Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Iouxte la copie imprimée à Anuers, M. DC. L.
A MONSIEVR LE MARQVIS D’ALLVYE.
MONSIEVR, Mon Courrier à son retour du Bois de Vincennes, MONSIEVR, Vostre tres-humble, & tres-obeissant
ADVIS TRES-SALVTAIRE AV LECTEVR. Primò. Ce Courtier bien que venant des Pays Bas, est Item, Par le mot Royal, il entend tout ce qui appartient au Item, Par le mot de la Cour, il entend tousiours la Cour de Item, Par le mot d’Audience, il entend la Grand Chambre, En dernier lieu, il parle presque tousiours à Monsieur le Adieu Lecteur.
LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS. Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son
Vovs la terreur de l’Vniuets, Moy Courier suis parti d’Anuers, Pour entretenir vostre Altesse, Et pour diuertir sa tristesse. Prince, si mon dessein est grand, Ie prens vostre cœur pour garand, Et dans vn malheur si funeste, Ie luy laisse à faire le reste : C’est luy qui vous consolera, Qui mieux que moy diuertira L’ennuy mortel qui vous accable : C’est luy qui combatra le Diable, S’il vous tentoit de desespoir ; Et c’est luy qui doit faire voir Que vous le vainqueur d’Allemagne. La terreur de Flandre & d’Espagne, Riez du sort & de ses coups Qui sont grands, mais bien moins que Adonc sur cette confiance Que ie prends de vostre constance, Et de vostre religion, (Car contre la tentation En prenant vn peu d’eau beniste Vous la ferez courir bien viste.) Ie viens pour charmer vos douleurs Iustes dans de si grands malheurs ; En connoissant que la lecture En peut seule faite la cure, Ie viens auec ce lenitif Tres propre à guerir vn captif ; Et pour commencer vne histoire Toute fraische en vostre memoire Par la mort du grand Chastillon ; Voilà vos Dunes tous de bon ; C’est fait. Dego s’en va. Silence. Paix-là, Monseigneur, ie commence.
L’an estoit encore toutneuf De mil six cens quarante-neuf, C’estoit la cinquiesme iournee De l’aisné des mois de l’annee Quand le Roy vint dans le Fauxbourg A l’Hostel iadis Luxembourg, Et qu’vne Grammaire nouuelle Le Palais d’Orleans appelle L dans la chambre où s’alictoit Madame, qui sebricitoit ; Cõment vous portez vous ma Tante, Disoit le Roy ; Vostre seruante, Respond Madame, Assez mal. Mais la Reyne & le Cardinal, S’entretenoient dans vne salle Auec son Altesse Royale. Ce qu’ils dirent, ie ne sçay pas, Car ils causerent assez bas : Mais dans tout ce qu’ils purent dire le n’y vois point le mot pour rire. Ils parloient de nous assieger, Fi pour ceux qui veulent manger. En quel terme, il ne m’importe, Soit qu’vn d’eux parla de la sorte. Il faut affamer ces ingrats. Ces Baricadeurs scelerats : Foin de vous, repartit la Reyne, Où courrons-nous la pretantaine Auec vn peigne en vn chausson ? Monsieur repeta la chanson. Ce qu’on peut prẽdre est bon à rendre ; Et le succez a fait comprendre Que tous trois conclurent sans moy, Qu’il falloit emmener le Roy. Ce soir ; Prince, tu fis ripaille Chez vn fumeux pour la bataille Qu’il perdit deuant Hannecour, Gramont, le poly de la Cour. Là changeant d’habit & de linge, Comme l’on voit sauter vn singe
5. [illisible]
Vnze heures de nuict enuiron, Vray temps d’Amant, ou de larron, Monsieur arriua chez Madame, Et luy dit ; Dormez-vous, ma femme ; Ouy, respondit-elle, ie dors ; Prenez, luy dit il vostre corps, Venez à Sainct Germain en Laye. A sainct Germain luy dit elle aye, Repetant trois fois sainct Germain : Mon cœur ie partiray demain. A quoy Monsieur fit repartie, A demain donc, soit la partie, Et vint dans le palais Royal Auec son confident loyal, L’Abbé, digne de la Riuiere : Palais, où l’aube la premiere Ne treuuant plus leurs Maiestez, Ains seulement des chats restez, Les vit pres sainct Germain en Laye Auec Messieurs la Mesleraye, Le Cardinal, le Chancellier, Dont le dernier ne peut nier Qu’vn peut deuant l’Hostel de Luyne Le garantit à sa ruine. Harcourt, Longueville, Conty, Et tout le reste estoit party : Vne nuict que l’excez de boire Nous donna presque tous la foire, (Car pour en parler franchement Tout eut depuis le deuoyement,) Nuict des Roys, mais sans Roy passee, Nuict fatale, qui commencee Par l’abondance d’vn festin Nous laissa la faim sur sa fin.
Ces nouuelles ne furent sceuës Qu apres les sept heures venües : Mais sept heures ayant sonné Tout Paris fut bien estonné. La Bourgeoisie estoit soucieuse, La Boulangere estoit ioyeuse : Tous les artisans detestoient, Les Escholiers se promettoient D’auoir campo durant le siege, Et qu’on fermeroit leur College : Les Moines disoient chapelets L’habitant courroit au Palais, Le plus-zelé courroit aux armes, Le Maltotier versoit des larmes : Et tout regardoit à son pain, Le soupesant auec la main. C’estoit de Ianuier le sixiesme, Si ce n’est assez du quantiesme, C’estoit vn triste Mercredy Que fut fait vn coup si hardy, Et que du Parlement les membres Dispersez par toutes les Chambres, Dirent qu’il estoit à propos D’en faire vn seul qui fust plus gros. Où les Escheuins de la ville Eurent audience ciuille : Les gens du Roy pareillement : En suitte on fit reglement Qu’on feroit garde à chaque porte Nuict & iour de la mesme sorte : A cela nul ne contredit. Et de plus il fut interdit A tous de tout sexe & tout âge D’emporter armes ny bagage : Le reste de ce reglement Est au Iournal du Parlement.
6. Ianv.
Ce mesme iour vne charette, Où fut trouuee vne cassette Que reclama Monsieur Bonneau, Tres pleine d’argent bon & beau, Parut au peuple trop chargee, Dont elle fut fort soulagee. Et l’on traitta pareillement Quelque autre charitablement,
Du depuis les belles Cohortes De nos habitans fiers aux portes N’ont laissé passer vn festu Sans luy demander Où vas-tu ?
Lors fut vne lettre restee Au Preuost des Marchands portee, Qui s’adressoit à tout son corps ; Lettre, où ma gré de vains efforts, On ne treuua raison aucune Pour ce trou qu’on fit à la [1 lettre ill.]une. Portant sur l’aduertissement Qu’aucuns de nostre Parlement On eu secrette intelligence Auec les ennemis de France ;
Le Ieudy la Cour toute entiere Resoudoit sut cette matiere : Mais comme elle estoit au parquet Il luy [1 lettre ill.]int vn autre pacquet, Dont elle ne fit point lecture, Non pas seulement l’ouuerture, Et dont Messieurs les Gens du Roy Furent creus sous leur bonne foy, Disans que par icelle lettre On vouloit le Parlement mettre Et transferer à Montargis : Mais Messieurs qui de leur logis N’auoient point acheué le terme, Dirent qu’il falloit tenir ferme, Et qu’on iroit le Roy prier De vouloir les noms enuoyer De ceux dont la correspondance Estoit dommageable à la France, Afin que l’ombre d’vn gibet Punist l’ombre de leur forfait. Et lors les Gens du Roy partirent, Ft selon qu’il fut dit, ils firent : Mais ils reuindrent non oüis De sainct Germain peu réjoüis.
