Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9.
LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son
Vovs la terreur de l’Vniuers, Moy Courier suis parti d’Anuers, Pour entretenir vostre Altesse, Et pour diuertir sa tristesse. Prince, si mon dessein est grand, Ie prens vostre cœur pour garand, Et dans vn malheur si funeste, Ie luy laisse à faire le reste : C’est luy qui vous consolera, Qui mieux que moy diuertira L’ennuy mortel qui vous accable : C’est luy qui combattra le Diable, S’il vous tentoit de desespoir ; Et c’est luy qui doit faire voir Que vous le vainqueur d’Allemagne, La terreur de Flandre & d’Epagne, Riez du sort & de ses coups Qui sont grands, mais bien moins que vous. Adonc sur cette confiance Que ie prends de vostre constance, Et de vostre religion, (Car contre la tentation En prenant vn peu d’eau beniste Vous la ferez courir bien viste) Ie viens pour charmer vos douleurs Iustes dans de si grands malheurs ; Et connoissant que la lecture En peut seule faire la cure, Ie viens auec ce lenitif Tres propre à guerir vn captif ; Et pour commencer vne histoire Toute fraische en vostre memoire Par la mort du grand Chastillon ; Voilà vos Dames, tous de bon ; C’est fait. Dego s’en va Silence. Paix-là, Monseigneur, ie commence.
L’An estoit estoit encore tout neuf De mil six cens quarante-neuf, C’estoit la cinquiesme iournée De l’aisné des mois de l’année, Quand le Roy vint dans le Fauxb. A l’Hostel iadis Luxembourg, Et qu’vne Grammaire nouuelle Le Palais d’Orleans appelle. Là dans la chambre où s’alictoit Madame, qui febricitoit ; Cõment vous portez-vous ma Tante, Disoit le Roy ; Vostre seruante, Respondir Madame, Assez mal. Mais la Reine & le Cardinal, S’entretenoient dans vne salle Auec son Altesse Royalle. Ce qu’ils dirent, ie ne sçay pas, Car ils causerent assez bas : Mais dans tout ce qu’ils pûrent dire Ie n’y vois point le mot pour rire. Ils parloient de nous assieger, Fi pour ceux qui veulent manger. En quel terme, il ne m’importe, Soit qu’vn d’eux parla de la sorte. Il faut affamer ces ingrats, Ces Baricadeurs scelerats ; Foin de vous, repartit la Reine, Où courrons-nous la pretantaine Auec vn peigne en vn chausson ? Monsieur repeta la chanson, Ce qu’on peut prendre est bon à rendre ; Et le succez a fait comprendre Que tous trois conclurent sans moy, Qu’il falloit emmener le Roy.
Ce soir, Prince, tu fis ripaille Chez vn fumeux pour la bataille Qu’il perdit deuant Hannecour, Grammont, le poli de la Cour. Là changeant d’habit & de linge, Comme l’on voit sauter vn singe
Vnze heures de nuict enuiron, Vray temps d’Amant, ou de larron, Monsieur arriua chez Madame, Et luy dit ; Dormez-vous ma femme ? Ouy, respondit-elle, ie dors : Prenez, luy dit-il, vostre corps, Venez à sainct Germain en Laye. A sainct Germain, luy dit-elle, aye, Repettant trois fois sainct Germain ; Mon cœur, ie partiray demain. A quoy Monsieur fit repartie, A demain donc soit la partie ; Et vint dans le Palais Royal Auec son confident loyal, L’Abbé, digne de la Riuiere : Palais, où l’aube la premiere Ne treuuant plus leurs Majestez, Ains seulement des chats restez. Les vit prés sainct Germain en Laye Auec Messieurs la Mesleraye, Le Cardinal, le Chancelier, Dont le dernier ne peut nier. Qu’vn peu deuant l’Hostel de Luyne Le garentit à sa ruïne. Harcourt, Longueville, Conty, Et tout le reste estoit party ; Vne nuict que l’excez de boire Nous donna presque à tous la foire, (Car pour en parler franchement Tout eut depuis le déuoyement,) Nuict des Rois, mais sans Roy passée, Nuict fatale, qui commencée Par l’abondance d’vn festin Nous laissa la faim sur sa fin.
Ces nouuelles ne furent sçeuës Qu’apres les sept heures venuës : Mais sept heures ayant sonné Tout Paris fut bien estonné. La Bourgeoise estoit soucieuse, La Boulangere estoit joyeuse ; Tous les artisans detestoient, Les Escholiers se promettoient D’auoir campo durant le siege, Et qu’on fermeroit leur College : Les Moines disoient chapelets, L’habitant courroit au Palais, Le plus zellé courroit aux armes, Le Maltotier versoit des larmes : Et tout regardoit à son pain, Le soupesant auec la main. C’estoit de Ianvier le sixiéme, Si ce n’est assez du quantiesme, C’estoit vn triste Mercredy Que fut fait vn coup si hardy, Et que du Parlement les membres Dispersez par toutes les Chambres, Dirent qu’il estoit à propos D’en faire vn seul qui fust plus gros. Où les Escheuins de la ville Eurent audience ciuille ; Les Gens du Roy pareillement : En suitte on fit vn reglement Qu’on feroit garde à chaque porte Nuict & iour de la mesme sorte : A cela nul ne contredit. Et de plus, il fut interdit A tous de tout sexe & tout âge D’emporter armes ny bagage : Le reste de ce reglement Est au Iournal du Parlement.
6. Ianv.
Ce mesme iour vne charette, Où fut treuuée vne cassette Que reclama Monsieur Bonneau, Tres-pleine d’argent bon & beau, Parut au pleuple trop chargée, Dont elle fut sort soulagée. Et l’on traitta pareillement Quelque autre charitablement.
Du depuis les belles Cohortes De nos habitans fiers aux portes, N’ont laissé passer vn festu Sans luy demander, Où vas-tu ?
Lors fut vne lettre restée Au Preuost des Marchands portée, Qui s’adressoit à tout son corps ; Lettre, où malgré de vains efforts, On ne treuua raison aucune Pour ce trou qu’on fit à la Lune. Portant sur l’aduertissement Qu’aucuns de nostre Parlement Ont eu secrette intelligence Auec les ennemis de France ;
Le Ieudy la Cour toute entiere Resoudoit sur cette matiere : Mais comme elle estoit au parquet Il luy vint vn autre pacquet, Dont elle ne fit point lecture, Non pas seulement l’ouuerture, Et dont Messieurs les Gens du Roy Furent creus sous leur bonne foy, Disans, que par icelle lettre On vouloit le Parlement mettre Et transferer à Montargis : Mais Messieurs, qui de leur logis N’auoient point acheué le terme, Dirent qu’il falloit tenir ferme, Et qu’on iroit le Roy prier De vouloir les noms enuoyer De ceux dont la correspondance Estoit dommageable à la France, Afin que l’ombre d’vn gibet Punist l’ombre de leur forfait. Et lors les Gens du Roy partirent, Et selon qu’il fut dit, ils firent : Mais ils reuindrent non oüis De sainct Germain peu réjoüis.
7. Ianv.
Le Vendredy premier iour maigre, Messieurs sur le traittement aigre Qu’on auoit fait aux Gens du Roy, Ordonnerent suiuant la Loy Que la Reine auroit Remonstrance Sur le plus fin papier de France. Et parce que le Cardinal Leur sembloit l’autheur de ce mal, Qui depuis par son ministere Leur a bien preuué le contraire : Ils iugerent mal à propos Qu’il troubloit le commun repos, Qu’il emplissoit sa tirelire, Qu’il hayssoit nostre bon Sire : Luy manderent que dans ce iour Il se retirast de la Cour, Et dans huict de France il fist gille ; Sinon, en joinct à bourg, à ville De luy courir sus comme au loup A qui chacun donne son coup, Taloche, ou panne, grainguenaude, Et de luy ietter de l’eau chaude, Indulgence à qui l’occiroit. Cependant que l’on armeroit Pour la seureté des entrées, Et pour l’escorte des denrées. Ce mesme iour vinrent icy Messieurs les Bouchers de Poissy. Disant que par vne Ordonnance Le Roy leur a donné vacance, Et defendu de trafiquer Tant qu’il cessast de nous bloquer.
8. Ianv.
Le Samedy neuf fut choisie De la plus leste Bourgeoisie, Que l’on pensoit faire sortir, Mais elle n’y pût consentir : Neantmoins c’estoit la plus leste, Iugez-donc par elle du reste, Et dés ce iour l’on connût bien Que la meilleure ne vaut rien. Or ce iour de quelque village Il vint du pain & du fromage ; Mais que nous causa de tourmens Et plus qu’aux plus parfaits amans L’esloignement d’vne Maistresse, L’abscence des pains de Gonesse ? Que quinze cens Colintanpons Asseurerent estre fort bons, Comme des Gardes quelque bande La pinte de sainct Denis grande, Gardes qui parurent tres-fiers Aux pauures choux d’Aubervilliers.
