Anonyme [1650 [?]], LA VERITÉ DANS SA NAÏVETÉ, OV DISCOVRS VERITABLE sur la Vie du Prince de Condé : auec ses justes plaintes au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3985. Cote locale : A_9_22.
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LA VERITÉ
DANS
SA NAÏVETÉ,
OV
DISCOVRS VERITABLE SVR
la Vie du Prince de Condé : auec ses justes
plaintes au Parlement.

MESSIEVRS,

Le temps consomme toutes choses : celles mesme qui
semblent estre le mieux establies & ne deuoir prendre fin
que par la consommation des siecles, ne laissent pas neantmoins
d’estre sujettes à la vicissitude & instabilité des années ;
& bien souuent mesme dans le temps que nous estimons
leur auoir donné le meilleur fondement, & tout le
surcroist des forces qui leur estoient necessaires pour resister
à l’orage & à la reuolution des saisons : c’est pour lors
que nous voyons choir tout à coup l’ouurage, à la persection
duquel nous auions si soigneusement employé nos
trauaux, nos biens, & le meilleur de nostre vie.

Lors que j’ay creu par le dernier seruice que i’ay eu l’honneur

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de rendre à la Reyne, donner les meilleures preuues
de ma fidelité, & des respects que i’ay tousiours eu pour sa
Majesté ; c’est lors que ma reputation, qui sembloit s’estre
immortalisée, & renduë hautement recommandable à
toute la posterité, a malheureusement trouué sa pierre
d’achopement. Lors que i’ay creu oster tout lieu de soubçonner
mes actions, c’est lors que l’on a trouué le moyen
de me rendre iniustement suspect ; Et lors que ie me suis
inconsiderément precipité dans l’occasion de donner les
plus considerables marques du dessein inuiolable que j’auois
de me contenir dans le deuoir, & les soumissions d’vn
vray & fidele subjet du Roy ; c’est pour lors que i’ay inopinément
rencontré le sujet fatal de ma disgrace, qui dans
vn moment a generallement terni la memoire de toutes
les meilleures actions que i’aye iamais rendu pour le bien
de l’Estat au hazard de ma personne, dont mon miserable
corps a receu de si dangereuses atteintes, que les blessures
& les cicatrices qu’il en porte peuuent encore estre les fidelles
tesmoins de l’affection, auec laquelle i’ay tousiours
protegé les interests de la Couronne par tout où sa Majesté
m’a fait l’honneur de me donner le commandement de son
Armée, à la teste de laquelle tous les soldats & Officiers
du Royaume m’ont veu si hardiment exposer ma vie : que
par vn mespris absolu que ie faisois de toute sorte de peril
pour le seruice de mon Roy, ie me suis genereusement
trouué quand les occasions s’en sont offertes, tout sanglant
parmy le fer & le feu prendre ma part du carnage que i’ay
fait sur les ennemis de l’Estat, aussi librement que le moindre
soldat de fortune ; Quoy que le Cardinal Mazarin
veuille démantir toutes ces actions, & tascher malicieusement
de faire voir que le gain de quatre fameuses batailles,
& la conqueste de tant de places importantes, dont
i’ay augmenté le Royaume pendant la minorité de nostre
Monarque, sont des preuues trop foibles pour cautionner
les genereux déportemens d’vn premier Prince du sang

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de France, contre les contagieuses extrauagances d’vn
Espagnol, qui ne peut veritablement dire auoir iamais eu
vn bon sentiment pour la France.

 

Puis donc, MESSIEVRS, que tout le monde a esté
participant du seruice que i’ay eu l’honneur de rendre à
l’Estat, & que d’entre tant de millions d’ames il n’y en a
pas eu vne assez recognoissante ou assez charitable pour
demander ma iustification contre les impostures du Cardinal
Mazarin. Et puis que cét ingrat me veut tenir dans les
fers comme criminel, quoy qu’à bien considerer il luy soit
impossible de me rendre suspect, voulant dans les horribles
peines que ie souffre faire voir aux moins clair-voyants
l’iniustice & le tort que l’on me fait, vous ne deuez pas
trouuer mauuais, si en faisant pour ce sujet vne succincte
& veritable relation de toute ma vie, j’espluche exactement
toutes mes actions en particulier, pour faire cognoistre
à tout le monde, s’il y a lieu de blasmer ma fidelité.

