Anonyme [1652], L’ESTONNEMENT DE LA COVR, DE L’ESPRIT QVI VA DE NVICT. , français, latinRéférence RIM : M0_1306. Cote locale : B_1_15.
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finalement accommodés comme il faut par Æaque,
Minos & Rhadamante.
Ceux-cy se seront abusés comme ie croy : ils
ont ouy dire, ou leu, que les anciens donnerent
autrefois à fortune la corne d’abondance auec le
timon d’vn nauire, parce qu’ils la reconnoissent
Royne de la terre & de la mer, mais comme elle
estoit alors variable, ainsi auiourd’huy à leur
dommage ils l’experimenteront inconstante, legere
& muable, & seulement constante en sa
mobilité & changement : toutefois on dit, qu’il
n’est que d’en auoir, & que ceux qui sont aupres
des Grands ont le plus grand potage, & le vin
plus frais, que les autres qui se tuent à ne rien
faire.
Mais ie ne sçay si nous suiurons le conseil de
Seneque, qui en vne Tragedie, n’est pas d’auis de
suiure Fortune : car il luy en veut, ie ne sçay qu’elle
luy auoit fait, il dit :
Demeure debout & puissant,
Qui peut sur le feste glissant,
De la bienveillance d’vn Prince :
Mais moy ie ne souhaite rien :
Qu’auoir en paix vn peu de bien,
A l’escart en quelque Prouince.
O la grande folie à vn homme de se ietter sous
la conduite du vent de fortune pour faire vn heureux
nauigage : pour s’estre trop fié à ses forces :
Anonyme [1652], L’ESTONNEMENT DE LA COVR, DE L’ESPRIT QVI VA DE NVICT. , français, latinRéférence RIM : M0_1306. Cote locale : B_1_15.
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