7. Ianv.
Le Vendredy premier iour maigre, Messieurs sur le traitement aigre Qn’on auoit fait aux Gens du Roy, Ordonnerent suiuant la Loy Que la Reyne auroit Remonstrance Sur le plus fin papier de France. Et parce que le Cardinal Leur sembloit l’autheur de ce mal, Qui depuis par son ministere Leur a bien prouué le contraire : Ils iugerent mal à propos Qu il troubloit le commun repos, Qu il emplissoit sa tirelire, Qu il haïssoit nostre bon Sire : Luy manderent que dans ce iour Il se retirast de la Cour, Et dans huict de France il fist gille, Sinon, enjoiut à bourg, à ville De luy courir sus comme au loup A qui chacun donnoit son coup, Taloche, oupanne grainguenaude, Et de luy ietter de l’eau chaude, Indulgence à qui l’occiroit. Cependant que l’on armeroit Pour la seureté des entrees, Et pour l’escorte des denrees. Ce mesme iour vinrent icy Messieurs le, Bouchers de Poissy, Disant que par vne Ordonnance Le Roy leur a donné vacance, Et defendu de trafiquer Tant qu’il cessast de nous bloquer.
8. Ianv.
Le Samedy neuf fut choisie De la plus leste Bourgeoisie, Que l’on pensoit faire sortir, Mais elle n’y peut consentir : Neantmoins c’estoit la plus leste, Iugez-donc par elle du reste, Et dés ce iour l’on connut bien Que la meilleure ne vaut rien. Or ce iour de quelque village Il vint du pain & du fromage ; Mais que nous causa de tourmens Et plus qu’aux plus parfaits amans L’esloignement d’vne Maistresse, L’absence des pains de Gonesse ? Que quinze cens Colintanpons Asseurerent estre fort bons, Comme des Gardes quelque bande La pinte de sainct Denys grande, Gardes qui parurent tres-fiers Aux pauures choux d’Aubervilliers.
9. Ianv.
Ce mesme iour fut restablie La taxe du temps de Corbie, Auec ordre à chaque habitant De payer vne fois autant, Que pour iouyr des benefices Attachez aux premiers Offices, Les Conseillers mal agreez, En six cens trente-cinq créez. Payeront trois cens mille liures, Dont ils feront charger les liures.
Ce iour il n entra pas vn bœuf, Mais les vaillans Princes d’Elbeuf, Et notamment le Duc leur pere, Fut touché de nostre misere,
Monsieur d’Elbeuf fit le serment De General du Parlement Dimanche du mois le dixiesme Monsieur de Conty ce iour mesme Vint asseurer toute la Cour De son zele & de son amour, Et Messieurs firent mine bonne A cet appuy de la couronne Qui sembloit courbé sous le faix. On fit en suitte deux Arrests : Le premier, que son Eminence Obeyroit sans resistance A l’Arrest que rendit la Cour Contre elle le huictiesme iour, Enioint qu’on prenne prisonniere Toute la nation estrangere Autant que nous en trouuerons A dix postes aux enuirons. Ordre aux Villes. Bourgs & Villages, D’en faire de cruels carnages ; Deffence de luy rien fournir Que de bons coups à l aduenir. Qu’en toutes les places frontieres Les Garnisons seroient entieres, Et de ceux qui contreuiendroient La vie & les biens respondroient Par l’autre Arrest on donnoit ordre Aux Escheuins de ne desmordre Des nobles charges qu’ils auoient, Et de faire comme ils deuoient. Au Preuost des Marchands de mesme, Et parce qu’il estoit fort blesme Depuis que le peuple zelé, Auoit sur luy crié Tollé, La Cour donna des sauue gardes Pour sa personne & pour ses hardes.
10. Ianv.
Le Lundy (si ie n’ay menty) Monsieur le Prince de Conty Fut receu Generalissime D’vn consentement vnanime, Ayant sous luy trois Generaux, Dont on feroit bien six Heros. Sçauoir, le Mareschal de la Mothe, Dont la mine n’est point tant sotte, Boüillon, & le grand Duc d’Elbeuf, Qui dans la guerre n’est pas neuf : Mais quand au Duc de Longueville, Comme il est d’humeur fort ciuile, Il refusa de prendre employ, Et pour nous tesmoigner sa foy, Laissa ses enfans pour ostages Auec sa femme pour les gages, Et c’est tout ce qui nous resta De tout ce qu il nous protesta.
11. Ianv.
Dés lors Mars du party contraire De celuy de son petit frere : (Car si Mars estoit contre nous, Prince sans doute c’estoit vous.) Commandoit les Trouppes Royalles, Qui festerent les Bacchanales, Et qui respandirent du vin Iusques sur l’autel de Caluin. A Charanton, dis je vos Trouppes S’enyurerent comme des souppes, A vostre barbe, a vostre nez, Force pucelages glanez, Où quelques ieunes blanchisseuses Se treuuerent asses heureuses Dans les enuirons vos soldats Firent de notables degats, Des assassinats, des pillages, Des rauages, des brigandages. Le Comte d’Harcourt à Sainct Clou En fit moins, & tousiours beaucoup, Nous n’y pouuions donner remede.
Lors vn President fut fait aide De Monsieur des Landes Payen, Qui n’a que le nom de Payen, Homme vtil en paix comme en guerre, Qui sçait ioüer du cimeterre, Et s’escrimer dans vn combat, Bon Conseiller & bon Soldat ; Il auoit depuis ces vacarmes Sur les bras tout le fait des armes. Quand Broussel auec Menardeau Prirent la moitié du fardeau.
12. Ian.
Le Mardy le Conseil de ville Fit vn Regiment fort vtile,
Ce iour en leuant sa bequille Le Gouuerneur de la Bastille Qu’on nõmoit Monsieur du Tremblay, Luy qui iamais n’auoit tremblé Vieil soldat & vieil Gentil homme, A Monsieur d’Elbeuf qui le somme De luy remettre ce Chasteau, Respondit tres bien & tres beau Qu’il ne luy plaisoir de le rendre, Et qu’il pretendoit le deffendre. Mais il ne fut pas si méchant Que six canons dessus le champ Ne nous ouurirent cette place Sans auoit touché la surface, Ce n’est pas qu’ils ne fisent pouf, Que la Garnison ne dist ouf, Qu’elle ne parust sur la bréche, Qu’elle n’employast poudre & méche, Que maint coup ne fust entendu ; Mais c’est qu’il estoit deffendu Que dans ce beau siege de balle Aucun costé chargeast à balle Qu’il n’eust crié, Retirez vous, Autant pour eux comme pour nous, Sur les mesmes peines qu’on donne Au meurtrier d’vne personne, Car quiconque eust fait autrement Auroit peché mortellement Tout autant qu’en vn homicide. Vn homme moins vaillaint qu’Alcide. Mais certes plus homme d’honneur, Broussel, en fut fait Gouuerneur, Et son fils en cette occurrence Fut pourueu de la Lieutenance.
Le Mercredy mis sur pied fut Le premier Regiment qu’ou eut : Sur pied, non i’apperçoy que i’erre, [illisible] en touchoiẽt point à terre ; Nos guerriers estoient sur cheuaux Prests à fuyr deuant les Royaux.