9. Ianv.
Ce mesme iour fut restablie La taxe du temps de Corbie, Auec ordre à chaque habitant De payer vne fois autant, Que pour iouyr des benefices Attachez aux premiers Offices, Les Conseillers mal-agréez, En six cens trente-cinq créez, Payeront trois cens mille liures, Dont ils feront charger les liures.
Ce iour il n’entra pas vn bœuf, Mais les vaillans Princes d’Elbeuf, Et notamment le Duc leur pere, Fut touché de nostre misere,
Monsieur d’Elbeuf fit le serment De General du Parlement Dimanche du mois le dixiesme. Monsieur de Conty ce iour mesme Vint asseurer toute la Cour De son zele & de son amour, Et Messieurs firent mine bonne A cét appuy de la Couronne Qui sembloit courbé sous le faix. On fit en suitte deux Arrests : Le premier, que son Eminence Obeïroit sans resistance A l’Arrest que rendit la Cour Contre elle le huictiesme iour, Enjoint qu’on prenne prisonniere Toute la nation estrangere Autant que nous en trouuerons A dix postes aux enuirons. Ordre aux Villes, Bourgs & Villages, D’en faire de cruels carnages ; Deffence de luy rien fournir Que de bons coups à l’aduenir. Qu’en toutes les places frontieres, Les Garnisons seroient entieres, Et de ceux qui contreuiendroient La vie & les biens respondroient. Par l’autre Arrest on donnoit ordre Aux Escheuins de ne desmordre Des nobles charges qu’ils auoient, Et de faire comme ils deuoient. Au Preuost des Marchands de mesme, Et parce qu’il estoit fort blesme Depuis que le peuple zelé Auoit sur luy crié Tollé,, La Cour donna des sauue-gardes Pour sa personne & pour ses hardes.
10. Ianv.
Le Lundy (si ie n’ay menty) Monsieur le Pince de Conty Fut receu Generalissime D’vn consentement vnanime, Ayant sous luy trois Generaux, Dont on feroit bien six Heros. Sçauoir, le Mareschal de la Mothe, Dont la miné n’est point tant sotte, Boüillon, & le grand Duc d’Elbeuf, Qui dans la guerre n’est pas neuf : Mais quand au Duc de Longueville, Comme il est d’humeur fort ciuille, Il refusa de prendre employ, Et pour nous témoigner sa foy, Laissa ses enfans pour ostages Auec sa femme pour les gages. Et c’est tout ce qui nous resta De tout ce qu’il nous protesta.
11. Ian.
Dés lors Mars du party contraire De celuy de son petit frere : (Car si Mars estoit contre nous, Prince, sans doute c’estoit vous.) Commandoit les Trouppes Royalles, Qui festerent les Bacchanales, Et qui respandirent du vin Iusques sur l’autel de Caluin. A Charenton, dis je, vos Trouppes S’enyvrerent comme des souppes, A vostre barbe, à vostre nez, Force pucelages glanez, Où quelques ieunes blanchisseuses Se treuuerent assez heureuses. Dans les enuirons vos soldats Firent de notables degats, Des assassinats, des pillages, Des rauages, des briuandages. Le Comte d’Hercourt à sainct Clon En fit moins, & tousiours beaucoup, Nous n’y pouuions donner remede.
Lors vn President fut fait aide De Monsieur des Landes Payen, Qui n’a que le nom de Payen, Homme vtile en paix cõme en guerre, Qui sçait iouër du cimeterre, Et s’escrimen dans vn combat, Bon Conseiller, & bon Soldat ; Il auoit depuis ces vacarmes Sur les bras tout le fait des armes, Quand Broussel auec Menardeau Prirent la moitié du fardeau.
Le Mardy le Conseil de ville Fit vn Reglement fort vtile,
12. Ian.
Ce iour en leuant sa bequille Le Gouuerneur de la Bastille, Qu’on nõmoit Monsieur du Tremblay, Luy qui iamais n’auoit tremblé, Vieil Soldat & vieil Gentil-homme, A Monsieur d’Elbeuf qui le sonune De luy remettre ce Chasteau, Respondit tres bien & tres-beau Qu’il ne luy plaisoit de le rendre, Et qu’il pretendoit le deffendre. Mais il ne fut pas si méchant Que six canons dessus le champ Ne nous ouurirent cette place Sans auoir touché la surface ; Ce n’est pas qu’il ne fissent pouf, Que la Garnison ne dist ouf, Qu’elle ne parust sur la bréche, Qu’elle n’employast poudre & méche, Que maint coup ne fust entendu ; Mais c’est qu’il estoit deffendu Que dans ce beau siege de balle Aucun costé chargeast à balle Qu’il n’eust crié, Retirez-vous, Autant pour eux comme pour nous, Sur les mesmes peines qu’on donne Au meurtrier d’vne personne, Car quiconque eust fait autrement Auroit peché mortellement Tout autant qu’en vn homicide. Vn homme moins vaillant qu’Alcide, Mais certes plus homme d’honneur, Broussel, en fut fait Gouuerneur, Et son fils en cette occurence Fut pourueu de la Lieutenance.
Le Mercredy mis sur pied fut Le premier Regiment qu’on eut : Sur pied, non i’apperçoy que i’erre, Les pied, n’en touchoient point à terre ; Nos guerriers estoient sur cheuaux Prests à fuyr deuant les Royaux.
13. Ian.
Ce fut cette mesme iournée Qu’vne petite haquenée Apporta de nostre costé Alexandre ressuscité, Ce grand Beaufort dont la presence Nous rendit beaucoup d’asseurance, Ce Heros, ce fils de Henry, Ce braue, ce Prince aguerry, Iusques chez Renard redoutable, Ennemy juré de la table, Ce fameux fleau des Ierzais Quand ils causent comme des iais, Ce Mars qui bit, qui rompt, qui frappe, Et perce tout iusqu’à la nappe ; Ce Prince plus blond qu’vn bassin Et plus deuot qu’vn Capucin, Qui mit en rut toutes nos femmes Les honnestes & les infames, Baisa toûjours & rebaisa, Car iamais il ne refusa Ny Harangere ny Marchande, Ieune, vieille, laide, galande, Qui luy cryoit à qui plus fort Baisez-my Monsieur de Biaufort, L’vne tendoit vn vilain moufle, L’autre rendoit vn vilain soufle : L’vne est alloit ses cheueux blancs, L’autre ne montroit que trois dents, Dont l’ebenne estoit suffisante Pour en faire plus de cinquante, Il en baisa prés de trois cent, Toutes d’vn baiser innocent, Fors vne ieune femme grosse Qui descendit de son Carosse, Disant, mon fruict seroit marqué ; Car dans le baiser applicqué Au milieu de sa belle bouche, Il eut vn desir de sa couche, Et luy demanda rendez-vous, En la baisant deux autres coups ; Mais il fut depuis à confeste : Enfin ayant baisé sans cesse
[1 mot ill.]
Ce mesme iour quitta son lict La Seine qui des siennes fit, Et se rendit tellement fiere La belle dame la Riuiere Qui s’estoit laissée engrosser (Par qui ie vous donne à penser) Ie ne sçay si la desbordée En auoit receu quelque ondée D’vn Galland appellé le Temps Qui fit le mauuais fort long-temps : Mais enfin il est veritable Que pour sa grossesse effroyable Deslors il luy conuint chercher Vn autre lict pour accoucher : Elle vsa fors bois en couche Comme ie l’ay sceu de la bouche De ses marchands mal-satisfais Qui n’en tirerent pas leurs frais. Le pauure pont des Thuilleries Pour en auoir fait railleries, Fut par elle fort mal-traitté : Et quelque moulin mal monté Eut proche du pour Nostre-Dame Le croc en iambe de la dame Qui le fit aller à vau-l’eau : Où firent aussi leurs tombeau Vingt & cinq tant mulets que mules, Dont les recherches furent nulles ; Et dix-sept mal-heureux mortels Qui dans l’eau s’auouërent tels : Or cessa sa rage & sa haine Et promit madame la Seine D’estre plus chaste vne autrefois, Le dix-huictiéme de ce mois Qu’elle parut fort auallée Et s’est du depuis escoullée.
Le lendemain au Parlement Beaufort vint faire compliment, Où haranguant sans artifice Il demanda tout haut iustice D’vn crime noir & supposé Dont ie suis dit-il accusé.
14. Ian.
Le iour d’apres il fut fait quitte De l’accusation susdite. Lors le trauail recommença Et le trafic que l’on laissa Pour prendre la noble Cuirasse, Eut son tour & reprit sa place : Le mousquet au croc fut remis.
