Servient, F. [1651], LE CHANT ROYAL DES PARISIENS SVR LA MAIORITE DV ROY. Regia Maiorem celebrent nunc Carmina Regem. Par le Sieur F. SERVIENT. , français, latinRéférence RIM : M0_682. Cote locale : B_1_11.
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CHANT ROYAL
DES PARISIENS
SVR LA
MAIORITÉ DV ROY.

 


Enfin voicy le temps, tant de fois desiré.
Ah qu’il fait beau par tout! mon Dieu quelle
bonace!
Les flots tous bien vnis n’ont rien qui nous menace
Et nous allons iouyr d’vn repos asseuré.

 

 


Enfin nostre vaisseau va sans peur du naufrage,
Vn iour apres huict ans a fait cesser l’orage,
Et chacun desormais doit viure sans soucy.
Que loin de nos esprits la crainte se retire,
Puis que pour nous mener, ie voy paroistre icy
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

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C’est auiourd’huy qu’on void ce ieune Souuerain,
Que par tout iustement on traite de merueille,
Prendre vne Maiesté, qui n’a point de pareille
En prenant, parmy nous le gouuernail en main.

 

 


Mon Dieu, qu’il est adroit, qu’il est beau, qu’il est sage.
Quel nouueau teint diuin éclate en son visage.
Quelle grace, quel front, quelle bouche, & quels yeux !
Il n’a rien qui ne charme, il n’a rien qu’on n’admire,
Et le Ciel est rauy de voir sur tout les Dieux
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

 


Glorieux Apollon qui te crois sans pareil,
Ne fais plus l’importun, va te cacher de honte.
Ce Pilote charmant, en appas te surmonte,
Et peut bien mieux que toy, passer pour vn Soleil :

 

 


Mais de grace deux mots, ô grand Courier du mõde
Toy, qui vois en vn iour, toute la terre, & l’onde,
Et qui dans ton grand cours ne cesse point d’aller :
Si tu n’es point ialoux, ne rougy pas de dire,
Que tu n’as iamais veu, rien, qui puisse égaler
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

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Adorables beautez, qui regnez en ces lieux,
Merueilles de nos iours, Deïtes de la Seine,
Venez prõtement voir, quel Dieu c’est qui nous meine,
Il va rauir vos cœurs aussi bien que vos yeux.

 

 


Sortez Nimphes sortez d’vn sejour frais & sombre,
Parmy tant de lumiere, on trouue encor de l’ombre ;
Ne craignez pas icy, d’estre si pres de nous ;
Et quelque beau Majeur, que vostre ame desire,
Considerez en vn, le plus charmant de tous,
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

 


Que de gloire on verra desormais à sa Cour !
Que ses yeux, & ses bras vont faire de Conquestes !
Belles gardez vos cœurs, vaillans gardez vos testes.
C’est vn Mars sans pareil, aussi bien qu’vn amour.

 

 


Il n’est point de fierté, qui ne cede à ses charmes,
Il n’est point de grandeur, quine cede à ses armes,
Tout va souffrir le ioug d’vn si beau Conquerant,
Le plus sauuage cœur cherira son Empire,
Et viura glorieux, de viure en adorant
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

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Sous les augustes loix, d’vn si grand gouuerneur,
Dont la Maiorité nous met en asseurance,
Peut on pas iustement conceuoir l’esperance
D’vne gloire immortelle, & d’vn rare bon heur ?

 

 


Inuincibles Heros, Demy-Dieux de la terre,
Argonautes François, qui n’aimez que la guerre,
Il est remps d’emporter vne riche toison :
A quelque rang si haut, que vostre cœur aspire,
Vous l’aurez, en suiuant vostre ieune Iason
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

 


Allez sous vn tel Chef, ambitieux guerriers,
La victoire par tout, doit suiure sa conduite,
Vous verrez les plus forts par tout prendre la fuite,
Et par tout de ses lys naistre de beaux lauriers.

 

 


C’est là ce ieune Coq, que la gloire accompagne,
Qui doit faire trembler le vieil Lion d’Espagne,
Et par vn fier abord le mettre enfin à bas.
Oüy soit qu’il en rugisse, ou bien qu’il en soupire,
Il verra triompher dans ses plus beaux Estats
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

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Malgré tes grands efforts, Flandres, c’est fait de toy.
Tu peux prendre congé des ordres de Castille,
Et tes Segnors logez bien-tost à la Bastille,
Vont maudire ta guerre, aussi bien que leur Roy.

 

 


Milan il n’est plus temps, de faire tant le braue ;
Naples ton gouuerneur doit estre nostre Esclaue,
Et tu seras à nous auec bien peu d’effort :
Ouy, quoy que dans Madrid contre nous on conspire,
On te verra contraint, de souffrir dans ton pour
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nature.

 

 


Gennes il faut enfin retourner aux François,
Ton marbre doit ceder à leur fer inuincible.
Vouloir ta liberté, c’est vouloir l’impossible.
Vn Louys va bien tost te ranger sous ses lois.

 

 


Et toy superbe ville, espouse de Meptune,
Qui sur des flots trompeurs as basty ta fortune,
Crois tu regner tousiours, & ne seruir iamais.
Reçoy du moins l’aduis que la Muse m’inspire,
Et songe pour ton bien, à craindre desormais,
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

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Rebelles absolus, Pyrates inhumains,
Qui rauagez la mer, pour vsurper la terre,
Holandois nostre Chef, vous declare la guerre,
Pour punir par son bras, les maux qu’ont fait vos mains

 

 


Imperieux Anglois Barbare Politique,
Qui sur le sang Royal fondes ta Republique,
Tremble, tremble au seul bruit de ce puissant Maieur
Vien apprendre de luy, ce qu’il te veut prescrire,
Et crains qu’vn Roy tué, n’ait vn Roy pour vengeu
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

 


Tremblez enfin par tout Princes de l’Vniuers,
Sur quelque grand pouuoir, que vostre orgueil se fonde
Voicy le Prince seul qui doit regir le monde,
Et seul le conquerir par ses beaux faits diuers ;

 

 


Quite ô puissant Sultan, l’esclat qui t’enuironne,
Et soubmets humblement, ton Sceptre à sa Couronne,
Ta perte est asseurée, & ce Roy t’est fatal :
Quoy qu’il ayme Paris, desia Tunis l’attire,
Et tu verras vn iour dans ton Haure natal
Cét Illustre Patron d’vn triomphant Nauire.

 

Iam Doctum Regem Regia Musa decet.

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Servient, F. [1651], LE CHANT ROYAL DES PARISIENS SVR LA MAIORITE DV ROY. Regia Maiorem celebrent nunc Carmina Regem. Par le Sieur F. SERVIENT. , français, latinRéférence RIM : M0_682. Cote locale : B_1_11.