13. Ianv.
Ce fut cette mesme iournee Qu vne petite haquenee Apporta de nostre costé Alexandre ressuscité. Ce grand Beaufort dont la presence Nous rendit beaucoup d’asseurance, Ce Heros, ce fils de Henry, Ce braue ce Prince aguerry, Iusques chez Renard redoutable, Ennemy iuré de la table, Ce fameux fleau de [1 lettre ill.]erzais Quand ils causent comme des iais, Ce Mars qui bat qui rompt, qui frappe, Et perce tout iusqu’à la nappe ; Ce Prince plu blond qu’vn bassin Et plus deuot qu’vn Capucin, Qui mit en rut toutes nos femmes Les honnestes & les infames, Baisa tousiours & rebaisa, Car iamais il ne refusa Ny harangere ny marchande, Ieune, vieille, laide, galande, Qui luy cryoit à qui plus fort Baisez-my Monsieur de Beaufort L’vne tendoit vn vilain moufle ; L’autre rendoit vn vilain soufle : L’vne estalloit ses cheueux blancs, L’autre ne montroit que trois dents, Dont l’ebenne estoit suffisante Pour en faire plus de cinquante. Il en baisa prez de trois cent ; Toutes d’vn baiser innocent, Fors vne ieune femme grosse Qui descendit de son carosse, Disant, mon fruict seroit marqué ; Car dans le baiser appliqué Au milieu de sa belle bouche, Il eut vn desir de sa couche, Et luy demanda rendez vous, En la baisant deux autres coups : Mais il fut depuis à confesse : Enfin ayant baisé sans cesse
Arriue
Ce mesme iour quitta son lict La Seine qui des siennes fit, Et se rendit tellement fiere La belle dame la Riuiere Qui s’estoit laissee engrosser (Par qui ie vous donne à penser) Ie ne sçay si la desbordee En auoit receu quelque ondee D’vn galland appellé le Temps Qui fit le mauuais fort long temps : Mais enfin il est veritable Que pour sa grossesse effroyable Deslors il luy conuint chercher Vn autre lict pour accoucher : Elle vsa fors bois en couche Comme ie l’ay sceu de la bouche De ses marchands mal satisfais Qui n’en tirerent pas leurs frais. Le pauure pont des Thuilleries Pour en auoir fait railleries, Fut par elle fort mal traitté : Et quelque moulin mal monté Eut proche du pont Nostre-Dame Le croc en iambe de la dame Qui le fit aller à vau-l’eau : Où firent aussi leur tombeau Vint & cinq tant mulets que mules, Dont les recherches furent nulles ; Et dix sept mal heur eux mortels Qui dans l’eau s’auoüerent tels : Or cessa sa rage & sa hayne Et promit madame la Seine D’estre plus chaste vne autrefois, Le dix-huitiesme de ce mois Qu’elle parut fort auallee Et s’est du depuis escoullee.
Le lendemain au Parlement Beaufort vint faire compliment, On haranguant sans artifice, Il demanda tout haut iustice D’vn crime noir & imposé Dont ie suis dit-il accusé.
14. Ian.
Le iour d’apres il fut fait quitte De l’accusation susdite. Lors le trauail recommença Et le trafic que l’on laissa Pour prendre la noble cuirasse, Eut son tour & reprit sa place : Le mousquet au croc fut remis.
15. Ian.
Le Samedy les ennemis Surprirent par supercherie Lagny, riche ville de Brie. Car Persan leur chef arresta Le Maire qui parlementa Sur la parole de ce traistre, Qui menaça de rauir l’estre Au pauure Maire qu’il retint, N’estoit que le Bourgeois atteint De compassion pour son Maire, Embrassant vn mal necessaire Pour sauuer ce vieillard grison, Receut enfin la garnison.
16. Iãv.
Ce iour mesme vn Abbé tres digne Issu d’vne famille insigne Et nostre Archeuesque futur, Dont le iugement est tres-mur, Et ce que ie treuue admirable C’est qu’estant sçauant cõme vn diable De plus, comme quatre il se bat Quand il croit que c est pour l’Estat, Eut & l’aura pourueu qu’il viue En Cour voix deliberatiue : Il fit depuis vn Regiment.
Le Dimanche le compliment Du Parlement de la Prouence Qui demandoit nostre alliance, Leu d par Messieurs, leur plût bien fort.
17. Ian.
Le Lundy le Duc de Beaufort Fut faict Pair en pleme Audience, Où comme tel il prit seance : En suitte lecture s’y fit De la lettre qu’on escriuit A tous les Parlemens de France, Elle fut pliée en presence, Et pour la cacheter aprés On fit venir chandelle expres, Ie pense des huit a la hure ; On mit dessus, port vne liure, Dans cette lettre on voyoit Que le conseil d’vn mal adroit Auoit pensé perdre à la [2 lettres ill.]alle Toute l’authorité Royalle :
18. Ian.
Le soir a cheual troupes fortes Sortirent par diuerses portes Pour la seureté des Marchands Qui portoient des viures des champs.
Le Mardy du costé de Brie Sortit auec Caualerie Le genereux Prince d’Elbeuf, Ce fut de Ianuier le dix neuf Qu ayant rencontré quelque bande Des voleurs de nostre viande, Notamment de cinq cent gorets, Il prit en main leurs interests, Et battant ces oyseaux de proye, Gaigna les gorets auec ioye Que ces animaux par leurs cris Firent connoistre à tout Paris.
19. Ian.
Le Mercredy le vingt, nous sçeusmes Par deux lettres que nous receusmes, Que le vaillant Comte d Harcourt Deuant Roüen demeura court, Bien qu’aux portes de cette ville Il furast comme tous les mille : Cependant que ce Parlement Ordonna d’vn consentement Qu’on priroit la Reine Regente D’estre si bonne & complaisante De [2 lettres ill.]sser Roüen tel qu’il est Deffendre seul son interest ; Et qu’ailleurs dresseroit sa marche Harcourt qui vint au Pont de l’Arche Monté sur vn cheual Roüen, Sans auoir entré dans Roüen.
20 Ian.
Des ce iour pour la Normandie, Terre belliqueuse & hardie, Le grand Longueville quitta Paris, qui fort le regretta La Cour fit deux Arrests en suite, Dont l’vn porte que sur la fuite De beaucoup de particuliers Sous des habits de Cordeliers, Et d’autres personner sorties, Que Scaron n’auroit trauesties, On deffend à grands & petits De prendre plus de faux habits, Ny de changer leur Seigneurie, Ne fust-ce que par taillerie ; Et parce que les partisans Fuyoient en habits de paysans, Les Ieans se faisans nommer Pierres, Les Pierres, Paul, si qu’en ces guerres, Souuent nos portiers par ce dol Prenoient S Pierre pour S Paul ; Parce que sous vertes mandilles, Et sous de traistresses guenilles, Qui receloient maint quart d’escu, Les Maltotiers monstroient le cu Sans qu’on le sçeust ; tant ces naquettes Sur leur mesure sembloient faites, Tant pour eux leur mine parloit, Et tant rien ne les deceloit, Tant auoit de correspondance Cet estat auec leur naissance. La Cour dit qu’on traiteroit mal Les masques de ce carnaual Portans momons hors de la ville Permis seulement a Virgille De sortir ainsi trauesty. Par l’autre Arrest fut consenty Qu’on gardast la vieille ordonnance Pour les soldats ; auec defense Aux gens de guerre de voler, De brusler, ou de violer ; Ains se contenter de l’estappe, Sans à leurs hostes donner tappe : Et que les biens en patiroient Des Chefs qui leur commanderoient.
Ce iour les Troupes Polonoisés, Qui ne cherchoient qu’à faire noites, Au bourg de Sevre & de Meudon, (Dieu vueille leur faire pardon,) Commirent sans les v[3 lettres ill.]lenees Plus d’vn demy cent d’insolences.
Ieudy fur leuë à l’Audience La lettre que l’one criuoit Le plus humblement qu’on pouuoit A la Mamman de nostre Sire, Où vous pouuez encore lire Les raisons que le Parlement Alleguoit de son armement. Qui sont assez considerables.
21 Ian.
Vendredy contre les Notables, Et quelques Escheuins d’Amiens, Arrest fut contre ces Chrestiens Rendu sur la plainte ciuille De l’habitant de cette Ville A la teste chaude & hardy L’Arrest portoit. Du Vendredy Le vingt-deux de cette annee, Que sur la Requeste donnee Sous l’aueu du grand Duc d’Elbeuf, Ce iour-la vestu tout de neuf L vn de nos Chefs, illustre Prince, Gouuerneur de cette Prouince ; Que le Picard s’assembleroit, Et d’autres Escheuins feroit.
21. Ian. 22. Ian.
Ce iour il arriua deux hommes De la capitale des pommes, Qui disoient que leur Parlement Auoit enuoyé promptement A leurs Majestez tres-Chrestiennes Porter ses tres-humbles Antiennes.
Samedy le bruit a couru Que l’Archiduc auoit paru Sur les asseurances receuës De nos frontieres dépourueuës, Dont on tiroit les garnisons Pour faire [1 mot ill.] locus des cloisons.
