Anonyme [1652], RESPONSE A LA PRETENDVE DECLARATION DV ROY, POVR LA TRANSLATION du Parlement, en la ville de Ponthoise. , françaisRéférence RIM : M0_3370. Cote locale : B_15_30.
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RESPONSE
A LA PRETENDVE
DECLARATION
DV ROY,
POVR LA TRANSLATION
du Parlement, en la ville de
Ponthoise.

A PARIS,
Chez IACQVES LE GENTIL, ruë d’Escosse, à
l’enseigne S. Ierôme, prés Saint Hilaire.

M. DC. LII.

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RESPONSE A LA
pretenduë Declaration, pour la
translation du Parlement, en la ville
de Ponthoise.

LA pretenduë Declaration du Roy, portant
translation du Parlement de Paris, à Ponthoise,
estant vne suite des artifices du Cardinal Mazarin,
pour la ruine de cette ville, & la destruction de
cét illustre Senat, il est de l’interest de tout ce qu’il y
a de veritables François, & de ceux qui pourroient
estre deceus par les raisons apparantes, sur lesquelles
est fondée cette translation, de faire connoistre
la vanité de ces raisons, & de vanger Son Altesse
Royale, Monsieur le Prince de Condé, & le Parlement,
& generalement tous les deffenseurs de l’authorité royale,
& de la cause publique, de l’iniure
que leur fait ce seditieux Ecrit.

Nous auions tousiours esperé que les Autheurs de la
rebellion, &

C’est mal commancé que de nommer rebelles, &
autheurs de rebellion des Princes & des Peuples,
qui ne sont armez que pour deliurer leur Roy des

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mains, & de la puissance de celuy qui par vne declaration
authentique, est qualifié ennemy de l’Estat,
& banny des conseils & des terres de sa Majesté,

 

Touchez en leur conscience par la grandeur des maux
qu’ils ont excitez, &c.

Ce seroit à vous M. le Cardinal, & à vous Messieurs
ses supposts, d’estre touchez & bourrelez en
vos consciences, si vous en auiés le moins du mõde,
par l’horreur des sacrileges & des meurtres, que veritablement
vous causés ; puisque la fin de tous ces
desordres ne dépend que de celle de vostre Ministeriat,
& de vostre sejour en France.

Il n’y a point d’expedient qui nous ayt esté proposez,
ausquels nous n’ayons de bon cœur presté l’oreille, &c.

Horsmis à celuy d’esloigner Monsieur le Cardinal,
qui estoit le plus facile, le plus iuste, & le plus desiré
de tous les gens de bien.

Mais l’experience, &c.

Estoit ce le moyen de reprendre les armes & d’en
abuser, que de suiure tous les ordres qu’il auroit pleu
au Roy de donner, apres la sortie actuelle du C M
hors du Royaume ; & n’estoit ce pas plustost vn
moyẽ de faire voir que ces mesmes armes n’auoient
esté leuées que pour des interests particuliers, & ainsi
s’attirer la haine de tous les peuples ; & en suite sa
propre ruine.

Nous auons mieux aymé nous resoudre à soustenir l’effort
des Espagnols, que les rebelles ont fait venir en France, &c.

Ils y viennent veritablement pour y donner & receuoir

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la paix, au lieu que vous les y auiés appellés, &
trauaillez tousiours à vous les engager pour fomenter
la guerre, & maintenir celuy qui en a tousiours esté
l’autheur.

 

Si les continuels artifices dont ils se sont seruis, pour engager
nostre bonne ville de Paris, malgré elle dãs leur rebellion, &c.

La puissante auersion qu’a la ville de Paris, aussi bien
que toute la France, de la tyrannie du C. M. fait assez
voir qu’il n’a point fallu d’autre artifice que son obstination
à demeurer en France, pour l’engager auec
ceux dont les desseins ne tendent qu’à nous en deliurer.

Apres auoir vainement essayé par des distributions d’argent,
&c.

Quoy que cette façon de faire donner des Arrests,
vous ait assez bien reüssi pendant le blocus de Paris, &
encore de fraische date par la distribution que faisoit
le L. E. Nous ne nous en sommes toutefois iamais seruis
à vostre exemple, & nous vous laissons à vser tout
seul de cette belle maxime de vostre pays.

Leurs premieres violances esclaterent contre les Magistrats,
le dernier iour du mois d’Auril, &c.

Vous ne vous auisez pas peut estre, que vous dites
que ceux qui donneient la peur à ces Messieurs, en
auoient eu ordre, & qu’ils auoient estez armez ; &
toutefois qu’ils les poursuiuirent à coups de pierre, il
est vray que la pierre n’est pas vne mauuaise arme dans
la main d’vn Frondeur.

L’effort qu’ils firent le 25. Iuin, &c.

Peut-estre que celuy qui vous en a porté la nouuelle,

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vous a vn peu trop exageré la chose, & dit auec peu de
verité que c’estoient gens apostez qui commirent le
desordre, car ie vous proteste qu’il n’y eut aucun des
vostres mort ny blessez, & que la populace irritée des
remises & tergiuersations dont vsoient Messieurs : vos
supposts fut la cause seulement ce qui arriua pour lors.

