disent-ils deuant ce temps Iamais si long ne le trouuerent, Et dés les Roys le commencerent : Si bien qu’en mageant son harant, Par vn effet bien different, Sans iours gras le gueux fit Caresme, Le riche n’en fit pas de mesme, Car ayant tousiours force plats Sans Caresme il fit les iours gras.
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Le Vendredy dans l’Assemblée Les gens du Roy vinrent d’emblée, Ils retournoient de Sainct Germain ; Lors ils dirent l’accueil humain Qu’ils auoient receu de la Reine, Qui sans leur tesmoigner de haine Leur auoit fait ciuilité, Et promis vne infinité De faueurs & de bien-veillance Dés que par leur obeïssance Messieurs du Palais prouueroient Les respects dont ils l’asseuroient ; Et que s’ils tenoient leur promesse Ils auroient du pain de Gonesse.
19. Fev.
Cependant l’Agent arriua Que l’Archiduc nous enuoya, Et dont disoit la harangere Il porte la paix, ma comere. Il venoit faire compliment A nostre Auguste Parlement. Et ce fut ce iour que le drosse Nous fit voir sa trogne Espagnolle. Iour, que recru de son trauail Il ne prit qu’vne gousse d’ail, Tant il auoit d’impatience D’estre bien tost à l’audience, Où la main dessus le rognon Il laissa tomber vn ognon Comme il tiroit de sa pochette Vne missiue assez bien faite,
Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14. |