Anonyme [1643], TESTAMENT DE LA TRES-VERTVEVSE REYNE MERE DV ROY LOVYS XIIIe. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_2.
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TESTAMENT
DE LA
REYNE MERE
DV ROY.

INNO MINE SANCTISSIMÆ A C
indiuiduæ Trinitatis, Amen.

A Tous qu’il appartiendra, soit notoire qu’en l’an de nostre
Redemption de Iesus-Christ 1642. en la dixiesme Indiction,
regnant l’Empereur Ferdinand de ce nom le 3. en
l’an de son Empire Romain le 6. Mercredy le 2. Iuillet en la
Ville Imperialle libre de Cologne sur le Rhin, la tres-haute
& tres puissante Dame MARIE DE MEDICIS par la grace
de Dieu Reyne de France & de Nauarre Mere du Roy
Tres Chrestien Louys XIII. de ce nom, en son lict malade,
mais de tres-bon iugement & parolle, par deuant moy Notaire
Imperial immatriculé, constitué a déclaré & déclare en
vertu de cette presente.

QV’AYANT pensé à l’heure de la mort, & d’icelle l’incertitude,
sa Maiesté a resolu de disposer en forme suiuante,
recommandant son Ame à Dieu son Createur, à la tres saincte
Vierge Marie, & a tous les Saincts, & lors que Dieu aura disposé
de son ame, elle veut & entend que son Corps soit posé
dans l’Eglise de S. Denis en France pour y estre inhumé auec
les autres Roys & Reynes de France pour y estre inhumé auec
les autres Roys & Reynes de France, & pres de celuy du feu
Roy Henry IV. d’heureuse memoire que Dieu absolue. Sa
Maiesté suplie le Roy d’vn amour maternel dauoir esgard non
seulement aux choses cy apres declarees, mais mesmes d’en
prendre vn soin tres-particulier, comme choses a luy expressement

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enchargees & recommandees par la Reyne sa mere la
derniere heure de sa vie, laquelle a declaré & declare que nonobstant
tout ce qui c’est passé peu auant sa sortie de France ; &
depuis son entree en Flandres iusques à maintenant, elle a touiours
conserué & conserue en son Cœur les affections & les sẽntimens
d’vne Reyne enuers son Roy & les tendresses d’vn Mere
enuers son enfant, souhaittant & desirant au Roy toute sorte de
bon heur, Prosperité & longue Vie. Quand aux deuotions pieuses
elle en laisse le soin au Roy son Eils, se promettant de luy
qu’il les fera selon la dignité d’vne Reyne de France. La Chapelle
de sa Maiesté sera entre les Carmelites d’icy dans la
& celle d’Anuers partagé par le Vicomte Fabrody.

 

Et pour les officiers & domestiques de la Reyne presentemẽt
a son seruice & pres d’elle, sa Maiesté a voulu que les noms fussent
icy inserez pour estre d’autant plus recõmandables au Roy
son fils, leur laissant a chacun d’eux pour recompense de leur seruice,
& pour don les sommes suiuantes outre & pardessus ce qui
leur est deub de leurs gaiges & appointemens donquelque vns
en ont eu des promesses de sa Maiesté, & les autres qui n’en ont
pas eu, ils leur seront arrestés & liquidez selon les Estats de sa
Maiesté.

A Monsieur le Vicomte Fabrony son premier Ministre, à
Madame sa femme, six cheueaux de Carrosse, vn Carrosse, &
quatre Mulets à son choix.

A Monsieur le Bailly Iean François de Martelly seruant d’Escuyer,
à M. Iean Baptiste de Liots seruant aussi d’Escuyer chacun.
dix mil liures.

A Monsieur de Margonne pour le seruice qu’il a rẽdu à sa Maiesté
cinq annees, mil liu. par an attendu que la Reyne ne luy a
donné aucune chose, sa Maiesté declarant aussi auoir emprunté
dudit Margonne pour employer à ses affaires la sõme de deux
mil liures de laquelle somme elle veut qu’il en soit payé & rẽboursé
sur ses meubles par preference à toutes debtes ; comme
aussi la Reyne la deschargé plainement de ce qu’il a manié pour
son seruice par les ordres de sa bouche & dont il ne luy reste aucuns
deniers en ses mains, luy restãt deub lesdites deux mil liu
pont est fait mention cy dessus.

