Anonyme [1649], REQVESTE DES BOVRGEOIS ET HABITANS DE LA VILLE DE PARIS, A MESSIEVRS DV PARLEMENT, SVR LEVR VNION AVEC MESSIEVRS LES GENERAVX. , françaisRéférence RIM : M0_3486. Cote locale : A_8_27.
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REQVESTE
DES BOVRGEOIS
ET HABITANS
DE LA VILLE DE PARIS,
A MESSIEVRS
DV PARLEMENT,
SVR LEVR VNION AVEC
MESSIEVRS LES GENERAVX.

A PARIS,
De l’IMPRIMERIE de la Veufve
I. GVILLEMOT, ruë des Marmouzets,
deuant la petite Porte de l’Eglise
Sainte Magdeleine.

M. DC. XLIX.

AVEC PERMISSION.

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REQVESTE DES BOVRGEOIS
& Habitans de la Ville de
Paris, à Messieurs du Parlement,
sur leur vnion auec Messieurs les
Generaux.

SVPPLIENT humblement les
Bourgeois & Habitans de la Ville
de Paris. Disans que dans les occasions
esquelles la Cour a protegé
auec generosité les interests des
Peuples, les Supplians ont aussi non seulement
contribué leurs vœux pour les aduantages de la
Compagnie, mais rendu les tesmoignages de
leur courage & de leur fidelité pour son seruice.
Et ils peuuent dire que c’est ce qui a
fait leur crime, lors qu’ils ont reclamé contre
l’oppression de ceux de la mesme Compagnie,
qui ont tousiours esté dans des sentimens genereux.
C’est ce qui a fait auec assez d’aueuglement

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entreprendre au Cardinal Mazarin, de ruiner
l’auctorité du Parlement, & mettre Paris dans
les fers. Mais ce dessein dans son execution, a
tant produit d’horreur & de cruauté, que Dieu,
dés le moment qu’il a esté conçeu, en a condamné
l’iniustice par des miracles visibles, puis qu’il
a versé tant de graces sur cette Ville, qu’elle a
tousiours subsisté dans vne miraculeuse vnion :
En sorte que les Peuples n’ont eu de la voix que
pour se plaindre de la tyrannie de ses persecuteurs,
qui se persuadoient trouuer de l’applaudissement
dans la bouche d’vn Peuple, qu’ils entreprenoient
d’affamer ; & l’on ne sçauroit dissimuler
que la protection & l’assistance de Messieurs
les Generaux n’ayent beaucoup ay dé à nostre
subsistance. Enfin à present, graces à Dieu,
Paris commance de respirer, soit que l’on se soit
lassé de le faire souffrir, que l’on ait voulu calmer
les esprits, ou que l’on ait craint vn moment de
rage & de fureur : C’est la Conference de Ruel,
pour laquelle on a tant fait de tentatiues, qui a
cõmencé de relacher en quelque sorte la rigueur
par l’entrée de quelque peu deviures. Enfin les articles
ont esté signez, mesmes par le Cardinal, noté
par vn Arrest ; La Cour, par ses respects & prudences

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ordinaires les a acceptez, aux conditions
qu’elle sçait.

 

Voila l’estat auquel sont les affaires presentes,
où il s’agist non seulement de la reformation de
quelques articles, mais de traitter de l’interest de
Messieurs nos Generaux, lesquels par leur declaration,
faite en plaine assemblée, semblent reduire
leur principal interest à l’esloignement du
Cardinal. Et depuis il a esté declaré en la mesme
assemblée, que l’Archiduc demande la Paix generalle,
& declare que la marche de ses armes ne
tend qu’à ce dessein, auquel tous les bons François
doiuent se rendre auec courage. Et le sujet
de la presente Requeste, n’est à autre effet que
d’adherer auec Messieurs les Generaux, dans l’estat
auquel est le Royaume, lors que tous les Peuples,
las du ioug, sont esleuez contre la tyrannie
du Cardinal Mazarin.

Il s’agist donc à present de sçauoir, si laissant
l’interest de Messieurs les Generaux, la Cour passera
à l’enregistrement de la Declaration, contenant
ces articles. Ce que les Supplians, sauf vos
reuerences, estiment de tres-perilleuse consequence.
L’on sçait bien qu’il est specieux de
dire qu’il faut donner la Paix à Paris, & de ne

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pas porter dauantage les armes. Mais l’on
sçait qu’elles n’ont esté prises que par vne deffence
naturelle, & pour asseurer des viures
à Paris : Qu’il n’y a aucun Habitant qui n’ait
vne veneration particuliere pour la personne du
Roy, du nom duquel on abuse visiblement, pour
persecuter les Peuples. Et pendant que le Cardinal,
qui est vn Estranger, abusera de l’auctorité
Royalle, ensemble ses adherans ; il est certain
que le feu de la vangeãce ne s’esteindra iamais, &
que ce n’est pas vne Paix que l’on accorde, mais la
cõtinüation de la Guerre & des desordres. En sorte
que les demandes principalles de Messieurs les
Generaux sont tros-iustes, Sçauoir l’esloignement
du Cardinal & la Paix generalle, puisque
l’Archiduc offre d’esloigner ses trouppes, lors
qu’il y aura des Deputez pour la Paix ; Bref il n’y
a personne en France qui n’ait passion pour ces
deux articles. C’est pourquoy vous estes suppliez,
NOSSEIGNEVRS, de faire reflection
sur ce que dessus, qu’y ayant vnion auec eux
qui vous ont deffendus, vous ne pouuez pas sans
violer la foy, vous desunir ny rien faire sans eux.
D’ailleurs ces deux articles vont à restablir le repos
& la tranquilité publique ; Que si vous allez

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au contraire, vous demeurerez seuls sans assistance
ny protection : Et de plus vous n’estes en estat
de réussir, puisque tout est d’aduis contraire ;
Sçauoir Messieurs les Generaux, les Supplians, &
tous les Peuples de France. Et ainsi sans aucun
fruict vous vous engagerez dans le reproche d’auoir
abandonné le public au besoin. CE CONSIDERÉ,
NOSSEIGNEVRS, il vous plaise arrester
dans la premiere Assemblée, que la Reyne
sera suppliée, pour donner le repos à la France, de
vouloir esloigner le Cardinal Mazarin ; qu’elle
enuoyera des Deputez pour traitter de la paix
generalle, sous les offres que fait l’Archiduc d’esloigner
ses trouppes ; comme aussi de ramener
promptement le Roy à Paris, attendu l’estat perilleux
des affaires, autrement que la Cour y
pouruoyra. Protestans les Supplians, de ne point
quitter les armes & leur deffẽce, ny se desunir d’auec
Messieurs les Generaux, qu’il n’ait esté satisfait
à ce que dessus, & ferez bien.

 

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