Saint-Julien,? [?] [1649], LE SEPTIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_07.
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LE SEPTIESME
COVRIER FRANCOIS
EN VERS BVRLESQVES.

 


Lvndy vingt & deux l’on nous mande
Que dans la Prouince Normande
Trois de nos ennemis mortels
Les Clercs, Fontaines Martels,
Fertez-Imbauts, de la caballe
Et de la Ligue Cardinalle
Prirent drollement Quillebœuf,
Comme l’on fait au pied de bœuf,
Que deux maisons ils y bruslerent
Et dés ce moment le quitterent
Retirez vers Ponteau de mer
Ce que trouuant assez amer
Monsieur le Duc de Longueuille
Il dit cent fois laze les quille
Dont les autres s’estoient mocquez,
Mais depuis il les tient bloquez,
Si bien que dans peu l’on espere
Que nous les pourrons tous deffaire.

 

 


Ce iour ie mangeay d’vn d’indon
Quand quelques trouppes de Meudon
Et S. Cloud, ensemble sortirent,
Dieu sçait les rauages qu’ils firent
Aux enuirons de Monthlery
Pour moy i’en suis tout ahury,
Brusler, voller autour de Chastre,
Battre les païsans comme plastre
Ce sont leurs pechez veniels,
Vous pouuez iuger des mortels ;

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Enfin ayant sceu que les nostres
Qui viuent comme des Apostres
Venoient pour conter auec eux,
Ioint que les meschants sont poureux,
La crainte de nous rendre conte
Leur fit faire retraitte pronte.
Sur vn Arrest tres inhumain
Qui fut rendu dans S. Germain
En forme d’vne taxe, aux Maistres
Des Chasteaux & maisons champestres,
Qui n’ont suiuy le Cardinal
S’ils veulent qu’ils n’ayent point de mal
La Cour par Arrest fit deffence
D’obeïr à cette Ordonnance
Et voulut de plus que Fouquet
Songeât à plier son pacquet
Et que tant qu’il eut amenée
Cette Commission donnée
Dans le Greffe du Parlement,
Il n’eust à faire aucunement,
Les iours ouurables ny les Festes
Acte de Maistre des Requestes.

 

 


Ce mesme iour des Deputez
Du Parlement s’estant bottez
Deuers la Reine d’Angleterre
Se sont acheminez par terre,
Pour mesler ensemble leurs pleurs
Et pour compatir aux douleurs
De cette Princesse affligée
Que les Anglois ont outragée
Decollant le Roy son espoux
Vrayment ces peuples sont-ils foux
Ensorcelez ou frenetiques
De planter au bout de leurs piques
La teste de leur Souuerain
C’est auoir de folie vn grain
Et c’est ce qu’ils ont fait à Londre,

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Le diable les puisse confondre
Mais consolez-vous grand Roy mort
Et prenez quelque reconfort.
Vostre Majesté n’est pas seule
La Reine Stuart vostre ayeulle
Eut aussi le sifflet couppé
L’on sçait que sans auoit souppé
Ce peuple en qui malice abonde
L’enuoya dormir hors du monde :
Elle est encore à s’éueiller
Pous vous qu’il a fait sommeiller
Noble Prince, illustre victime
De Subiets enhardis au crime
Et qui sans en faire à deux fois
Font voller la teste des Rois
Faites-nous sçauoir la lignée
Qu’à vostre femme si bien née
Et fille de Henry le Grand
A laissé vostre Royal sang
Ils sont six enfans. La plus grande
Se tient à la Haye en Hollande
Le Prince de Galles l’aisné
Est dans l’Escosse couronné,
Le Duc d’Yorch & sa cadette
A Paris ont fait leur retraitte
Et deux restez chez les Anglois.

 

 


Le Mardy vingt-trois du mois
Pour la seureté des passages
Nos Deputez qui sont tres sages.
Ieudy l’on nomma Commissaire
Pour le procez de la Raillere
Et du sieur de Laune Graué
De dans la Bastille engraué
Gens à qui pour leurs monopoles
La Cour ne promet poires molles
Et qu’elle veut expedier
C’estoit le vingt cinq Fevrier

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Iour que la toillette eminente
Fut despliée & mise en vente
I’entens ses boëtes, ses vnguans
Essences, pomades & gans
Robes de chambre, bottes mulles
Chaires, chenets, & lits de Iulles
Bref, tous ses meubles sont vendus
Suiuant de bons Arrests rendus
Par la Cour contre l’Eminence
Qui bien que pleine d’innocence
Et qu’elle ait d’abus protesté
Il n’en est pourtant rien resté

 

 


Vendredy l’on receut nouuelle
Qui ne fut ny bonne ny belle
Que le Sieur Comte de Grancé
Sans que nous l’eussions offensé
Auec vne trouppe ennemie
Tenoit le siege deuant Brie :
Qu’à l’abord nostre Gouuerneur
Bourgogne, vn tres-homme d’honneur
Auoit fait iusqu’à l’impossible
Percé l’ennemy comme vn crible
Et bien abbatu son caquet
A coups de canon & mousquet :
Mais qu’vne bresche large & grande
Que fit la Mazarine bande
Et le desespoir du secours
Qui ne pouuoit pas auoir cours
A cause des mauuais passages
Des defilez & marécages,
Qu’il estoit besoin de franchir
Et que nous ne pouuions gauchir
Praslin les tenant auec forces ;
Surquoy priuez de ces amorces
Le Gouuerneur au pis aller
Resolut de capituler
Ayant fait tout ce qu’on peut faire