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A Madamoiselle de Berayeux fille d’honneur xii. mil liures.

A Iacqueline Deshayes femme des filles, ii. mil liures.

A Mademoiselle de S. Martin Gouuernante des filles x. m. li.

A Mademoiselle Seruage premiere femme de charge, estant
la plus ancienne seruante, xii. mil liures.

A Madem. Cedony viergey, & Nicolle femme de chambre
à chacune, x, mil liures. A ladite Nicolle pour recompense
de la charge de valet de garde robe qu’auoit acheté feu Nicolle
son mary iiii, mil liures A la fille de ladite Nicole femme
de chambre. iii mil liures. A Marie Cedony filleulle de la Reine.
x. mil liures. A Monsieur Riolland premier Medecin de la
Reine, xx. mil liures. A Mons. Dagary autre Medecin. xx. m. l.

A Monsieur de la Roche premier Chirurgien, xv. mil liures.

A Monsieur Falouchy Appotiquaire du Corps. x. mil liures.
& à son Compagnon. mil liures.

A M. Huart Secretaire ordinaire de sa Maiesté. xv mil liures

A Mon. Demonceaux Confesseur de sa Maiesté. vi. mil liures

A Mons. Sauuage Chapelain de sa Maiesté. vi. mil liures

A Iean pannier sommier de Chapelle. iiii. mil liures.

A Monsieur de Maroy Enseigne des gardes du Corps. soixante
mil liur. A Mons. Garnier Controlleur. xviii. mil liures.

A Louys le Nilindre, Pierre Roussel, & Louys Lamy valets
de Chambre chacun, x. mil liures A Claude le Moyne huissier
du Cabinet & garçon de la Chambre x, mil. liures.

A Philippe Clement Huissier de Chambre. xii. mil liures.

A Philippe Pierre Huissier de l’anti-Chambre, vi. mil liures.

A Martin Guiot garçon de la Chambre & chef de fruiterie. x.
mil liures. A Henry Guiller Tapissier xii. mil liures,

A Iean Cocquet chef de fruiterie & seruãt de Menuissier vi m. l.

A Charles Guiller porte chaire & chef de fruiterie. x mil liures.

A Iacques Guyor porte faix de la Chambre. iii. mil liures.

A Iean Breton chef d’eschansonnerie & sommier de fruiterie.
vi. mil liures A Pierre Bertrand Ayde d’eschansonnerie, bouche.
vi. mil liures. A Roger du Pairier à qui la Reyne à donné
vne charge de sommier de pannetrie de bouche, iii. mil liures.

A Michel Pilon bouche. vi. mil liures. A Henry Breton
enfant de cuisine faisant la charge de Mademoiselle Yeux, bouche.

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vi. m. li. A Dominique parquin & Pierre Gerar sommier,
bouche, chacun. vi. mil liures A René Deshayes patieier, 8.
mil liures. A Robert Deshayes à qui ladite Dame a donné vne
charge de potage, bouche, mil l. A Iacques Oliuier dit Tretousi
Huissier de Salles. 3. m. l. A Matthieu Aussier garçon seruant à la
garde robe. iii. mil liu. A Glaude Garo chef de fruiterie. 9000. l.

 

A Gabriel de Pays galopin de la cuisine du commũ. ii. mil l.

A Iean Gasseau gardant le perroquet. iiii. mil liures.

A Iean de Forcan Ste. Colombe Cler du guet. viii. mil liures

A Isabelle Guillin lauandiere du corps, vi. mil liures

A Anne Blanchaumier Marchande de linge. vi. mil liures

A Ieanne Guille Pierre lauandiere de cuisine, ii. mil liures

A Gabriel le noble, Laurent Lury, Estienne Seguier chacun.
ii. mil liures. A Nicolas loche Mareschal des fi les. iii. mil liures.

A Regnier Barthelemy Huissier de Salle. iii. mil liures, A Iean
le Conte dit Gallien grand valet de pied, & porte manteau. vi.
mil liures A. Iean Breual, Iean pronilles, Pasquier le Huy & Iean
Desnots aussi grand valets de pied, chacun. iiii. mil liures.

