Saint-Julien,? [?] [1649], LE QVATRIESME COVRRIER FRANÇOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_04.
LE QVATRIESME COVRIER FRANCOIS EN VERS BVRLESQVES.
LE Mercredy sur l’Ordonnance Du vingt-deux, portant deffence A tous ceux qui pour sortir hors Auront obtenu passeports, De sortir la Ville auant Pasques Que par la Porte de S. Iacques, Ou par celle de S. Denis Sur peine d’en estre punis : La Cour deffend à toutes sortes D’Officiers qui gardent les portes De souffrir passer par ailleurs Que ceux enuoyez par Messieurs Nos Generaux, pour quelque affaire Qui concerne l’art militaire Ce fut le vingt neuf de Ianuier Qu’elle enioignit à tout Portier De laisser le chemin facile A ceux des Faux-bourgs, à la Ville, Et ceux de la Ville, aux Fauxbourgs.
Les iours estoient encore tres-courts, Mais cela ne fit point d’obstacle Qu’vn second fils, second miracle, Né le iour precedent du suc De Monsieur son pere le Duc De la Duché de Longueuille, Né, dis-ie, dans l’Hostel de Ville, Né fut à S. Iean baptisé Et ce iour Christianisé, Ayant la Ville pour maraine, Madame de Boüillon paraine,
La nuit deuant qu’il eut son nom, Les Cheuaux-legers de Corinthe, Gens à l’espreuue de la crainte, Sur le chemin de Lonjumeau Rencontrerent sous vn ormeau Cent deux hommes d’Infanterie Et six cens de Cauallerie, Hommes qui n’estoient pas pour nous, Sur lesquels & boutte à grands coups Donna nostre petite Trouppe Qui pousse, qui bat & qui couppe, Qu’on-pousse, qu’on couppe, qu’on bat, Qui liure & qui reçoit combat, Et fait ioliment sa retraitte, La partie estant trop mal faite, Seuigny commandant pous nous.
Ce iour le temps fut assez doux, Et de Prouence l’on nous mande Qu’estant en procession grande Le peuple d’Aix fort bon Chrestien Pour chommer la S. Sebastien, Il ne fut oncque à telle feste, Car en criant à pleine teste Vn sancte Sebastiane, A peine l’eut-il entonné Que l’on fit entrer à la fille Des gens de guerre dans la Ville Par l’ordre du Comte d’Alets Gouuerneur de la ville d’Aix
Et depuis pour nouuelle bonne Marseille a saisi la personne Du ieune Duc de Richelieu De Pont-Courlay le petiot fieu, General Gallerien de France, Soupçonné de correspondance Auec ledit Comte d’Alets ; Aussi les vaisseaux trouuez prés Des portes de Thoulon & Marseille Sont en captiuité pareille.
Le Samedy trentiesme iour De l’Ordonnance de la Cour Les Conseillers Doux & Viole ; Dont la vertu tient comme colle, Prirent la poste en maniment, Et la Cour fit commandement Que passeports ils deliurassent De toute sorte & les signassent, Tous deux, ou l’vn, l’autre absent, Et (En Latin) le Greffier Guyet Enioint aux Portiers de la Ville D’ouurir à tous sous tel sigille, Sans apporter d’empeschement Ny mesme de retardement.
Ce iour la Cour mit en allarmes
Ce iour les Trouppes d’Alexandre Allant à Brie pour le surprendre, I’entends les Trouppes de Condé, Il nous fut à Paris mandé, Surquoy nostre cauallerie Prenant la route de la Brie L’ennemy s’enfuyt tout net, Et pas vn d’eux ne remanet, Mais bien vne quantité grande De bleds & de viue viande C’est à dire, de bestial Qui fut malgré le Cardinal Gayement à Paris receuë Et dont la Ville est bien pourueuë.