23 Ian.
Le Dimanche & le vingt-quatre Sortirent tous prests à se battre Force gens biens faits, gros & gras, Les cheueux frisez, le poil ras, En souliers noirs, en bas de soye. Tels que ceux qui vont tirer l’Oye. Gageons Prince que tu m’attens A nommer nos fiers habitans, Qui contre la pluye & l’orage N’auoient porté que leur courage, Et dont ils auoient peu porté Pour plus grande legereté. Ouy ie veux chanter la Iournee, La plus celebre de l’annee, Depuis [1 mot ill.] de [2 lettres ill.]uisy, Alors que le Bourgeois choisy, La pluspart la plume à l’oreille [2 mots ill.] qu’il feroit merueille, Et portant la fureur dans l’œil, Marchoit pour assieger Corbeil : Si la maison du sieur Des Roches N’en eust empesché les approches. Sotte & miserable maison, Qu’on te maudit auec raison ! Iuuisy mal heureux village Où manqua si peu de courage Qu’ils en auoient apporté tous, Sans toy Corbeil estoit à nous. Le Bourgeois alloit en furie, Ioint qu’on auoit Caualerie : Des fantassins & du canon, Et puis tu me diras que non, Ah ! maison de Monsieur Des Roches Que tu nous coustes de reproches ! Pourtant sa sortie eut effet, Le Pont de Sainct Maur fut deffait, Tandis que nos gens en desordre Assez bõs chiens s’ils vouloiẽt mordre.
24. Ian.
Le Lundy ne doit estre obmis Qu’on sceut qu’en Bretagne vn Cõmis De Monsieur de la Mesleraye N’auoit remporté qu’vne baye Ayant demandé six milliers, Tant Fantassins que Caualiers. Que la Cour n’auoit fait response Sur la demande de ce Nonce ; Ains defendu que Chef aucun Leue soldats ne fust ce qu’vn, Pour Monsieur de la Mesleraye Contre qui saigne encor la playe Et le trou qu’il fit au jabot D’vn crocheteur, veut que Chabot Qui sous main leuoit gens de Guerre Ait à dénicher de la terre, Et cependant qu’aux droicts Royaux Soit rejoint le droict des billots.
25. Ian.
Le Mardy le sieur la Raillere Fut pris en noüant sa jartiere Et mené comme vn espion. L’on ne connoist que trop son nom, Il est Monopoleur en diable, Autheur de la taxe effroyable Par qui tant de gens sont lesez Dessous le faux tiltre d’aisez, Il fut coffré dans la Bastille Et fit penitence à la Grille.
26. Ian.
Le Mercredy l’on eut aduis Que Messieurs de Lyon rauis Faisans des accueils fauorables A tous nos Arrests equitables ; Retinrent les gens que pour vous Amenoit vn Duc contre nous Le grand Schomberg qui prit Tortose Et qui pourroit faire autre chose Que de seruir la passion D’vn prodige d’ambition.
27. Ian.
Ce iour nous eusmes asseurance Qu’vn mouchard de son Eminence Vint les Chartrains questionner S’ils se vouloient Mazariner : Que Chartres entrant en fredaines Respondit vos fiévres quartaines, Allez chien d’espion au grat ; Iugez s’il retourna bien fat, La ville en estat s’estant mise De se garantir de surprise.
27. Ian.
Deslors vn Regiment botté Qui n’en estoit pas moins crotté Sortit du costé de la Brie, D’où vint à nostre Boucherie Le lendemain mouton & bœuf, Que ce beau Regiment d’Elbeuf, Ensemble de bleds & farines Amena des villes voisines, En aussi grande quantité Qu à Paris il en ait esté.
Ce mesme iour chemin facile Fut faict des Faux-bourgs à la Ville, Comme de la Ville aux Faux bourgs Les iours estorent encor tres-cours, Mais cela ne fit point d’obstacle Qu’vn second fils second miracle Né le iour ou precedent du suc De Monsieur son pere le Duc De la Duchesse de Longueville, Né, dis-je, dans l’Hostel de ville, Ne fut à Sainct Iean baptisé, Autrement Christianisé. Ayant la Ville pour Marraine, Madame de Boüillon Paraine ; Car ie n’ose dire Parain, Puis que c’est vn mot masculin : Et que ce fut Dame la Ville Qui tint le jeune Longueville.
La nuict deuant qu’il eust son nom Les cheuaux legers de Corinthe, Gens à l’espreuue de la crainte, Sur le chemin de Long-jumeau Rencontrerent sous vn ormeau Cent deux hommes d’infanterie, Et deux cens de caualerie, Hommes qui n’estoient pas pour nous, Sur lesquels & boutte à grands coups Donna nostre petite Trouppe, Qui pousse, qui bat & qui couppe ; Qu’on pousse, qu’on coupe, qu’on bat, Qui rend, & qui reçoit combat, Et fait joliment sa retraite, La partie estant trop mal faite, Seuigny commandant pour nous.
Le Ieudy nous apprisme tous Que dans la terre Prouençale La procession generale Que le peuple d’Aix bon Chrestien, Fit le iour de Sainct Sebastien, Fut interrompuë en sa file Par des soldats entrez en ville Sous l’ordre du Comte d’Alets, Gouuerneur de la-ville d’Aix. Surquoy la populace fiere Auec la croix & la banniere, Le benestier & l’asperges ; Battit ces gens, & prit d’Alets.
[illisible] Ian.
Nous sceusmes aussi qu’à Marseille L’on auoit ioüé la pareille Au ieune Duc de Richelieu, Arresté par ceux de ce lieu, Qui mesme auoient fait prisonnieres Plus des trois quarts de ses Galleres.
[illisible] Ian.
Le Samedy trentiesme iour Del Ordonnance de la Cour Les Conseillers Doux & Viole, Dont la vertu tient comme colle, Prirent la poste en maniement ; La Cour leur fit commandement Que passe-ports ils deliurassent De toute sorte & les signassent Tous deux, ou l’vn l’autre absent, & (En Latin) le Greffier Guyet.
Ce iour les trouppes d’Alexandre, Venant à Bry pour le sur prendre, I’entens vos Trouppes grand Condé, Il nous fut à Paris mandé. Surquoy nostre Cauallerie Prenant la route de la Brie Les ennemis fuirent tout net, Et pas vn d’eux ne ramenet ; Mais bien vne quantité grande De bleds & de viue viande, C’est à dire, de bestial Qui pour renfort du Carnaual Fut a Paris fort bien receuë, Et dont la Ville fut pourueuë.
31. Ian.
Lors on tira des Fuzeliers Des colonelles des quartiers, Et de la noble Bourgeoisie, Il alla quelque compagnie Pour faire garde à Charanton Tandis qu on menoit, ce dit on, La Garnison faire ses orges Deuers Ville neufue S. Georges, Et d’autre à Briconterobert, Qu’on craignoit qui fût pris sans vert.
Le Dimanche, Monsieur Tancrede Fut blessé d’vn coup sans remede, Blessé, dis je, d’vn coup mortel, L’issu du costé paternel Du feu Duc de Rohan son pere, Si l’on en croit sa chaste mere : Au reste vn enfant tres-bien né Aussi vaillant qu’infortuné. Il donnoit beaucoup d’esperance, Mais le mauuais destin de France Prit mal à propos le toupet Contre vn ieune homme si bien fait Qui portoit toupet sur sa teste. Comme l on voit dans sa Requeste, Voyons donc comme il a pery : Il reuenoit auec Vitry, Noirmoutier, & d’autre Noblesse Quand pour sa premiere prouesse, Et pour acheuer son Romant, Il rencontra quelque Allemand De la garnison de Vincenne Qu’il suiuit à perte d’haleïne,
(Madame
Le Lundy premiere journee Du second mois de cette annee, Vous fistes le determiné, Dont il prit mal à Fontenay, A ceaux, Palaiseau belle terre, Où vos barbares gens de guerre Firent és maisons & clochers Pis que n’auroient fait des Archers, Ou les voleurs de S Sulpice : Car ils prirent iusqu’au calice, Pillerent dans le benestier, Assommerent vn Marguillier, Des surplis firent chemisettes, Et beurent le vin des burettes, Prirent le liure d’Oremus Qu’ils ne respecterent pas plus. Le Mardy n’est pas remarquable. Ieudy quatre. Sortant de table Où l’on seruit force rosty Monsieur le Prince de Conty, Suiuy d’vne grande cohuë Fit faire à ses Gardes reueuë, Où se trouua Monsieur d’Elbeuf, Qui n’auoit pris qu vn jaune d’œuf, Tant son ardeur infatigable Le laissoit peu dormir à table.