15. Ian.
Le Samedy les ennemis Surprirent par supercherie Lagny, riche ville de Brie, Car Persan leur chef arresta Le Maire qui parlementa Sur la parole de ce traistre, Qui menaça de rauir l’estre Au pauure Maire qu’il reteint, N’estoit que le Bourgeois atteint De compassion pour son Maire, Embrassant vn mal necessaire Pour sauuer ce vieillard grison, Receut enfin la garnison.
16. Ian.
Ce iour mesme vn Abbé tres-digne Issu d’vne famille insigne Et nostre Archeuesque futur, Dont le jugemeut est tres-mur, Et ce que ie treuue admirable C’est qu’estant sçauant cõme vn diable De plus, comme quatre il se bar Quand il croit que c’est pour l’Estat, Eut & l’aura pourueu qu’il viue En Cour voix deliberatiue : Il fit depuis vn Regiment.
Le Dimanche le compliment Du Parlement de la Prouence, Qui demandoit nostre alliance, Leu par Messieurs, leurs plût bien fort,
17. Ian. 18. Ian.
Le Lundy le Duc de Beaufort Fut fait Pair en pleine Audience, Où comme tel il prit seance : En suitte lecture s’y fit De la lettre qu’on escriuit A tous les Parlemens de France, Elle fut pliée en presence, Et pour la cacheter apres On fit venir chandelle expres, Ie pense des huict à la liure ; On mit dessus, port, vne liure, Dans cette lettre l’on voyoit Que le Conseil d’vn mal adroit Auoit pensé perdre à la Halle Toute l’authorité Royalle :
Le soir à cheual trouppes fortes Sortirent par diuerses portes Pour la seureté des Marchands Qui portoient des viures des champs.
Le Mardy du costé de Brie Sortit auec Caualerie Le genereux Prince d’Elbeuf, Ce fut de Ianuier le dix-neuf Qu’ayant rencontré quelque bande Des volleurs de nostre viande, Notamment de cinq cent gorets, Il prit en main leurs interests, Et battant ces oyseaux de proye, Gagna les gorets auec ioye Que ces animaux par leurs cris Firent connoistre à tout Paris.
19. Ian.
Le Mercredy le vingt, nous sceusmes Par deux lettres que nous receusmes, Que le vaillant Comte d’Harcourt Deuant Roüen demeura court, Bien qu’aux portes de cette ville Il iurast comme tous les mille : Cependant que ce Parlement Ordonna d’vn consentement Qu’on priroit la Reine Regente D’estre si bonne & complaisante De laisser Roüen tel qu’il est Deffendre seul son interest ; Et qu’ailleurs dresseroit sa marche Harcourt, qui vint au Pont de l’Arche Monté sur vn cheual Roüen, Sans auoir entré dans Roüen.
20. Ian.
Dés ce iour pour la Normandie, Terre belliqueuse & hardie, Le grand Longue ville quitta Paris, qui fort le regretta : La Cour fit deux Arrests en suitte, Dont l’vn porte que sur la fuitte De beaucoup de particuliers Sous des habits de Cordeliers, Et d’autres personnes sorties, Que Scaron n’auroit trauesties, On deffend à grands & petits De prendre plus de faux habits, Ny de changer leur Seigneurie, Ne fust-ce que par raillerie ; Et par ce que les partisans Fuyoient en habits de paysans, Les Ieans se faisant nommer Pierres, Les Pierres, Paul, si qu’en ces guerres, Souuent nos portiers par ce dol Prenoient S. Pierre pour S. Paul ; Parce que sous vertes mandilles, Et sous de traistresses guenilles, Qui receloient maint quart d’escu, Les Maltotiers monstroient le cu Sans qu’on le sceust ; tant ces naquettes Sur leur mesure sembloient faites, Tant peureux leur mine parloit, Et tant rien ne les deceloit, Tant auoit de correspondance Cét estat auec leur naissance. La Cour dit qu’on traitteroit mal Les masques de ce Carnaual Portans momons hors de la ville Permis seulement à Virgille De sortir ainsi trauesty. Par l’autre Arrest fut consenty Qu’on gardast la vieille Ordonnance Pour les soldats ; auec defense Aux gens de guerre, de voler, De brusler ou de violer ; Ains se contenter de l’estappe Sans à leurs hostes donner tappe : Et que les biens en patiroient Des Chefs qui leurs commanderoient,
Ce iour les Trouppes Polonoises. Qui ne cherchoient qu’à faire noises. Au bourg de Sevre & de Meudon, (Dieu vueille leur faire pardon,) Commirent sans les violences Plus d’vn demy cent d’insolences.
Ieudy fut leuë à l’Audience La lettre que l’on escriuoit Le plus humblement qu’on pouuoit A la Mamman de nostre Sire, Où vous pouuez encore lire Les raisons que le Parlement Alleguoit de son armement Qui sont assez conderables.
21. Ian.
Vendredy contre les Notables, Et quelques Escheuins d’Amiens, Arrest fut contre ces Chrestiens Rendu sur la plainte ciuille De l’habitant de cette Ville A la teste chaude & hardy. L’Arrest portoit. Du Vendredy Le vingt-deux de cette année, Que sur la Requeste donnée Sous l’aueu du grand Duc d’Elbeuf, Ce iour là vestu tout de neuf, L’vn de nos Chefs, illustre Prince, Gouuerneur de cette Prouince ; Que le Picard s’assembleroit, Et d’autres Escheuins feroit,
22. Ian.
Ce iour il arriua deux hommes De la capitales des pommes, Qui disoient que leur Parlement Auoit enuoyé promptement A leurs Majestez tres-Crestiennenes Porter ses tres-humbles Antiennes.
Samedy le bruict a couru Que l’Archiduc auoit paru Sur les asseurances receuës De nos frontieres dépourueuës, Dont on tiroit les Garnisons Pour faire au blocus des cloisons.
23. Ian.
Le Dimanche & le vingt-quatre Sortirent tous prests à se battre Force gens bien-faits, gros & gras Les cheueux frisez, le poil ras, En souliers noirs, en bas de soye, Tels que ceux qui vont tirer l’Oye. Gageons Prince que tu m’attens A nommer nos fiers habitans, Qui contre la pluye & l’orage N’auoient porté que leur courage, Et dont ils auoient peu porté Pour plus grande legereté. Ouy, ie veux chanter la Iournée La plus celebre de l’année Depuis ditte de Iuuisy, Alors que Bourgeois choisy, La pluspart la plume à l’oreille, Iurant Dieu qu’il feroit merueille, Et portant la fureur dans l’œil, Marchoit pour assieger Corbeil : Si la maison du sieur Des Roches N’en eust empesché les approches, Sotte & miserable maison, Qu’on te maudit auec raison ! Iuuuisy malheureux village Où manqua si peu de courage Qu’ils en auoient apporté tous, Sans toy Corbeil estoit à nous. Le Bourgeois alloit en furie, Ioint qu’on auoit Caualerie : Des fantassins & du canon, Et puis tu me diras que non. Ah ! maison de Monsieur Des Roches Que tu nous coustes de reproches ! Pourtant sa sortie eut effet, Le Pont de Saint Maur fut deffait, Tandis que nos gens en desordre Assez bõs chiens s’ils vouloiẽt mordre,
24. Ian.
Le Lundy ne doit estre obmis Qu’on sceut qu’en Bretagne vn Commis De Monsieur de Mesleraye N’auoit remporté qu’vne baye Ayant demandé six milliers, Tant Fantassins que Caualiers. Que la Cour n’auoit fait response Sur la demande de ce Nonce ; Ains deffendu que Chef aucun Leue Soldats ne fust-ce qu’vn, Pour Monsieur de la Mesleraye Contre qui saigne encor la playe Et le trou qu’il fit au jabot D’vn crocheteur, veut que Chabot Qui sous main leuoit gens de Guerre Ait à dénicher de la terre, Et cependant qu’aux droicts Royaux Soit rejoint le droict des billots.
25. Ian.
Le Mardy le sieur la Raillere Fut pris en noüant sa [1 mot illi.] Et mené comme vn espion. L’on ne cognoist que trop son nom, Il est Monopoleur en diable, Autheur de la taxe effroyable Par qui tant de gens sont lesez Dessous le faux tiltre d’aisez, Il fut coffré dans la Bastille Et fit penitence à la Grille.
26. Ian.
Le Mercredy l’on eut aduis Que Messieurs de Lyon rauis Faisans des accueils fauorables A tous nos Arrests equitables ; Retinrent les gens que pour vous A menoit vn Duc contre nous Le grand Schomberg qui prit Tortose Et qui pourroit faire autre chose Que de seruir la passion D’vn prodige d’ambition.
27. Ian.
Ce iour nous eusmes asseurance Qu’vn mouchard de son [3 lettres. ill.]nence Vint les Chartrains questionner S’ils se vouloient Mazariner : Que Chartres entrant en fredaines Respondit vos fiévres quartaines, Allez chien d’espion au grat ; Iugez s’il retourna bien fat, La ville en estat s’estant mise De se garantir de surprise.
