Anonyme [1650], LE GRAND COVRIER OV LE CELEBRE DEFENSEVR DV MARDY GRAS, ET SON DIALOGVE AVEC gros Guillaume, le Dodelu, & Frippe-sausse. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : C_1_48.
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LE
GRAND COVRIER
OV
LE CELEBRE
DEFENSEVR
DV MARDY GRAS,

ET SON DIALOGVE AVEC
gros Guillaume, le Dodelu, & Frippe-sausse.

Roger bon temps.

MESSIEVRS, Ie vous aduertis que
ie ne suis point vn crieur de morts,
ny moins encore vn crieur de noir à
noircir, que nous soyons dans vn
temps où l’on se barbouïlle le visage,
Ie viens seulement vous donner
aduis, que Mardy on celebre le iour
du Carneual, & que l’on en doit faire la feste auec le
bruit des verres, & le glou glou des bouteilles, vous
vous y trouuerez donc s’il vous plaist (si ce n’est que
vous ne soyez morts) mais le bon Dieu vous en garde,

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car ie pense que ie n’en pleurerois pas moins que ie fis
du trespas de ma mere nourrice, qui comme vous aimoit
le bon vin. Quand bien ie vous connoistrois
moins que ie ne fais, ie pourrois auancer cette pensée,
puis que vostre Phisionomine, ie veux dire Phisionomie,
c’est que ie fourche bien souuent en parlant,
m’aduertit que vous estes ennemis de l’eau, on
pourroit vous prendre pour des Cabarets, car vostre
nez pourroit passer pour vne Enseigne ou Bouchon
de Tauerne. Hé bien, à vostre aduis, ne suis-je
pas aussi sçauant qu’aucun autre de mon mestier, sans
auoir esté le disciple de ce grand deuoreur Grec, qui
tient vne liste en sa pochette, qu’il lit chaque matin
au lieu de ses Patenostres, ie dis vne liste des meilleures
cuisines de Paris ? Il faut auoüer que c’est vn
fort honneste homme pourueu qu’il le deuienne. Mais
à propos du Mardy gras, car il est temps, non pas comme
dit le prouerbe, de retourner à nos Moutons,
mais plustost aux Chappons, aux Cocq-d’Indes, aux
Perdrix, si vous en voulez, & à toutes les bonnes choses
qu’on sert sur la table en ce noble iour de desbauche :
Cependant il me semble que i’ay trop prosné
sans boire, qu’en pensez-vous Monsieurs le gros
Guillaume.

 

Gros Guillaume.

Ma foy, ie suis de vostre aduis, à vous entendre parler
si long-temps, ie me suis alteré moi-mesme, à plus
forte raison vous deuez auoir soif apres auoir si bien
sermoné. Vous-vous acquittez mieux de vostre deuoir,
que ce braue Curé de Bercy, (qui n’estoit pas
pourtant des plus doctes) ne vous souuient il pas d’auoir
leu son sermon.

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Le Dodelu.

Ie meure (ie n’oserois iurer autrement, ma femme
me la defendu) si vous n’estes tous deux, deux plaisans
falots, vos discours sont aussi froids que si vous
estiez encore à ieun. Dites nous quelque chose de rare
du Mardy gras, & du bon Pere Liber, autrement
dit Bacchus, parlez scientifiquement des Saturnales,
& faites voir au monde qui vous escoute, que vous
auez leu les nuicts de Macrobe & d’Aulugelle.

Gros Guillaume.