[1 mot ill.]. Fev. 4. Fev.
Iour que pour nous faire du mal Sçachant que force bestial Nous venoit du costé de Brie, Bled, farine, autre drollerie, Qui sauuoit Paris de la faim, Et qui rompoit vostre dessein, Vous pensastes mourir de rage, Et pour nous boucher ce passage, Ayant en vain attaqué Bry, Qui n’estoit vostre fauory Depuis qu’à vos belles cohortes Il auoit refusé les portes, Vous tournastes vers Lesigny, Chasteau iadis à Conchiny, Où de la canaille rustique Ce iour à vos gens fit la nique, Et quelques soldats au milieu Venus de Bry voisin du lieu, Respondirent auec rudesse, Ie sons vallets de son Altesse, Ce sera pour vne autrefois.
Ce fut le cinquiesme du mois, Que quelques trouppes ennemies Pour poursuiure leurs voleries, Et le degast du plat pays, Prirent leur vol de S. Denys. Helas ! que tu deus estre en trance Pauure Mesnil Madame Rance, Qe iour c’estoit à toy le dez, Tes murs n’estoient pas bien gardez : Ils mirent au fil de leurs lames Enfans vieillards hommes & femmes, Et firent acte de larrons Par tous les bourgs aux enuirons.
5. Fev.
C’est ce iour, si ie ne me blouze, Que l’Archeuesque de Thoulouze Reuint icy de Sainct Germain : Mais non ce fut le lendemain, Nenny, ce fut ce iour là mesme Qu’estant allé dés le troisiesme Y faire predication De nostre bonne intention, En guise d’vne remonstrance, Il ne pût auoir audience, Et sans qu’on l’oüist il auint Que le zelé Prelat reuint.
Ce iour merite quelque notte, Puis que le Mareschal la Motte, Et le vaillant Duc de Beaufort, Qu’on appelloit frappe d’abort, Sortis auec caualerie Pour purger les chemins de Brie
Le sept. Par vous braue Condé, Le Duc d’Orleans secondé, Ayant tiré des voisinages, Des villes, bourgs, chasteaux, villages, Autant de Troupes qu’il en put, Sans que Paris debloqué fut, Il fit bien de caualerie Trois mille, & cinq d’infanterie, Qui filerent toute la nuit Vers Charenton à petit bruit.
[3 lignes ill.]
Lundy huit. L’Aurore éueillee Vous trouua dans vne vallee, Que nous appellons tous Fescamp, Où le voleur est tres-frequent Durant tous les mois de l’annee : Mais où deuant cette iournee Iamais tant il ne s’en compta Que dans ce iour elle emporta. Là vostre Gros prit sa seance, Et se saisit de l’eminence Tandis que quelque Regiment Détaché par commandement, Alla pour donner l’escalade A la malheureuse bourgade, Auant qu’aucun fut assommé Clanleu par vos gens fut sommé De leur remettre cette place, Qui ne leur fit pas cette grace ; Et sur l’heure les assiegeans De cette brauade enrageans Occuperent les auenües Que nos canons rendirent nües. Sans mentir le coup le premier Les fist plus nettes qu vn denier ; Le second rompit quatre cuisses, Le troisiéme tua deux Suisses. Nauarre braue Regiment Lâcha le pied vilainement : Vingt de ses Officiers à terre Maudirent mille fois la guerre Qui les enuoyoit chez Pluton Deuant vn chetif Charenton. Vostre Altesse ayant sceu l’escarre Qui s’estoit faite de Nauarre, Pensa creuer dans son pourpoint. Pourtant elle ne creua point, Sur l’esperance de combattre Le badaut qu’on tenoit à quatre, Qui comme vn Diable iuroit Dieu Qu’il vouloit secourir ce lieu. Il disoit d elle peste & rage Cependant qu’auec aduantage Elle attendoit ceux de Paris Comme le chat fait la souris : Se fiant sur son eminence Elle auoit grande impatience De taster le poux au Bourgeois Qui ne sortit point cette fois. Il est prudent & craint la touche, Ioint qu’il n’aime point la cartouche, Et qu’elle en auoit fait charger : Paris n’en vouloit point ronger, Et certes auecque prudence. (Puis qu’on dit que cette eminence Se pouuoit aussi peu forcer Que l’autre se pouuoit chasser.) Vostre Altesse faisant fanfare, Commit pour soustenir Nauarre Chastillon auec du renfort, Ou plûtost pour chercher la more : Car helas ! au bas de son ventre Vne balle de mousquet entre, Sans respecter ce Duc nouueau, Ieune, vaillant, adroit & beau. Tost apres vos troupes filerent Pat des jardins qu’elles forcerent,
Le Mercredy nostre support Sortit de grand matin Beaufort : Il auoit la puce à l’oreille, Aussi ce iour fit il merueille ; Car dés qu’à Charanton il fut, L’ennemy soudain disparut, Et luy presentant le derriere Se retira sur la riuiere Dans des moulins proche du pont, Où nostre Prince actif & prompt Ayant mandé l artillerie Pour batre cette Infanterie, Au nombre de deuz à trois cens, Receut vn aduis plus pressant Qui le fit denicher bien viste, Car il sceut qu’auoit pris son giste A Linas le fameux conuoy Qu’Estampe enuoyoit par charroy. Noirmoutier luy prestoit main forte Mais pour vne plus seure escorte La Mothe-Hodancourt & Beaufort, C’estoit à qui courroit plus fort, Estoient desia dessus la voye, Quand vn aduis on leur enuoye Que le Mareschal de Gramont S’auançoit en pas de Gascon Pour les couper sur leurs passages, Nos Generaux prudens & sages Vinrent en ordre martial Receuoir ce grand Mareschal. Qui monstra brauement la croupe (Dit la chansson) auec sa troupe, Bien qu’elle fust de cinq milliers, Tant fantassins que caualiers : Laissans tesmoins de sa disgrace Plusieurs Officiers sur la place, Entre lesquels il dit Adieu Au braue colonel Noirlieu, Qui sçauant au fait de la guerre N’en fut pas moins porté par terre, Quoy qu’armé comme vn Iacquemart, Et malgré les ruses de l’art S’abbatit en faisant vne esse Dessous Beaufort, de qui l’addresse Luy portal espee au gosier ; Coup qui l’empescha de crier Contre nostre guerre ciuile, Et d’embrasser cet autre Achille, Ce Beausort, dont l’illustre bras Combloit de gloire son trespas : Beaufort, dis-je, qui teste nue, Sans armes que celle qui tue, N’ayant qu’vn bufle sur le corps. Affronta ce iour mille morts, Les poussa, leur dit pis que pendre, Sans qu’elles osassent le prendre, Ce fut lors que nostre Bourgeois Fut aux champs la seconde fois Sur le bruit de cette rencontre : Chacun d’eux fort zelé se montre,
10. Fev. Art.
Le Ieudy fut pris la Vallette, Fruict de l’Espernonne brayette, Mais de ces fruicts qui sont bastards, Il fut pris semant des placards Placards qu’il croyoit pour recolte, Deuoit produire vne reuolte, Et qui n’eurent aucun effet, Si ce n’est que par eux fut faict A cet-homme pourpoint de pierre Qu’il eut le reste de la guerre.
[illisible]
Ce iour certains du Parlement Parlerent d’accommodement, Mais soit qu’ils n’eussent pas puissance, Soit pour la raison de l’absence De nos Chefs, la Cour fut d’auis, Qu’au lendemain tout fut remis.
