Anonyme [1652], LA REMONSTRANCE FAITE A LA REYNE PAR LES PREDICATEVRS DE LA COVR, Sur les Miseres de la France, & la calamité presente des Peuples. , françaisRéférence RIM : M0_3323. Cote locale : B_4_23.
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LA
REMONSTRANCE
FAITE
A LA REYNE
PAR LES
PREDICATEVRS
DE LA COVR,
Sur les Miseres de la France, & la calamité
presente des Peuples.

A PARIS.

M. DC. LII.

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LA REMONSTRANCE
FAITE A LA REYNE
PAR LES PREDICATEVRS
DE LA COVR.

NE pleurez-vous point (chere Alethophile)
sur nostre Sion, Paris la Bienaimée
de Dieu, la Ville de tout l’Vniuers,
où il est le plus sincerement seruy,
& auec moins de superstitions & d’hypocrisie ? Sa calamité
est si grande, & la playe dont elle est frappée si
cruelle, & si hideuse, qu’elle fait horreur. Il faut qu’elle
ait étrangement offensé la Bonté de son Createur,
pour le voir si fort indigné contr’elle ! Et il semble
n’auoir plus de clemence & de misericorde, pour
la receuoir à reconciliation : ou plustost, faut-il
croire qu’il a des desseins incomprehensibles de sanctification
pour ses Seruiteurs qui y restent encore,
& qu’il veut faire passer l’épreuue des plus grandes
tribulations entre les mains de ses ennemis, où il l’abandonne.

Le grand & incomparable suiet de douleur que ie
trouue en son affliction ; & qui me tient l’ame toute

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saisie ; ie vous le diray, & nous en gemirons ensemble
aux pieds du Crucifix, nostre vnique consolation.
Car l’Eglise bien-aimée de Iesus-Christ, ses autels, son
plus auguste Sacrement, ses Prestres, & toute la sainte
Religion & discipline Euangelique, & méprisée dedans
son mal : voires on s’en sert pour canonizer l’iniquité
& la barbarie qui s’exerce contr’elle, par des
communions frequentes & publiques : mais non plus
agreablement, certes, deuant les yeux de Dieu : que
quand la Magie employe à ses plus détestables sorcelleries ;
des Prestres Apostats, & des saintes Hosties,
qu’elle a pû dérober ou surprendre quelque part pour
seruir à ses abominations.

 

Les gens de bien qui sont veritablement éclairez
des lumieres de l’Euangile, & ne se se sont pas laissé
aueugler ou coiffer de la fausse Theologie des Casuites
à la mode, & qui écriuent pour les Partisants &
pour la Cour : auront diuers suiets d’horreur & de
larmes, dedans la triste contemplation qu’ils feront,
de la calamité & desolation de ce Sanctuaire de Dieu
pollué, en ses Eglises voisines profanées, leurs vases
sacrez emportez ; les saintes Huiles versées à terre, ou
plus indignement employées à des vsages de mépris ;
& les adorables Hosties & Sacrements du Corps &
du Sang de Iesus-Christ reseruez pour viatique des malades,
vendus, & foulez aux pieds. Pour moy ie m’entretiendray
auec vous, (cher Alethophile) dans la
veuë lamentable que i’ay de l’abandonnement de

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Dieu, qui semble auoir quitté cette sainte Sion, pour
derniere des afflictions où elle puisse tomber à mon
aduis.

 

Cét abandonnement paroist, parce qu’elle est demeurée
despourueuë (& la Cour du Roy pareillement)
de Prelats, de Prestres, & de personnes Religieuses :
Qui ayent, ou la Science de la Loy de Dieu, ou le cœur
& le zele pour la prescher. Ce sont pourtant ceux, lesquels
seuls peuuent, & doiuent remedier à ses maux, &
entretenir le Roy tres-Chrestien dedans les Regles de
la Iustice & de l’équité, par lesquelles Dieu veut qu’il
regne.