Ce n’est point tant mal auisé à vous, ie voy bien
que vous auez commenté le liure de Inuentione, pour
moy, ie laisse à Messire Roger bon temps le soin de
vous entretenir de ces matieres, car il est tres sçauant,
il a bien leu les Metamorphoses, le Berger Extrauagant,
Rabelais, Marot, Saingelais, & i’oubliois à vous
dire, qu’il sçait sur le bout du doigt le Moyen de Paruenir,
& le Mormon. Or ça, or sus, or de par Dieu,
il me semble qu’il tousse, qu’il crache, & qu’il s’essuye
auec le deuant de sa chemise faute de mouchoir,
comme vn homme qui s’appreste à vous parler. Donnez-luy
s’il vous plaist vne audience fauorable, il ne
vous entretiendra que de choses facessieuses & conformes
au Carneual, il ne parlera point de la quadrature
du cercle, des cinq voix de Porphire, ny du
Secret des Longitudes. Escoutez, Messieurs, il ouure
la bouche pour vous parler, sans doute voila le plus
ioly garçon de tous ses freres.

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Roger bon temps.

Messieurs, Ce n’est pas vne petite loüange d’estre
loüé par vn honneste homme, vous connoissez tous
quel est le merite & la corpulence heroïque de gros
Guillaume, ie ne veux pas faire icy son Eloge, apres
qu’il a fait le mien, de peur qu’on ne dise que nous
nous encensons l’vn apres l’autre. Ie vous diray donc
en deux paroles, que ie pretens vous entretenir icy du
merite de deux freres, ie veux dire du Mardy gras &
de Bacchus, Ie veux croire, Messieurs, que vous ferez
silence à raison du suiet que ie traitte, & non pas
à cause du Harangueur. Il est vray qu’il y a desia quelques
mois que i’ay composé deux discours celebres,
où l’on void la fameuse querelle du Parasite Deuoreur,
auec le Cuisinier d’vne grande maison, que i’ay
dessein de mettre bien-tost en lumiere, mais ie n’oserois
le faire sans permission.

Mais pour reuenir à mon propos, ie vous conseille
de tenir pour ennemis irreconciliables du Carnaual
tous ces grands Ieusneurs, & tous ces Liures qui vous
enseignent l’art de vous tuer, en pensant vous monstrer
celuy de viure. Ouy, Messieurs, ie mets au nombre
des Parricides celuy qui depuis peu d’années vous
a esté donné sous le tiltre de vray regime de viure
pour la santé du corps, du parfait vsage du iugement,
de la memoire, & de tous les sens, &c.

Bannissez de vostre Republique ioyeuse ce Lessius,
& faites de cent Lieuës loin les cornes à Cornaro :
Quant à moy, i’appelle cét Ouurage, le grand Meurtrier
de la Santé des Viuans, le Destructeur du iugement
& de la memoire. Si vous m’en croyez, & vous
deuez bien me croire, car ie ne suis pas vn Charlatan,

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qui veuïlle vuider vostre bource, comme sont ceux
qui debitent leurs denrées au bout du Pont neuf, vous
bannirez ce Liure intitulé, Propos de Table, car ie
vous conseille de ne parler iamais qu’en monosyllabes
lors que vous mangerez, ou de faire comme celuy
qui ne respondoit que par bis, blanc, &c. car vous
en sçauez l’Histoire.

 

Le Dodelu.

Par bleu il a raison, ce braue docteur en cuisine, &
pour moy, ie fais aussi-bien que lui la nique à ces ennemis
de la bonne chere à ces Pedans de Mont-aigu,
qui crient sans cesse, & qui mettent sur les manteaux
de leurs cheminées, ne quid nimis, & cependant nous
sçauons que ces Lecinaires font carousse quand il ne
leur en couste rien. I’ay tousiours crû qu’il n’y auoit
rien de plus vtile au corps & à l’ame que la ioyeuse vie,
& de grace, ne pouuons nous pas prouuer cette verité
par nos venerables & pansuës presences, en comparaisons
de ces squelettes descharnez, & melancholiques
des figurez qui condamnent nos festins, & qui
croyent qu’on se peut nourrir de fumée.

Gros Guillaume.

