Anonyme [1649], LE DONION DV DROIT NATVREL DIVIN, CONTRE TOVTES LES ATTAQVES des Ennemis de Dieu, & de ses peuples: donnant la Camusade, au Tres-Illustre Grammairien de Samothrace. "REVELATVR IRA DEI DE COELO, super omnem impietatem & iniustitiam hominum eorum, qui veritatem Dei in iniustitia detinent", ad Rom. Cap. I Vers. 18. , français, latinRéférence RIM : M0_1170. Cote locale : C_7_57.
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LE
DONION
DV DROIT
NATVREL DIVIN,
CONTRE TOVTES LES ATTAQVES
des Ennemis de Dieu, & de ses peuples donnant
la Camusade, au Tres-Illustre Grammairien
de Samothrace.

REVELATVR IRA DEI DE COELO,
super omnem impietatem & iniustitiam hominum eorum,
qui veritatem Dei in iniustitia detinent, ad
Rom. Cap. I Vers. 18. 

A PARIS,

M. DC. XLIX.

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LE DONION
DV DROIT
NATVREL DIVIN, CONTRE TOVTES
les attaques des ennemis de Dieu,
& de ses peuples : donnant la Camusade,
au Tres-Illustre Grammairien
de Samothrace.

Reuelatur ira Dei de Cœlo super, omnem impietatem.
& iniustitiam hominum eorum, qui veritatem Dei
in iniustitia detinent, ad

MONSIEVR,

Ie vous auois bien auerty, que le mets par
moy proposé, estoit de dure digestion, à des
esprits Cacochismes comme le vostre : mais qui

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eust pensé, qu’vn si Illustre Grammairien, eust
emoussé la pointe de son art, contre vn sujet si
traitable ? & qui ne se pasmeroit de rire, entendant
censurer vne chose, que l’on accorde en
partie, & que l’on confesse ignorer en l’autre :
Sans doute la cause en est tres grande, voire
mesme inaudite. Comment ce libelle est-il fameux,
s’il n’est entendu ? Comment le destruire,
s’il n’est sapé ? par quel endroit le saper
que par ses fondements ? où les prendre, si ne
sçauez où ils sont ? Ce qui me fait croire que
ce qu’en dites, n’est que pour d’autant plus
faire redouter la pretenduë force de vostre
bras, laquelle, Dieu aydant & sa Sainte mere
(se trouuera bien-tost eneruée) parce que
vous nous promettez encore de mieux faire,
si l’on iase ; vostre bonne humeur se trouuant
toute regayée de la rosée de ce Printemps : de l’effet
de laquelle vous nous ferez part, s’il vous
plaist.

 

Cependant parlons d’affaires le plus succintement
qu’il sera possible car aussi bien ay-ie reconnu :
que c’est vostre methode en alongeant
le parchemin, comme l’on dit, ad fortiter broüilandum
& captandum sctreos : sçauoir pour bien battre
les buissons sans rien prendre que les duppes.
addresse singuliere des foibles & poltrons.

De quelle prophetie, ie vous supplie, estes
vous animé : d’auoir preueu de si l’oin les deux

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derniers libelles, pour les censurer dés le mesme
iour de la Lettre d’Auis, auant qu’ils fussent conçeus ?
Ie suis certain quelle n’est n’y d’en-haut n’y
d’en-bas ; n’agissant en faueur du premier : &
tous les Diables ne presumans sur les pensées des
mortels. Par consequent vaine & fastueuse.

 

Vostre priere est tres bonne ; mais ie l’apperçois
hypocrite, tout ainsi que celle de Beze,
lors qu’il commença à semer son heresie ; prenant
pour theme le Psalme Beatus vir, &c. Les
œuures de l’vn & de l’autre le faisant ainsi iuger :
celuy-cy par sadite heresie : & vous par vos flatteries
& desguisemens de la verité, autant ou
plus pernicieux ; en maintenant le plus abominable
gouuernement qui fut de long-temps, &
qui puisse approcher de plus prés celuy de l’Ante-Christ.

C’est vous, Monsieur nostre correcteur, qui
par vostre grand & sourcilleux frontispice, semblés
étonner, mesme foudroyer ce qui vous resiste :
mais vostre dessein ne tendant qu’à la ruine
de Iuppiter, ie veux dire le grand Dieu tonnant
& foudroyant : ne manquerez de son foudre
pour vous reduire en poudre : ne le prestant qu’à
ses veritables seruiteurs, pour le vanger de ses
ennemis, & de ceux de son peuple ; non plus que
le glaiue à double tranchant de sa parolle ; la langue
desquels en estant acerée, ne manque de fil
pour contredire, & confondre l’iniquité.