Le Vendredy le Heraut d’Armes Me fit rire iusques aux larmes, Lors que ie le consideré Vers la Porte Sainct Honoré, Au matin, qui faisoit maint cerne, Comme pour inuoquer l’Auerne, Ie le vis qui faisoit trois tours A peu pres comme font ces Ours Qu’on fait monter à la ieunesse, Et qu’vn batteleur meine en lesse. Apres auoir pyroüetté Il demanda d’estre escouté. Mais Messieurs sans faite responce Laisserent ce bizearre Nonce, Ordonnans qu’il falloit mander Nos Generaux pour proceder, Et que par vne tolerance La Mothe auroit aussi seance. Nos Generaux estans venus, Il fut dit qu’on feroit refus D’introduire cette toupie, Qui ne manquoit pas de roupie, Et que Messieurs les Gens du Roy Iroient luy citer vne loy Qui deffendoit d’ouurir la porte A pas vn homme de sa sorte, Veu qu’ils n’estoient point ennemis, Ny souuerains, mais tres-sousmis Aux volontez de leur Monarque, (Responce digne de remarque, Et qui dût rendre bien camus Le Heraut qui ne tournoit plus.) Les mesmes iroient vers la Reyne Dire que ce n’est pas par hayne Qu’on a fait geler son Heraut, Que Messieurs ont fait comme il faut, Que c’est marque de leur science, Et non de desobeyssance. Selon qu’il fut dit il fut fait, Et le Heraut mal satisfait Mit son cheual à l’escurie Dans la prochaine hostellerie. Mais pour aller à Saint Germain Monsieur Talon baisa la main : Il repassoit en sa memoire Qu’il n’eut pas seulement à boire
12. Fev. 13. fev.
Ce mesme iour le fils puisné D’vn potentat infortuné Fat receu dedans nostre Ville, Où sa mere auoit pris asyle, Contre la fureur de l’Anglois, Infame bourreau de ses [1 mot ill.]
Le quatorziesme, & le Dimanche Par vn Prelat à barbe blanche Fut sacré Monsieur de Bayeux. Tandis qu’vn Edict rigoureux Qui fut fait en l’Hostel de Ville, Ordonna (chose tres-vtile) Aux Chefs & Maistres des maisons, Nonobstant toutes leurs raisons, De porter eux mesmes en garde Picque, mousquet, ou hallebarde, Et d’estre chez leurs Officiers Aux mandemens particuliers : De venir quand on les appelle En faction ou sentinelle, Selon l’ordre du Caporal, Qui bien souuent est vn brutal, Tousiours ignorant, parfois yure ; Mais bien qu’il ne sçache pas viure, Fit il en commandant vn rot, Il faut suiure sans dire mot, Et là prendre mainte roupie, Si le Caporal vous oublie, S’il cause, s’il dort ou s’il boit, Sans oser sortir de l’endroit, Où pour sentinelle il vous pose, Tant qu’il boit, qu’il dort, ou qu’il cause.
14. fev.
Or le Lundy quinziesme iour, Le vaillant la Mothe-Houdancour Au Parlement prit sa seance, Et depuis en toute occurence Fut Conseiller ad honores,
15. fev.
On eut aduis le iour d’aprea Que de Soissons l’Escheuinage Party pour vn pelerinage Qu’il alloit faire à S. Germain, Le Lieutenant homme de main S’estant mis tres fort en colere, Auoit fait faire vn autre Maire, Et creé nouueaux Escheuins, Que ces premiers furent Ianins Lors que la gueule enfarinee Par vne belle apresdinee Estans à Soissons retournez, On leur ferma la porte au nez : Quelqu’vn d’entr’eux prit la parole, Mais zeste comme il a pris Dole, Les portiers sont sourds à sa voix, Et par tout visage de bois.
16. Fev.
Ce fut cette mesme iournee Qu’à sept heures la matinee, Messieurs n’estans point assemblez, Il vint de Chartres force bleds, Que fit apporter la Boulaye, Que quelques vendeuses de raye, Qui l’allerent remercier, Nommoient leur pere nourricies : De fait, ce Controlleur des Halles, Esquiuant les troupes Royalles, Alloit à la prouision Plus souuent qu’a l’occasion.
Les Gens du Roy le dix septiesme, Sous vn passeport du seiziesme S’estoient desia mis en chemin, Et s’en alloient à Saint Germain Dire à la Reine en bonne amie Que par mespris ce ne fut mie Que son Heraut ne fut admis, Et qu’il falloit bien qu’elle eust pris Messieurs pour des niais de Sologne ; Quand deuers le bois de Boulogne Nos gens virent venir d’amont Le courtois Mareschal Grammont, Qui leur venoit offrir main forte, Et qui leur fit tousiours escorte.
17. Fev.
Ieudy le Gouuerneur de Bry, Qui depuis le fut de Sainct Pry, Connu sou le nom de Bourgogne Sur le Regiment de Bourgogne
18. Fev.
Ce iour mesme il nous fut mandé Que le beau-frere de Condé, Longneuille l’inébranlable Refusoit d’estre Connestable. Que cela fust en son pouuoir, Ie ne sçay. Mais il d’eust sçauoir Que tel qui refuse apres muse Si e prouerbe ne s’abuse.
Ce iour au Parlement on lut La lettre qui surprise fut, Et que par quelque manigance Escriuoit à son Eminence Le grand-homme Monsieur Cohon, Dont si vous abregez le nom, Il reste vn mot plein d’infamie, Qui fait tort à sa saincte vie. Il fut dit qu’on l’obserueroit, Et Gardes on luy donneroit, Comme à Monsieur l’Euesque d’Aire, Qu’on croyoit estre du mystere : Qu’en outre on prendroit au collet Vn Conseiller du Chastelet Laune, qui gaiguant la guerite N’attendit pas cette visite.
Ce iour l’Archeuesque regla, Et par son reglement sangla Messieurs de ieusne & de Caresme, Qui s’en venoient à face blesme Victorieux du carnaual Seconder le party Royal En nous ostant la bonne chere : Mais la farine estoit trop chere. Ce qui fit que nostre Pasteur Vsant enuers nous de douceur, Par vne forme d’indulgence, Et sans tiret à consequence Nous accorda de manger œuf, Mouton, goret, volaille & bœuf, Fromage veaux, agneaux esclanche, Lundy, Mardy, Ieudy, Dimanche ; Et du poisson les Mercredis, Les Vendredis & Samedis, Et toute la saincte sepmaine, Temps qu’il laissa sous le domaine D’vn Caresme tres-rigoureux Qui fut tout le reste aux Chartreux, Ou qui du moins y deuoit estre, Mais il se vint camper le traistre Chez quelques pauures habitans Qui disent-ils deuant ce temps Iamais si long ne le trouuerent, Et dés les Roys le commencerent : Si bien qu’en mageant son harant, Par vn effet bien different, Sans iours gras le gueux fit Caresme, Le riche n’en fit pas de mesme, Car ayant tousiours force plats Sans Caresme il fit les iours gras.
[3 lignes ill.]
Le Vendredy dans l’Assemblée Les gens du Roy vinrent d’emblée, Ils retournoient de Sainct Germain ; Lors ils dirent l’accueil humain Qu’ils auoient receu de la Reine, Qui sans leur tesmoigner de haine Leur auoit fait ciuilité, Et promis vne infinité De faueurs & de bien-veillance Dés que par leur obeïssance Messieurs du Palais prouueroient Les respects dont ils l’asseuroient ; Et que s’ils tenoient leur promesse Ils auroient du pain de Gonesse.
19. Fev.
Cependant l’Agent arriua Que l’Archiduc nous enuoya, Et dont disoit la harangere Il porte la paix, ma comere. Il venoit faire compliment A nostre Auguste Parlement. Et ce fut ce iour que le drosse Nous fit voir sa trogne Espagnolle. Iour, que recru de son trauail Il ne prit qu’vne gousse d’ail, Tant il auoit d’impatience D’estre bien tost à l’audience, Où la main dessus le rognon Il laissa tomber vn ognon Comme il tiroit de sa pochette Vne missiue assez bien faite,
Arriuée
Le Samedy, cent trois charettes De bleds, & de farines faittes, Renforcerent nos magasins, Malgré Messieurs les Mazarins, Ce conuoy nous vint de la Brie Au nez d’vne trouppe ennemie, Et fut conduit par Noirmontier, Homme sçauant dans le mestier, Et qui dans cette conjoncture Garantit fort bien sa voiture Des mains du Comte de Grançay Où le combat fut balancé, Mais nous eusmes victoire entiere, Peu de nos gens au Cimetiere Encor que le choc fust tres chaud, Monsieur de la Roche-Foucaud Et Monsieur de Duras le ieune Blessez par mauuaise fortune,
20 Fev.
Ce mesme iour les Ennemis Traisnerent canons plus de six, Dont ils firent battre en ruyne Le Chasteau de Monsieur de Luyne ; Lesigny, qui le lendemain Fut pris & tout son sain-crespin.