Ie pense qu’il faut estre aussi sot pour croire cela,
que ceux qui ont dit que les lumens d’vn certain Pays,
dont i’ay oublié le nom, car ie ne suis pas excellent en
la connoissance de la Carte, quoy que ie sçache assez
bien celuy des Dez & des Cartes, que les Iumens, dis-ie,
peuuent estre renduës plaines, & produire des Poulains
par le seul souffle des vents. On y adiouste des
Peuples qui ne viuent que par l’odorat, mais pour moi,

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ie les estime mal-heureux, & i’ayme bien mieux le col
de Gruë, que souhaittoit vn certain goinfre de l’antiquité.

 

Roger bon temps.

Apportez s’il vous plaist vne chaise à ce Iaseur qui
vient m’interrompre, & qui m’a fait presque oublier
tout ce que i’auois de bon à vous dire. Prenez-vous en
donc à luy, si ie ne dis rien que de mauuais, ie n’ay pas
leu l’art de la Memoire artificielle, & souuent mesme
quand ie bois, ie ne me souuien pas qu’il n’y a qu’vne
minute que i’ay beu. De grace, dites-moy si i’ay disné
auiourd’hui ? Mais, Messieurs, pour m’acquitter de
ma charge, il faut que ie presche sur la vendange,
comme dit le prouerbe, & que ie defende la cause du
pauure Mardy gras, que quelques seueres & maigres
esprits osent accuser auec outrance. Ie lis en vos visages,
Messieurs, la ioye que vous conceuez du plaisir
que vous gousterez par cette Apologie armée de Saucissons
& de Boudins, & qui apres tout ne sera pas si
longue que les oraisons de Demosthene. Pour moy,
ie tiens qu’en toutes choses la longueur est mesprisable,
& qu’elle n’est bonne que dans les repas. Ne le
croyez vous pas aussi bien que moy, Vous qui m’escoutez,
si vous n’estes sourds, ie m’en doute bien, sans
qu’il faille que vous me disiez ouy. A propos de la
bonne chere, les Anciens auoient-ils pas raison de festiner
souuent ensemble, & il y a grand plaisir à lire la
façon magnifique de banquetter chez Lucullus ? Pour
moy, i’ay tousiours cru, & ie ne pense pas m’estre trompé,
que si vn certain Philosophe rioit tousiours, que
c’estoit qu’il auoit de quoy frire, & que celuy qui pleuroit
à toute heure, n’auoit ny de quoy boire, ny de

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quoy manger. Il n’y a rien que i’haysse tant, que le
traitté que i’ay veu chez Pierre Messie, combien l’eau
est necessaire à la vie humaine, auec l’excellence de cét
Element, & le moyen de connoistre la bonne.

 

Le Dodelu.

Il faut aduoüer que c’est vn beau secret d’en pouuoir
trouuer de bonne, & ie ne sçay si le fameux beuueur
d’eau qu’on voyoit autrefois à la Foire sainct Germain
auoit trouué l’art d’en boire de bonne. Pour
vous dire ce que ie pense, à propos de l’Autheur que
vous auez cité, il me semble qu’il a eu bonne raison de
nous apprendre, qui fut le premier qui planta la Vigne,
& qui commença à mettre l’eau dans le vin. Ie
m’imagine que vous ne serez point fachez d’en apprendre
quelque chose. L’inuention du vin & de planter la
Vigne est attribuée à Denys, fils de Iupiter nommé
Bacchus, & pere Liber pour la liberté du vin, & pour
vn si rare bien fait, on luy bâtit à Rome vn Temple celebre
au dessous du Capitole, où l’on celebroit les Festes
appellées les Dionysiaques, ou autrement Baccanales.
Stasie fut le premier qui mit de l’eau dans le
vin, & l’on remarque que son odeur mesme est loüée
entre tous les autres par les Philosophes naturels. Mais
ie voy bien, Messieurs, que si ie vous en dis dauantage,
c’est entreprendre sur la charge de l’illustre Roger bon
temps, le voila tout à propos, ie pense qu’il vient de
boire.

Reger bon temps.