Tous ceux qui se sont rencontrez à la bataille de Rocroy,
à la prise de Thiumuille, à l’attaque & conqueste de
toute la Bauiere, à Fribourg, à l’entiere desroute d’vne
autre armée Bauaroise à Norlingue, à la reduction de
Vorms, à l’oppression de Spire, à la soumission de Landau,
Oppenhein, Mayence, & à celle de plusieurs autres Villes
le long de la coste du Rhin. Ceux, dis-je, qui furent à cette
belle conqueste de Philisbourg, & dans la Flandre à celle
de Bergue, Furne, Bourbourg, Dunkerque, Courtray,
Ypre, & à cette grande bataille de Lens, peuuent publier
hautement deuant tout le monde, si les iniures calomnieuses
que ce Ministre estranger m’impose sont des choses
qu’en bonne Iustice la France doiue approuuer ; puis que
toutes mes actions peuuent estre si bien cogneuës à ceux
qui en doiuent estre les Iuges, & puis qu’ils sçauent bien
dans leurs consciences, que si j’auois eu le dessein de m’agrandir
comme l’on m’accuse, ils m’en ont fait naistre de
si bonnes occasions, qu’il est impossible d’en rencontrer de

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telles, voyant les offres que Paris me faisoit auec tant d’empressement
de la Regence, pourueu que ie prisse leur party.
Mais comme ces choses me faisoient horreur, & comme
iamais de semblables ne me sont tombées dans l’imagination,
aussi en ay-je mesprisé les rencontres les plus fauorables.

 

Il est tres-constant que toutes ces belles conquestes ne
doiuent pas estre le vray sujet qui a porté l’esprit de la
Reyne à mettre le Conquerant dans les fers, puis que ce
sont des choses si auantageuses à la France, & si glorieuses
à la Regence d’vne Mere, qui pendant la minorité d’vn
Roy son fils, a plus augmenté la France en cinq ou six ans
par l’employ que sa Maiesté m’a fait l’honneur de me donner,
que tous ses predecesseurs n’ont iamais fait pendant
leur Regne. Et i’ay neantmoins apris que le Cardinal Mazarin
taschoit de tourner à blasme, ce dont tous les siecles
à venir me loüeront ; qu’il a voulu me condamner par des
raisons qui pourroient m’absoudre deuant tous les hommes
de bien, quand mesme toutes ces faussetez seroient
veritables : qu’il a voulu me rendre odieux & criminel par
ce qui me rendra glorieux à la posterité. Quand tous les
siecles futurs verront dans l’Histoire la franchise, auec laquelle
j’ay si souuent exposé ma vie à toute sortes de dangers
pour le seruice de l’Estat, & pour la conseruation du
Royaume, en r’assurant le Throsne lors qu’il a esté le plus
esbranlé, & en le rendant plus redoutable dans le temps
qu’il estoit le plus sur le penchant de sa ruine.

Puis donc qu’il est si éuident que toutes ces choses ne
sçauroient que faire voir plus clairement mon innocence,
il faut sçauoir si depuis la bataille de Lens i’ay fait action
qui puisse donner de l’ombrage à la Reyne.

De l’aduis du Cardinal Mazarin il a esté question de
sortir de Paris pour le bien de l’Estat ; A-t’il dit, parce que c’estoit
pour le sien : de mener de nuit le Roy à Saint Germain,
& de conseruer l’authorité Royale : Sa Majesté me fit

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l’honneur de m’en faire les propositions sur le temps qu’il
fallut partir ; Qu’elle prenne la peine de dire quels estoient
mes sentimens sur ce sujet, lors que le Cardinal Mazarin
me soustint hardiment qu’il estoit aduerti, & qu’il auoit de
tres-bons memoires que l’authorité Royale deuoit estre
destruite si leurs Majestez ne sortoient de cette Ville. I’obeïs
pourtant aux commandements que la Reyne & Monsieur
le Duc d’Orleans me firent de suiure la Cour ; Si c’est
estre criminel pour n’auoir pas fait la guerre à sa Majesté, &
pour n’auoir pas tasché de renuerser l’authorité qu’elle a
en France, ie suis l’homme du monde le plus coupable,
puis que i’ay fait toutes les choses possibles pour la maintenir
dans son pouuoir ; iugeant qu’vn autre ne pouuoit
pas iustement le posseder à son desaduantage.

 

En suitte de cette reuolution causée par cette sortie faite
par l’aduis du Ministre, la paix a esté faite le plus auantageusement
que l’on a peu pour les deux Partis. Pour appaiser
le peuple apres cette paix il fut necessaire de luy ramener
le Roy, qui n’y seroit peut-estre pas encore reuenu
sans les tres humbles supplications que i’en fis à la Reyne :
remonstrant à sa Majesté le desir que les Bourgeois auoient
de voir leur Maistre, & le bruit qu’ils faisoient de son absence,
s’imaginans que l’on auoit encore du dessein contre
cette Ville. Ie croy n’auoir pas mal fait en vous procurant
le retour de vostre Roy, & c’est à moy seul à qui vous en
auez l’obligation, puis qu’il est tres-certain que le Cardinal
n’eut iamais souffert qu’il y fust rentré s’il l’eut peu empescher.
Ie demande à Messieurs de Paris si c’est vn crime
& s’ils en sont faschez : ie demande à leurs Majestez si cela
a nui à l’Estat, puis que sans doute leur absence eut peu
causer de nouueaux troubles dans Paris.