Deslors vn Regiment botté Qui n’en estoit pas mois crotté Sortit du costé de la Brie, D’où vint à nostre Boucherie Le lendemain mouton & bœuf, Que ce beau Regiment d’Elbeuf, Ensemble des bleds & farines Amena des villes voisines, En aussi grande quantité Qu’à Paris il en ait esté.
Ce mesme iour chemin facile Fut fait des Faux-bourgs à la Ville, Comme de la Ville aux Faux-bourgs. Les iours estoient encor tres-cours, Mais cela ne fit point d’obstacle Qu’vn second fils second miracle Ne le iour du precedent du suc De Monsieur son pere le Duc De la Duché de Longueville, Né dis je dans l’Hostel de ville, Ne fut à sainct Iean baptisé, Autrement Christianisé, Ayant la Ville pour Maraine, Madame de Boüillon Paraine ; Car ie n’ose dire Parain, Puis que c’est vn mot masculin : Et que ce fut Dame la ville Qui tint le jeune Longueville,
La nuict deuant qu’il eust son nom Les Cheuaux legers de Corinthe, Gens à l’espreuue de la crainte, Sur le chemin de Long-jumeau Rencontrerent sous vn ormeau Cent deux hommes d’Infanterie, Et deux cens de Caualerie, Hõmes qui n’estoient pas pour nous, Sur lesquels & boutte à grands coups Donna nostre petite Trouppe, Qui pousse, qui bat & qui couppe ; Qu’on pousse, qu’on coupe, qu’on bat, Qui rend, & qui reçoit combat, Et fait joliment sa retraite, La partie estant trop mal faite, Seuigny commandant pour nous.
Le Ieudy nous apprismes tous Que dans la terre Prouençale La procession generale Que le peuple d’Aix bon Chrestien, Fit le iour de Sainct Sebastien, Fut interrompuë en sa file Par des soldats entrez en ville Sous l’ordre du Comte d’Alets, Gouuerneur de la ville d’Aix. Surquoy la populace fiere Auec la croix & la banniere, Le benestier & l’asperges ; Battit ces gens, & prit d’Alets.
[1 mot ill.] Ian.
Nous sçeumes aussi qu’à Marseille L’on auoit joüé la pareille Au ieune Duc de Richelieu, Qui mesme auoient fait prisonnieres Plus des trois quarts de ses Galleres.
[1 mot ill.] Ian.
Le Samedy trentiesme iour De l’Ordonnance de la Cour Les Conseillers Doux & Viole, Dont la vertu tient comme colle, Prirent la poste en maniement ; La Cour leur fit commandement Due passe-ports ils deliurassent [illisible.] Tous deux, ou l’vn l’autre absent, & (En Latin) le Greffier Guyet.
Ce iour les trouppes d’Alexandre, Venant à Bry pour le surprendre, I’entens vos Trouppes, grand Condé, Il nous fut à Paris mandé. Surquoy nostre Cauallerie Prenant la route de la Brie Les ennemis fuirent tourner, Et pas vn d’eux ne ramener ; Mais bien vne quantité grande De bleds & de viue viande, C’est-à-dire, de bestial, Qui pour renfort du Carnaual Fut à Paris fort bien receuë, Et dont la Ville fut pourueuë.
Lors on tira des Fuzeliers Des Colonelles des quartiers, Et de la noble Bourgeoisie, Il alla quelque Compagnie Pour faire garde à Charenton. Tandis qu’on menoit, ce dit-on, La Garnison faire ses orges Deuers Ville-neufue S. Georges, Et d’autre à Briconterobert, Qu’on craignoit qui fust pris sãs vert.
32. Ian.
Le Dimanche, Monsieur Tancrede Fut blessé d’vn coup sans remede, Blessé dis-je d’vn coup mortel, L’issu du costé paternel Du feu Duc de Rohan son pere, Si l’on en croit sa chaste mere : Au reste vn enfant tres-bien né Aussi vaillant qu’infortuné. Il donnoit beaucoup d’esperance, Mais le mauuais destin de France Prit mal à propos le toupet Contre vn ieune homme si bien fait Qui portoit toupet sur sa teste, Comme l’on voit dans sa Requeste. Voyons donc comme il a pery : Il reuenoit auec Vitry, Noirmontier, & d’autre Noblesse Quand pour sa premiere proüesse, Et pour acheuer son Romant, Il rencontra quelque Allemand De la garnison de Vincenne [1 ligne ill.]
(Madame
Le Lundy premiere iournée, Du second mois de cette année, Vous fistes le determiné, Dont il prit mal à Fontenay, A Sceaux, Palaiseau belle terre, Où vos barbares gens de guerre Firent és maisons & clochers Pis que n’auroient fait des Archers, Où les volleurs de S. Sulpice : Car ils prirent iusqu’au Calice, Pisserent dans le benestier, Assommerent vn Marguillier, Des surplis firent chemisettes, Et beurent le vin des burettes, Prirent le liure d’Oremus Qu’ils ne respecterent pas plus. Le Mardy n’est pas remarquable. Ieudy quatre. Sortant de table Où l’on seruit force rosty, Monsieur le Prince de Conty, Suiuy d’vn grande cohuë Fit faire à ses Gardes reueuë, Où se trouua Monsieur d’Elbeuf, Qui n’auoit pris qu’vn jaune d’œuf, Tant son ardeur infatigable Le laissoit peu dormir à table.
2. Fevr. 4. Fevr.
Iour que pour nous faire du mal Sçachant que force bestial Nous venoit du costé de Brie, Bled, farine autre drollerie, Qui sauuoit Paris de la faim, Et qui rompoit vostre dessein, Vous pensastes mourir de rage, Et pour nous boucher ce passage, Ayant en vain attaqué Bry, Qui n’estoit vostre fauory Depuis qu’à vos belles cohortes Il auoit refusé les portes, Vous tournastes vers Lesigny, Chasteau iadis à Conchiny, Où de la canaille rustique Ce iour à vos gens fit la nique, Et quelques soldats au milieu Venus de Bry voisin du lieu, Respondirent auec rudesse, Ie sons vallets de son Altesse, Ce sera pour vne autre fois.
Ce fut le cinquiesme du mois, Que quelques trouppes ennemies Pour poursuiure leurs volleries, Et le degast du plat païs, Prirent leur vol de S. Denis. Helas ! que tu deus estre en trance, Pauure Mesnil Madame Rance, Ce iour c’estoit à toy le dez, Tes murs n’estoient pas bien gardez : Ils mirent au fil de leurs lames Enfans, vieillards, hommes & femmes, Et firent acte de larrons Par tous les bourgs aux enuirons.
5. Fevr.
C’est ce iour, si ie ne me blouze, Que l’Archeuesque de Thoulouze Reuint icy de Sainct Germain : Mais non, ce fut le lendemain, Nenny, ce fut ce iour-là mesme Qu’estant allé dés le troisiesme Y faire predication De nostre bonne intention, En guise d’vne remonstrance, Il ne pût auoir audience, Et sans qu’on l’oüist, il auint Que le zelé Prelat reuint.
Ce iour merite quelque notte, Puis que le Mareschal la Motte, Et le vaillant Duc de Beaufort, Qu’on appelloit frappe d’abort, Sortis auec Caualerie Pour purger les chemins de Brie
Le sept. Par vous braue Condé, Le Duc d’Orleans secondé, Ayant tiré des voisinages, Des villes, bourgs, chasteaux, villages, Autant de Troupes qu’il en put, Sans que Paris debloqué fut ; Il fit bien de caualerie Trois mille, & cinq d’infanterie, Qui fileront toute la nuit Vers Charenton à petit bruit.
7. Fevr.
Lundy huit. L’Aurore éueillée Vous trouua dans vne vallée, Que nous appellons tous Fescamp, Où le volleur est tres-frequent Durant tous les mois de l’année : Mais où deuant cette iournée Iamais tant il ne s’en compta Que dans ce iour elle emporta. Là vostre Gros prit sa seance, Et se saisit de l’eminence, Tandis que quelque Regiment Détaché par commandement, Alla pour donner l’escalade A la malheureuse bourgade, Auant qu’aucun fut assommé Clanleu par vos gens fut sommé De leur remettre cette place, Qui ne leur fit pas cette grace : Et sur l’heure les assiegeans De cette brauade enrageans Occuperent les auenuës Que nos canons rendirent nuës. Sans mentir le coup le premier Les fist plus nettes qu’vn denier ; Le second rompit quatre cuisses, Le troisiéme tua deux Suisses. Nauarre braue Regiment Lâcha le pied vilainement : Vingt de ses Officiers à terre Maudirent mille fois la guerre Qui les enuoyoit chez Pluton Deuant vn chetif Charenton. Vostre Altesse ayant sceu l’escarre Qui s’estoit fait de Nauarre, Pensa creuer dans son pourpoint Pourtant elle ne creua point, Sur l’esperance de combattre Le badaut qu’on tenoit à quatre, Qui comme vn Diable iuroit Dieu Qu’il vouloit secourir ce lieu. Il disoit d’elle peste & rage Cependant qu’auec aduantage Elle attendoit ceux de Paris Comme le chat fait la soutis : Se fiant sur son eminence Elle auoit grande impatience De taster le poux au Bourgeois Qui ne sortit point cette fois. Il est prudent & crait la touche, Ioint qu’il n’aime point la cartouche, Et qu’elle en auoit fait charger : Paris n’en vouloit point ronger, Et certes auecques prudence, (Puis qu’on dit que cette eminence Se pouuoit aussi peu forcer Que l’autre se pouuoit chasser.) Vostre Altesse faisant fanfare, Commit pour soustenir Nauarre Chastillon auec du renfort, Ou plûtost pour chercher la mort : Car, helas ! au bas de son ventre Vne balle de mousquet entre, Sans respecter ce Duc nouueau, Ieune, vaillant, adroit & beau. Tost apres vos troupes filerent Par des jardins qu’elles forcerent.