Lors on tira des fuseliers Des Colonelles des quartiers Et de la noble Bourgeoisie Il alla quelque compagnie Pour faire garde à Charenton
Le Dimanche Monsieur Tancrede Fut blessé d’vn coup sans remede, Blessé dis ie d’vn coup mortel, L’yssu d’vn costé paternel Du feu Duc de Rohan son pere, Il estoit Religionnaire, Du reste vn enfant tres-bien né, Aussi vaillant qu’infortuné. Il donnoit beaucoup d’esperance, Mais le mauuais destin de France A consenty qu’il ait pery Comme il estoit auec Vitry, Noirmoustier & d’autre Noblesse, Car pour sa premiere proüesse Et pour acheuer son Roman Il rencontra quelque Alleman De la garnison de Vincennes Qu’il suiuit à perte d’haleine, Mais il s’engagea trop auant, Les Ennemis estoient deuant Qui n’eurent pitié de son aage Et le traitterent auec rage. Parce qu’il en auoit occis De leurs Caualiers plus de six : Ils le chargerent, le blesserent Et dans le Chasteau le traisnerent Où le lendemain son decez Finit sa vie & son procez.
Le Lundy premiere iournée Du second mois de cette année, Le vaillant Duc d’Elbœuf partit Ie laisse à chanter ce qu’il fit A quelque plume plus hardie,
L’on a trouué chez certain homme, Appellê Pauillon, la somme De cent dix mille escus bien faits Que la Cour suiuant ses Arrests. A fait mettre à l’Hostel de Ville, Comme aussi bien de l’vstencille, Vaisselle d’argent, & deniers Chez beaucoup de particuliers Que ces grands voleurs de Finance Ont cachez auant leur absence.
Ce iour fit vn Arrest la Cour Que par force ou par amour On feroit porter la recepte Que les Receueurs auroient faite Soit de Chalons soit de Moulins, Dans les coffres des Escheuins.
Et lors dans la grande Escurie Le Regiment d’Infanterie Du puissant Prince de Conty Dont le feu n’est point rallenty Et qui nous promet la ruine De l’insolence Mazarine, Dans le manege fit serment A deux Messieurs du Parlement.
Nos Generaux donnent tel ordre Qu’on a tousiours eu dequoy mordre, L’on a receu force conuois De viures à diuerses fois.
Nous auons aduis veritable De S. Germain (chose effroyable) Que les Mazarins ont nus mis Tous les hommes qu’ils nous ont pris, Et que la rage Cardinale Les a sans raquette & sans balle, Enfermez au trippot du lieu N’ayant reconfort que de Dieu.
Et depuis pour fraische nouuelle Qu’il est venu de la gratelle Au Cardinal à beau museau Et qu’il a pillé Palaiseau, Fontenay, Sceaux fort belle terre Où ces barbares gens de guerre Ont fait aux maisons à clochers Pis que ne feroient des Archers, Ny les voleurs de S. Sulpice, Car ils ont pris iusqu’au calice, Vriné dans les Benestiers Rompu les bras aux Marguilliers, Des Surplis fait des chemisettes Et beu tout le vin des burettes, Deschiré beaucoup d’Oremus, Esteint les lampes, & de plus On sçait que des plus belles chappes Les coquins se sont fait des cappes.
Le Mardy du courrant le deux Nostre Courrier estoit boitteux Et ne pût pas aux lieux se rendre Où ces nouuelles il doit prendre.
Mercredy par commandement De Nosseigneurs de Parlement L’on fit saisir de la vaisselle Et des meubles de Particelle Sur-Intendant depossedé, Et ceux d’vn autre possedé, D’vn fripon, d’vn pendart, d’vn homme
Elle estoit
Ieudy quatriesme du mois La Cour voulut que vint desduire Tout Marchand qui vend dequoy mire I’entends des piques, des mousquets, Hallebardes & pistolets, Par qui le corps humain s’offence, Déduire, dis-je en la presence De Messieurs qui l’ont arresté Leurs armes & la quantité, Que tous Marchands feront paroistre Ce qui d’armes chez eux peut estre Enjoint de le dire sans fard, Deffence d’en mettre à l’escart Sur peine d’estre confisquable Et payer le double, applicable Vn tiers à ceux qui nommeront Les meschans qui les cacheront.