Quand leurs Majestez furent rentrez dans cette Ville
par mes sollicitations, & par les assurances que ie leur donné
aux despens de ma teste de la fidelité de ce peuple, qui
venoit de s’opposer à leurs volontez, i’ay tasché de terminer

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la guerre de Prouence, & celle de Guyenne : & auec
tant d’empressemens & de soings, voyant que ces deux
Prouinces se perdoient absolument, que i’ay obtenu de la
Reyne contre les oppositions du Cardinal Mazarin, des
articles pour les vns & les autres. Ie mis la tranquillité
dans le Royaume, il ne s’y parloit plus de guerre, tout le
monde rendoit ses deuoirs au Roy auec la fidelité requise
& necessaire à de bons subiets. Ie demande à toute la France,
excepté au Cardinal Mazarin, qui ne veut que des desordres
pour se rendre necessaire ; si ce sont des crimes qui doiuent me
precipiter dans vne prison, la plus violente & la plus estroite
que iamais homme du monde le plus abominable ait
souffert pour la punition de ses forfaits.

 

Voyant le repos entierement establi par tout le Royaume,
i’ay sollicité la Reyne pour tascher d’obtenir de sa
bonté que l’on fist gouster vn peu de douceur à son peuple
apres tant d’amertume, en luy donnant la paix generale :
De sorte que i’en demande le pouuoir pour Monsieur le
Duc de Longueuille, le mesme qu’on luy auoit fait l’honneur
de luy donner autrefois, afin de l’aller conclure auec
les mesmes aduantages qu’il l’auoit faite dans ce temps là.
Mais comme le Cardinal Mazarin ne la trouuoit pas à propos,
parce que c’estoit pour le bien de l’Estat & pour le
soulagement du peuple, non pas pour son profit, il s’y opposa
auec les mesmes resistances que lors qu’il la rompit
apres que Monsieur le Duc de Longueuille l’eut concluë
à Ruel, & me dit hardiment qu’il n’en seroit rien fait,
voyant que c’estoit pour le bien de cette Monarchie : Et selon
les souhaits de tout le monde ie m’opiniastré tousiours
à la poursuite de cette pointe, & romps auec luy, cognoissant
qu’il vouloit consommer la France dans vne guerre
perpetuelle. En suite dequoy Monsieur le Duc d’Orleans
me commanda de la part de la Reyne d’oublier vn si iuste
ressentiment, & de me reünir à luy : Ie me soubmets aux
volontez de la Reyne, sous la parole que le Cardinal me
donna de trauailler à ladite paix.

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Voila toutes mes actions, ou plustost tous les crimes que
i’ay iamais commis, & pour lesquels ie souffre maintenant,
parce que vous me voyez auec plaisir dans les fers
pour auoir demandé le soulagement de la France contre la
volonté du Ministre. Ie remets neantmoins tous mes deportemens
entre vos mains : s’il y a homme dans le monde
qui puisse dire que i’y adiouste quelque chose, qui puisse
me iustifier laquelle ie n’aye pas faite, ou que ie diminuë
de ce qui me peut rendre coupable, ie me soubmets à toute
la rigueur de la Iustice, & suis tout prest à me condamner
le premier à ne voir iamais le iour.

Apres que le Cardinal Mazarin & moy fusmes malheureusement
reünis par le commandement de la Reyne &
de Monsieur le Duc d’Orleans, qui prit la peine de s’employer
pour luy, de l’apprehension que ce traistre auoit
que ie ne l’eusse contraint à me tenir ce qu’il venoit de
me promettre. Il me monstre cent memoires, me nomme
autant de tesmoins contre les Messieurs que l’on nommoit
Frondeurs ; disant hautement qu’ils auoient conspiré contre
la Royauté, qu’ils se deuoient saisir de toute la Maison
Royale, & m’assassiner pour mieux reüssir. I’en receus cent
aduis par differentes personnes, & le tout selon ma pensée
par les intringues du Cardinal Mazarin, qui me iura &
protesta mille fois que la chose estoit si veritable, qu’il
auoit en main dequoy les conuaincre des crimes les plus
enormes du monde. Il m’assigne le lieu où ie deuois estre
esgorgé & ietté dans la Seine : me dit le iour & me nomme
les personnes. Toutes ces circonstances ne m’empeschent
pas neantmoins de douter de la verité de la chose, considerant
qu’il n’estoit pas possible que des choses si inhumaines,
& qui faisoient horreur à toute la nature, eussent
peu tomber dans l’imagination des personnes d’honneur.
Ainsi au iour nommé ie fais passer du monde par l’endroit
qu’il m’auoit dit, afin de sçauoir si l’affaire estoit de la façon
qu’il venoit de me la raconter, où il s’y trouua des

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personnes si bien attitrées, qui vindrent sur ceux que i’auois
enuoyé, que la chose me parut veritable. La Reyne &
Monsieur le Duc d’Orleans me commandent d’en faire
la poursuitte : Aussi zelé que iamais pour leur seruice j’obeïs
aux commandements de sa Majesté, & n’en voulus
pourtant pas agir selon l’aduis du Cardinal Mazarin, qui
vouloit remettre vn second siege deuant Paris, afin de
n’estre pas obligé de prouuer ce qu’il supposoit. I’en donne
cognoissance au Parlement, & i’execute tous les iours
exactement les ordres que ie receuois de la Reyne. Si i’ay
mal fait en luy obeyssant de poinct en poinct, elle n’a pas bien fait
de me le commander.