8. Fevr.
Le Samedy, cent trois charettes De bleds, & de farines faittes, Renforcerent nos magasins, Malgré Messieurs les Mazarins, Ce conuoy nous vint de la Brie Au nez d’vne trouppe ennemie, Et fut conduit par Noirmontier, Homme sçauant dans le mestier, Et qui dans cette conjoncture [2 mots ill.] for bien sa voiture Des mains du Comte de Crançay Où le combat fut balancé, Mais nous eusmes victoire entiere, Peu de nos gens au Cimetiere Encor que le choc fut tres chaud, Monsieur de la Roche-Foucaud Et Monsieur de Duras le ieune Blessez par mauuaise fortune.
20. Fév
Ce mesme iour les Ennemis Traisnerent canons plus de six, Dont ils firent batre en ruyne Le Chasteau de Monsieur de Luyne ; Lesigny, qui le lendemain Fut pris & tout son saint-crespin.
21. Fév
Le Lundy la Trouppe Royalle Fit Gribouïllette generalle Aux enuirons de Monthlery : I’en suis encor tout ahury. Piller, brusler autour de Chastre, Battre son Hoste comme plastre Ce sont ses pechez veniels, Quels seront ses pechez mortels ? Enfin ayant sceu que les nostres Qui viuoient comme des Apostres Venoient auec elle compter, Elle voulut bien se hasler : Et la crainte de rendre compte Luy fit faire retraitte prompte.
22. Fév
Ce mesme iour les Deputez. Du Parlement s’estans bottez Allerent par mer & par terre Chercher la Reine d’Angleterre, Pour mesler ensemble leurs pleurs Et pour compatir aux douleurs De cette Princesse affligée Que les Anglois ont outragée, Decollant le Roy son espoux. Bons Dieux, ces peuples sont ils fous Ensorcelez, melancholiques, Ypocondres ou frenetiques ? Ont ils le diable dans les reims D’occire ainsi leurs Souuerains, Comme ils viennent de faire à Londre ? L’enfer les puisse-il confondre. Mais consolez vous grand Roy mort Et prenez quelque reconfort Vostre Majesté n’est pas seulle, La Reyne Stuart vostre ayeulle Eut aussi le sifflet coupé : L’on dit que sans auoir soupé Ce peuple en qui malice abonde L’enuoya dormir hors du monde : Elle est encor à s’éueiller, Pour vous qu’il a fait sommeiller Noble Prince illustre victime De subjets enhardis au crime,
Le Mardy pour leur asseurance Nos Deputez à l’Audience Receurent des passe-par tous.
23. Fév
Mercredy vingt & quatre tous Messieurs assemblez appellerent Les noms de ceux qu’ils deputerent. Le Premier President Molé, Apres lequel fut apellé Monsieur le President de Mesme, Viole de la Chambre mesme : En suite de ces trois fut hoc Menardeau, Catinal, le Coq, Cumont, Palluau des Enquestes, Auec le Fevre des Requestes. Dans le cours Monsieur de Saintot. Vint au deuant d’eux au grand trot Auec ordre de les conduire, Sans qu’il fut permis de leur nuire Iusques au Chasteau de Ruel ; Ordre qui pourtant ne fut tel Qu’estrangere caualerie N’eust l’audace & l’effronterie De roder en monstrant les dents Pres du char de nos Presidens. Enfin nostre Ambassade arriue, Et l’on la soula comme griue A Ruel, d’où le lendemain Elle partit pour Saint Germain. Ce mesme iour sur l’asseurance Que les Royaux en abondance Par le pont de Gournay filoient, Et que Bry sieger ils alloient, (Lors pour le succez de nos armes Nos Chefsoyiẽt Vespresaux Carmes) Où sçachans que les ennemis Deuant Bry le siege auoient mis, Ils sortirent de nostre ville Ayant à leur suite vnze mille, Tant Caualiers que Fantassins, Si vous demandez leurs desseins, Les voicy. L’armée ennemie Estant ce iour-là dans la Brie, Ils alloient d’vn autre costé ; Et pour dire la verité, Nos Chefs dans ces derniers bagarres Ne firent que ioüer aux barres Estiez vous deuers Charenton ? Nous vous cherchiõs deuers Meudon Et si des deux parties le nostre Rencontra quelquefois le vostre, Où l’on fit de petits combats, Ce fut qu’on ne s’entendit pas, Ce fut par malheur, ou beueuë, Par vne rencontre impreueuë, Par quelques Soldats trop vaillans, Par des espions vn peu lents : Par fois dans quelque caracole Souuent contre vostre parole, Et toujours contre nos desseins, Nous en sommes venus aux mains. Mais pour cette fois nostre aimée Ne fut iamais plus animée, Et vous fistes bien d’estre ailleurs Pour éuiter de grands malheurs. Or tresve de la raillerie, Tandis que vous fustes en Brie, Nos Generaux tenans les champs Ce iour & les autres suiuans, Donnerent temps à tout le monde D’aller & de courre à la ronde, Cercher infinité de grains, Dont nos greniers furent si pleins, Que i’en sçay plusieurs qui creuerent Des quantitez qui s’y treuuerent.
24 Fév
Les iours suiuans furent vendus Selon plusieurs Arrests rendus, Les meubles de son Eminence, Qui bien que pleine d’innocence, Et qu’elle eust protesté d’abus, Il n’en resta pourtant rien plus.
25 Fév
Le Vendredy l’on a nouuelle, Qui pour nous n’est bonne ny belle
26 Fév Siege de
Ce fut au cul de la semaine Que nos Deputez vers la Reine Au Parlement son reuenus, Où deuant Senateurs chenus Et tous nos Chefs à l’Audience Ayans pris chacun leur seance, Là de leur deputation Ils firent exposition, Et rapporterent que la Reine Auoit dit, ie n’ay point de haine, Et si i’osois boire du vin Nous beurions ensemble demain : Cependant nommer Commissaires Qui soient Plenipotentiaires Tant pour la generale paix, Que pour descharger de son faix Le pauure peuple de la France : Ceux qui vous portent à manger Pourront passer sans nul danger. Ce que la Cour treuua tres-iuste, Et nostre Parlement auguste. Conclut qu’en vn certain endroit Des Deputez on enuoyroit, Et mesme qu’auant leur sortie La Reine en seroit aduertie. Pour cet effet les Gens du Roy S’y firent traisner par charroy.
27. Fev
Le Dimanche quelque canaille Dont le feu fut vn feu de paille, Fit maniere d’emotion Qui tendoit à sedition, Elle en vouloit à la soutanne, Et prit ie croy pour vne canne Monsieur le Prendent Thoré, Qui fut à peine retiré Des griffes de nostre fructiere Qui le traisnoit à la riuiere.
28 Fév
Le Lundy premier iour de Mars Ie sus outre de toutes parts Sans apprendre aucune nouuelle.
1. Mars
Le Mardy nous receusmes celle Qu’escriuoit le Duc d’Orleans, Laquelle ouuerte, on lut dedans Que c’estoit chose tres certaine Que la volonté de la Reine Estoit de fournir tous les iours Que la Conference auroit cours De bleds vne quantité fixe, Ny plus courte, ny plus prolixe, Tant par iour seulement. Surquoy La Cour voulut qu’aux Gens du Roy On eust à porter cette lettre, Veu qu’ils estoient venu promettre A leur retour de Sainct Germain Bien plus beurre que de pain, Et des passages l’ouuerture, Ce qui n’estoit qu’vne imposture. Et qu’ils priroient leurs Majestez De faire iour de tous costez, Et de nous ouurir les passages, Veu qu’ils sont de Dieu les images Qui ne nous les boucha iamais, Et qui se dit Dieu de la paix. Bref, qu’ils rompent la Conference
2. Mars
Ils reuinrent le trois de Mars Moins guais que deuãt des trois quarts, N’ayans pû tirer de la Reine Rien qu’vne mesure certaine De muids de bled reduis à cent Par chaque iour pour nostre argent, Dont seroit faite deliurance Moyennant que la conference Commençast dés le lendemain : Surquoy Messieurs amis du pain Conclurent qu’vne paix de verre Valloit mieux qu’vne forte guerre, Qu’vn souspir valoit moins qu’vn rot, Qu’vn casque valoit moins qu’vn pot, Vne brette qu’vne lardoire, Coup à donner que coup à boire, Et que le corps d’vn trespassé Valoit bien moins qu’vn pot cassé, Vn Cabaret mieux qu’vne garde, Vne plume qu’vne hallebarde, Mourir saoul, que mourir de faim, Voulans que dés le lendemain Nos Deputez fussent en voye.