A quoy bon le desguiser, vous vous doutez bien
que ie viens de boire, ie n’en fais pas la petite bouche,

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il n’y a pas vn d’entre vous qui n’en fit bien autant. Ie
veux deuancer parle vuidement des bouteilles le iour
du Carneual qui vient à grands pas. O heureux iour,
& que i’apprenne bien ce qu’a dit vn Poëte en la personne
d’vn bon compagnon comme moi.

 

 


LE souci des Tresors touche peu mon enuie,
Auoir des coffres pleins, ces biens sont superflus,
Le coffre naturel l’estant, que faut-il plus ?
Ie ne voy qu’à desdain ces excremens de terre,
Ie soûmets toute chose à la beauté d’vn verre,
Où Bacchus ne paroist sous vn teint plus riant,
Que celuy du Soleil n’est dessus l’Orient,
Les festins ont sur nous vne puissante amorce.

 

Ie pense que le vin m’a fait deuenir Poëte, ou fou,
si vous le voulez, c’est tout vn, puis qu’on a dit que
Le plus parfait Poëte a l’esprit de trauers.

Toutefois ie me trompe, car nous sçauons qu’ils
sont tellement aimez des Dieux, que nostre Bacchus
eut tant de regret de la mort d’Euripide, qu’il vouloit
descendre aux Enfers, pour estre loüé par cét illustre
Poëte. Si Apollon inspire à ces Fauoris, ce que l’on
appelle Entousiasme : Ne peut-on pas dire que nostre
Liber n’en fait pas moins à ceux qui celebrent ses Orgies ?
Ne croyez-vous pas, Messieurs mes tres gros &
tres-gras chers Confreres, que le nectar Bacchique ne
soit plus agreable que les eaux de l’Hypocrene, & que
deux doigts de vin d’vn des meilleurs Cabarets de Paris,
ne soit plus agreable que la liqueur que les Muses

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font boire à leurs nourrissons ? Vous le sçauez fort bien,
& si vous en doutez, demandez-le à gros Guillaume,
& à Dodelu, ils ne mentent iamais s’ils ne parlent. Toutefois
ne m’interrompez pas, ie suis en chaleur pour
bien dire, & ie m’en vay faire rage auec mes pieds tortus.
Ie me sens en humeur de parler Grec, Latin &
Espagnol comme vne Vache : Vostre silence m’oblige,
Messieurs, & en recompense, nous beurons tous ensemble
au Mardi gras, à condition que nous serons sages,
qu’on n’y parlera point des intrigues du temps, à
quoy bon nous alembiquer sur ces matieres, rions, faisons
gogaille, Faisons la guerre au chagrin, & ne tuons
personne que la melancholie, nous n’en serons point
repris, c’est vn meurtre innocent. Mais à propos de melancholie,
n’est-il pas temps de l’enseuelir, ou du moins
de l’enuoyer aux Terres neuues ? Il n’y a rien de plus
ennemy de l’homme que la tristesse, & que s’il est vrai
que les enfans pleurent lors qu’ils viennent au monde,
c’est qu’ils s’affligent seulement de n’y estre pas venus
plustost. Il faut que ie vous dise auiourd’huy ma pensée,
car ie suis à present en train de tout dire, que ceux
qui naistront au iour de Caresme-prenant, parmy le
plaisant tumulte des Ioyeux, qui solenniseront cette
Feste, seront bien estonnez de la froideur & du silence
du lendemain. Messieurs, venez-tost, i’ay bien des
nouuelles à vous dire, vous aurez Mardi prochain la
grande Feste du Mardy gras, autrement dit Caresme-prenant,
connu par toute la terre habitable, & vous
sçauez qu’en ce iour, Bacchus preside comme le souuerain
de la Feste. Mais voicy Frippe sausse, qui sans doute
se prepare à fripper le poulce & les cinq doigts, &
il nous dira quelque chose de bon, il vient franchement
de la Cuisine.

 

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Frippe sausse.

Ie viens vous rendre mes tres-humbles deuoirs,
comme au tres-grand Courier du Mardy gras mon Patron,
& ie croy que ie me feray bien la panse ce iour-là,
s’il plaist au seigneur Bacchus mon bon maistre.