 

Les chefs de la rebellion se voyant à la veille de perdre leur
credit en vn instant, &c.

Il n’estoit pas besoin, M. le Cardinal de faire tant la
chate-mitte, pour témoigner que vous auez vn grand
ressentiment du desordre arriué à l’Hostel de Ville, cat
nous sçauons trop bien auec quelle ioye vous apristes
la nouuelle de ce succez malheureux, que vous mémes
auiez projeté, si tant est qu’il ne soit pas l’effet de la rage
d’vne populace aueugle ; iamais il n’y eut d’attaque
reguliere, de gens gagnez par argent, de soldats disposez
dans les maisons, & aux auenuës de la place de Greve,
non plus que de signal donné pour l’executiõ d’vn
desordre, que nous pleurons tous les iours, & qui, si ce
que vous dites estoit veritable, seroit infalliblement
tombé sur ceux de vostre faction, qui trop bien auerti,
sceurent pouruoir aux moyens de s’éuader. Ie m’étonne
que vous n’ayez adioustez à la description que vous
en faites, que l’on traisnoit à la riuiere ceux qui auoiẽt
estez tuez dans la place, crainte qu’ils ne fussent reconneus,
ainsi que vous auez desia cy-deuant publié en
cette belle lettre, enuoyée sous le nom du Roy au Parlement
de Roüen, mais quoy vous sçauez peut-estre
bien qu’vn bon tour, & qu’vn mensonge, ne sont
bons qu’vne fois, & puis l’execution de deux des complices

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de ce tumulte vous conuainqueroit de fausseté.

 

Mais ayans bien l’audace de faire proceder à l’election d’vn
nouueau Preuost des Marchands, &c.

Il le falloit bien, puisque la retraite de l’autre vers
vous M. le Cardinal, laissoit cette charge vacante, dans
vn temps où les necessitez publiques requeroient vn
homme du merite & de la probité de celui qui l’ocupe.

Nous auions pris resolution venant en ce lieu cy, &c.

Il est vray que Messieurs les Deputez furent laissez à
S. Denis, mais Dieu sçait pourquoy ? & ce qui leur seroit
arriué, sans l’escorte qui leur vint si oportunément
pour les aconduire en cette ville, & non pas les
enleuer ainsi que vous publiez peu fidelement.

On y prend le 20. dudit mois la scandaleuse resolution, de declarer
le Duc d’Orleans nostre Lieutenant, &c.

Vous auez estez mal instruit de ce qui se passa le iour,
car S. A. R. ne fut pas declarée, mais suppliée de prendre
la charge & qualité de Lieutenant General, en
consequence de l’exemple, & de l’abus que vous faites
M. le Card. de la personne & de l’authorité du Roy.

Et c’est assez mal raisonné, que de dire qu’il y ait contradictions
en ce qui se passa pour lors, & que cét Arrest
ne se pouuoit donner au preiudice de celuy qui
auoit surcis toutes sortes de deliberations, iusques à ce
qu’on eut pourueu à la seureté de la ville, puisque c’étoit
là le meilleur & le plus beau moïen pour pouruoir
à cette seureté.

Outre cela le pretexte qu’ils ont pris en supposant, &c.

C’est vne mauuaise raison de dire, que le Roy n’est
pas prisonnier du C. M. parce que nous n’auons pas la

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liberté de sortir Paris. Et la pensée est vn peu meilleure
de dire, que s’il est vray que ledit Cardinal tien ne Sa
Majesté prisonniere, c’est en vain que nous luy demandons
qu’elle l’éloigne ; aussi allons-nous trauailler
à le chasser par d’autres moyens que ceux dont on s’est
cy-deuant seruy.

 

Apres tout dans vn estat comme le nostre, ou toute l’authorité,
&c. Vous y voila M. le Card. voila vostre maxime
qui veut faire vn monstre de l’authorité Royale, &
restraindre celle du Parlement, à iuger simplement le
procez de Sanche & de Rodrigue ; c’est ainsi que vous
les voulez abatre, par ce que vous les craignez, mais ne
vous y trompés pas, nous auons nos loix, nos coustumes,
& nos histoires, ils sont les tuteurs de nos Roys,
l’apuy de son authorité, & il leur appartient de reformer
les desordres de son Estat, & vous faire pendre si
vous le troublés da uantage.

A ces causes nous auons transferé, &c.

Tout beau Maistre Iulle, vn Parlement ne se transfere
pas ainsi, & pleut à Dieu que nos loüis eussent
estez aussi bien sedentaire comme l’est celuy de Paris,
vous n’en auriés pas si aysément fait la translation de
France en Italie ; Souuenez-vous que les bancs de ses
Chambres tiennent à fer & à clou, & que iamais la
Cour des Pairs ne se tint à Pontoise.

FIN.

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