Anonyme [1652], DEVXIESME ET DERNIERE REQVESTE PRESENTÉE A SON Altesse Royale, Dimanche dernier 30. Juin 1652. par les Bourgeois & Habitans de la Ville & Faux-Bourgs de Paris, sur le sujet des affaires pressantes. , françaisRéférence RIM : M0_1068. Cote locale : B_5_27.
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DEVXIESME ET DERNIERE
Requeste presentée à S. A. R. Dimanche
dernier 30. Iuin 1652. par les
Bourgeois & Habitans de la Ville de
Paris, sur le sujet des affaire presentes.

A SON ALTESSE ROYALE.

SVPPLIENT tres-humblement
Vostre Altesse Royale, les Bourgeois
& Habitans de la Ville &
Faux Bourgs de Paris, Disants, Que
comme le malaugmente de iour à autre, & que
le remede necessaire pour le faire cesser est pressant,
se voyant à la veille de se voir reduits à
souffrir la famine (qui est le plus cruel tourment
du peuple) à cause de la cherté excessiue
des viures, & que les ennemis sont aux portes
de la Ville, auec dessein de tenir les aduenues,
& d’empescher l’abord des marchandises, que
cela estant, il est à craindre que l’vrgente necessité
& disette, ne fasse naistre vne sedition
dangereuse parmy tant de pauure peuple qui se
trouue auiourd’huy dans Paris ; à quoy il est
grandement important de pourueoir, & d’aller

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au deuant, & que de plus, l’esperance se perd
de pouuoir faire la recolte des biens qui sont à
la Campagne, à cause des armées qui l’a ruinent,
& qui se continuëra tant que le Cardinal Mazarin
sera en France : Ce qui nous a donné sujet
de reïterer nos tres-humbles Remonstrances à
Vostre Altesse Royale, ensemble les mesmes
propositions, d’vn armement que les Bourgeois
de la Ville & Faux Bourgs, offrent pour fortifier
& faire effectuer ses iustes & raisonnables
desseins, de Vostre Altesse Royale, de Messieurs
les Princes & de bon nombre d’autres personnes
affectionnées au bien & au repos du public,
que tous vniuersellement desirent & demandent,
& forcer le Cardinal Mazarin à sortir du
Royaume sans plus y reuenir, pour estre luy seul
la cause principale de l’extréme misere que
nous souffrons. C’est pourquoy continuans &
perseuerans en nos premieres intentions d’exposer
tout ce que Dieu nous a donné de forces
& de biens, voire nos propres vies pour faire
cognoistre à Vostre Altesse Royale, cette nostre,
viue, courageuse & derniere intention de
contribuer aux moyens de nous voir deliurez
de l’oppression que nous cause ce tyran, ennemy
iuré de l’Estat & du repos public, à quoy, le
temps que demande ce prompt remede ne peut
d’auantage endurer les remises qui ont toûjours

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esté faites, & tant de Deputations inutiles
qui nous sont tres-prejudiciables, attendu que
le Cardinal s’en est preuallu pour faire venir des
forces capables d’acheuer nostre ruine. C’est
pourquoy nous sommes prests à mettre sur pied
vne armée considerable, & disposée à sortir au
premier Ordre que nous aurons de vostre Altesse
Royale, pour auec la sienne marcher sous
la conduite de Monseigneur le Prince, aux
lieux necessaires, chasser ce Cardinal, & sauuer
s’il est possible, la recolte des biens : Nous sommes
tres-asseurez, que c’est sa plus grande apprehension
d’entendre que Paris prenne les armes
contre luy, ce qui sans doute causera la
paix : Aussi nous esperons tant de Vostre Altesse
Royale, qu’elle aura agreable ces offres de
nos armes & de nos petits moyens pour vn sujet
de telle importance, mais iuste & raisonnable,
afin qu’en peu de iours l’on voye le calme retourner,
la Maison Royale reünie & en tres-bonne
intelligence auec le Roy, les armée congediées,
la campagne libre, le peuple soulagé,
les larmes arrestées, les miseres changées en
ioyes & allegresses, la paix tant desirée, refleurir
au Royaume, & faire en sorte, que par vne
resolution tres-genereuse, Vostre Altesse
Royale, Messieurs les Princes, la Cour de Parlement,
& la plus saine & meilleure partie des

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Bourgeois de la Ville & Faux Bourgs de Paris,
ne conspirent qu’à s’entretenir en vne bonne &
constante vnion, pour contraindre les adherans
du Cardinal Mazarin à fournir aux frais
d’vne armée si necessaire pour ce deffaire de cét
ennemy ; que si nous sommes si mal-heureux,
de n’estre oüys ny considerez en nos plaintes &
tres-humbles Remonstrances, nous nous verrons
contraints, & à nostre grand regret, de
prendre en main nostre commune deffense, &
la violente necessité du mal nous fera resoudre
à cesser nos trauaux & labeurs ordinaires pour
en venir aux armes, & marcher contre tous
ceux qui trauaillent à nostre ruine, ce que nous
auons tousiours differé iusques à present, pour
entretenir le respect que nous deuons à Vostre
Altesse Royale, que s’il luy plaist, en cette consideration,
nous donner cette consolation d’aggréer
nos supplications, & les faire considerer
à ceux qu’elle iugera le faire, & elle cognoistra
aux effets, que de nostre costé les armes, les
hommes ny l’argent ne manqueront point
pour paruenir à vne bonne paix, que nous esperons
par les heureux succez des armes de Vostre
Altesse Royale, qui sera la fin, & le soulagement
de nos langueurs, & ce qui plus nous importe
& nous met en peine, est de sçauoir le party
que nous prendrons auant que prendre les
armes.

 

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Ce consideré, MONSEIGNEVR, il
plaira à vostre Altesse Royale, de faire cognoistre
au Parlement cette nostre resolution, afin
que puissions estre asseurez de ce que nous ferons
pour ne point estre cause de nostre desvnion,
ce qui donneroit sujet au Cardinal Mazarin
de continüer en son mauuais dessein, qui
est de nous perdre, protestans qu’en voyant sa
bonne volonté, de preuenir ces extrémes malheurs,
nous témorgnerons aux effets que nous
sommes, & serons tousiours,

MONSEIGNEVR,

De Vostre ALTESSE ROYALE,

Les tres-humbles, tres-obeyssans,
& tres-fidels Seruiteurs, LES HABITANS DE LA
VILLE ET FAVX-BOVRGS
DE PARIS.

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