Boyer, Paul (sieur du Petit Puy) [1649], REMARQVES DES SIGNALEZ BIENS-FAITS RENDVS A L’ESTAT PAR SA TRES-AVGVSTE Maiesté Anne d’Austriche, Reyne de France & de Nauarre, depuis le commencement de sa Regence iusques à present. OV LES IVDICIEVX ET LES raisonnables, trouueront vne conduitte si glorieuse, que les siecles passez n’ont iamais veu rien de si genereux, ny rien de si extraordinaire, en faueur d’vne Monarchie si florissante que la nostre. DEDIÉES A SA MAIESTÉ, Par Paul Boyer, Escuyer sieur de Petit Puy. , françaisRéférence RIM : M0_3266. Cote locale : C_9_34.
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A LA REYNE.

MADAME,

Si l’esprit des hommes se laisse plus facilement aller
aux exemples, qu’aux raisons les plus iudicieuses
& les plus pressantes : & que l’entendement humai
doiue beaucoup plus de respect aux actions des souuerains
qu’à l’eloquence des Orateurs & qu’aux syllogismes
des Philosophes ; i’ose esperer que vostre Maiesté
me faira l’honneur d’agréer que ie produise aux yeus
de tout l’vniuers l’image de vos bien-faits : & que
i’apprenne aux mortels l’art de considerer en vostre personne
des qualitez qui n’en eurent iamais de pareilles.
Nous ne deuons pas moins de reuerence à ce que Vostre
Maiesté a fait pour nostre salut, qu’aux incomparables
grandeurs dont le Ciel acomblé vostre naissance.
La gloire que vous auez d’auoir mis cet Estat dans
des felicitez si éminentes, veut que ie parle hautement
de vostre Generosité à vos peuples humiliez, & que

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ie fasse voir à tout l’estre creé les funestes perils que vostre
heroïque preuoyance a surmontez pour nous mettre
à couuert de la tyrannie estrangere. Les soins que
Vostre Maiesté a pris pour nous, & les moyens qu’elle
a pratiquez pour nous remettre dans la paix & dans
l’abondance, vont ternir la gloire des plus grands hommes
des siecles passez, & porter vostre renommée au
delà de la durée des choses. Aussi nous ne deuons plus
vous regarder que comme vne Princesse en qui la diuine
bonté se rend dignement visible à nos sens, ou que
comme vne Reyne doüée d’vne grace que Dieu semble
auoir desniée à la pluspart des testes couronnées : Ouy,
MADAME, nous deuons croire que vous estés l’vnique
en vostre espece, & que toutes les nations de la
terre n’ont iamais veu rien de viuant parmy nous, ny
de plus Maiestueux ny de plus Auguste. Et certes
l’administration de ceste Monarchie ne pouuoit pas
tomber entre les mains d’vn esprit plus esclairé en la
conduitte de ses affaires de quelque importance qu’elles
puissent estre. La verité est vne vertu qui ne vous doit
pas estre suspecte dans la passions, qu’elle a de vous seruir
& de vous plaire. Et de quelque modestie que
Vostre Maiesté se trouue continuellement suiuie, elle
ne laissera pas de vous obliger à luy faire part de la
plus excellente de vos passions, en faueur des hommages
qu’elle vous doit rendre. La voix de Dieu qui
veut que nous honnorions les puissances superieures, la
force à vous offrir ceste veneration, & à vous consacrer

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l’image d’vn obiet que la nature a pris plaisir de
tracer pour sa gloire. Vostre prudence & vostre Magnanimité
sont des habitudes qui ne se trouuent que par
miracle dans l’esprit des Souuerains les plus parfaits,
& dans l’estenduë des diuinitez mortelles. Et ceux
qui veulent auec vne illustre generosité prendre part
aux extraordinaires qualitez dont Dieu vous a si dignement
reuestuë, se doiuent seruir de vos exemples
comme d’vn flambeau allumé par la Grace, fille aisnée
de la lumiere increée, afin d’y auoir des pretentions
aussi raisonnables que legitimes. Il semble, MADAME,
à vous voir faire que la Prouidence Diuine
veüille que nous reglions les affections de nostre
cœur, sur les passions de vostre ame, & qu’elle vous
ait reserué la gloire de donner quelques perfections à
ses ouurages. Mais si vous sçauez conduire les passions
de vos subiets par des voyes si cheries de Dieu
& des hommes, vous sçauez encore mieux dompter
l’orgüeil de nos ennemis, & porter la terreur dans les
Prouinces estrangeres. Tant de places prises par vos
ordres, & tant de batailles gagnées par vostre commandemement,
sont des effets d’vne conduite si sage
& si merueilleuse, que comme vne autre Artemise,
vous auez obligé tous les Potentats de l’Europe ou à
se mettre sous vostre protection, ou à rechercher vostre
alliance : Et ie m’asseure, MADAME, si
Vostre Maiesté daigne prendre la peine de tourner
les yeux sur ce petit ouurage, qu’elle y trouuera non

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seulement le nombre de ses fameux exploits & de ses
illustres conquestes : mais encore vn tableau racourcy
de tout ce qu’vne experience consommée au maniment
des affaires publiques, sçauroit iamais exercer de plus
triomphant & de plus magnifique pour sa gloire.
C’est sur les traits d’vne si belle image que la vostre,
que les Roys de la terre & les Sages du monde, doiuent
former le plus beau de leur vie. Que si ie me
trouue dans l’impuissance de l’offrir à Vostre Maiesté
auec des termes aussi pompeux & aussi superbes,
qu’il faudroit pour vn subiet si noble & si sublime, du
moins i’auray l’honneur d’estre vn des premiers de
tous ceux qui traitteront iamais vne si riche matiere,
afin de tesmoigner à la plus grande Reyne de l’Vniuers,
auec quelle profonde & aueugle soumission [1 mot ill.]
reuere celuy qui est, & veut estre toute sa vie,

 

MADAME,

De vostre Maiesté,

Le tres-humble, tres-obeïssant, & tres-fidelle
subjet & seruiteur.
BOYER.

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