 

Ie demande maintenant à Monsieur de Beaufort qui est
le principal interessé dans cette affaire, si la Reyne luy
auoit declaré de telles choses contre moy, & qu’il l’eust
creu aussi veritablement comme ie le croyois : s’il n’est pas
si bon seruiteur de sa Majesté qu’il en eust fait autant contre
moy, que i’en ay fait contre luy ; & peut estre par des
voyes plus rudes que ie n’ay fait, m’estant pourueu par les
plus douces, & les plus auantageuses que i’ay peu cognoistre
pour luy, non pas à force d’armes comme le Cardinal
Mazarin souhaitoit. Ie suis neantmoins bien fasché de n’auoir
pas esté assez meffiant pour me douter de la trahison
de ce traistre, qui a aduoüé laschement que cela n’estoit
pas, apres m’auoir fait mille serments solemnels pour me
l’asseurer : Et que si Monsieur de Beaufort croit auoir sujet
de m’en vouloir pour l’auoir creu veritable, quelle haine
ne doit-il pas auoir contre celuy qui en est l’autheur, &
qui a esté cause que son nom a esté ballotté dans vn Parlement
pour des choses inuentées afin de le perdre, & qui
peut-estre luy dit encore qui ne le faisoit qu’à dessein de
se rendre maistre de ma liberté par ce moyen ? Mais s’il l’eut
peu il n’eut pas couru à ses ennemis pour me destruire, s’il
n’eut veu que pour se conseruer il luy estoit force de faire
cheoir l’vn ou l’autre ; & c’est par là qu’il m’a trompé.

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Monsieur le Duc d’Orleans l’a creu, la Reyne en a esté
persuadée, & pour dire plus vray, tous deux m’ont commandé
absolument d’en agir comme i’ay fait. En leur
obeïssant i’ay tesmoigué la fidelité que i’auois pour le seruice
du Roy, les interests duquel l’on me donnoit à deffendre ;
& c’est par ce moyen que i’ay esté trahi, en me faisant
commettre vne faute sous de beaux pretextes.

 

Ie sçay que ce seul motif ioint à la guerre de Paris, sont
les deux sujets pour lesquels les peuples ont souffert cette
iniustice en mon endroit ; ie sçay que ce sont les seules raisons
pour lesquelles les Bourgeois ont veu auec plaisir ce
qu’ils eussent desploré vn autre temps : ie sçay enfin qu’ils
ont aydé à executer ce qu’ils eussent empesché apres la bataille
de Lens : mais qu’ils considerent que la Reyne me l’a
commandé, qu’ils iugent que i’estois sujet, & par consequent
obligé d’obeïr. Ie sçay bien qu’ils ne me blasment
que pour auoir esté trop attaché aux interests de la Reyne :
mais sa Majesté ne deuroit pas bastir là dessus le monument
de trois miserables Princes, qui ne se sont acquis la haine
des peuples, que pour l’auoir fidellement seruie.

MESSIEVRS, apres auoit espluché ma conscience le
plus exactement qu’il m’a esté possible, ie ne sçaurois trouuer
que l’esprit du Prince de Condé ait esté si lasche, qu’il
ait peu iamais consentir à vne action qui repugne au deuoir
du bon & fidelle sujet du Roy : quoy que j’auouë veritablement
que i’ay tres-mal agi contre vostre Ville, dont ie me
rends coupable moy-mesme, vous protestant qu’vne prison
bien plus rude que ie ne la souffre maintenant me sembleroit
trop douce, si j’estois obligé de la subir pour la punition
de la faute que ie viens de commettre en vostre endroit ;
Ie dis que toutes les peines les plus cruelles que tous
les plus barbares des hommes ait iamais peu inuenter, me
seruiroient d’aymables delices, si par elles ie pouuois lauer
le crime que i’ay commis contre Paris. Enfin si tous les supplices
du monde les plus seueres pouuoient me rendre

