Anonyme [1649], LE SECRET DE LA PAIX. OV, LA VERITABLE SVITTE DV THEOLOGIEN D’ESTAT A LA REYNE. , français, latinRéférence RIM : M0_3627. Cote locale : C_10_3.
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apres quoy il faut auoüer que c’est vn amer creue-cœur, de
nous veoir separez d’vn obiet si delicieux, dans lequel germent
toutes nos esperances, & viuent toutes nos vies.

 

Vous nous traittez comme Dieu iustement irrité traitte les
damnez, vous nous affligez de la peine du Dam, que les Theologiens
appellent la pire des Enfers. Vous faites éclipser sur
nous ce bel œil dont nous puisons nos clartez & nos ioyes,
vous nous rendez la vie odieuse, que nous ne desirons conseruer
que pour luy. L’Escriture vous a pû apprendre qu’Absalon
fils de Dauid, estant reconcilié auec son Pere apres vne
horrible offence, a telle condition qu’il ne verroit pas le Roy
pour quelque temps, s’affligea tellement de ce delay, qu’il
essaya par tous moyens de traicter son entiere reconciliation
auec Ioab qui estoit tres-puissant sur l’esprit de Dauid. Mais
comme il differoit de l’aller veoir, il fit mettre le feu a ses
bleds, ce qui fit que Ioab ardent comme son bled mesme,
vint a luy pour luy reprocher son ingratitude ; Mais Absalon
luy dit, il n’est pas question de cela maintenant, il n’y a qu’vn
mot, ou tue moy ? ou me fais veoir le Roy mon Pere ? Si ce Fils
des-naturé portoit auec tant d’impatience la priuation du visage
paternel, combien pensez-vous, MADAME, que
vos vrays & naturels subiets souffrent de tourment pour se
veoir esloignez des yeux de vos Maiestez. Les iours nous
semblent sans clartez, & les nuicts sans repos, les diuertissemens
sans plaisir, & les affaires sans satis faction, tout ce que
nous voyons nous semble porter les marques de nostre malheur,
tant que nous sommes priuez de nostre Dieu-donné, &
de vous qui l’auez produit pour nous, & qui estes obligée de
nous le rendre.

2. Reg.
14.

Si on se contentoit de nos mal-heurs sans y adiouster des
crimes, nous aurions encore moins de suiet de nous plaindre,
mais qu’on publie a la face du Ciel & de la Terre que nous
experimentons ces rudes chastimens pour punir nostre rebellion,
c’est ce que nous ne pouuons souffrir sans d’horribles
conuulsions de douleur. Si nous sommes rebelles c’est à la
faim dont nous n’auons pû supporter l’empire ; Si nous sommes
rebelles, c’est au fer des Allemans, & des Polonois que

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