Philippe IV d'Espagne [signé] [faux] [1652], LETTRE DV ROY D’ESPAGNE ENVOYÉE AV DVC DE L’ORRAINE SVR LA FRONTIERE DE FRANCE. POVR LE PRIER DE S’AVANCER pour le soulagement de Mrs les Princes. , françaisRéférence RIM : M0_2145. Cote locale : C_12_18.
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LETTRE
DV ROY
D’ESPAGNE
ENVOYÉE AV DVC
DE L’ORRAINE
SVR LA FRONTIERE
DE FRANCE.

POVR LE PRIER DE S’AVANCER
pour le soulagement de Mrs les Princes.

A PARIS,
Chez Iacob Cheualier, proche S. Iean de Lat.

M. DC. LII.

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LETTRE
DV ROY D’ESPAGNE,
ENVOYÉE AV DVC DE L’ORRAINE
Sur la Frontiere de France.

POVR LE PRIER DE S’AVANCER
Pour le Soulagement de Messieurs
les Princes.

MON COVSIN,

LE ROY de France nostre tres-cher, &
bien amé Cousin, est dans vn âge, auquel il est
priué de la connoissance de ses Estats, & i’ay
appris que le Cardinal Mazarin, detient prisonniere
au milieu de ses Troupes, la personne de
ce jeune Prince ; de façon que son Conseil
depend du caprice de ce Ministre, lequel n’est
arriué à ce comble de gloire que par fraude, &

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ne s’y maintient que de la mesme sorte. Il ne
fasche que nostre tres-chere Tante Reyne de
France, soit du sentiment contraire à celuy des
Princes François, entr’autres du Duc d’Orleans
nostre tres-cher Oncle & vostre beau-frere,
meuë par les paroles de ce Ministre. Nostre
Conseil trouue à propos de vous en escrire
pour sçauoir ce que vous desirez de faire dans
vne occasion si importante, & laquelle vous
doit rendre maintenant vos Terres, ou bien
vous n’y deuez iamais rien pretendre. L’on
nous a aduerty de vostre acheminement du
costé de France, & que vous estiez des-ja sur la
frontiere, sans que pourtant vous vous soyez
declaré pour aucun party, nonobstant les obligations
de vostre sang, & les promesses de tous
ces Princes, ausquelles moy-mesme me suis
confié, & continuë tous les iours. I’en ay escrit
à nostre tres-cher Oncle l’Archiduc Leopold,
pour vous destourner d’embrasser le party de
ce Cardinal, en cas que vous en ayez la pensée ;
Car il n’y auroit plus de lieu de vous proteger
apres auoir supporté la tyrannie des Ministres,
laquelle seule à causé les mal-heurs de vostre
Maison. I’espere que nostre chere Tante
Reyne de France, sera desabusée de la fidelité
qu’elle croit estre naturelle audit Cardinal,
quand elle aura consideré le but qu’il se propose,

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& tous ses semblables. Si elle remarque le
motif qui vous, obligera de faire contre luy (si
vous m’en croyez) elle desistera sans doute
d’adjouster foy à ses fourberies. Quand son
fils aura vn aage de maturité entiere, il pourra
reconnoistre que si vos armées ont seruy pour
destruire ce Ministre, c’estoit pour suiure les
Arrests des Parlemens, c’estoit pour luy redonner
les cœurs de ses Subjets qu’il luy auoit
ostez par le tyrannique effect que le Cardinal
exerçoit sur ses Peuples, Et que c’estoit encor
pour monstrer le desir que vous deuez auoir
du repos de toutte l’europe. Tous nos pays
respirent pour leur premiere liberté. Ie crois
qu’il en est de mesme par tout, & il ny à que
la paix, qui puisse les sortir des desgastes que
cause la longueur de la guerre. S’ongés y sainement,
ie vous inuitte à faire pour lesdist Princes
de France, puis qu’ils promettent la paix,
& qu’ils ne font la guerre que pour la procurer :
Moyennant cela, vous ferez ce que vous
deuez, & Vous trouuerez tousiours celle d’Espagnes
vn azyle asseuré : C’estendant ie prie
Dieu qu’il vous aie, mon Cousin, en sa saincte
garde. Escritte à Tholede, le deuxiesme iour
d’Auril. Mil six cens cinquante-deux, signé
PHILIPPES. Et plus bas, DEPINOLA.

 

Et sur la suscription.

A Mon Cousin le Duc de Lorraine.

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COMME quantité de personnes, & voires
la pluspart de tous ceux qui liront cette
lettre, n’entendroient rien au langage Espagnol,
i’ay treuué qu’il suffisoit de la traduction
qui est icy dessus, pour faire cognoistre à vn
chaseurs, que nos plus grands ennemys ont regret
de nos mal-heurs, & que dans la recherche
de la paix, Ils tesmoignent d’estre Las de la pesanteur
de nos armes, & craignent mesmes
pendant tous nos desastres l’ésloignement
d’vne chose si proffittable, & si desirée de toutte
la Chrestienté, comme est la paix.

Pardonnez s’il vous plaist, A Mon zele, & à
ma Timidité ; le premier me fait souhaitter de
donner de la satisfaction à vos esprist, en vous
entretenant de mon sentiment, touchant le
sujet que vous auez de ce quel me semble fort
legittime ; l’autre au contraire me le deffend,
puisque ce seroit s’en prendre à vostre capacité,
& vous oster la liberté de vos Iugemens.
Ce sont à peu prés les mots du Roy tres-Catholique,
que i’ay suiuy de point en point, lequel
desire de destourner le Duc de Lorraine,
d’Embrasser le party du C. Mazarin, & de l’excitter
à procurer le repos de toute l’Europe.

L’archiduc Leopold a escrit de mesme audit
Duc de Lorraine, & luy à mandé vn Courrier
exprés pour le mesme sujet. Aussi-tost que ledit
Duc, eut receu ces nouuelles il tesmoigna

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quelque froideur, accompagné de silence,
touttesfois aspres auoir demeuré quelque
temps interdit, il depeschat ledit Courrier, &
fit cognoistre, qu’il n’auoit pas le dessein de
pescher en eau trouble, & de secourir le plus
foible des partys pour faire durer nos guerres
intestines, Ainsi qu’on le disoit. Ce fut à la
Chappelle ou ce Duc receu cette letres auec
vne de l’Archiduc, & il est a presumer que puis
qu’il s’aduance à grands pas, il vient pour se
ioindre aux trouppes que Monsieur le Prince
leue à paris, composées de 150. Caualliers, &
2500. fantassins.

 

FIN.

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