Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.
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& ont voulu qu’elle fust nourrie & esleuée aux Lettres,
pour se rendre digne des charges qu’elle doit posseder
auec le temps. Ils n’ont pas ignoré que c’est par les
preceptes des sciences qu’on fait prouision des choses
plus estimées des hommes, des plus necessaires à l’vsage
de nostre vie : comme sont les Conseils, les Lettres, les
Alliances, les Loix, les Traittés de paix, & tels autres liens
de la societé humaine.

 

Et quel est l’homme si habile, qui voulust entreprendre
de loüer assés dignement les bonnes Lettres, puis que c’est
par leur moyen qu’on a apris de ramener les peuples de la
Barbarie à l’Humanité, de reformer les mœurs, corriger les
loix, chastier les tyrans, bannir les vices, entretenir les
vertus ? Et tout ainsi que l’on charme les Aspics, les Viperes,
& les Serpens auec certaines paroles, ainsi les Orateurs
charment les plus sauuages & barbares par la douceur
de leur eloquence.

S’il faut accorder les Roys, ou les peuples armés les vns
contre les autres, sçauroit on faire aucun accommodement
que par l’entremise des hommes doctes & prudens ?
N’est ce pas enfin dans les liures, où l’on trouue les graues
& sententieux propos des Sages, les Oracles diuins, les secrets
de la Philosophie, les regles de toutes les sciences ?
N’est-ce pas les écrits des gens lettrés qui garentissent les
belles actions du tombeau de l’oubly, les consignent à la
posterité, & leur donnent vne vie d’eternelle durée ?

Quant aux Ambassadeurs, il est certain qu’ils ne
peuuent faire dignement leur fonction sans le secours
des sciences, & particulierement sans estre doüés de bien
dire : car l’eloquence les rend capables de persuader tout
ce qu’ils veulent à ceux ausquels ils sont enuoyés. Or si les
lettres sont si necessaires aux Ambassadeurs, combien doiuent-elles
estre prisées des Princes qui en doiuent tirer de
si bonnes instructions ? Et puis que la Politique permet
qu’on les trompe pour la grandeur de leurs Maisons, quel
auantage peuuent-ils auoir sur les autres s’ils sont moindres
qu’eux en adresse ?

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.