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exempt de cette faute, ie m’y precipiterois auec tant de
ioye, que tous les hommes cognoistroient le veritable remors
que i’en ay. Mais voyant qu’il n’y a nulle sorte de raison
pour laquelle l’on doiue me faire gemir dans vne prison
si estrange : imaginez vous si l’innocence ne se trouue
pas bien agitée, quand on la persecute si rudement que le
Cardinal Mazarin tyrannise la mienne. Souuenez-vous ie
vous prie que ce miserable Prince a l’honneur d’estre François,
& qu’il est Espagnol. Que ce pauure Prince a rendu
de bons seruices à la France au peril de sa vie, & que cét
Italien n’y a iamais que porté du dommage pour y asseurer
la sienne. Considerez que ie suis encore en estat de pouuoir
rendre de bons tesmoignages au Roy de ma fidelité, & du
desir que i’ay tousiours eu pour la conseruation de son
Estat ; & qu’au contraire le Ministre ne trauaillant que pour
le Roy d’Espagne, est capable de renuerser nostre Thrône.
Oubliez vne seule faute que j’ay malheureusement commise
pour obeïr à la Reyne, & ressouuenez-vous de cent
bonnes occasions, où i’ay si bien exposé ma vie pour le soustien
de la Couronne. Considerez que trois Princes François
qui n’ont iamais donné que de tres-bonnes marques
de leur fidelité pour le seruice du Roy, sont plus vtiles à la
France qu’vn Italien, qui y excite encores tous les iours
de nouueaux desordres. Voyez en quel estat estoit la France
quand le Cardinal Mazarin s’est saisi de nos personnes,
& en quels troubles il l’abisme maintenant ; parce que c’est
ainsi qu’il peut subsister. Considerez que le repos estoit entierement
estably par tout le Royaume, & presentement la
guerre y est allumée de tous costez. Au lieu que tous les
peuples venoient rendre à foulle leurs tres-humbles soubmissions
au Roy, auiourd’huy les Prouinces se mutinent
contre leurs Majestez. Enfin qu’vn Prince du Sang à l’aage
de trente & vn an ayant donné de si bonnes preuues de sa
valeur, est encore suffisant de rendre de bons seruices, &
qu’il peut soubmettre à l’obeïssance du Roy tout ce qui
s’oppose à la gloire de sa Couronne.

 

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Le Prince de Condé n’a iamais esté estonné, quoy que
l’on vous puisse dire, si vous auez eu du contentement lors
que vous l’auez veu captif : mais considerez aussi de grace,
que celuy, à l’occasion duquel vous auez eu de la haine
pour moy, triomphe auiourd’huy de trois Princes, de trois
Princesses & de tous leurs biens, parce que vous y prenez
du plaisir. Il reuest arrogamment vn Italien des despoüilles
d’vn Prince du Sang, vn Estranger s’engraisse de nostre
bien pendant que nous sommes dans la misere ; il se jouë
de nos richesse cependant qu’il nous fait continuellement
verser des larmes ameres pour les maux incroyables qu’il
nous fait souffrir. Considerez donc que nous sommes
François, au lieu que c’est vn Estranger qui n’a iamais eu
vn bon dessein pour la France : Et puis que pour vne seule
faute que i’ay faite en ma vie ie suis si malheureux de m’estre
attiré vostre haine, comment est-il possible que vous
puissiez souffrir vn Estranger qui n’a iamais fait vne action
à bonne fin ? Est-il possible que des François ayent le cœur
endurci, qu’ils ne se laissent pas toucher de compassion
pour vne personne, qu’ils ont d’autres fois tant aymée ?
Que vos yeux soient si impitoyables que vous puissiez regarder
constamment nostre misere, & que vostre conscience
soit si offusquée que vous puissiez souffrir vne iniustice
si grande, que celle que ce barbare exerce en la personne
de trois Princes de sang Royal ? Vous sçauez bien que le
Cardinal n’a garde de nous punir pour ce dont ie pourrois
estre coupable : sçauoir pour la guerre de Paris, puis qu’il
en est le seul autheur ; qu’il est le seul qui l’a mise dans l’esprit
de la Reyne, qui luy a fait entreprendre, & qui l’a
obligée de me commander de la suiure.

Iusques à present i’ay tousiours esperé que vostre integrité
vous feroit prendre cognoissance des calomnies dont ie
suis faussement accusé par le Cardinal Mazarin : mais
voyant que le plus long-temps que vous pouuiez differer
la Iustice qu’on ne sçauroit equitablement me refuser, est