La science de la Loy de Dieu : ils n’ont garde de l’auoir :
Ce n’est pas dedans les Liures, ou les Escoles des
Casuistes du temps, & Directeurs de deuotion aisée,
qu’elle s’apprend : Cependant nos Prelats, nos Prestres,
& personnes Religieuses de Cour, ou de Paris : pour
toute Theologie, & saint Euangile de Iesus-Christ, ne
lisent, & n’estudient (quand il leur arriue d’estudier)
que ces meschants & pernicieux Liures d’iniquité pieuse,
& de pieté inique.

Le cœur, & le zele pour prescher la Science de la
Loy de Dieu : Helas ! des gens qui ne sont en charge,
ou dedans les Eglises de la Ville, ou en Cour, qu’aspirants
à de plus grands biens & faueurs de fortune, soit
Eueschés, soit autres Benefices que les leurs, n’ont garde
s’échauffer, ny de se hazarder tant (quand ils auroient
cette Science sainte & salutaire) que de chocquer

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ceux qu’ils idolatrent, & à qui il ne cherchent
qu’à plaire.

 

C’est bien pire, ils applaudissent au vice, & à l’inité
manifeste, & ont bien le front, & l’ame si desnatuturée,
qu’ils entretiennent les ennemis de nostre sainte
Sion (tout criminels, sacrileges, & impies qu’il sont)
dedans leurs vices & forceneries : Ils les fomentent dedans
leurs abominables conseils & fureurs : Et abusants
mesme du saint Ministere de la parole de Dieu, ils leurs
preschent qu’ils font bien ; & qu’ils doiuent faire ainsi.
Le Pere Leon, qui fait tout ce qu’il peut pour estre
Euesque : Et le Pere le Faure, qui a tant fait qu’il l’est,
sont du nombre de ces saints Religieux de Cour, qui disent
au pecheur qu’il est en paix auec Dieu, quand il
est faux qu’il y soit : Pour luy complaire, & faire fortune
auprés de luy. Le jeune Archeuesque de Roüen en
est aussi, en payement de son Archeuesche, & les vingt-quatre
Euesques qui l’accompagnoient, ou authorisoient
en cette action (si Apostolique & si Sainte) où
la France l’a veu Mazariner auec ignominie & laschete ?
Il ne faut pas demander, si le Pere Paulin en est : Ce
digne Confesseur du Roy, que la societe Politique &
raffiaée des lesuistes, a place dans la Cour, en cét Office,
auec tant de si longues & puissantes brigues, tant
d’empressements, de poursuittes, defforts, & d’intriques :
Non pour la perdre incontinent, à force de [1 mot ill.]
contre les vices de la Cour, & de la France : Mais pour
y porter puissamment les interests de son Ordre, à quelque

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perte de son ame que ce puisse estre : comme leur
victime de Negotiation pour Sathan. Ce pauure idiot
de Cordelier Confesseur de la Reyne, en est à proportion.
Mais sur tous le bien heureux Theatin qui est venu
d’Italie (c’est vne bonne Eschole de vertu) pour
estre le Confesseur sanctifiant & glorifiant du sior lulio
Mazarino : Cét ennemy de Dieu, qui a tout rauagé, comme
vn sanglier dedans vne vigne, son Royaume tres-Chrestien,
& dont il a iuré la ruine, plus que l’Espagnol
mesme.

 

La France est elle pas bien malheureuse d’estre tombée
en de si mauuaises mains, & la pauure Sion, pour
tous consolateurs & Medecins spirituels, qui la preseruent,
ou plûtost qui la releuent de l’extreme desolation,
où elle est reduite ? Ce malheur de n’auoir pas de Prelats,
de Prestres, & personnes Religieuses, plus gens
de bien & plus vertueux, pour la consoler, ou interceder
pour elle, deuers le Roy : N’est-il pas veritablement
digne de larmes, & de larmes de sang ?

Il y a encore vne circonstance dans cet abandonnement
de Dieu sur nostre malheureuse Ville, le siege
de l’Empire tres-Chrestien, le centre & la source de tout
le bon-heur, ou de tous les maux de la France : le vous
prie de considerer ce malheur, & de vous preparer, à
vous en plaindre & pleurer auec moy.

