D. L. R. [1652], RESPONSE AV PARLEMENT BVRLESQVE DE PONTOISE, OV L’ANTI-BVRLESQVE Du Sieur D. L. R. Parisien : Contre l’Autheur du Libelle intitulé, LE PARLEMENT BVRLESQVE de Pontoise. , françaisRéférence RIM : M0_3381. Cote locale : B_15_37.
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RESPONSE
AV
PARLEMENT BVRLESQVE
DE
PONTOISE,
OV
L’ANTI-BVRLESQVE
Du Sieur D. L. R. Parisien :
Contre l’Autheur du Libelle intitulé,
LE PARLEMENT BVRLESQVE
de Pontoise.

A PARIS,

M. DC. LII.

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L’ANTI-BVRLESQVE
Du Sieur D. L. R. Parisien,
Contre l’Autheur du Libelle intitulé :
LE PARLEMENT
BVRLESQVE
DE PONTOISE.

 


IE fus vn soir fort interdit,
Lors que couché dessus mon lit,
Lisant le Parlement Burlesque,
Que quelque mesdisant crotesque
A produit assez hardiment
Contre l’honneur du Parlement,
Qui pour entretenir la noise,
Il qualifie de Pontoise :
I’y vis qu’il nommoit Apostats
Ceux qui vrayment ne le sont pas,
L’Autheur auec son inuectiue
N’est pas si sage que sainct Yue,
Ny si descret qu’estoit Caton,
Ny si prudent qu’estoit Platon.
Si j’osois icy le reprendre,
Et mieux à parler luy apprendre,
Ie luy ferois vne leçon,
Non de Pedantèsque façon,
Mais auec douceur & sans ire
Ie ferois qu’il sçauroit mieux dire ;
Sous pretexte d’vn Mazarin
Faire le Diable & le Lutin,
Oster l’honneur de la Iustice
C’est se rendre vn mauuais office,
Et couuer enfin tost ou tart
Ce qu’on dit peine de la hart :
On sçait que toûjours grãd s’accorde
Et que petit file sa corde,
Et quoy que l’on donne pardon,
Il est enfin à l’abandon.
A vous il estoit inutile,
Autheur infect & mal-habile,
De traitter ainsi Courtisans
Et mal parler de Presidens,
De toucher sur la preud’hommie,
Et vouloir notter d’infamie

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Molé ce grand Garde des Sceaux,
Et de France trois Mareschaux,
Qui de seruir ont eu la gloire
Au feu Roy d’heureuse memoire,
Et qui pour leurs Illustres faits
Nos Generaux ont esté faits,
En faire vne bouffonnerie,
Et les nommer par ironie,
Que ne merite point cela,
Faut me taire sur ce point là,
Et en laisser tirer vengeance
A ceux qui en ont la puissance ;
Pourtant i’en creue de dépit
En passant, que cela soit dit :
Ie voudrois pour beaucoup connestre
Ou bien voir en Greue parestre
Cet escriuain impertinent,
Au bout d’vne corde pendant,
S’il est de structure petite,
Il trouueroit ce qu’il merite,
Ayant escrit mal à propos
Des plus grands de tous nos Heros,
Qui seuls ont eu l’asseurance,
Pour nous conseruer & la France
De consacrer leur propre bien
Aux gens qu’on dit ne valoir rien,
Qui ne respirent que desordre,
Et ne cherchẽt par tout qu’à mordre.
Ces Messieurs ont suiuy la foy,
Les yeux bandez suiuant leur Roy,
Et sans sçauoir ce qui doit estre,
Quittãt tout pour suiure leur Maistre
Ainsi que le firent iadis
Les Citoyens du Paradis,
Qui pour leur humble obeïssance
Au Ciel ont trouué recompence.

 

 


Le Corps de nostre Parlement
Est petit veritablement,
Mais il est parfait en ses membres,
Bien qu’il n’y ait pas des cinq Chãbres,
Il est parfait voicy comment :
Il a le premier President,
Qui seul a eu la preferance
De garder les Sceaux de la France,
Et qui seul à l’honneur entier
D’estre des Parlements Premier,
Et de qui la Magistrature
A comme estonné la nature :
De Presidens l’y en a deux,
De Nouion & le Coigneux,
Dont le premier suiuant la trace
De ses ayeulx & de sa race,
A gardé la fidelité
Des Potiers, qui ont merité
D’estre du Parlement la gloire,
Et l’ornement de nostre Histoire,
On le qualifie d’Apostat,
Bien qu’il soit tousiours en estat
De rendre à tous bonne Iustice,
Et d’estre à vn chacun propice.
L’autre qu’on traitte d’arrogant,
De desbauché, d’extrauagant,
Tesmoigne assez par sa prestance
Qu’il n’est pas si petit qu’on pense,
Il n’est ny gueux ny insensé,
Aussi son pere l’a laissé
President en la Compagnie,
De dire auec ignominie
Qu’il a esgaré son esprit,
Il n’appartient qu’à l’Ante-Chrit,
Ou à celuy de qui la rage
A commis vn si grand outrage,
D’auoir par vn acte inhumain,
Sur des gens sacrez mis la main ;
Il estoit poussé des furies,
Lors qu’il traitta de singeries
Le plus Auguste des Senats,
Le composant de Renegats :
Ces Messieurs, ces grands personages,
Ces Conseillers, ces hommes sages,
Ces gens de qui la probité
Ne reçoit point d’esgalité,
Se voit traittez auec iniures,
Et se voir chanter tant d’ordures,