3 Mars
Ce iour nous eusmes de la ioye D’apprendre qu’à la fin du temps Nos soldats faisoient battre aux chãps, Eux que pour leur long domicille On nommoit les Soldats de Ville. Voyons où s’addressa leurs pas, Ce fut où vous ne fustes pas. Ils camperent prés de la Seine En toute bourgade prochaine, Et se rasseurerent vn peu Ayant de l’eau contre le feu ; Auec vn pont sur la riuiere, Par où pardeuant par derriere De tous costez, à gauche à droit S’enfuïr quand l’ennemy viendroit : Pont que pour garantir d’embusche, Et d’estre bruslé comme busche, Bref pour le sauuer de tout tort Aux deux bouts ils firent vn fort.
Le Ieudy se borrifierent Et pour faire accord s’en allerent Le Premier President Mole Dont ie vous ay déja parlé, Monsieur le President de Mesme, Dont ie vous ay parlé de mesme, Les Nemonds & les le Cogneux Presidents au Mortiers tous deux, Deux Conseillers de la grãd Chambre Dont la vertu sent meilleur qu’ambre : Messieurs Longueil & Menardeau Pour qui ie veus faire vn Rondeau : Des Enquestes Monsieur la Nauue Homme de bien ou Dieu me sauue, Monsieur le Coq, Monsieur Bitau Monsieur Violle & Palluau : Monsieur le Febvre des Requestes : Briçonnet Maistre des Requestes : Ensuitte vn homme tres prudent Des Comptes premier President : Paris & l’Escuyer personnes Tres vertueuses & tres bonnes Des Aydes Monsieur Amelot Premier President fort deuot : Messieurs Bragelonne & Quatre-hõmes Qui pourtant ne font que deux hõmes Pour nostre ville & le dernier Vn Escheuin nommé Fournier : Qui tous à Ruël s’arresterent.
4 Mars
Où le lendemain arriuerent Monseigneur le Duc d’Orleans, Et Vous qui n’estiez pas ceans, C’est Vous Prince que i’apostrophe, Vous qui faisiez le Philosophe Et l’homme d’Estat dans Ruël, Vous qui traittiez de criminel Vn Corps qui sera vostre Iuge, (Disons plustost vostre refuge.) Prince auoüez nous à present Ce qui vous sembla mal-plaisant Auant vostre metamorphose, Que c’est vne agreable chose De n’estre point pris sans decret, Et que c’estoit là le secret Qui pouuoit sauuer vostre Altesse D’vne captiuité traistresse Dont on ne se peut garantir, Et qui vient sans nous aduertir. Vous voila tombé dans le piege : Qui l’eust dit que ce privilege
5. Mars. Mr le
Le Dimanche ie vis vn homme Qui disoit que vers Bray sur Somme L’Archiduc auoit déja beu, Et que vers Guise on auoit veu Voltiger des trouppes d’Espagne ; Que le Duc Charles en Champagne Prés d’Auennes se pourmenoit, Et forces trouppes qu’il menoit.
7. Mars.
Lundy qu’il estoit inutile Le Regiment de nostre Ville, Leué non sans beaucoup de frais En vn temps qu’on faisoit la paix, Ioignit l’armée à Ville-Iuifue, Qui de loin luy criant. Qui viue, Il creut qu’il estoit déja mort, Et demanda quartier d’abord. Il estoit fait de Iansenistes, D’illuminez & d’Arnaudistes, Qui tous en cette occasion Requeroient la confession Dont ils auoient blasmé l’vsage : [1 ligne ill.] Qui demandoit à Dieu tout bas La grace qu’il ne croyoit pas.
8. Mars. Mõsieur
Ce iour la Cour tira de peine Le grand Mareschal de Turenne Tenu coupable à Saint Germain, Pour n’auoir pas presté la main A la ruïne de la Fronde, (C’est comme parloit tout le monde Du party pretendu Royal.) On disoit de ce Mareschal Que pour nostre Ville affamée Il auoit offert son armée. Nostre Parlement l’accepta, Et dés ce iour mesme arresta Que declaration & Bulle, Toute sentence seroit nulle, Et tout Arrest fait contre luy : Ordonnant que dés aujourd’huy Il reuint s’il pouuoit en France : Et de plus pour la subsistance Que cent mille escus il prendroit Ez Receptes qu’il trouueroit.
Le Mardy la Cour estonnée Sur la remonstrance donnée Par le Procureur General Que quelqu’vn du party Royal Fist deliurer l’autre semaine Sous l’authorité de la Reine Des commissions à certains, Aux Damillis, aux Lauerdins, Aux Gallerandes, aux Courcelles, De leuer des Trouppes nouuelles. Ausquels & tous autres deffend Haute & puissante Cour qui pend Ceux qui sa volonté violent, Que plus de soldats ils n’enrollent, Sans vn Royal commandement Approuué par le Parlement. Defense à toute ame guerriere, Gentilhomme ou bien roturiere, De prendre employ ny s’enroller, Sur peine de degringoler Du haut de Noblesse en roture, Et de roture en sepulture. Veut les villes & les bourgs Courent dessus eux comme à l’Ours, Qu’ils s’assemblent à son de cloche, Qu’à pied, qu’à cheual, ou par coche
9. Mars.
Le dix on sceut qu’en Normandie, Pour ioindre à l’armée ennemie Le Barron de Marre leuoit Le plus de Trouppes qu’il pouuoit : Mais que Chamboy guerrier habille, Lieutenant du grand Longueville, Auec cinq ou six cens cheuaux Ayant poursuiuy ces Royaux ; Sceut que dans le Chasteau de Chesne Ces gens qu’on faisoit pour la Reine Auoient esleu leur rendez-vous. Il y courut tout en courroux, Et par vn plaisant artifice Faisant faire alte à sa milice Luy trentiesme quittant le gros Vint à Chesne tout à propos, Où sans dire qu’il fust des nostres Il fut receu comme les autres, Qui beuuoient tous comme des trous, Et qu’on tua comme des poux : Car Chamboy s’estant fait connoistre Se rendit aisement le Maistre, Et les prit tous ou les tua, Comme vn second Gargantua.
10. Mars.
Le Ieudy vint à l’Audience Auec des lettres de creance Que dans sa poche il apporta, Vn Deputté que deputta Monsieur le Duc de la Trimoüille Qui voulant empescher la roüille De son courage martial, Monté dessus son grand cheual Pour le secours de nostre ville, Auoit leué prés de trois mille La moitié grimpez sur roussins, L’autre moitié des fantassins.
11. Mars.
La nuit les Trouppes ennemies. Que nous croyions estre endormies, Vinrent voir ce que nous faisions, Et virent que nous acheuions Nostre pont dessus la riuiere, Ouurage qui ne leur plut guere, Et qu’elles eussent bien aimé De voir de loing bien allumé : Ce fut du costé de la Brie Que parut leur Cauallerie Qui vint reconnoistre ce pont ; Mais son retour fut aussi prompt Qu’auoit esté son arriuée, Heureuse de s’estre sauuée, Puis qu’elle eust biẽ-tost veu beau ieu ; Les nostres affligez fort peu D’auoir manqué cette couronne, Et de n’auoir tué personne, Veu que c’est vn acte cruel : Et que l’on traittoit à Ruel.
D où le lendemain retournerent, Et des Articles apporterent Tous nos Messieurs les Deputez Assez tard, mais assez crottez Et dés ce iour les deux armées, Se sont vniquement aimées, Il n’est pas resté pour vn grain De Frondeur ny de Mazarin.
12. Mars
Samedy la Cour assemblée Parut extrémement troublée D’apprendre que nos Generaux N’auoient esté qu’en certains mots Compris au traitté pacifique, Sans auoir fourny de replique, Veu que personne de leur part N’auoit contesté pour leur part. Si bien qu’en cette conjoncture, Il fut dit qu’auant la lecture De ce qu’on auoit arresté, Derechef seroit deputé Pour conferer des aduantages De ces illustres personnages, Et de tous les interessez, Tant qu’ils eussent dit c’est assez, Qu’on supplieroit le Roy de mettre En vne seule & mesme lettre.