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Puisque ie me mesle d’arguer l’vn & l’autre
Censeur ; il m’est, ce semble, loisible de m’instruite
par leurs responses, pour leur donner sujet de
soustenir leurs propositions : & non me preualoir ;
mais leur faire voir leur erreur : ainsi que
vous mesme reconnoissez au sujet d’Helie : &
confesserez Dieu aydant, en celuy de Samuel :
qui ne fut le premier homme de Dieu depuis
Moyse, pour conduire Israël, Ierobaal, Badam,
& Iephté l’ayans precedé : & ne s’estant trouué
seul Prophete dans son temps : autrement ce Prouerbe,
Etiam Saül inter Prophetas, seroit faux ; prophetisant
auec eux, au retour de son onction
Royale, dans la recherche de ses Asnes, Monsieur,
& par consequent bon, & non mauuais,
comme vous dites.

Il est vray que dés les premieres demarches
criés victoire ; mais la fin couronne l’œuure. Vostre
auant garde fait merueilles, ie le confesse :
mais c’est en faueur de vos ennemis : & vous cause
telle & si grande desroute, que le cœur vous en
manquant auec Spasme ; le reste demeure à l’abandon ;
les ventricules de vostre cerueau, ne s’estans
trouués de disposition requise, pour bien
digerer ce morceau ; l’auarice & l’iniustice flatteresse
les ayans peruertis.

Car reconnoissans que l’Histoire de Roboam,
par moy premierement que vous citée, & cotée :
auec les passages des 16. 17. & 20. Chapitres Versets

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10. 26. & 8. des Prouerbes, sappoit vos remparts,
& ruinoit de fond en comble vostre dessein ;
la reçeués frauduleusemẽt, pour luy couper
la gorge : & voyant les autres trop forts, sçauoir
lesdis passages, les esquiués sans dire mot, sinon
que ne les connoissés pas : aymant mieux (crainte
de donner gloire à Dieu, en confondant ses ennemis
par la reuelation de la verité) passer pour
ignorant, que veritable : dont, si n’y prenez garde,
la recompense vous est aussi certaine la bas,
que celle des Demons.

 

N’est-ce pas luy couper la gorge : que de la
denier faire pour mon sujet ? mais n’est ce pas
manquer de iugement, qu’en ce faisant, vous
confessés pourtant, qu’il fust chastié de Dieu
pour auoir suiuy le mauuais conseil, & mal
traitté son peuple, de parolle seulement ? n’aperceuant
pas, ou le dissimulant, que par consequent
il n’estoit le maistre, en faisant mal : mais
le peuple, qui le luy témoigna bien, en le méprisant,
& assommant son Sur-Intendant Adure ;
quelque denonciation qu’il eut faite, du
temps de Saül, au droit des gens : iceluy ne se
pouuant iamais ny prescrire ny ceder : dont
Dieu fut tres contant, aussi bien que de la reuolte
de Ieroboam contre Salomon, quoy que pour
chose legere ; ne leur ayant premierement insinué
la rigueur & tyrannie, par vous rapportée :
que pour les diuertir de leur dessein d’auoir vn

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Roy : à cause des excés que telles personnes ont
accoustumé d’exercer sur les peuples : desquels
pour l’affection qu’il leur portoit, il les desiroit
exempter : & dont il n’eurent subiet de se plaindre,
pendant le regne dudit Saül ; ne leur ayant
fait aucun tort ; ains au seul Dauid.

 

Et pour ce qui est desdits passages que confessez
n’entendre, & ne connoistre ; les vous
ayant couchés & cottés, deuriés mourir de honte,
& vous taire le reste de vos iours. I’en fais Iuges
messieurs les Caualliers de Neptune, & le
grand Conseil d’Attlas vos voisins, sans en recuser
aucun.

Quant à l’Enigme, Monsieur le Grammairien,
ie le vous pardonne : car il n’est que pour ceux
qui entendent la chasse du Lyon & du Renard ;
& non du Louys comme vous.

Mais ie ne sçaurois souffrir qu’arguiés ceux
qui priuent leurs escrits de leurs noms ; estant de
leur compagnie, ne faisant paroistre le vostre :
n’y supporter les eloges des ministres & gens du
temps : confessant vous mesmes leur malice &
tyrannie.

Et n’approuueray du tout M. le Politique, que
les hõmes puissent iamais remettre les impietés,
irreligions, sacrileges, iniustices, & perfidies publiques,
qui vont au notable detriment de
Dieu & de son peuple : ains luy seul : qui en ce
cas veut guerre : & à quelque prix que ce soit, en

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attend la vengeance de la main de ceux, qu’à cette
fin il a establis, & à leur deffaut, de celle des
peuples. L’acte genereux de Phinées, & celuy
des Israëlites, contre la Tribu de Benjamin, le
iustifient clairement, Chapitres 25. des Nombres,
& 20. des Iuges. Le premier ayant vangé
Dieu par la mort d’vn Prince d’Israël, & de la
fille du Roy des Moabites : & les autres, detruit
toute ladite Tribu, pour vne seule femme violée.
Le tout approué de Dieu.