21. Fev.
Le Lundy la Trouppe Royalle Fit Gribouïllette generalle Aux enuirons de Monthlery : I’ensuis encor tout ahury. Piller, brusler autour de Chastre, Battre son Hoste comme plastre Ce sont ses pechez veniels, Quels seront ses pechez mortels ? En fin ayant sceu que les nostres Qui viuoient comme des Apostres. Venoient auec elle compter, Elle voulut bien se haster : Et la crainte de rendre compte Luy fit faire retraitte prompte.
22. Fev.
Ce mesme iour les Deputez Du Parlement s’estans bottez Allerent par mer & par terre Chercher la Reyne d’Angleterre, Pour méler ensemble leurs pleurs Et pour compatir aux douleurs De cette Princesse affligée Que les Anglois ont outragée, Decollant le Roy son espoux. Bons Dieux, ces peuples sont-ils fous Ensorcelez, malancholiques, Ypocondres ou fremeriques ? Ont-ils le diable dans les reims D’occire ainsi leurs Souuerains, Comme ils viennent de faire à Londre ? L’enfer les puisse-il confondre, Mais consolez vous grand Roy mor ? Et prenez quelque reconfort Vostre Maiesté n’est pas seulle, La Reyne Stuart vostre ayeulle Eut aussi le sifflet coupé : L’on dit que sans auoir soupé Ce peuple en qui malice abonde L’enuoya dormir hors du monde : Elle est encor à s’éueiller, Pour vous qui l’a fait sommeiller Noble Prince illustre victime De subjets enhardis au crime,
Le Mardy pour leur asseurance Nos Deputez à l’Audience ; Reçeurent des passe-par-tous.
23 Fev.
Mercredy vingt & quatre tous Messieurs assemblez appellerent Les noms de ceux qu’ils deputerent. Le Premier President Molé, Apres lequel fut appellé Monsieur le President de Mesme, Viole de la chambre mesme : En suite de ces trois fut hoc Menardeau ; catinal, le coq, Cumont, Palluau des Enquestes, Auec le Fevre des Requestes. Dans le cours Monsieur de Saintot. Vint au deuant d’eux au grand trot Auec ordre de les conduire, Sans qu’il fut permis de leur nuire Iusques au chasteau de Ruel ; Ordre qui pourtant ne fut tel Qu’est rangere cauallerie N’eust l’audace & l’effronterie De roder en monstrant les dents Pres du char de nos Presidens. En fin nostre Ambassade arriue, Et l’on la soula comme griue A Ruel, d’où le lendemain Elle partit pour Sainct Germain. Ce mesme iour sur l’asseurance Que les Royaux en abondance Par le pont de Gournay filoient, Et que Bry sieger ils alloient, (Lors pour le succez de nos armes Nos chefs oyoiẽt Vespres aux carmes) Où sçachans que les ennemis Deuant Bry le siege auoient mis, Ils sortirent de nostre ville Ayant à leur suite vnze mille, Tant caualiers que Fantassins, Si vous demandez leurs desseins, Les voicy. L’armée ennemie
24 Fev.
Estant ce iour-là dans la Brie, Ils alloient d’vn autre costé ; Et pour dire la verité, Nos chefs dans ces derniers bagarres Ne firent que ioüer aux barres, Estiez vous deuers charenton ? Nous vous cherchiõs deuers Meudon ; Et si des deux parties le nostre Rencontra quelquefois le vostre, Où lion fit de petits combats, Ce fut qu’on ne s’entendit pas, Ce fut par malheur, ou beueue, Par vne rencontre impreueue, Par quelques Soldats trop vaillans, Par des espions vn peu lents : Par fois dans quelque caracole Souuent contre vostre parole, Et tousiours contre nos desseins, Nous en sommes venus aux mains. Mais pour cette sois nostre armée Ne fut iamais plus animée, Et vous fistes bien d’estre ailleurs Pour éuiter de grands malheurs. Or tresve de la raillerie, Tandis que vous fustes en Brie, Nos Generaux tenans les champs Ce iour & les autres suiuans, Donnerent temps à tout le monde D’aller & de courre à la ronde, Cercher infinité de grains, Dont nos greniers furent si pleins, Que i’en sçay plusieurs qui creuerent Des quantitez qui s’y trouuerent.
Les iours suiuans furent vendus Selon plusieurs Arrests rendus, Les meubles de son Eminence, Qui bien que pleine d’innocence, Et qu’elle eust protesté d’abus, Il n’en resta pourtant rien plus.
25. Fev.
Le Vendredy l’on a nouuelle, Qui pour nous n’est bonne ny belle,
26. Fev. Siegedé
Ce fut au cul de la semaine que nos deputez vers la Reyne Au Parlement sont reuenus, Où deuant Senateurs chenus Et tous nos chefs à l’audience Ayans pris chacun leur seance, Là de leur deputation Ils firent exposition, Et rapporterent que la Reyne Auoit dit, ie n’ay point de haine, Et si i’osois boire du vin Nous beurions ensemble demain : Cependant nommer commissaires qui soient plenipotentiaires Tant pour la generale paix, que pour descharger de son faix Le pauure peuple de la France : Et pendant nostre conference Ceux qui vous portent à manger Pourront passer sans nul danger. Ce que la Cour trouua tres iuste, Et nostre Parlement auguste Conclud qu’en vn certain endroit Des deputez on enuoyroit, Et mesme qu’auant leur sortie La Reyne en seroit aduertie. Pour cet effect les gens du Roy Sy firent traisner par charroy.
27. Fev.
Le Dimanche quelque canaille Dont le feu fut vn feu de paille, Fit maniere d’emotion qui tendoit à sedition, Elle en vouloit à la soutanne, Et prit ie croy pour vne canne Monsieur le President Thoré, qui fut à peine retiré Des griffes de nostre fructiere qui le traisnoit à la riuiere.
28. Fev.
Le Lundy premier iour de Mars Ie fus courre de toutes parts Sans apprendre aucune nouuelle.
3. Mars.
Le Mardy nous receusmes celle qu’escriuoit le Duc d’Orleans, Laquelle ouuerte, on leut dedans que c’estoit chose tres certaine que la volonté de la Reyne Estoit de fournir tous les iours que la conference auroit cour : De bleds vne quantité fixe, Ny plus courte, ny plus prolixe, Tant par iour seulement. Surquoy La Cour voulut qu’aux gens du Roy On eust à porter cette lettre, Veu qu’ils estoient venus promettre A leur retour de Sainct Germain Bien plus de beurre que de pain, Et des passages l’ouuerture, Ce qui n’estoit qu’vne imposture, Et qu’ils priroient leurs Maiestez De faire iour de tous costez, Et de nous ouurir les passages, Veu qu’ils sont de dieu les images qui ne nous les boucha iamais, Et qui se dit dieu de la paix. Bref, qu’ils rompent la conference Sur cét article auec deffence
4. Mars.
Ils reuinrent le trois de Mars Moins guais que deuãt les trois quarts, Nayans pû tirer de la Reine Rien qu’vne mesure certaine De muids de pied reduits à cent Par chaque iour pour nostre argent, Dont seroit faite deliurance Moyennant que la conference Commençast dés le lendemain : Surquoy Messieurs amis du pain Conclurent qu’vne paix de verre Valloit mieux qu’vne forte guerre, Qu’vn souspir valloit mieux qu’vn rot, Qu’vn casque valoit moins qu’vn pot, Vne brette qu’vne lardoire, Coup à donner que coup à boire, Et que le corps d’vn trespassé Valloit bien moins qu’vn pot cassé, Vn Cabaret mieux qu’vne garde, Vne plume qu’vne hallebarde, Mourir saouli que mourir de faim, Voulans que dés le lendemain Nos Deputez fussent en voye.