A Roch-Saulo à qui la Reine a donné vne charge de portier.
mil liures. A Iean Genty cocher du corps, v. mil liur. A Anthoine
du Mayson postillon, ii mil liures. A René Guillet cocher des
filles. iiii. mil liures A Renault son postilon. mil liures. A Claude
Braband cocher du Chariot, & porteur de la chaire de la
Reyne, iiii. mil liures A François Gaye Boulanger de la Reyne
mil liures. A Pierre Montbrun Cordonnier de sa Maiesté, mil
liures. A. charles. François qui a seruy de Tailleur, & suiuy la
Reine, mil liures. A François Garreau à qui la Reyne a donné
vne charge d’Huissier de Salle, mil liures. A Gilles Grocel du
Bois, iii mil liures. A Antoine Chermitte, mil liures A Pierre
du Coing. mil liures. A Anthoine Gardiual & Iean Herué dit
Gerar, garçon de cuisine bouche. mil liures chacun.

A Anthoine Marthieu Marin, Multier du corps. mil liures

A Pierre Puteo autres Multier, viii. cens liures.

Aux femmes des Damoiselles Sauuage, Claudee & Mergé.
Nicolle femmes de chambre & a Mademoiselle S, Martin estant
en nombre toutes à chacun mil liures. A Isabelle le Roy
qui a seruy feu Mademoiselle du Buisson femme de chambre de
la Reine. mil liures.

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La Reyne ayant aussi vn ressouuenir de ses autres Officiers
Domestiques tant de ceux qui l’ont suiuy hors de France, & qui
ont demeuré aupres de sa Maiesté, iusques à ce qu’elle les a cõgediez
& rẽuoyez chez eux cõme aussi pour ceux qui ont tousiours
demeuré en France, elle les recommande particulierement au
Roy son fils, à ce qu’ils soient payés de leurs gages & appointe
mens à eux deubs, & que les promesses quelle en a donnees à
quelques vns d’iceux soient payees & acquittees : En outre la Reine
a donné & legué aux suiuans desnommez les sommes cy specifiees
pour recõpenses des bons & agreables seruices qu’ils luy
ont rendus, & qu’elle recommende au Roy de faire acquiter.

A Madem. de Mornay qui a esté femme d’honneur xii. mil li.

A la Dam. du Bieu femme des filles. vi. m. l. A Monsieur Dermiers
S. Genest Escuyer xv. mil liures. A Monsi. Delalum Escuyer
ordinaire. xv. mil liures. A Monsieur Brissonnet Maistre-d’Hostel.
xii, m. l. A Monsieur Gaudron ayant fait la charge de
Tresorier general de sa maison, x. Mil l. A M. le Noir Controleur
General. xii. mil liures Aux Damoiselles Launay, la Masure
Babuisson & Filutier femmes de Chãbre de sa Maiesté, chacune
x. mil liu. A Françoise Iacquin fille du Medecin iii. mil liures,
A Messieurs Iacquetot, Matery & la Borde Gentils hommes seruant
chacun. x. mil liures A M la Lormiere. xv mil liures
A Charles Mauleon Huissier du cabinet, vi. mil liures. Au pere
Breon clerc de la chapelle, iiii. mil liures. A Nicolas Guilloré
chef de fourriere. iii. mil liures A la Damois, Marion femme
des filles pour elle & ses enfans x. mil liu. A M. de Codan maistre
de la Garde robbe pour le rembourser de sa charge xii. mil liur.
A Sebastien Guilloré du Buisson de fourriere : iii. mil liures. A
Philippes le Moine ayde deschansonnerie, bouche, vi. mil liur.
A Charles le Moine val et de pied des filles. iii. mil liures. A la
Chapelle ayde de pannetrie commun. iiii. mil liur. A Philippe
le Moine porteur du commun xv. cens liures. A Iean Cochar ayde
de pannetrie bouche. iiii. mil liur. A pierre le Feure ayde de
fruiterie commun. iiii. mil liures. A Nicolas Faure bouche.
iiii, mil liures. A Guillaume Guerry galopin bouche. ii. mil liur.
A Martin de coffre chef de fourriere. ii. mil liures A Gaspard
Grasseau garde de Perroquet & des oyseaux de la chambre. v.
mil liures. A René Chandoyn ayde de fouriere, ii. mil liures, A