 

De laisser passer les inductions que faites des
passages de l’Ecclesiaste 8. Chap. Saint Paul aux
Rom. sans le cotter, qui est le quatre : & de Saint
Pierre, premiere Epistre : non plus que la comparaison
de l’election des Souuerains Pontifes
à celles des Rois : Grand Theologien, il m’est impossible.
Le premier ne s’entendant que contre
les peruers, & qu’en ce cas ils ont à redouter la rigueur
de la puissance Royalle, laquelle suiuant le
mesme S. Paul, ch 13. de ladite Ep. n’est establie
que pour les chastier & maintenir les gẽs de bien
en paix : Non est, dit il, timoris boni operis sed mali :
qui vaut autant que s’il disoit, point de meschant,
point de Roy, car il seroit inutile : & en
en cette façon ils ne scauent s’ils sont morts ou
vifs, ne meritans que peine : partant doiuent
estre resignés à leur volonté, sans demander
pourquoy. Les 2. & 3. sont tous euidens de la
vocation à la foy : partant hors de propos.

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Pour le regard des Pontifes & Roys ; vrayement
leurs electiõs sont bien differentes : les premiers
inuoquans Dieu & ses Saints : & la pluspart
des autres ne les connoissans, ou mesprisans.
Mais posé & non confessé que ce soit la mesme
chose, les vns & les autres se deposent. Sext. lib.
1. cap. 1. tit. 7. & lib : 2. cap. 2. tit. 14. Eiusdem,
sçauoir, puis qu’aués la teste si dure, qu’il a ainsi
esté determiné par l’Eglise : dont partie des Decrets
sont compris dans les premier & 2. liures
des Decretales de Boniface huictiesme, chapitres
premier & second, titres sept & quatorze.
Et sans feuilleter les Canons ; outre l’exemple de
Chilperic, que refutez auec d’autant plus d’ineptie,
que pour ce faire vous vous seruez de l’histoire
de Saül, dont ne pouuez tirer auantage,
pour les raisons susdites au suiet de Roboam :
ains vne extreme confusion (mesme pour le
soustenir auoir esté couronné de la propre main
de Dieu ; ignorant l’Histoire : car ce fut Samuel
qui l’oignit seulement, ny ayant lors autre ceremonie)
Celuy de Chilperic dernier, auec l’vsage
de la pluspart des Royaumes : du nombre desquels
sont l’Angleterre, (sans toute-fois aprouuer
sa derniere action) la Pologne & la Turquie,
qui ne veulent enseuelir le droit des gens ; vous
ferment la bouche. Ce qu’estant, Monsieur le
Philosephe, que deuiendra vostre pretendu
concret accident ?

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Pour ce qui est de vostre complainte, de traiter
si mal vn honeste homme, & faire si peu de
cas de l’autre (sauf correction) elle n’est iuste ; car
puis qu’estes si intelligent & necessaire pour radresser
les autres ; vous scaues ou deues scauoir :
que toute l’Escriture Sainte enseigne que ceux
qui cõmuniquent aux mauvais desseins des autres,
sont dignes de la mesme animaduersió qu’eux :
& de maintenir, flatter, extoller & adorer les
plus pernicieux, abominables, & impies, qui soiẽt
sur terre ; comme celuy que soustenés en ce point,
fait, si ce n’est vous, qu’en peut-on dire ? voire
mesme que n’en doit-on faire, & de tous ses semblables,
qui deuroient auec leurs Dieux estre en
cendres. A faute de quoy, ie craint fort, que Dieu
ne s’appaise iamais : lequel pour vn auancement
de chastiment, vous a laissé tellement dans la
preoccupation de vostre mauvais dessein ; que
le iugement ne vous a guere tenu compagnie,
dans la composition de vostre grand inepte &
cacophonique fratras, principalement vers la
fin, vous ayant mis à la mercy de vostre plume :
laquelle s’est trouvée fort mal taillée : la lecture
en fait foy.

Et bien Monsieur l’Illustrissime Critique, suis-ie
intelligible ? nos susdits arbitres en donneront
leurs auis, quand il leur plaira : & que les en requerrés.
Pour moy graces a Iesus & Marie, i’en
suis certain.

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Cependant l’atroce Mars, tres sot Marot, &
Marmot, considerera qu’il n’a de sceptre : & scaura
que ie ne donnerois le mien pour toute la nature
crée. Par apres crache & croace, tant qu’il
voudra ; s’il ne fait amende honorable à la verité ;
de nulle part le secour luy viendra, & par consequent,
son sepulcre touvera.

Conueniunt rebus, nomina sæpe suis.

FIN.

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