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tantost deux fois passé. Ne trouuez pas mauuais si dans les
peines que ie souffre indeuẽment ie vous demande, si les
Declarations que le Roy vous a accordées sont iustes ou
non ? Si elles ne le sont pas, ie vous demande aussi, pourquoy
auez vous pris les armes pour arracher de vostre Roy
vne chose iniuste, & qui vous condamne de toutes vos
dernieres entreprises ? Si elles sont iustes, ie vous demande
encore pour qui les auez vous demandées ? est-ce pour le
Parlement seul, ou pour tout le monde en general ? Si c’est
pour vostre particulier, pourquoy auez vous tant fait souffrir
les peuples pour vos interests, sous pretexte que vous
ne trauaillez que pour le leur ? Si c’est pour tout le monde,
les auez vous demandées pour vous en seruir ou non ? Si
c’est pour ne vous en seruir pas, c’est en vain que vous auez
causé tant de desordres dans la France, qui ont tous pris
leur naissance dans ceux de Paris ? Si c’est pour vous en seruir,
pourquoy ne le faites vous pas dans ce rencontre ? est-ce
que vous ne le pouuez pas ? Pourquoy donc demandez
vous des choses au delà de vos forces, & inutilles ? où est-ce
que les prisonniers d’Estat n’y doiuent pas estre compris,
ce n’est que pour eux que vous les auez demandées ? Remettez
donc Monsieur de Bruxelles en prison : car par cette
raison ce seroit mal à propos que vous l’auez deliuré ?
Est-ce que le Roy y doit consentir, ou que les Princes n’y
doiuent pas estre compris ? Pourquoy auez vous donc iustifié
Monsieur de Beaufort contre le gré de sa Majesté les armes
à la main, outre que les Loix doiuent estre plus douces
pour ceux qui ont l’honneur d’approcher le plus du
sang Royal ? Ie voy au contraire toute la Iustice renuersée,
& estre traitté auec plus de rigueur que le moindre de tous
les hommes : puis que ce qui me deuroit procurer du soulagement
me sert pour vne plus cruelle punition : & tout
ce qu’il y a à dire, c’est que vous aymez plus le bien du Cardinal
Mazarin Estranger & Tyran, que celuy de trois Princes
François, qui ont rendu de bons seruices à l’Estat. Mais

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ce ne deuroit pas estre vne raison qui deust estre receuë
chez ceux qui se picquent de rendre la Iustice esgallement
à tout le monde. C’est peut-estre qu’on ne vous en a pas
demandé ; quoy que de pure authorité vous en ayez autres
fois rendu sans en attendre la demande. Mais tout le monde
sçait la Requeste qui vous a esté presentée par Madame
ma mere : c’est qu’elle ne la poursuit pas, & que vous ne
deuez agir que selon que vous en estes requis par les parties.
Pourquoy est-ce que vous l’esloignez de Paris, pour
luy en oster le moyen ? C’est que le Cardinal Mazarin vous
a priez de n’en rien faire : voulant rendre le Parlement
aussi iniuste qu’il l’est luy-mesme. Imaginez-vous que ie
souffre, & que vous sçauez tres-bien que c’est iniustement,
puis que ie deffie tous les hommes du monde, si vous voulez
me rendre Iustice comme vous deuez, qui puisse me
conuaincre d’vne chose qui puisse simplement meriter la
disgrace de mon Roy. Considerez que vous estes engagez
dans des charges qui ne veulent point qu’on en agisse par
compere ny par comere ; que les amis & les ennemis doiuent
estre regardez d’vn mesme œil : que les riches & les
pauures doiuent estre considerez auec la mesme Iustice ;
que les prisonniers & les libres doiuent estre mesurez à
mesme aulne, & qu’il ne suffit pas d’estre entre quatre murailles
pour que l’on y doiue estre abandonné de la Iustice ;
& croyez que par l’iniustice que l’on me fera, le Cardinal
Mazarin vous condamnera vn iour vous disant ; Pourquoy
voulez vous que l’on ait cognoissance de vostre cause, puis qu’on
n’en a pas eu de celle des Princes ? & ce n’est peut-estre qu’à ce dessein
qu’il vous empesche d’agir.

 

I’ay appris que l’on opposoit à ma Iustice qu’il y auoit
quelqu’vn qui à ma consideration resistoit aux volontez du
Roy, & que cela empeschoit le Parlement d’agir ; mais
comme les autres ne doiuent pas souffrir pour moy, aussi
ne le dois-je pas faire pour les autres, puis que les fautes
sont personnelles. Et bien loin d’approuuer ceux qui se

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sont retirez de la Cour contre le gré du Roy pour me seruir ;
ie seray le premier qui les en blasmera, & qui les ira
chercher pour les remettre entre les mains de la Iustice.
Si d’autres taschent d’esuiter le mesme danger qui nous
persecute, il m’est aduis qu’il n’y a rien de si naturel, que
de chercher son salut indifferemment là où l’on le trouue.
Par ainsi ce ne sont pas des obstacles qui doiuent vous empescher
d’exercer vostre charge, en me rendant Iustice ;
aussi esperay-je que vous ferez voir mon innocence à tout
le monde : & parce que le vulgaire se repaist des impressions
qu’on luy donne, ie serois bien aise qu’on cogneust la
meschanceté de ce traistre, & auec beaucoup plus d’ardeur
que ie ne souhaite ma liberté, quoy que la prison me soit
bien rude, puis que i’y suis sans raison & sans apparence de
crime, non plus que de mauuaise intention, laquelle le
Cardinal Mazarin veut faire croire qu’il a cogneu en dépit
de Dieu, qui s’est reserué ce secret à sa puissance seule.