Les Peuples, encores bien que peu esclairés & instruits
entre les mains des mauuais Apostres & Prophetes :
Ne laissent pas de bien reconnoistre & sçauoir d’où

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vient leur mal : C’est seulemẽt dedans l’applicatiõ qu’ils
font de cette connoissance, qu’ils errent : Mais neantmoins
fort à la honte & ignominie de l’Eglise : Qui
est ce qui me fait parler. Ils sçauent bien (comme il est
vray) que toute leur misere vient de ce que les Prestres
& Prelats ne preschent point la verité, la Loy de Dieu,
ny le deuoir des Grands & des Roys, vers les Peuples,
qui leurs sont commis de la part du Ciel, pour les gouuerner
doucement & sagement selon leurs anciennes
coustumes, libertés & franchises ; Bref selon les Loix
fondamentales de l’Estat, par Iustice & vertu ; comme
bons peres & Pasteurs tres-Chrestiens ; nullement en tyrans,
par violence & par empire despotique. Ils sçauent
bien que si tous ceux qui preschent à nos Roys, &
& dans la Cour, leur preschoient la crainte des iugements
de Dieu, l’humilité Chrestienne, l’amour de leurs
Sujets, qui sont des Oüailles de Iesus-Christ racheptées
au prix de son sang : Ils leur seroient meilleurs, & ne le
traitteroient pas en esclaues : Ils apprendroient qu’ils
ne sont pas maistres de leurs biens, & de leurs vies,
comme les flatteurs les font à croire : Et qu’ils ne sont
pas Roys pour leurs passetẽps, & plaisirs, ny pour se reposer
sur qui bon leur semble, de l’administration de
leur Estat, pour ne pas regner par eux-mesmes en personnes :
Moins encore sus vn meschant homme, &
Estranger ; sur vn Impie, & qui n’a ny Foy, ny Religion ;
sur Mazarin, l’opprobre de l’Eglise, & de tout le
genre humain, le tison & bouttefeu de la France. Enfin

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ils apprendroient à regner selon Dieu, par pieté &
par Iustice ; se faisans aimer de leurs Peuples ; & leurs
estant à gloire & benediction deuant Dieu, & deuant
les hommes ; comme veritables aisnez de l’Eglise, &
dignes du saint nom de Roy tres-Chrestien.

 

Mais parce que rien de cela ne leur est presché : Au
contraire, on leur applaudit en Chaire dans leur tyrannie
& cruauté, plus que Turque & Barbare : Ces pauures
Peuples qui ne ressentent aucun effet de la parole
de Dieu pour la conuersion de la Cour, nonobstant
toutes les prieres & humiliations qu’ils font deuant
Dieu, de leur costé, pour appaiser sa cholere : S’en
prennent maintenant aux Prestres (que l’on appelle
Seculiers) ne les regardent plus qu’auec auersiõ : Pestent
contre eux, & peu s’en faut qu’ils ne leur courrent sus,
dedans les vexations extremes qu’ils souffrent : Cela
suruenant à la haine, qu’ils ont contre les desbauches,
bombances, & dissolutions des Abbés & Prieurs Commendataires,
dont il sont tous les iours scandalisez : Et
qu’ils confondent tout ensemble auec les Prestres Seculieres.
Ils jettent tout leur malheur sur eux : Et le silence
aussi des Chaires de l’Eglise ; où ils voyent la verité
detenuë prisonniere dans l’iniustice, & l’approbation
des vices & iniquitez de leurs tyrans, prononcé de la
mesme bouche qui fait profession de prescher la parolle
de Dieu.

Voyez vous (cher Alethophile) iusques où la calamité
de la France, & l’affliction de Paris, est entrée dedans

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le Sanctuaire de Dieu, & dessus les Prestres les
plus innocents, qui n’ont nullement le Ministere de
la parole de Dieu en bouche : C’est à dire les chaires &
l’audiance de la Cour pour luy prescher les verités & les
jugements de Dieu ? Ce sont les Prelats de la suite de
Mazarin, les Predicateurs, les Confesseurs, les Religieux
qui suiuent la Cour : Et tous leurs Superieurs, &
Ordres qui les y souffrent hors de leurs Cloistres, Monasteres,
& Maisons Regulieres ; A qui il se faut prendre
de ce defaut & preuarication criminelle en la parole
de Dieu ; Qui ruine la France & scandalize l’Eglise
dans le saint Ordre Apostolique des Prestres,
qu’ils appellent pas mépris Seculiers ; ne faisants estat
que des Prestres Moynes, les vniques Autheurs, ou du
moins fauteurs de la Tyrãnie sous laquelle ils gemissent.