13. Mars.
Ce iour on eut aduis certain Que Monsieur du Plessis-Praslain Auoit des trouppes ennemies Fait vn amas des mieux choisies, Pour s’opposer à l’Archiduc Qui s’auançoit d’vn pas caduc, Et de qui la desmarche lente Ne doit pas moins d’espouuante.
Le Dimanche, les Deputez En carrosse estoient ja montez, Quand Lettre du Roy fut receuë [1 ligne ill.]
14. Mars.
Le Lundy. La teste affublée Nos Chefs estans en l’assemblée, Lesdits Articles furent leûs, Et la Cour n’en fit point refus ; Mais seulement pour la reforme De quelqu’vn qui sembloit enorme, Ordonna qu’on deputeroit, Et qu’ensemble l’on parleroit, Pour nos Chefs, qui feroient escrire Ce que chacun pour foy desire, Pour estre au traicté de Paris Tous les interessez compris.
15. Mars
Ce Lundy. Le Courrier du Maine, Mit nos esprits hors de la peine Où long-temps ils auoient esté, Si le Diable auoit emporté Le sieur Marquis de la Boullaye, Qu’il asseura pour chose vraye Auoit paru vers ces quartier Auecque force Caualliers Qui sçauoient mener le carrosse, Et ne cherchoient que playe & bosse. Que le Marquis de Lauerdin Fuyant deuant eux comme vn din, Toute la Mancelle contrée [1 ligne ill.]
La Boullaye
Le Mardy. Tous nos Deputez Sous des passe-ports apportez, Pour la troisiesme fois marcherent, Et comme il estoit dit, allerent Pour leurs Majestez supplier Que du mois d’Octobre dernier La Declaration receuë Apres tant d’allée & venuë Pour le commun soulagement, Ne souffrist aucun detriment.
16. Mars.
Le Mecredy. Lettre ciuille Vint de Monsieur de Longue ville, Qu’il addressoit au Parlement, Et qui n’estoit qu’vn compliment, A qui fit aussi tost responce, La Cour qui pese tout à l’once. Or ce iour le Duc de Boüillon Ayant pris congé du boüillon, Des medecines, des clysteres, Et des drogues d’Apothiquaires, N’estant debout que de ce iour, Releua la Mothe-Houdancour, A Ville-Iuifue, où nostre armée S’estoit déja bien enrhumée.
17. Mars. [8 lignes ill.]
C’est ce mesme iour qu’on a sçeu Qu’au Mans auoit esté reçeu Nostre Marquis de la Boullaye, Qui bien qu’il criast holla, haye, Alte, Marquis de Lauerdin, L’autre ne fut pas si badin Que de tourner iamais visage, Ains courut toûjours dauantage, Qu’à la parsin nostre Marquis Ayant force chappons conquis, Les faisoit cuire en cette ville, Et que ses gens estoient cinq mille.
Vn autre aduis bien plus certain, Fut que le Mareschal Praslain, Qui d’vne desmarche guerriere Estoit allé sur la frontiere Taster le poux à Leopol, Auoit pris ses iambes au col : Sans auoir dit ny quoy, ny qu’est-ce, (Ce qui n’est pas grande proüesse,) Et qu’estant icy de retour, Dans leurs Garnisons d’alentour Ses Trouppes estoient retournées : Trouppes tres mal moriginées,
[1 mot ill.] Mars
Le Ieudy, les Chefs de nos bandes, Ayant fait chacun des legendes De tous leurs petits interests, Commirent à Ruël exprés Pour porter leurs humbles prieres, Le Duc de Brissac, & Barrieres, Le sieur de Bas & de Crecy.
Le Vendredy dix-neuf, icy Nous sçeusmes que dans la Gascogne La Reine auoit de la besogne, Que le Parlement de Bordeaux Tout prest à joüer des cousteaux, Auoit fait armer à nostre aide. L’action n’en estoit pas laide, Car le Normand & ce Gascon, Et le nostre faisoient tricon.
[1 mot ill.] Mars
Ce mesme iour par vne lettre Thoulouse nous faisoit promettre Que nous pouuions tenir pour hoc Le Parlement de Languedoc, Qui se declaroit pour le nostre, Tellement qu’auecque cét autre, C’estoit vn quatorze bien fait.
Le Samedy ny beau ny laid, Ny chaud ny froid, à l’Audience Nos Generaux prirent seance, Et-là dirent tous d’vne voix, Qu’ils auoient donné cette fois Des propositions à faire, Mais qu’ils l’auoient crû necessaire, Monsieur le Cardinal resté, Pour n’auoir plus de seureté, Sçachans bien qu’homme d’Italie Iamais vne offence n’oublie. Qu’au contraire ils estoient tous prests D’abandonner leurs interests S’il luy plaisoit faire voyage, Sinon, que pour vn tesmoignage Qu’ils seroient toûjours seruiteurs De nos Illustres Senateurs, Ils s’en rapportoient à ces Iuges, Protestans que dans nos grabuges Ils auoient armé seulement Pour le public soulagement.
[1 mot ill.] Mars.
Ce iour Ordonnance Royalle Dessus la plainte generalle Qu’auoient faite nos Escheuins, Qui n’estoient pas des Quinze-vingts, Voulut qu’on nous donnast des viures, Pain & vin, dequoy nous rendre yures, Et boire en diable à la santé De sa Chrestienne Majesté, De toutes parts, par eau, par terre, Librement comme auant la guerre Le commerce estant restably, Et le reste mis en oubly : Bonne nouuelle pour la pance.
Lundy vingt & deux, en l’absence Du vaillant Prince de Conty Que la fiévre auoit inuesty, Le Coadjuteur en sa place Vint au Parlement, de sa grace, Dire que le iour precedent L’Archiduc homme fort prudent, Escriuit au Prince malade Qu’ayant fait vne caualcade, Et dit au Mareschal Praslain, Ie suis sur ta terre vilain, Pour oster toute deffiance Qu’il voulut enuahir la France, Il estoit prest de retourner, Si la Reine pour terminer Les differents des deux Couronnes Vouloit nommer quelques personnes. Et dit nostre frondant Pasteur Que Conty prenant fort à cœur L’occasion aduantageuse De conclure vne paix heureuse, Auoit à Ruël deputé Pour derechef estre insisté Sur ce que l’Archiduc propose, Qui meritoit bien vne pose :
22 Mars.
Ce iour on sçeut qu’à S. Germain On auoit fait accueil humain Aux Deputez de Normandie, Qui pour chasser la maladie Dont nous estions tous menacez, Y venoient comme interessez Pour deliberer du remede ; Que le bon Dieu leur soit en aide.
Le Mercredy, l’on sçeust qu’Erlac Estoit clos & coy dans Brissac, Quoy qu’on nous voulust faire entẽdre Qu’il venoit nous reduire en cendre. L’on sçeust que Normands Deputez S’estoient tous bien fort aheurtez A l’enuoy de son Eminence, Et l’on nous donnoit asseurance Qu’ils ne despliroient leur cahier Qu’ils n’eust vn pied dans l’estrier. Mais s’il est vray qu’ils le promirent. Ces Normans apres se desdirent, Et certes autant à propos Qu’il se peut pour nostre repos : Car qu’on renuoyast pour leur plaire Vn ministre si necessaire Comme Monsieur le Cardinal ; Quelque sot se fut fait du mal, Et plus sot qui l’auroit pû croire Qu’vn Prince jaloux de sa gloire Eut deffait ce qu’il auoit fait En vn fauory si parfait, Pour quelque courtaut de boutique Qui n’aimoit pas sa politique. Aussi les Deputez Normans S’ils auoient fait quelques sermens De ne desplier point leur Roolle, Ne garderent pas leur parolle, Et cette fois manquant de foy Seruirent la France & leur Roy.
Ce mesme iour. Fut dit en ville Que le grand Duc de Longueville Auoit pour assieger Harfleur Fait partir sous vn chef de Cœur Des trouppes dés le dix-septiesme : Et que ce chef le dix-neufviesme Par vn tambour nommé la Fleur Fit sommer la ville d’Harfleur, Qui luy dit vostre fille Heleine ; Ie suis seruante de la Reine. Mais quatre pieces de canon Luy firent bien-tost dire non ; Car plus deffaitte qu’vn Cadavre Ayant dépesché vers le Havre Dont chacun sçait qu’elle depend, Pour venir estre son garand (C’estoient les termes de sa lettre) Ce Gouuerneur se voulut mettre En deuoir de la secourir Et pour l’empescher de perir Détacha deux cens cinquante hõmes Qui venoient en mangeans des põmes, Quand sur le chemin ces mangeans Treuuent vn party de nos gens : La peur saisit ces miserables Qui fuyrent comme des beaux diables, Nul ne regardant apres soy. Enfin ils eurent tant d’effroy Que quand dans le Havre ils entrerent Les huict heures du soir frapperent Bien que partis au chant du coq, Et que Harfleur qui nous est hoc, Du Havre fust à demie lieuë, Mais la peur qu’ils auoient en queuë Leurs fit oublier le chemin, Tellement que le lendemain Harfleur nous fit ouurir la porte. La garnison n’estant pas forte
Le Ieudy, iour que Nostre-Dame Sceut que de fille elle estoit femme Par vne Annonciation, Tout estoit en deuotion Quand Lettre de cachet venuë Fit que sceance fut tenuë, Où quand nos Chefs furent venus Tous les premiers propos tenus Furent de sçauoir si la tresve, Ennuyeuse aux gens de la Greve, Et qui finissoit ce iour-là, Passeroit encor au delà : Tresve qui receut anicroche Iusques au Lundy le plus proche, Et compris inclusiuement Par vn Arrest du Parlement.