 

MESSIEVRS, il faudroit auoir vn cœur plus dur que
du marbre, & vne foy sans charité, pour penser aux maux
effroyables que nous souffrons continuellement, sans mesme
en estre touchez de compassion, voyant trois pauures
Princes qui ne peuuent voir vn moment assuré de leur vie ;
qui est eternellement persecutée & menacée par les satellites
barbares du Cardinal Mazarin, de suplices, de fer & de
poison. Est-il possible que les François, qui ont accoustumé
de prendre si bonne part en l’affliction d’autruy, ne soient
pas vn peu esmeus des peines que nous souffrons iour &
nuit ? Pourront-ils voir sans pitié que trois miserables Princes
soient iniustement estouffez par le poison, dont cét
Estranger les fait tous les iours menacer ? La France veut-elle
souffrir qu’on exerce cette derniere rigueur sur des
Princes qui peuuent encore rendre de si bons offices ; & qui
recognoissans par où ils ont manqué, sacrifient desia leur
bien, leur vie & leur honneur pour le seruice de leur Roy,
& pour la protection du peuple ? Ouurez donc vn peu vos

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cœurs, & croyez que la faute que nous venons de commettre
nous seruira de si bon exemple tout le reste de nostre
vie, que iamais les mortels ne nous verront departir des
interests de ceux, contre lesquels i’ay malheureusement
porté les armes. Ne preferez donc pas le contentement
d’vn homme si cruel & si ingrat, à la vie de trois Princes,
qui n’ont pas vn bon moment dans l’apprehension qu’ils
ont de leur mort, qui ne peuuent manger vn morceau de
pain qu’en tremblant & fremissant, de peur d’aualer à tous
moments, celuy qui leur doit donner le dernier coup sans
resource : ce Barbare n’estant pas resolu d’attendre qu’il
nous soit donné de la main de Dieu : voulant aduancer nostre
fin le plus qu’il luy sera possible, s’il se voit en estat de
ne pouuoir plus resister en France ; s’imaginant que toutes
ces persecutions ne viennent que pour l’amour de nous, &
non pas pour les maux qu’il fait à vn chacun, qui voudrions
auoir donné de nostre sang, que iamais nul n’eut
tesmoigné auoir du ressentiment de nostre malheur, en
s’opposant aux ordres donnez au nom du Roy. Souuenez-vous
de ce pauure Duc d’Anguien, qui vous donna tant
de ioye par le gain de la bataille de Rocroy, qui r’assura la
France dans vn temps que nous l’estimions le plus esbranlée.
Souuenez vous du contentement qu’il vous donna
par la desroute de l’armée d’Espagne à la bataille de Lens.
Pardonnez-luy vne seule faute : & souuenez-vous de tant
de belles actions qu’il a renduës pour le bien de l’Estat.
Imaginez-vous qu’il vaut mieux qu’il aille genereusement
respandre son sang à la teste d’vne armée auec honneur, &
pour le seruice de sa Majesté, que non pas honteusement
dans vne prison qu’il n’a iamais meritée, que pour auoir
serui celuy qui luy met. Enfin pourrez-vous souffrir que les
siecles à venir puissent dire vn iour, que pour vne seule faute,
& pour contenter vn Ministre estranger, vn premier
Prince du Sang ait succombé au poison, qu’il luy prepare
par vostre consentement ; apres auoir conquis tant de places

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& gagné tant de batailles à l’aage de trente ans ? Que son
frere & son beau-frere soient tombez dans le mesme sort
sans les accuser que de bien viure ensemble ? Que trois Princesses
soient bannies du Royaume & contraintes de chercher
leur seureté entre les mains des Estrangers, ne la pouuant
trouuer dans le lieu de leur naissance ? Que leurs enfans
presque encore dans le berceau, incapables de toute
sorte de malice, soient à la mercy des personnes qui ne les
auront iamais veus ni cogneus, ni entendu parler de leur
Maison, que par le funeste accident de leur disgrace : &
pourtant qu’ils trouuent plus de courtoisie chez les Estrangers
& les barbares, que dans la France dont ils sont enfans,
parce qu’vn malheureux Italien les persecute ? Enfin
n’aurez vous pas de la compassion de voir toute la Maison
entiere de vostre premier Prince du Sang exterminée par
l’ennemy mortel des François ? De voir celle de son beau-frere,
celle de Montmorency & de Brezé destruites par vn
Sicilien, qui s’en prend à ceux qu’il redoute le plus, pour
tyranniser le reste auec plus de facilité ? Considerez pour
le moins qu’ayant l’honneur d’estre nay François, cela me
deuroit donner quelque aduantage sur vn Estranger. Qui
est celuy des deux qui a fait le plus de mal à la France ? Ie
défie tous les hommes du monde de m’accuser, que d’auoir
serui la Reyne contre Paris : mais en recompense qu’on
jette les yeux sur ce que i’ay acquis à la Couronne ; il s’y
trouuera cent bien-faits pour vn peu de mal dont ie m’accuse
moy-mesme, & dont le Cardinal Mazarin a esté le
seul autheur. Mais tout au contraire, que l’on considere
toutes les actions de ce fourbe, depuis qu’il est entré dans
le Ministere. Si l’on en peut trouuer vne bonne entre toutes
les mauuaises qu’il a faites, ie me soubmets à tout ce
que l’on voudra de plus cruel : sçachant bien que l’on ne
trouuera dans tout ce qu’il a iamais fait de meilleur ; qu’extortions
sur le peuple, que cruautez, que surcroist des tailles,
que tyrannie, qu’oppressions, que volerie, que dissipation