Gros Guillaume.

Dis nous quelque chose pour ta bien venuë à l’honneur
de ce noble Prince des Beuueurs.

Frippe-sausse.

Ie suis tres content de vous dire ce que i’en sçay, vn
autre vous en pourroit dire dauantage, qui aura plus
estudié que moy qui ay fait mon cours : Pourtant sous
le fameux Parasite, Fiammord que vous connoissez
tous, ô le scientifique Personnage à bien briffer & à
bien boire : Il n’a point son pareil sous le Globe de la
Lune, dont il a vn quartier en la teste. Vous sçaurez
donc (si desia vous ne le sçauez) que quand les Grecs
tenoient la Ville de Troye assiegée, le bon homme Nestor
conseilla à Agamemnon qui beuuoit auec eux de
les conuier à disner pour deliberer, en beuuant des affaires
de la guerre. On dit qu’encore auiourd’huy les
Indiens Topinamba prattiquent cette loüable coustume
de n’entreprendre point d’affaires serieuses en paix
ou en guerre, qu’apres auoir fait bien boire les Anciens
qui president au conseil, puis apres les bons aduis que
Bacchus leur a inspirez, sont aussi-tost mis à execution
par les ieunes. Et ne vous souuenés vous plus que Lamprias
paroissoit bien plus subtil, plus sçauant & plus inuentif

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lors qu’il auoit beu, & pour cette occasion il se
disoit estre semblable à l’encens, à qui la chaleur fait
rendre la bonne odeur, qui sans cela demeureroit inconnuë.
Il donne aux Poëtes les graces que l’on void
dans leurs vers.

 

 


Rimeurs abandonnez l’eau de vostre fontaine,
Quand vous voulez tracer quelques Vers
esclatans.
L’eau d’Hypocrene esteint la chaleur de la veine,
Et rend les vers sans grace, & ne durent long-temps.

 

Ma foy, ie suis au bout de mon rolet, & ie ne sçay
plus que dire sur ce suiet, Apprestez-vous seulement à
bien receuoir le Mardy gras, son Courier nous aduertit
qu’il s’approche. Messieurs, pour moy i’en suis tres
aise, comme vne personne qui se destine à faire vie entiere,
& à boire à vos santez.

Gros Guillaume.

Ie suis d’aduis que nous allions au gros tournois
pour y faire carousse.

Le Dodelu.

Ie vous y accompagneray volontiers, allons y auec
Monsieur le Courier du Mardy gras, & attendons
en beuuant l’arriuée d’vn iour si heureux ; Allons, &
que chacun dise auec moy apres auoir beu, cela s’entend,
Viuat, & qu’on le dise souuent à haute voix, &
si haut, que chacun l’entende, Ie m’imagine que vous
ne vous y espargnerez pas, & que vous auez aussi bonne

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enuie de rire tous aussi bien que moi, qui suis icy
venu le dernier, & qui pourtant ay payé mon écot sans
auoir disné.

 

Gros Guillaume.

Vraiment vous nous l’auez donné belle, n’auons
nous pas tous assez iasé à nostre tour sur vne matiere
facessieuse, ce qui vous doit faire rire iusques à ventre
deboutonné, Creuez-en si vous voulez, pour moy ie
n’en suis point en peine, mais au moins ne vous laissez
point mourir auant le Mardy gras, car tant plus il y a
de fous, dautant plus la feste est bonne : En voulez-vous
dauantage pour vostre argent, ne le plaignez
point, il est tres-bien employé, à quoy amasser des ririchesses,
allés porter vostre argent au Cabaret, de
peur qu’on ne vous le desrobe, & ce seroit vn grand
grand mal-heur pour vous & pour les Tauerniers, qui
ne demandent que des chalans propres à vuider les
muids. Adieu, Messieurs, iusques au reuoir, beuués à
ma santé, comme ie veux boire à la vostre. Adieu,
vous ne me reuerrez plus d’auiourd’huy.

FIN.

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