 

C’est de ces Prelats & Predicateurs de Cour (que
l’on tient en lesse, & qui se repaissent de l’esperance,
& de la monstre des Eueschés, Abbayes & Benefices
vacants, dont Mazarin doit recompenser ses Fidelles)
qu’il se faut plaindre, comme traistres à Dieu, à l’Eglise,
& au Roy : Qui seruent les plus grands ennemis,
contre son bien, & celuy de son Peuple, au deshonneur
du Charactere & de l’Ordre sacré qu’ils ont.

C’est sur ces Moynes Décloistrez que la juste indignation
des peuples deuroit fondre : Sur ces Religieux
sans Religion, qu’ils doiuent coutre-sus ; lesquels font
traffic, de pieté, & de deuotion aisée : Qui vont comme
des Colleporteurs de campagne, iusques dedans les

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Chambres, & les ruelles du lict des Dames, dans les
Chasteaux, les Palais des grands, & la Cour des Roys,
porter leurs marchandises spirituelles ; estaller leurs
Medailles, leurs Chappelets & Grains benits leurs Cordons,
Ceintures, Scapulaires & Indulgences : Exposer
les visions, miracles & Histoires saintes, de leurs bienheureux
Fondateurs & sacrées Chroniques : Debiter
leurs absolutions de tout cas ; leurs commutations, &
dispenses de tous vœux, & Loix Ecclesiastiques ; leurs
Predications d’Euangile à la mode, conferences musquées
& toutes celestes ; leurs directions & conduites
ciuiles, douces & accommodées agreablement à l’humeur,
& à l’inclination d’vn chacun : En vn mot qui
negotient adroitement & incessament pour l’interest de
leur Ordre, & à la subsistance, enrichissement ou augmentation
de leurs Maisons religieuses ; tousiours
pauures, & tousiours necessireuses : Dans ce genre de
trafic & de marchandise sainte & sacrée, ou les Grands
& les Roys (qu’ils obsedent & poursuiuent par tout)
ayment à achepter d’eux la parolle de Dieu, les Sacrements,
la conduite du Ciel : Parce qu’ils font profession
d’en oster toutes les espines, les austerités, les mortifications,
& difficultés que leurs Pasteurs legitimes &
les Prestres Seculieres, trouuent indispensablement attachées
à la vraye pieté selon la Loy de Dieu.

 

Tant y a que ces bons Peres, ces Reuerends Peres,
ces sanctificateurs d’iniquite & de vice, applaudissants
& s’accõmodans en tout, aux Princes & aux Roys, ausquels

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ils s’estudient sur toutes choses de plaire : Sont
la cause en cette maniere de tous les malheurs de la France,
de la ruine de Paris, & de l’ignominie qu’en souffrent
les Prestres Seculiers ; tous innocents, gens de
biẽ, & personnes humbles qu’ils sont dedans la Hierarchie
de l’Eglise & de l’obeïssance de ses Saints Canons.

 

Diogene ayant veu vn jeune homme faire vne action
indecente ; ce ne fut pas à luy qu’il s’en prist ; mais à son
Precepteur qui ne l’auoit pas mieux instruit : Et ne manqua
pas d’en accompagner la reprimende qu’il luy en
fit, d’vn soufflet deschargé sur sa jouë publiquement.
Nos Princes & nos Roys pechent extremement (on ne
le peut nier) & deuants estre chastiés de Dieu, quand
il prendra son temps pour venger les outrages, & les
tyrannies qu’ils exercent sur son Peuple. A qui cependant
nous en deuons nous prendre sans manquer,
qu’à ces Pedagogues & Directeurs de Cour : Confesseurs
& Predicateurs des Roys, qui se sont intrus contre
les Ordres de Dieu & de l’Eglise à gouuerner leurs
consciences, & les conduire dans les voyes de Salut ? Ne
sont-ce pas eux qui meritent d’estre souffletés, punis &
chastiés seuerement des cruautés & tyrannies, que le
Peuple de Dieu en souffre & ses Temples sacrés, sa Religion,
& ses Prestres ? Personne pourtant ne se plaint
d’eux ! Aucun iusqu’à present n’a dit mot & parlé contre
eux ! Pas vn Medecin n’a, ou descouuert, ou osé declarer
cette cause & source fatale de tous nos maux &
calamitez ! Les Peuples mesmes qui en portent la peine,