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George Or ton porteur de la cuisine, bouche, ii. mil liures, A
Connulles Escuyer de la cuisine bouche iiii. mil liures A Iuliien
du Bois chef deschansonnerie commun, iii. mil liures, A Monsi.
Deschamps Colonnel d’infanterie en Hollande, xv. mil liu. Au
Page d’or Baron Lunaille resident pour sa Maiesté Catholique a
Bruxelles par promesse xv. mil liures A Monsi. de S. Germain
premier aumosnier de la Reyne, elle luy baille sa vesselle d’argẽt
outre ce qu’elle a commandé a Monsi. Sauuage de luy donner.

 

La Reyne, recommande encore au Roy son fils, de faire acquitter
les somme suiuantes, lesquelles sa Maiesté doit pour argent
presté, à elle mesme, ou pour des auances faites pour son
seruice, comme aussi pour dons & recompenses, sçauoir.

A Mademoisel. de S. Martin gouuernante de ses filles mil liu
payez à Lion selon l’ordre de la Reyne en l’annee 1630.

A Madame la Comtesse de Maureau, xxx. mil liures, tant en
principal qu’en interests d’argent par elle presté à sa Maiesté,

Aux Sieurs de Mergé, Maurice, & Vaudeuille gardes de sa Maiesté
chacun iii. mil liures. outre & par dessus vi. mil liure dont
ils ont des promesses de la Reine,

A Mon. d’Hennereur Gentil homme qui a suiuy & seruy sad,
Maiesté. viii. mil liures.

A des Marchands de la ville de Bruxelles iii mil 600, l pour
auance faite pour le seruice de la Reyne.

Au Sieurs Louys Iean Malo xx. mil 500. liures, à luy deubs &
par luy aduancés sur les ordres de la Reine qui ont esté emploiés
pour faire subsister la maison depuis le mois de Mars dernier ;
iusques enuiron le xx. de May en suyuant, laquelle somme sa
Maiesté veut estre payee par preference. Quand à la despense
faicte en la maison de sa dite Maiesté de puis ledit temps & iusques
à present ce qui se trouuera deub aux Marchans de Coloigne,
& Officiers de sadite Maiesté, elle entend que cela soit payé
promptement & aprendre sur ces meubles à Coloigne, comme
aussi sera payé de mesme nature ce qui se trouuera deub a deux
Marchands de soye & de drap demeurans à Coloigne pour
fourniture de choses faites pour le seruice & par l’ordre de sa M.
A Madamoiselle Sauuage tant pour elle que pour son fils Monsieur
de la garderoble est deu par la Reine la sõme de xviii mil
liures, pour aduance faite pour sa M. & des fournitures faites à

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sa garderobbe, cette somme outre & pardessus la promesse de sa
Maiesté cy-deuant donnee au S. Codon pour gaige & apointements
de sa charge.

 