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des Finances du Roy, qu’inhumanité, que sedition,
que mensonges, qu’effronterie, qu’hypocrisie, que dissimulation,
que vaines promesses, que fausses caresses, qu’impositions
iniustes qu’il fait faire par les Gouuerneurs des
Prouinces au nom du Roy, & à moitié profit pour son Eminence ;
Que lascheté, que trahisons, que mauuais conseils,
que pernicieuses maximes, que desseins abominables, que
pensées infernalles, que desir insatiable de s’enrichir aux
despens d’autruy ; que fourberie, qu’impieté, qu’indeuotion,
& que des sentiments sanguinaires. Ce sont toutes
les belles qualitez qu’il a pour le bien de la France & pour
la gloire de l’Estat ; apres auoir rendu le Roy si pauure,
qu’il est tous les iours à l’emprunt, au lieu que ses coffres
deuroient regorger d’or & d’argent. Considerez encore
trois Princes contre vn laquay : trois Princesses contre le
petit fils d’vn Courrier ; enfin toute la Race de Condé,
Longueuille, Montmorency & Brezé, contre celle du
fermier & de la bastarde du Moine Buffalin Abbé de la
Pezzia dans le Duché de Marse en Italie. Et sera-t’il possible
que la vengeance d’vne seule faute qu’a fait vn Prince
du Sang, preualle sur celle de tous les maux que le Cardinal
Mazarin fait tous les iours à la France ? Ie ne croy pas
que les François n’ayent le cœur plus sensible, qu’ils ne
considerent que j’auouë auoir failly, que ie proteste que
iamais homme du monde ne me verra tomber dans vn tel
aueuglement, & que iamais le Prince de Condé ; ne portera
les armes que contre les ennemis de l’Estat. Considerez
que la race du Cardinal Mazarin commence & finira en
luy : & qu’au contraire, celle de Condé prend son origine
dans le sang de Saint Louys : Et que celle de vos Roys perira
plustost qu’il ne s’y en trouue de celle de Condé ; puis
que ce Prince a l’honneur d’estre le premier du sang Royal.
Croyez que vos Rois vous demanderont vn iour la raison
pour laquelle vous auez souffert que leur Sang ait esté respandu
pendant leur Minorité dans les cachots par le poison

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d’vn Estranger ; & que vous n’en sçaurez rendre de plus
veritable, que quand vous direz, que ç’a esté le moyen pour s’establir
en France. Imaginez vous que le sang ne vous démant
iamais, & que d’icy à 25. ou 30. ans le Roy lisant dans son
Histoire les bons seruices que i’ay eu l’honneur de luy rendre
pendant sa Minorité, pourra sçauoir de vous le sujet
pour lequel on nous aura fait iniustement consommer dans
vne prison que nous n’auons iamais meritée, si ce n’est que
l’on soit coupable pour estre trop attachez aux interests de
sa Majesté, & pour procurer la gloire de sa Couronne. Ne
croyez pas que le Sang de Bourbon finisse en moy, & sçachez
que tous mes successeurs vous ferõt rendre bon compte
de l’iniustice qu’ils reçoiuent en ma personne. Il restera
encore quelqu’vn du sang de Montmorẽcy apres le poison
que le Cardinal Mazarin a resolu de me faire donner pour
faire son establissement en France. La maison de Longueville
ne consiste pas toute en Monsieur le Duc mon beau-frere :
Ceux de celle de Brezé pourront encore demander
pourquoy on a souffert l’iniuste persecution que le Cardinal
Mazarin a fait à leur parente, ne souffrant pas qu’elle
puisse trouuer seureté dans le Royaume. Enfin imaginez-vous
que le Roy est Mineur ; qu’vn Estranger preoccupe
l’esprit de la Reyne par ses inuentions : que vous preferez
le Cardinal Mazarin au Sang Royal, sous pretexte qu’il
voile son iniustice du nom de sa Majesté ; que vous faites
publique profession de rendre iustice à vn chacun : qu’il n’y
a personne qui iusques à present ait douté de vostre integrité :
Et prenez garde de ne pas perdre entierement cette
bonne reputation que le Parlement de Paris s’est acquise
par toute l’Europe. Faites Iustice, vous seruirez Dieu, le
Roy, & le peuple : Et par mesme moyen faisant voir à tout
le monde les impostures du Cardinal Mazarin, vous ferez
aussi connoistre l’innocence de

 

LOVYS DE BOVRBON PRINCE DE CONDÉ.

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Anonyme [1650 [?]], LA VERITÉ DANS SA NAÏVETÉ, OV DISCOVRS VERITABLE sur la Vie du Prince de Condé : auec ses justes plaintes au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3985. Cote locale : A_9_22.