RELATION VERITABLE
de l’establissement d’vn pretendu Parlement
à Ponthoise, pour estre sedentaire
à Mantes : Ensemble la Liste des Presidens,
Conseillers & autres Officiers
de ce nouueau Parlement.

DV depuis que le Cardinal Mazarin a
pris resolution de ruiner la Ville de Paris,
il a tousiours bandé toutes les forces de
son esprit pour luy nuire, nous en auons veu
les effets en l’année 1648. par le trouble qui
s’éleua en cette grande Ville Capitalle du
Royaume & le sejour Royal de nos Rois, par
l’enleuement de deux personnes du Parlement,
ce qui causa les Barricades par toutes
les ruës d’icelle ; En l’année 1649. par l’enleuement
de la personne du Roy, la nuict du
sixiéme Ianuier, qui fut suiuy du Blocus de
Paris : tousiours depuis ce temps-là il n’a
point quitté son mauuais dessein, qui a paru
l’an 1652. au mois de Iuillet, lors que par l’attaque

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qu’il fit faire au Faux Bourg de sainct
Anthoine par les Sieurs de Turenne & la
Ferté Senneterre Mareschaux de France, se
promettant par la prise de ce Faux-Bourg
entrer dans Paris, & se vanger des Parisiens,
ce qui ne reüssit pas selon son desir.

 

Les jours ensuite il y eut changement à
Paris pour le fait de l’Hostel de Ville, qui
fut cause que quantité de Mazarins s’absenterent.

Le Samedy 20. Iuillet nouuelles arriuerent
à Ponthoise, où la Cour s’estoit renduë,
de l’Arrest du Parlement de Paris, declarant
son Altesse Royale Lieutenant General du
Roy dans toutes les Terres, Seigneuries &
Pays de son obeïssance, & Monsieur le Prince
de Condé Generalissime des Armées de
France.

Le lendemain 21. Iuillet, le Conseil Mazarin
qui estoit à Ponthoise, donna Arrest
cassant celuy du Parlement, deffendant à
tous autres Sieges du Royaume d’y obeïr.

Ensuite par Arrest du Parlement, la teste
du Mazarin fut mise à cinquante mille
escus.

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Ce qui a donné sujet à ce Cardinal de faire
vn nouueau Parlement qui seroit sedentaire
en la ville de Mantes, où est à present le
Grand Conseil, & de faire interdire le Parlement
de Paris, esperant de mettre la Ville
& ses Habitans en grand peine.

Samedy troisiéme d’Aoust, son Altesse
Royale & Monsieur le Prince, se rendirent
au Parlement, où les Chambres assemblées,
fut donné Arrest, portant taxe qui se feroit
sur les Maisons & Boutiques de Paris, pour
subuenir aux necessitez pressantes.

Lundy 5. d’Aoust, son Altesse & Monsieur
le Prince furent derechef au Parlement ;
Dés le matin fut apportée vne Lettre de Cachet
de Ponthoise, laquelle ne fut ouuerte,
mais mise au Parquet de Messieurs les gens
du Roy, & arresté qu’elle ne s’ouuriroit
qu’apres l’éloignement de Mazarin hors de
France.

Fut aussi mandé de Ponthoise à Monsieur
du Tillet Greffier en Chef de la Cour,
d’apporter les Registres : Mais la Cour par
Arrest deffendit à tous Greffiers de porter
lesdits Registres à Ponthoise, auec commandement

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aux Officiers du Parlement de
Paris d’aller à Ponthoise.

 

Mardy 6. Aoust, la Cour de Parlement
donna Arrest par lequel elle deffend aux
Presidens, Conseillers, Aduocats & Procureurs
de la Cour, de désẽparer à peine d’estre
pourueu à leurs charges, & enjoint aux defaillans
de venir faire leur charge & y prendre
leur place dans huict iours, & qu’à faute
de ce faire, la Cour pouruoira à leurs
Charges.

Le Mercredy 7. Aoust, s’est fait à Ponthoise
l’establissement d’vn nouueau Parlement
selon le Conseil du Cardinal Maz.
au Siege dudit lieu, & apres le rendre sedentaire
en la ville de Mantes. Cét Auditoire
estoit tendu de riches tapisseries, & en iceluy
estoit vn throsne auec vn dais preparé
pour le Roy qui ne s’y trouua point, d’autant
que les Presidens & Conseillers y estoiẽt
sans robbes rouges.

Monsieur le Garde des Sceaux fit la Harangue,
apres laquelle ayant pris les voix de
la Compagnie, il prononça l’Arrest de cét
Establissement.

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Entre ces Officiers il y a trois Presidens,
seize Conseillers, quatre Maistres des Requestes
& Monsieur Fouquet Procureur
General.

Le Vendredy neufiéme Aoust, le Parlement
toutes les Chambres assemblées en
presence de son Altesse Royale & de Monsieur
le Prince, a donné Arrest enjoignant aux
Officiers du Parlement absens de se rendre
Lundy du courant pour tout delay en l’exercice
de leurs Charges, & à faute de ce, la Cour
commettra à leurs Charges, & fera par ses
Huissiers saisir tous leurs sacs & papiers.

Des Officiers du Parlement de Paris, se
trouuent sept Presidens absens ; Sçauoir,

Monsieur Mollé, Premier President.

Monsieur de Bailleul, second President.

Monsieur de Bellelieure troisiéme President.

Monsieur le President de Nouion.

Monsieur le President de Mesme.

Monsieur le President le Coigneux.

Monsieur le President de Guenegaud.

Monsieur Menardeau Conseiller en la
Grand’Chambre.

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Plusieurs autres Conseillers.

Monsieur Fouquet Procureur General.

De ces Messieurs absens & de la pluspart
d’eux, comme aussi de quelques Maistres des
Requestes est composé ce pretendu Parlement,
moyennant lequel le Mazarin pretend
faire interdire le Parlement de Paris.

L’establissement de ce Parlement est pour
y estre ledit Cardinal Mazarin iustifié des crimes
à luy imposez, & en ce faisant, demeurer
tousiours auprés du Roy sans aucune enuie
de s’éloigner hors de France.

Mais comme le Roy est detenu entre les
mains dudit Mazarin, & n’estant libre il ne
peut pas agir (quoy que Majeur ;) Il est constant
que durant la detention, I establissement
de ce nouueau Parlement ne peut valider :
joint que les Aduocats, & Procureurs
qui ont les procés des parties, non plus que
les Greffiers, ne quitteront point le Parlement
de Paris pour aller à Mantes, & partant
ce pretendu Parlement estant sans parties,
n’aura pas dequoy s’occuper.

FIN.