Sa Maiesté recommande aussi au Roy son fils, dauoir esgard
aux engagemens ou se trouueront les heritiers du feu sieur d’Argouges
son tresorier pour les seruices de la Reuie, comme aussi
aux promesses qu’elles a donnees aux sieurs Guyot & Dubyé
pouruoyeur de mil liures & Boulanger Robert Marchands de
vins la Chambre tailleur, & autres Marchans de Paris qui ont
fait des fournitures à sa Maiesté, faisant acquiter tout ce qui se
trouuerra deub par la Reine ? laquelle recommande aussi au Roy
son fils de faire poursuiure pour le paracheurment de la beatification
de la mere Anne de S, Barthelemy en fournissant aux
despens necessaires, œuures pieuses commencees par la Reyne,
Sadite Maiesté demande au Roy par grace specialle la derniere
quelle luy demandera iamais, de mettre en liberté ceux qui se
trouuent enprisonnez pour l’amour d’elle & d’annuller toutes
procedures faictes contre d’autres personnes ses seruiteurs
presentement hors du Royaume leur donnant liberté d’y pouuoir
rentrer & les remetre en leur gages, biens, honneurs & dignitez,
pour en seruir en toute tranquillité. Sa Maiesté doit aussi à
Monsieur Vautier cy-deuant son premier Medecin vi. mil liures.
que le Roy aura agreable de luy faire rendre, & payer à Ioachin
Huren marechal ferrant l’Escurie de la Reine, sa maiesté luy
donne ii. mil liures de recompense pour l’auoir seruie ; La Reine
n’ayant rien eu tant agreable cõme les seruices du Sieur Viconte
de Fabrony son premier Ministre par luy continuez vne si lõgue
espace de temps, dont sa Maiesté demeure tres satisfaite, & contente,
ayant regret de ne les auoir peu recompenser comme elle
eut desire, & selon son souhait, & iceluy St. Fabrony ayant intention
de s’en retourner a Florence elle recommãde instamment
a son Neueu le grand Duc de Toscane, l’honnorer des
charges & dignitez de son Estat, & pour derniere grace & par
le pur ressouuenir & requeste que luy en fait la Reine, il le veille
gratifier en sa condition de la dignité de seruiteur, cette affaire estant
celle que la Reine a le plus en pensee & comme telle elle en
charge Messieurs les Nonces ordinaires & extraordinaires, les

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conuiant de vouloir en escrire à son dit Neueu le grand Duc de
Toscane, au nom & par ordre de sa Maiesté, luy faisant entendre
les sentimens ou ils l’ons veuë vers ledit sieur Fabrony & la ioye
quelle auroit voyant & apprenant comme son dit Neueu faict
cas de sa recommandation.

 

Quand a la Dame de Fabrony sa femme laquelle à si dignement
& si assiduement seruy sa Maiesté à son contentement &
satisfaction, Ce que la Reine nous a dit presentement, Sa Maiesté
supplie le Roy son fils instamment de donner ordre que sad.
Dame de Fabrony aye tout le bien qui luy appartient en France
& qu’elle en reçoiue les deniers sans aucune perte, dommages
ny interests pour elle empescher, aussi que pour ce suiet elle ne
soit reduite aux procez & contraites de plaider. Quand au seigneur
Dom Iulio de Medicis qui a seruy la Reyne depuis certain
espace de temps & qui est maintenant aupres d’elle, Sa Maiesté
le recommande au Roy son fils auec ses affections, & d’en faire
le cas que meritent les personnes de leur condition. Sa Maiesté
entend que pour les seruiteurs qui ne pourront aller en France
puissent estre payées de ce quelle leur laisse sur les meubles
quelle a presentement icy aupres d’elle. La Reine recommande
aussi à son Neueu le grand Duc les Seigneurs Dom Iulio ses
freres les considerant & fauorisant comme personnes premieres
& principales de son Estat. Là veut qu’apres sa mort & dans cette
ville de Coloigne il soit dit six mil Messes pour le salut de son
Ame, & que l’argent en soit pris sur les meubles qui y sont : Quãd
aux heritiers de sa Maiesté elle laisse & ordonne le Roy son fils
& Monsieur le Duc d’Orleant ses enfans, voulant aussi qu’ils
soient les executeurs de cettuy son testament & derniere volonté
en ce qui regarde les choses dependantes de la France, emploiant
& affectant pour ce suiet les meubles de la Reine, estant en la
maison de Luxembourg, & les autres meubles & immeubles
qu’elle a dans le Royaume : Et pour les choses que sa Maiesté
veut estre faites en cette ville de Coloigne elle ordonne l’executeur
de son testament le Prince Electeur de coloigne son parent,
employant à ces effect les meubles qui s’y trouueront : La Reine
donne quelque choses à sa Saincteté, comme aussi au Cardinal
Barberin son Nepueu, & à Messieurs les Nonces ordinaires &

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extraordinaires cy presens à la discretion du Vicõte de Fabroy.

 

A la Reine de France le Diamãt auec lequel sa M. a esté Mariée

A La Reine d’Espagne le Liure de Diamant ou il y a du precieux
sang de Nostre Seigneur.