[5 lignes ill.]
Ce iour à la Ferté sur Iouarre, Vn Mazarin qui disoit, Garre, Qu’on face place à mon cheual, Ie viens pour le party Royal Loger icy des gens de guerre, Fut accueilly à coups de pierre, Et de quelque coup de fuzil, Ie pense que d’vn grain de mil On eust lors bouché son derriere, Heureux de retourner arrïere, Maudissant tout cicatrisé, Le manant mal ciuilisé, Qui depuis garda ses murailles, Crainte du droict de represailles.
Samedy du mois vingt-sept, Vostre frere encor tout mal fait Du reste de sa maladie, Fit declaration hardie ; Que celles que iusques à ce iour Il auoit faites à la Cour De ne faire aucune demande Pour luy ny pour ceux de sa bande, Le Cardinal estant sorty : Que foy de Prince de Conty Ces declarations signées Qu’on auoit iusqu’icy bernées, Receuroient applaudissement, Pourueu qu’il pleust au Parlement, Rendre Arrest, que son Eminence Eust à denicher de la France, Parce qu’il ne pouuoit iamais Autrement conclurre la paix : Que le feu par tout s’alloit prendre S’il n’estoit couuert de sa cendre. Qu’il prioit la Cour d’y resuer Auant mesmes que se leuer ; Surquoy la Cour à sa priere [1 mot ill.] tant sur cette matiere Qu’apres son resue elle a treuué Qu’il auoit le premier resué. Cependant pour faire grimace, Et pour ne rompre pas en face De ce Prince qu’elle honoroit La Cour dit que l’on enuoiroit Insister sur cette retraitte, Qui ne s’est pas encore faitte. Ce iour nous sçeusmes que Ierjay, Du party contraire engagé, Partoit de Sainct Germain en Laye Pour s’opposer à la Boullaye Qui faisoit merueille en Anjou, (Car il n’est pas tous les iours fou, Cõme il n’est pas tous les iours feste) Et puis ce n’est que par la teste Qu’il est fol, quand il l’est pas fois Notamment les onze des mois.
27 Mars
Or ce Marquis à teste seiche Estoit entré dedans la Fleche.
Ce fut
Le Dimãche on sçeut qu’à Bourdeaux Les coups desia pleuuoient à sceaux, Le tout pour la cause commune : L’habitant au clair de la Lune Auoit pris le Chasteau du Hact, Et depuis auoit fait vn pact D’inuestir le Chasteau Trompette ; Cela n’est point dans la Gazette. Ce iour mesme il vint vn Courrier, Qui perdit cent fois l’estrier, Et se pensa casser la teste Tant il pressa sa pauure beste.
Le iour d’apres en l’assemblée, De diuers soucis accablée Sçauoir si l’on continueroit Comme la Reine desiroit Nostre trefue en son agonie, Conclut toute la compagnie Qu’elle auroit liberalement Vingt & quatre heures seulement. Apres lesquelles nouueau trouble, Et plus de trefve pour vn double.
29 Mars
Ce mesme iour fut deffendu Par vn Arrest qui fut rendu, Qu’on n’imprimast plus aucun liure, Dont le debit auroit fait viure Quelque miserable Imprimeur, Et quelque Burlesque rimeur, Qui comme vn second Mithridatte Estoit plus friand qu’vne chatte Au poison qui le nourrissoit Dans l’instant qu’il le vomissoit. Glorieux de la medisance Qu’il faisoit de son Eminence Il viuoit de son acconit : Et c’estoit pour lors pain benit De parler mal du ministere, De chanter Prince de lanlere, (Car on parloit presque aussi mal De vous comme du Cardinal.) On ne vit onc tant de satires Ny de meilleurs, ny de pires Qu’on en fit de vous & de luy, Et de vous encor auiourd’huy. La Cour sans expres congé d’elle Sur vne peine corporelle Deffendit de rien imprimer, Ce qui ne fit que r’animer Cette criminelle manie Que chacun croyoit assoupie ; Mais de qui la demangeaison S’accroist depuis vostre prison. Le Mardy. La nuict estoit close (L’homme propose & Dieu dispose) Lors qu’on ne les attendoit plus Nos Deputez sons reuenus.
30. Mars
Le Mercredy Dans l’audience Le procez de la Conference Leû qu’il fut haut de bout en bout, Au lendemain on remit tout.
31. Mars
Et le premiere d’Auril fut leüe La Declaration receüe Qui nous rendit nostre repos, Dont voicy les poincts principaux. Nos arrests, escrits & libelles Ne seront que des bagatelles De puis le sixiesme Ianuier Qu’il fut tant perdu de papier Sans que pour chose aucune faitte Personne en soit plus inquiette. Ce que pour nous rendre plus doux, Le Roy volut que contre nous Tant de lettres expediées De Declarations criées Du costé de sa Majesté, Tout fust cassé par sa bonté, Qui prit la place de la haine : Et dit que sa Mamman la Reine Dés le premier beau iour d’Esté Enuoiroit au Fleuue Lethé Quelqu’vn qui prist de cette eau forte, Qui fit oublier toute sorte D’vnions, Ligues & Traittez, Dont ne seroient inquietez Ceux qui pour faire telle Ligue, Non contens de faire vne brigue, Ont leué soldats, pris deniers, Tant publics que particuliers, Qu’on mainteindra dans leurs Offices, Biens, honneurs, charges benefices, Au mesme estat qu’ils se treuuoient Quand les Parisiens beuuoient La nuict des Rois, nuict qu’ils perdirẽt Le vray pour mille faux qu’ils firent : Pourueu qu’ils mettent armes bas, Et ne s’opiniastrent pas Aux ligues s’ils en ont aucune Sous couleur de cause commune. Tous les prisonniers renuoyez : Tous nos soldats congediez, Ce qui fut fait. La Cour ioyeuse D’vne fin de guerre ennuyeuse,
31. Mars 1. [1 mot ill.] [4 lignes ill.]
Ainsi la paix nous fut donnée, Et nostre guerre terminée ; Ainsi finit nostre blocus, Ainsi ny vainqueurs ny vaincus, Nous n’eusmes ny gloire ny honte : Nul des partis n’y fit son compte, Le Vostre y souffrit moult ennuis, Y passa de mauuaises nuicts Dans vn si grand froid, qu’on presume Qu’il y gagna beaucoup de r’hume. Le nostre en fut incommodé : Le Carnaual en a grondé : Le Caresme en a fait sa plainte : Philis, Cloris, Siluie, Aminte, Y perdirent tous leurs Gallands : Le Palais n’eut plus de chalands Le Procureur fut sans pratique : Le Marchand ferma sa boutique. L’Arthamene fut sans debit : Et l’on pensa chanter l’obit De Lybrahim, de Polexandre, De Cleopatre & de Cassandre, Auec celuy de leurs Autheurs, Leurs Libraires, & leurs Lecteurs. Le Sermon n’eut plus d’audience : Le charlatan plus de creance : L’Hostel de Bourgogne ferma : La Trouppe du Marais s’arma ; Iodelet n’eut plus de farine Dont il peust barboüiller sa mine : Les Marchez n’eurent plus de pain, Et chacun plus ou moins eut faim : Mais si tost que par sa presence La paix nous promit l’abondance Que le Roy seul nous redonna Quand sa Majesté retourna ; Aussi-tost disparut le trouble : Plus de miseres pour vn double. Paris a repris sa beauté, Tout est dans la prosperité, Le Marchand est à sa boutique, Le Procureur à sa pratique, Les hommes de Robe au Palais, Les Comediens au Marais, Les Artisans à leur ouurage, Les Bourgeois sont à leur mesnage ; Les bonnes femmes au Sermon ; Cormier est à son Galbanon, L’Apotiquaire à sa seringue, Et Vous, le Vainqueur de Nortlingue, De Rocroy, de Fribour, de Lens, L’effroy de tous les Castillans, Estes dans le Bois de Vincenne, Dieu Vous y conserue & maintienne En santé.
FIN. |
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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9.