Anonyme [1649], DIVERSES PIECES SVR LES COLOMNES ET PILLIERS DES MALTOTIERS Et les vingt Rimes sur leur Patriarche. , français, latinRéférence RIM : M0_1161. Cote locale : D_2_16.
DIVERSES PIECES SVR LES COLOMNES ET PILLIERS DES MALTOTIERS, ET LES VINGT RIMES SVR LEVR Patriarche.
SON corps est aussi droit que son ame est bossuë, Tout le iour il est froid, toute la nuict il suë, Son œil est assez doux : mais sa langue nous tuë ; Iamais à faire bien son cœur ne s’évertuë, Sa conscience craint sur tout vne reueuë ; Il est doux à seller, car il ne mord ny ruë ; Saturne dominant, rend son humeur borruë, Mercure le subtil luy rend la main crochuë, Venus le rend suspect d’vne teste forchuë, Il plastre pour argent vne affaire perduë, Au lieu de son Mouton la France il a tonduë, Son Estoille sur nous tant de graces influë, Il croit que nous aurons à iamais la berluë, De son abaissement sa fortune est venuë, Sa seule lascheté la tousiours maintenuë, On sçait par quel ressort, ce Colosse remuë, La Reyne la conneu lors qu’elle estoit en veuë, Son nom se trouue cher au milieu de la ruë ; La voye de la Vertu, il n’a jamais connuë, Si tu ne sçais qu’il est. Va, tu n’es qu’vne gruë.
Diuerses sortes de Vers, sur le Pape des Maltotiers.
Tout est sousmis à sa puissance, Et si sa Majesté vouloit, Pas vn Officier de France, Ne porteroit glans au collet. Grand Fourbe ! est-il bien croyable Que vous vueillez, ambitieux, Passer pour vn Sainct dans ces lieux Où chacun vous tient pour vn Diable.
L’enleuement de nos deniers, L’oppression des Officiers, Le Peuple mis à l’indigence, Et tant de maux dont on se plaint, Que seul vous causez à la France, Sont-ce les ouurages d’vn Sainct ?
AVTRE.
On dit (peut-estre dit-on mal) Que la grande Armée de Flandre Ne prend rien ; mais ne fait que rendre, Au contraire du Cardinal Qui prend tout, & ne veut rien rendre.
AVTRE.
Si l’on faisoit comparaison Du grand Armand, au seigneur Iule, Elle seroit plus ridicule Que d’vn Aigle à vn Oyson.
AVTRE.
L’Autre jour deux Faquins portoint dans vne chaise, Vn qui ne va jamais qu’auec le pare-sol, Rencontrerent vn Boucher, qui portoit sur son col Deux Veaux entre lassez, en guise d’vne fraise ; Gare, luy dirent-ils, d’vn ton graue & mutin. Le Boucher assisté de son puissant mutin, Dit : Ie n’en feray rien, & i’auray le passage. N’auoit-il pas raison ? selon le sens commun, Car vn en portoit deux, & deux n’en portoient qu’vn.
SVR LES ESCVRIES DV SICILIEN.
ORgueilleux bastimens où l’injuste abondance, Monstre au Peuple l’horreur de sa necessité, Censeurs, qui sans parler reprochent à la France, Ou son peu de courage, ou sa stupidité : Ie ne puis contempler vostre magnificence Que d’vn esprit boũillant & d’vn œil courroucé, Voyant que les Cheuaux sont traitez d’Eminence, Et qu’on les void loger en cette qualité, Non, ie ne vous puis voir éclatante Escurie, Que d’vn libre discours, soudain ie ne m’écrie : O trop sensible abus d’vne Minorité ! L’on peut voir aisément, dans le siecle où nous sommes, Tout ce que des Tyrans a dit l’Antiquité, Puis qu’encore aux Cheuaux on fait manger les Hommes.
ANAGRAMME LATINE SEANT AV Iulius Masarinus. VILIS ASINYS RVAM. DISTIQVE DE LA REYNE, DE M. LE PRINCE, Tres ludunt Regina parens, Condœus, Iulius. SVR LES ARMES DV SICILIEN.
Quid fasces ? tristemque geris Romane securim Littor, & in nostros dirigis arma sinus, Desine fatali Gallos terrere rüina. In propriam recident tela retorta necem Arma tuum hœc caput abscindent, & versa Ministris Fascibus in cineres corpora ventus aget.