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Enfin il luy fut necessaire
De faire vn honneste traitté
Car tel il luy fut protesté,
Mais cette Mazarine bande
Monstra bien qu’elle estoit Normande :
Et qu’elle fait profession
De n’auoir de Religion
Puis qu’au mépris de leurs promesses
Ils firent découurir les fesses
A la pluspart de nos soldats
Qui reuinrent les chausses bas.
Ce fut au cul de la sepmaine
Que nos enuoyez vers la Reine
Au Parlement sont reuenus
Où deuant Senateurs chenus
Et tous nos chefs à l’audiance
Ayant pris aussi leur sceance,
Là, de leur Deputation
Ils ont fait exposition,
Et comme nostre bonne Reine
Auoit dit n’auoir point de haine,
Ains pour faire accommodement
Qu’elle desire éperduëment
Veut que Plenipotentiaires
Nous deputions des Commissaires,
Tant pour la generalle Paix,
Que pour descharger de son faix
Le pauure peuple de la France :
Et veut pendant la Conference
Que puissent passer sans danger
Ceux qui nous portent à manger
Ce que la Cour trouua tres-iuste
Et nostre Parlement auguste
Arresta qu’en vn seul endroit
Des Deputez on enuoyroit
Et qu’auparauant leur sortie
La Reine en seroit aduertio
Pour cet effect les Gens du Roy

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S’y firent mener par charroy.

 

 


Le vingt & huict quelque canaille
Dont le feu n’est qu’vn feu de paille
Fit maniere d’émotion
Qui tendoit à sedition ;
Elle menaçoit la souttane
Et prit ie croy pour vne canne
Monsieur le President Thoré
Ie n’en suis pas bien asseuré,
Mais il en sçait quelque nouuelle
Ce bruit ne fut qu’vn estincelle.

 

On le voulut ietter en
l’eau cette iournée.

 


Le Lundy de Mars iour premier
De Roüen il nous vient Courrier
Disant que le grand Longueuille
De caualliers auoit deux mille
Et plus de cinq mille pietons,
Sans tous ceux que nous ne contons
Qui sont douze cent Gentils-hommes
Qu’a fourny ce païs aux pommes,
Et qui seroient desia venus.
Si les chemins n’estoient rompus.

 

 


Ce iour reglement de la Ville
Tres-necessaire & tres-vtille
A commandé de boullanger
Pain d’vne liure pour manger
Et qu’ils vendront dans vne place
Pour la plus basse populace
Receurent des passe-par-tous

 

 


Mercredy vingt & quatre tous
Messieurs assemblez, appellerent
Les noms suiuans qu’ils deputerent
Le premier President Molé,
Apres lequel fut appellé
Monsieur le President de Mesme,

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Ils firent découurir les fesses
A la pluspart de nos soldats
Qui reuinrent les chausses bas.
Ce fut au cul de la sepmaine
Que nos enuoyez vers la Reine
Au Parlement sont reuenus
Où deuant Senateurs chenus
Et tous nos chefs à l’audiance
Ayant pris aussi leur sceance,
Là, de leur Deputation
Ils ont fait exposition,
Et comme nostre bonne Reine
Auoit dit n’auoir point de haine,
Ains pour faire accommodement
Qu’elle desire éperduëment
Veut que Plenipotentiaires
Nous deputions des Commissaires,
Tant pour la generalle Paix,
Que pour descharger de son faix
Le pauure peuple de la France :
Et veut pendant la Conference
Que puissent passer sans danger
Ceux qui nous portent à manger
Ce que la Cour trouua tres-iuste
Et nostre Parlement auguste
Arresta qu’en vn seul endroit
Des Deputez on enuoyroit
Et qu’auparauant leur sortie
La Reine en seroit aduertie
Pour cet effect les Gens du Roy
S’y firent mener par charroy.

 

 


Le vingt & huict quelque canaille
Dont le feu n’est qu’vn feu de paille
Fit maniere d’émotion
Qui tendoit à sedition ;
Elle menaçoit la souttane
Et prit ie croy pour vne canne

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Monsieur le President Thoré
Ie n’en suis pas bien asseuré,
Mais il en sçait quelque nouuelle
Ce bruit ne fut qu’vn estincelle.

 

On le voulut ietter en
l’eau cette iournée.

 


Le Lundy de Mars iour premier
De Roüen il nous vient Courrier
Disant que le grand Longueuille
De caualliers auoit deux mille
Et plus de cinq mille pietons,
Sans tous ceux que nous ne contons
Qui sont douze cent Gentils-hommes
Qu’a fourny ce païs aux pommes,
Et qui seroient desia venus
Si les chemins n’estoient rompus.

 

 


Ce iour reglement de la Ville
Tres-necessaire & tres-vtille
A commandé de boullanger
Pain d’vne liure pour manger
Et qu’ils vendront dans vne place
Pour la plus basse populace

 

Fin du septiesme Courrier.

SubSect précédent(e)


Saint-Julien,? [?] [1649], LE SEPTIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_07.