Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.
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Mais s’il faut vous faire voir cette France auec des entrailles
de mere, vous coniurer de rentrer en vous-mesme, & de ne
vouloir pas permettre, qu’elle soit accusée d’auoir mis vn fils
dans le monde, qui soit son homicide, & vn sacrilege, auec
l’honneur & le prix de sa fecondité ; Il faut vous faire ressouuenir
à mesme temps, des plus cruels assauts qu’vn iuste remords
liuroit à l’ame de Coriolanus dans ses plus solides satisfactions,
autant de fois qu’il pensoit à l’amitié qu’il auoit pratiquée
de gens qui en vouloient directement à ses Loix & à sa
Religion ; pour qui il auoit abandonné laschement les interests
de son pays, ne considerant pas que s’il y a quelquefois
des temps où il vaut mieux se perdre auec courage, que de se
conseruer auec bassesse d’esprit. Il y a d’ailleurs des causes
heureusement regardées, qui demandent toute nostre application
de cœur à de souuerains ordres, & desquelles il faut
laisser le succez à la disposition du Ciel.

Combien de fois serez-vous interrompu de l’image de vos
crimes, quand ils vous rempliront de cette malheureuse alliance
auec des ennemis immortels de vostre patrie ; auec ceux
qui n’auoient aucun pouuoir legitime en main pour estre recherchez,
& pour prester la Iustice que vous auez demandée
contre l’oppression qu’on vous fait ? Que vous auez mesmes
surmontez ; chez qui vous auez porté la frayeur, & dont la
mauuaise fortune vous honoroit, dont les cheutes contribuoient
à vostre agrandissement ? Quelle honte d’auoir egalé
leurs forces aux vostres par vostre choix, & d’auoir fortifié leur

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party par le respect qui vous y a attiré ? Si tant de funestes resolutions
que vous auiez iettées contre l’Estat à cette campagne
eussent treuué vn acheminement fauorable, dans quelle
mauuaise odeur ne vous metiez-vous point aux siecles à vestir ;
s’en fut-il trouué quelqu’vn d’assez doux pour vous, qui eust
pû s’en entretenir indifferemment, qui ne vous eust fait passer
pour vne peste dangereuse, dont le venin est capable de gâter
mille posteritez ? Mais que ne diront point les Espagnols,
que vous auez sacrifiez à la faim deuant Guyse, pour venger
vos propres iniures ; que vous auez perdus, apres qu’ils vous
ont eu fourny d’azile ? Auez-vous iamais esté plus ingrat que
depuis que vous poursuiuez si ardamment vne ingratitude ?
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Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.