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Par vn Chetif Poëte caché
Qui contre le Ciel a craché
Quand, plus stupide que les bestes
Il s’est ioüé à grosses Testes ;
De reciter icy leur nom
Le discours en seroit trop long,
Et ie ne veux faire Colonne,
Ny mettre en marge Bragelonne,
Ny faire icy parler le Roy
Ny son Gouuerneur Villeroy :
Car mettre Rime dessus Rime,
Et ne rien dire de sublime
Pour vn sujet si excellent,
Ie ferois tort au Parlement,
Ie ferois tort aux quatre testes
Que l’on dit Maistres des Requestes,
Ie ferois tort à Champlastreux
Et au reste de ces Messieurs,
Qui auront tousiours l’auantage
De se faire à tous faire homage,
Et de se faire redouter
Par tous & par tous escouter.
Hâ que n’ay je assez d’éloquence
Pour repousser l’impertinence
De ce pauure Poëte crotté
Qui ie crois ne fut onc botté,
Ce pauure gueux, & pauure here,
Ce pauure corps plein de misere,
Cét homme qui ne fait pitié
Qu’à ceux qui luy font amitié,
Est-il possible que nature
Souffre vne telle Creature
Qui monstrueux & contrefait
Ne se plaist que quand il mal fait
Meschant, Crochu espouuantable,
Qui quand on veut qu’il soit à table
Le faut guinder sur vn placet
Où il paroist en Iean doucet,
Ayant le nez en escreuisse,
Et le dos en dos de genisse,
L’œil riant comme vn cochonnet,
Qui eschaudé de poil est net,
Le front fait en sifflet à caille,
Qui au dedans n’a rien qui vaille,
Ses sourcils faits comme vn ballet,
Ses joües en forme de palet,
Et son manton fait à la fourche
Orné de soye d’vn pore farouche
Est au dessous d’vn four à ban,
D’où sort vn air aussi puant
Que ne fat iamais la fuméc
Du Maistre gadouart Tolmée :
Ses dents faites en pesle à four,
Ou à trauers on voit le iour,
Ornent cette hydeuse cauerne
Et ses ongles faits en lanterne,
Au bout de ses grands doigts crochus
Antés dessus des bras perclus,
Font le pourtraict de cette Image
Que i’ay dit qui auoit la rage,
C’est-là ce composeur de Vers
Qui a eu l’esprit de trauers,
C’est celuy dont la Renommée
Est par la France si semée,
Et pour qui le Gazetier vend
Papiers plus viste que le vent :
C’est luy qui a eu l’hardiesse
De produire icy cette piece
De ces pretendus Apostats
Et des Conseillers renegats :
C’est luy qui a eu l’audace
De faire mettre en sa Preface,
C’est le Burlesque Compliment
Qu’a fait le Premier President :
C’est luy qui prend pour sa Patrie
Les Lisieres de la Neustrie,
Et qui du Conseil d’vn grand Roy
En fait comme vn le ne sçay quoy,
Qui quand il parle de la Reyne
Il ne la traite en Souueraine :
Bref c’est luy qui pour faire court
A si mal parlé de la Cour.

 

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A MESSIEVRS DV PARLEMENT
Residant à Pontoise.

STANCES.

 


Illustre Parlement seul appuy de la France,
Arbitres ordonnez pour la vie & la mort,
Faites sur vos esprits vn genereux effort,
Pardonnez à la médisance.

 

 


Vous tenez en vos mains l’Espée & la Balance,
L’vne est pour châtier, ou pour punir le tort,
L’autre est à tous humains l’vnique reconfort,
C’est où ie mets mon esperance.

 

 


Punissez iustement, épargnez l’innocence,
Faites qu’en vos bontez, nous ayons du support,
Et si Paris a eu quelque mauuais transport,
I’en implore vostre Clemence.

 

 


Tous ne sont pas icy de mesme intelligence,
Si l’vn a de l’amour pour le Duc de Beaufort,
L’autre de sa Maison en a fait comm’vn Fort,
Où il se tient dans le silence.

 

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Examinez le tout, voyez la difference
Que le fidele au Roy par vn malheureux sort,
Pour auoir demeuré ne trouue point la mort,
Qu’elle ne soit sa recompence.

 

 


Lors d’vn zele discret adorants la puissance,
De ce corps dont le bras est nostre seul ressort,
Nous nous croirons heureux d’estre venus au port,
Pour asseurer vos cœurs de nostre obeyssance.

 

FIN.

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