Mais (ô malice qui m’effraye) Sur ce qu’à S. Germain en Laye Le Priué Conseil a cassez Tous les actes qu’on a passez Et les contracts qui sont à faire A Paris pardeuant Notaire Depuis l’enleuement du Roy, Iugement contraire à la Loy, A dessein que chacun se morde Et pour semer de la discorde. En fin contre toute equité Par la Cour il est arresté Que tout acte fait or la ville Entre priuez, entre famille. Et toute autre communauté,
Ce mesme iour sortant de table Où l’on seruit force rosty, Monsieur le Prince de Conty Suiuy d’vne grande cohuë Fit faire à ses Gardes reueuë, Ensemble à son beau Regiment De Caualliers, & mesmement A ceux de Marsillac en suitte ; Ce Prince menoit à sa suitte Les genereux Messieurs d’Elbœufs Qui n’auoient rien presque des œufs Tant leur ardeur infatigable Les fait peu demeurer à table.
L’Ennemy pour nous faire mal Sçachant que force bestial Nous venoit du costé de Brie Bleds, farine, autre drollerie Qui garde l’homme de la faim Et qui retarde son dessein, Il en cuida creuer de rage, Et pour nous boucher ce passage Ayant en vain attaqué Bry, Qui n’estoit pas son fauory Pour auoir refusé les portes A des Mazarines cohortes, Il tourna deuers Lesigny Chasteau iadis à Conchigny Que par Iustice on deuoit rendre Et que Mazarin peut pretendre Comme successeur du Marquis, Et quasi du mesme pais : Mais de la canaille rustique Qui n’entendoit pas la prattique, Et quelques soldats au milieu Venus de Brie voisin du lieu, Respondirent auec rudesse
Que quelques Trouppes Mazarines Pour continuer leurs ruynes Et le degast du plat pais P[2 lettres ill.]rent leur vol de S. Denis. Helas que tu dois estre en trance Pauure Mesnil Madame-Rance, Crois-tu t’eschapper de leurs mains Non, non, ces Tygres inhumains Conseruant pour toy trop de hayne, Sçache que ta perte est certaine Ils se souuiennent fraischement Qu’vn Conseiller du Parlement Ce bon Senateur de Brousselles Le nœud de toute la querelle, Leur victime digne de los Fut retiré de ton enclos. Leurs esprits sont encore malades Du iour passé des barricades Que le Bourgeois se cantonna Tant que leur Pere retourna. (Remarque belle & non commune D’où croist tous les iours leur rancune, Et fatalle à leur souuenir Que pour le faire reuenir Il fallut boucher tout passage) Aussi ce fut de Dieu l’ouurage : Mais retournons vers le Mesnil Où les diables mirent au fil Trenchant de leurs cruelles lames Enfans, vieillards hommes & femmes Ils firent acte de larrons, Par eux des bourgs aux enuirons Les maisons furent dé meublées.
Ce iour les Chambres assemblées. Vendredy cinq de Fevrier
L’on fit lecture à l’Audience Des trois Arrests de consequence Que Myron auoit apportez Et que Rouën auoit dictez Deuant le Duc de Longueuille Le Gouuerneur de cette ville, Et de la Prouince au Pommier, L’vn est du vingt-sept de Ianuier Portant que cette Cour annulle Tous les Edicts, & tient pour nulle L’inique Declaration Par qui la fabrication Du nouueau Semestre s’est faite, Et toute sa suitte indiscrete Comme au preiudice des Loix Qui deffendent de tels emplois. L’autre du trentiesme donne ordre Que l’on informe du desordre,
Apres auoir leu ces Arrests, La Cour voyant les interests Qu’elle auoit d’instruire la France Et sçachant le peu de créance Que donnoient les Courriers communs, Choisit de son corps quelques-vns Iusqu’à six, qu’il luy plût commettre Pour escrire & receuoir lettre Par le païs de tous costez Où leurs pacquets seront portez.
C’est ce iour si ie ne me blouze Que l’Archeuesque de Thoulouze Est arriué de S. Germain Si ce ne fust le lendemain ; Mais, nenny : ce fut ce iour propre Qu’elle de son mouuement propre, Prescha la bonne intention De la Cour, & l’affection De Paris pour le Roy de France En forme d’vne Remonstrance, Sans qu’on l’écoutast, il aduint Que le zelé Prelat reuint.
Ce iour merite quelque notte
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Saint-Julien,? [?] [1649], LE QVATRIESME COVRRIER FRANÇOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_04.