Anonyme [1649], MANIFESTE OV RAISONNEMENT SVR LES AFFAIRES DE CATALOGNE, CONTRE LES INTRIGVES du Cardinal Mazarin. Traduit d’Espagnol en François. , françaisRéférence RIM : M0_2398. Cote locale : C_6_1.
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Neufiéme Fondement.

L’on representa au Cardinal, que l’vne des principales
causes qui troubloit le gouuernement de
Catalogne, estoit qu’il y auoit vn Intendant de
Politique, & les raisons estoient les suiuantes :
que c’est contre les Constitutions de Catalogne,
d’establir en icelle aucun Intendant Politique, le
Viceroy y estant independant, & en la Iustice & en
la Politique ; & que par cette conformité iamais le
Roy Catholique n’y en eust, soit en paix ou en guerre,
que le nom seul d’Intendant, seruoit pour semer
des diuisions & former des partialitez, comme
il est facile à voir.

Or il est tres-mal à propos, que la France elle-mesme
fomente lesdites diuisions en vn pays nouueau,
pour lequel le Roy Catholique fait tous
ses efforts possibles pour les y semer. Considerant
de plus l’humeur irreconciliable des Catalans,
vne fois diuisée ; & qu’ainsi les raisons d’Estat
de Catalogne ne demandent pas des Intendans,
comme font les autres Prouinces de France ;
où ceux du pays sont de plus facile reconciliation,
& où les ennemis de la Couronne ne peuuent aisément
fomenter les diuisions, soit pour estre les
peuples plus eloignez, soit pour estre anciens en
la domination Françoise.

Qu’en vn pays où encore que la fidelité soit constante,
neantmoins les [1 lettre ill.]auuaises affections en

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aucuns ne manque iamais ; & l’Intendant y sert
seulement pour les embrasser & proteger sous le
tiltre de mal contens, lesquels se voyans en estat
d’estre chastiez par les Vice-Roys, selon leurs merites,
ont recours à l’asy le de l’Intendant, qui les
defend, pour en cette maniere contre-balancer
sous pretexte des suites & des consequences de son
authorité auec celle des Vice-Roys, ainsi que l’on
l’a experimenté à la descouuerte de la conspiration
cy-dessus mentionnée, & en laquelle tous les
bannis sont retournez en la Principauté ; & ce par
la negociation de l’Intendant, lequel comme il
subsiste tousiours, & que les Vice-Roys se changent,
le tout luy a esté assez facile ou aisé : Et la mesme
chose s’est experimentée en plusieurs autres
occasions. Toutes lesquelles choses ne seruent que
pour donner plus de licence aux susdites mauuaises
affections, en faueur des ennemis ; & par ce
moyen les bons sujets & vassaux de la France sont
mescontens de voir les ennemis impatronisez de
la Monarchie : & les mesmes estans mal affectionnez
& mescontens (comme ils le sont en effect de
la conseruation de la Catalogne en France) il s’ensuit
que cette Principauté est vn Estat dans lequel
il n’y a que des mescontens : de sorte que si l’on ne
donne remede à ce mal, tel & semblable Estat ne
peut long temps subsister.

 

Les raisons susdites non seulement n’obligerent
pas le Cardinal à y mettre le remede necessaire,

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qui estoit de demettre l’Intendant, mais au contraire
luy donna vne authorité plus absoluë qu’au
Vice-Roy mesme, veu que cette recommendation
en la Cour estoit de plus grande efficace
que celle des Vice-Roys : Mais ne faut pas s’en
estonner, puis qu’il a este le principal directeur de
tous les desseins du Cardinal : mais entre tous, le
plus pernicieux fut que le sieur de Marca ne
se voulut pas contenter seulement de proteger les
mauuaises affections des ennemis de la France,
mais encore persecuter les plus fideles vassaux du
Roy, tant pour estre applaudis & caressez des Vice-Roys,
comme aussi par ce moyen de mettre au
desespoir tous les bons Catalans.

 

On doit noter en ce lieu, que le Comte de Harcourt
ayant connoissance que l’Abbé Faget, neueu
du sieur de Marca, commettoit des fraudes &
tromperies en l’administration qu’il auoit du Duché
de Cardone : & ce au preiudice du patrimoine
Royal, luy osta ladite administration, pour y en
nommer vn autre, lequel aussi tost augmenta les
reuenus du Duché de douze mil escus tous les ans ;
neantmoins ledit sieur de Marca eut tant de
pouuoir, qu’il fit rendre & remettre la mesme administration
à son neueu, & ce par ordre de la
Cour : En quoy l’on void l’est me que le Cardinal
faisoit de sa personne, pour tres fidele directeur
de ses intentions.

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