A Reine d’Angleterre sa vraye Croix qui est entouree de
Diamants & rubis.

A Madame la Duchesse d’orleans vn diamant en cœur, en bague.
A la Duchesse de Sauoye son Diamant ou il y a plusieurs
Reliques dedans.

A Mademoiselle luy rendre les Perles qui luy appartiennent

Au Prince Electeur de coloigne pour la conseruation de la
constitution & coutume de la patrie vn Tournizes & vn pour la
Fabrique de l’Eglise Metropolitaine de la valeur.

Item, Pour son Altesse le Prince Electeur, L’anonciat que la
Reine portoit sur elle.

Au grand Duc de Toscane quelque choses a la discretion da
Vicomte de Fabrony.

A la grande Duchesse sa femme vn Chapelet de Crisolites garny
de Diamant & Rubis, & portera les presens des grands Duc
& de la grande Duchesse, le Viconte Fabrony, comme aussi les
presens de la Reine regnante & de la Duchesse de Sauoye serõt
faits par Mademoiselle de Fabrony.

Laisse aussi sa Maiesté au Sieur Dom Iulio vne bague, & quelque
chose de valeur de mil escus.
Au President le Coigneux quelque bague & quelque chose
particuliere à la discretion dudit Fabrony.

A monsi. de Monsigot quelque chose à la mesme discretion.

A la mere du Cardinal Barberin quelque chose à la mesme
discretion.

Au Magistrat de coloigne à la mesme discretton.

A le Parroisse de sainct Pierre semblablement.

A Labat & Laisné valets de chambre chacun x. mil liures.

A Valot Huissier de bouche deux mil liures.

A Leirant ayde de fruicterie six. mil liures.

Aux Augustins, Capucins, & Crames Deschaustez, & pour
les pauures Filles de Coloigne, pour les marier, à la mesme discretion
du mesmes Viconte Fabrouy.

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Le present Testament faict & passé à Coloigne aux iour & an
& indiction cy-deuant dits, & si aucunes clauses sont requises &
necessaires, sa Maiesté les tenant en vertu de cette presente ? En
presence de Messieurs les Nonces ordinaires & extraordinaires
de sa Saincteté, & des autres tesmoins soussignez, present moy
Notaire, à telle fin requis & appellé. Au surplus sa Maiesté a signé
la presente, & a requis les Seigneurs Nonces à signer auec
elle cette sienne derniere volonté, ainsi signé, MARIE
Et le grand scel de sa Maiesté y apposé en cire rouge, immediatement
les signatures des Ambassadeurs susdits, Illustrissimes
Seigneurs Nonces Apostoliques en termes suiuans.

Ego Carolus Archiepiscopus Tarcensis hanc volontatem Regiam
audiui & subscribere vidi.

Item ego Fabius Episcopus Neritouchsis.

Et là ioignant estoient soussignez les autres tesmoins en stil &
ordre comme s’ensuit.

Ego Frater Benedictus Leodius summit Capucini Colonie Gardeanus
post auditam sue mentis Sacramentalem, Confessionem, &
datum eidem Viaticum vidi eandem suam Maiestratem, vt supra
subscribentem.

Ego frater Simon à sancte Paulo Prior Carmelitarum Deicalceatorum
Coloniæ, iestor vt ante me vidisse Reginam matremilla
ordinasse & subscripsisse.

Ege Frater Dionisius Leodius Predicator Capucinus tecter vt
ante me vidisse Regtem matrem illa ordinasse & subscripsisse, attestor
ego subscriptus me audiuisse supradicta.

Ego Don Iulius de Medicis attestor audiuisse hanc vltimam Regiam
voluntatem & vidisse eam subscribentem, & sic ordinentem
& me eum supra dictis testibus Regina matre fuisse vocatum.

Sequitur nomen illins qui hunc Testamentum à lingua Germauica
in qua concepius era ; in linguam Galliam redegit & versionem
fecit qui vocatur Ioannes Theodorus Cleant Collonensis Minimus
Colonie & nomen Notariiqui Tectamentum hunc recepit &
sub scripsit qui vocatur claret Collonensis immatriculatus.

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