Anonyme [1649], PLAINTE DES BOVRGEOIS DE PARIS, A MRS DE PARLEMENT, POVR AVANCER LE PROCEZ, DE IVLES MAZARIN , françaisRéférence RIM : M0_2780. Cote locale : E_1_35.
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LA PLAINTE DES BOVRGEOIS DE
Paris, à Nosseigneurs de Parlement, pour auancer
le procez de Iules Mazarin.

 


QV’ON dresse, Peuples, vn Autel
A ce Grand Senateur de BROVSSEL ;
Qu’on mette par tout son Image,
Et qu’on luy rende de l’hommage,
Comme au vray Caton de cet age ;
Comme au vray Pourtraict de Themis,
Qui du Ciel fut transmis,
Dieu par sa bonté nous l’enuoye
Pour son peuple remettre en joye,
L’a pour nous supporter remis,
Comme à l’ame la plus hautaine
De la Cour la plus Souueraine,
Comme au vray Patron de Bonté
De Iustice, & d’Integrité,
Et d’autres Vertus sans exemple
Qui meritent chez nous vn Temple,
Icy son Trauail glorieux
Le met au rang des demy-Dieux,
Le faix porter sur ses espaules
De la Ville Reyne des Gaules :
Crions, crions à haute voix,
Viue BROVSSEL le bon François,

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Viue le Roy, le Parlement,
Nos Deffensseurs enssemblement,
Chassez nous ce mauuais Ministre
Du Clergé s’approprie Crosses & Mitres
Et nos Louys d’or & d’argent
Ou qu’on le rende vitement
Puisque c’est luy qui trouble par sa malice
Nostre tres-glorieuse Milice,
Et que pour ses forfaicts & ses vices
BROVSSEL faite nous en Iustice,
C’est luy qui opprime nostre France
Qui seroit sans vous languissante,
Qu’il meure cet impie Mazarin
Que son nom appelle Sarazin,
Il meu ce Sarazin, toute la Gaule
Et veut encore que l’on souffre sa fraude.
Mais armés sont nos Artisants
Pour faire la nique aux Courtisans.
Soit de Sicile ou d’Italie,
BROVSSEL chassez la Sodomie.

 

 


Nous dirons à iamais sans aucune flaterie
Que BROVSSEL est le vray Pere de sa Patrie,
Le vray seruiteur de son Roy
Le grand Deffensseur de la Loy,
Des François & du Droict Salique
Le meilleur, & le plus Antique,
Et ce pour le bien de l’Estat
De nostre ieune Potentat,

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Pour soulager en sa souffrance
Nostre pauure & affligée France,
Et pour faire pendre ces voleurs
Que l’on nomme Monopoleurs,
Escumeurs d’or meschans corsaires
Qui n’ont laissé que des miseres,
Aux bons & foibles Villageois
Presque tous reduicts aux abois
Que les Maltotes, & la Tailles
Font mourir de faim sur la paille,
Pendant que les gras Mazarinis
En font de grands esclats de ris,
Comme les rieurs à la mode
De tout ce qui nous incommode.
Ce que voyant le bon Broussel
Poussé d’vn zele nompareil,
Crie contre les œuures impies
De ces charitables Harpies,
Viue donc BROVSSEL a jamais
Qu’il viue, & qu’il soit desormais,
Parmy nous & parmy nos Anges
Le subjet des belles Louanges,
Et moins empraint sur le papier
Que dans nos cœurs & dans nos ames
Ou tousiours de BROVSSEL viue la chere flame.

 

FIN.

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Anonyme [1649], PLAINTE DES BOVRGEOIS DE PARIS, A MRS DE PARLEMENT, POVR AVANCER LE PROCEZ, DE IVLES MAZARIN , françaisRéférence RIM : M0_2780. Cote locale : E_1_35.