SVR LE BON HOMME D’EMERY.
Pour guerir d’Emery de ce vomissement, Qui fait tant discourir Messieurs du Parlement, Il croit qu’il suffira viste changer de giste, Tout grand esprit qu’il ait, il peche lourdement, Vn Arrest de la Cour chemine encor’plus viste. Le bon Sicilien luy dit à son depart, Pour vous guerir, Cousin, ie crains qu’il soit trop tard, Vous estes oppressé de quantité de graise, Songez que ceux qui sont ainsi chargez de lard, Sont fort incommodez au milieu de la presse.
Vostre mal comme on sçait vient de repletion, Moy, ie m’en sens vn peu ; mais cette oppression Ne m’enpeschera point d’acheuer ma campagne, I’ay d’vn ORVIETAN, dont la confection Me peut rendre aussi sain en France qu’en Espagne.
Ie me sçay bien purger, quand ie me sens trop plain, Et sçay le vray secret pour estre tousiours sain, De n’engendrer iamais bile, ou meslancholie, Mes superfluitez du iour au lendemain, Lorsque ie suis pressé, passent en Italie :
Mais vous dont les humeurs sont encore au dedans, Craignez ces maux soudains qui font grincer les dens, La Chambre de Iustice est desormais complaitte, On vous va tondre net, & tous les Intendans Desirent de vous voir bien-tost sur la selette.
A ces mots on le vit enrager de despit, N’eust esté qu’il craignoit de gaster son habit, Il fust creué cens fois aux pieds de l’Eminence : I’en sortiray pourtant, dit-il, sans contredit, Ie tiens en mon pouuoir tous les Iustes de France.
AVTRE SVR LE MESME.
ON maudit le Destin, Monsieur le Controlleur, Qui vous a tousiours fait le mignon du bon-heur, Que le Roy vous ait fait, ou bien son Eminence Son superbe Intendant, malgré toute la France, Et que sçachant en vous tant de subtilité, Ils ayent eu pour vous tant de fidelité. Vous sçauez les moiens de prolonger la Guerre, Puisqu’en despit de nous, du Ciel, & de la Terre, Vous trouuez de l’argent où il n’en fut iamais, Ce qui vous rend meschant ennemy de la Pais ; Maintenant le destin defend qu’on vous appelle De ce haut rang d’honneur du nom de Particelle : Mais ce grand d’Emery à double carrillon Aupres duquel Tubœuf n’est qu’vn Emerillon, Et ces pauures petits Regrattiers des Finances, Sont autant de morceaux pour remplir vostre pance, Puisqu’aussi bien ventru comme vn loup deuorant Vous vous este saoulé du sang du Païsant : Et laissant maintenant cette viande grossiere, Celle-cy vous auez gardé pour la derniere, Pour en faire à vostre aise vn plus friant repas,
Rondeau de Particelle dit d’Emery.
QV’IL sût Party de la Sur-Intendance, Sans ce fascher, ce n’est pas la creance Ny de la Cour, ny des autres Quartiers : Mais qu’il le sût des membres tous entiers C’est le souhait de toute nostre France : Peuple, Officiers, chacun pert patience, L’vn veut la Roüe, l’autre veut la Potence, L’autre voudroit qu’en cent mille quartiers. Adire vray, voyant son insolence, Et la façon qu’il traittoit la Finance, Tout le Palais rabattroit volontiers Son arrogance, & ses esprits altiers En ce procez, qu’il n’auroit esperance.
Il fut party. Qu’il fut party Sur les Barricades.
AMIS, pendant les Barricades Où l’on entend les mousquetades, Beuuons icy tous à la fois, Et regardons auec le verre Qui emportera la Victoire Des Gens-d’armes, ou des Bourgeois.
L’on n’entent que clyquetis d’armes Par tout on crie : Aux armes, aux armes ; Mais m’ocquons nous de leurs debats, Ne songeons qu’à prendre le verre Et laissons leur faire la guerre Tandis que nous vuidons les plats.
FIN. |
SubSect précédent(e)
|
Anonyme [1649], DIVERSES PIECES SVR LES COLOMNES ET PILLIERS DES MALTOTIERS Et les vingt Rimes sur leur Patriarche. , français, latinRéférence RIM : M0_1161. Cote locale : D_2_16.