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& souffrent les malheurs, auront peine à le croire, & à
se persuader que ces Moynes de Cour soient autheurs
& coupables des extremes miseres où ils sont reduits
tant ils ont bonne opinion de leurs habits & pieté
trompeuse.

 

Desabusons les (cher Alethophile) & leurs désillons
les yeux pour leur faire connoistre l’origine de
leurs maux ; en deffendant les Prestres Seculiers, à qui
ils l’imputent, & maintenant leur innocence contre
cette calomnie & iniure sanglante. Parlons & crions
contre ces Loups reuestus de peaux de Brebis : Crions
si haut qu’ils ayent peur, & que la Cour enfin reconnoissant
leurs fourberies & artifices pernicieux, les
chasse & les deteste, les renuoyants dedans les forests
& les solitudes, où ils deuroient estre à gagner leurs
vies (selon la Loy de Dieu) du trauail de leurs mains,
& à la sueur de leurs visages : Et non iamais dedans aucune
ville, en conuersation du Monde, à manger le
pain qui n’est deu qu’aux veritables pauures, inualides
& impotents.

Il y a encore vne troisiéme playe du Ciel tombée
sur le Sanctuaire de Dieu & l’Ordre sacré de ses saints
Leuites, qui est merueilleusement affligeante & sensible
aux gens de bien qui ne peuuent la considerer qu’auec
estonnement. Nostre saint Pere le Pape, le Chef
visible de l’Eglise de Iesus Christ, le Pasteur des Pasteurs
sur terre, & (cõme il dit dedans ses Bulles) le seruiteur
des seruiteurs de Dieu : Dort en repos, & a les bras croisez

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auec ses Eminentissimes Cardinaux, & son Consistoire
empourpré du sang des Martyrs ; pendant que
l’Europe est en guerre depuis si long-temps, & que
les Oüailles de Iesus-Christ s’égorgent & deschirent
entre-elles inhumainement. Et pour parler de plus
prés en ce qui nous touche, à Paris : Il voit & souffre
que ce Monstre de vice & de malediction, Mazarin,
soit encore du nombre de ses Cardinaux, apres auoir
tant causé d’opprobre & d’infamie à ce sainct Ordre
& sacre College. Il ne le rappelle point ny foudroye
d’Anathesmes : Et le laisse regner en tyran auec tant de
honte & d’ignominie dans l’Estat tres-Chrestien, du
fils aisné de l’Eglise : Aux ancestres duquel le saint Siege
est si obligé. O Dieu ! Iusques ou auez vous aussi abandonné
vostre Eglise Vniuerselle ? Et quel Pasteur ?
Quels Gardiens ? Et quel Consistoire de Cardinaux luy
auez vous souffert estre donné ? Que n’escrit-on donc ?
Que ne luy en fait-on des plaintes & humbles Remonstrances
publiquement, puis qu’il doit rendre raison
de sa charge, & donner satisfaction à toute l’Eglise, qui
est sa Mere & Superieure, laquelle en souffre scandalle ?
Mais de cela (cher Alethophile) nous nous entretiendrons
plus amplement vne autrefois. Pleurons quant
à nous, & prions seulement aux pieds des Autels sur la
contrition de Ioseph : Nous auons assez de sujet de larmes
& de gemissements des premieres pensés dont ie
vous ay escrit. Ie ne vous demande que la communication

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des sentiments que Dieu vous donnera sur cette
lecture, afin que nous nous consolions mutuellement
l’vn l’autre dedans ces tristes entretiens, & lamentations
Chrestiennes, pendant nos miseres.

 

FIN.

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