5. Mars.
Ce iour nous eusmes de la ioye D’apprendre qu’à la fin du temps Nos soldats faisoient battre aux chãps, Eux que pour leur long domicille On nommoit les Soldats de Ville. Voyons où s’addressa leurs pas, Ce fut où vous ne fustes pas. Ils camperent prés de la Seine En toute bourgade prochaine, Et se rasseurerent vn peu Ayant de l’eau contre le feu ; Auec vn pont sur la riuiere, Par où pardeuant-par derriere De tous costez à gauche à droit S’enfuir quand l’ennemy viendroit : Pont que pour garantir d’embusche, Et d’estre brullé comme busche, Bref pour le sauuer de tout tort Aux deux bouts ils firent vn fort.
Le Ieudy se bottifierent Et pour faite accord s’en allerent Le Premier President Molé Dont ie vous ay déja parlé, Monsieur le President de Mesme, Dont ie vous ay parlé de mesme, Les Nemonds & les le Cogneux Presidents au Mortiers tous deux, Deux Conseillers de la grãd Chambre Dont la vertu sent meilleur qu’ambre : Messieurs Longueil & Menardeau Pour qui ie veux faire vn Rondeau : Des Enquestes Monsieur la Nauue Homme de bien ou Dieu me sauue, Monsieur le Coq, Monsieur Bitau Monsieur Violle & Palluau : Monsieur le Febvre des Requestes : Briçonnet Maistre des Requestes : Ensuitte vn homme tres-prudent Des Comptes premier President : Paris & l’Escuyer personnes Tres-vertueuses & tres-bonnes Des Aydes Monsieur Amelot Premier President fort deuot. Messieurs Bragelõne & Quatre-hõmes Qui pourtant ne font que deux hõmes : Pour nostre ville & le dernier Vn Escheuin nommé Fournier : Qui tous à Ruëls arresterent.
4. Mars.
Où le lendemain arriuerent Monseigneur le Duc d’Orleans, Et vous qui n’estiez pas ceans, C’est vous Prince que i’apostrophe, Vous qui faisiez le Philosophe Et l’homme d’estat dans Ruel ; Vous qui traittiez de criminel Vn corps qui sera vostre Iuge (Disons plustost vostre refuge.) Prince auoüez nous à present Ce qui vous sembla mal-plaisant Auant vostre metamorphose, Que c’est vne agreable chose De n’estre point pris sans decret, Et que c’estoit là le secret Qui pouuoit sauuer vostre Altesse D’vne captiuité traistresse Dont on ne se peut garantir, Et qui vient sans nous aduertir. Vous voila tombé dans le piege : Qui l’eust dit que ce priuilege
5. Mars. Mr le
Le Dimanche ie vis vn homme Qui disoit que vers Bray sur Somme L’Archiduc auoit déja beu, Et que vers Guise on auoit veu Voltiger des trouppes d’Espagne : Que le Duc Charles en Champagne Prés d’Auennes se pourmenoit, Et forces trouppes qu’il menoit.
7. Mars.
Lvndy qu’il estoit inutile Le Regiment de nostre Ville, Leué non sans beaucoup de frais En vn temps qu’on faisoit la paix, Ioignit l’armée à Ville-Iuifue, Qui de loin luy criant Qui viue, Il creut qu’il estoit déja mort, Et demanda quartier d’abord, Il estoit fait de Iansenistes, D’illuminez & d’arnaudistes, Qui tous en cette occasion Requeroient la confession Dont ils auoient blasmé l’vsage : Iouys vn de ce bauaudage Qui demandoit à Dieu tour bas La grace qu’il ne croyoit pas.
8. Mars. Mõsieur
Ce iour la Cour tira de peine Le grand Mareschal de Turenne Tenu coupable à Sainct Garmain. Pour n’auoir pas presté la main A la ruine de la Fronde, (C’est comme parloit tout le monde Du party pretendu Royal) On disoit de ce Mareschal Que pour nostre Ville affamée Il auoit offert son armée. Nostre Parlement l’accepta, Et dés ce iour mesme arresta Que declaration & Bulle, Toute sentence seroit nulle, Et tout Arrest fait contre luy : Ordonnant que dés auiourd’huy Il reuint s’il pouuoit en France : Et de plus pour la subsistance Que cent mille escus il prendroit Ez receptes qu’il trouueroit.
Le Mardy la Cour estonnée Sur la remonstrance donnée Par le Procureur General Que quelqu’vn du party Royal Fist deliurer l’autre semaine Sous l’authorité de la Reine Des commissions à certains, Aux Damillis, aux Lauerdins, Aux Gallerandes, aux Courcelles, De leuer des trouppes nouuelles. Ausquels & tous autres deffend Haute & puissante Cour qui pend Ceux qui sa volonté violent, Que plus de soldats ils n’enrollent, Sans vn Royal commandement Approuué par le Parlement, Defense à toute ame guerriere, Gentil homme ou bien roturiere, De prendre employ ny s’enroller, Sur peine de degringoler Du haut de Noblesse en roture, Et de roture en sepulture. Veut les villes & les bourgs Courent dessus eux comme à l’Ours, Qu’ils s’assemblent à son de cloche, Qu’à pied, qu’à cheual, ou par coche
9. Mars.
Le dix on sceut qu’en Normandie, Pour ioindre à l’armée ennemie Le Barron de Marré leuoit Le plus de trouppes qu’il pouuoit : Mais que Chamboy guerrier habille, Lieutenant du grand Longueville, Auec cinq ou six Cens cheuaux Ayant poursuiuy ces Royaux ; Sceut que dans le Chasteau de Chesne Ces gens qu’on faisoit pour la Reine Auoient eleu leur rendez vous. Il y courut tout en courroux, Et par vn plaisant artifice Faisant faire alte à sa milice Luy trentiesme quittant le gros Vingt à Chesne tout à propos, Où sans dire qu’il fust des nostres Il fut receu comme les autres, Qui beuuoient tous comme des trous, Et qu’on tua comme des poux : Car Chamboy s’estant fait connoistre Se rendit aisement le Maistre, Et les prit tous ou les tua, Comme vn second Gargantua.
10. Mars.
Le Ieudy vint à l’audience Auec des lettres de creance Que dans sa poche il apporta, Vn Deputé que deputta Monsieur le Duc de la Trimoüille Qui voulant empescher la roüille De son courage Martial, Monté dessus son grand cheual Pour le secours de nostre ville, Auoit leué prés de trois mille La moitié grimpez sur roussins, L’autre moitié des fantassins.
11. Mars.
La nuit les Trouppes ennemies Que nous croyions estre endormiee, Vinrent voir ce que nous faisions, Et virent que nous acheuions Nostre pont dessus la riuiere, Ouurage qui ne leur pleut guere, Et qu’elles eussent bien aimé De voir de loing bien allumé : Ce fut du costé de la Brie, Que parut leur cauallerie Qui vint reconnoistre ce pont ; Mais son retour sut aussi prompt qu’auoit esté son arriuée, Heureuse de s’estre sauuée, Puis qu’elle eust biẽ tost veu beau ieu ; Les nostres affligez fort peu D’auoir manqué cette couronne, Et de n’anoir tué personne, Veu que c’est vn acte cruel : Et que l’on traittoit à Ruel.
D’où le lendemain retournerent, Et des articles apporterent Tous nos Messieurs les Deputez Assez tard, mais assez crottez Et dés ce iour les deux armées, Se sont vniquement aimées, Il n’est pas resté pour vn grain De Frondeur ny de Mazarin.
12. Mars.
Samedy la Cour assemblée Parut extremement troublée D’apprendre que nos Generaux N’auoient esté qu’en certains mots Compris an traitté pacifique, Sans auoir fourny de replique, Veu que personne de leur part N’auoit Contesté pour leur part. Si bien qu’en cette conioncture, Il fut dit qu’auant la lecture De ce qu’on auoit arresté, Derechef seroit deputé Pour conferer des aduantages De ces illustres personnages, Et de tous les interessez, Tant qu’ils eussent dit c’est assez, qu’on supplieroit le Roy de mettre En vne seule & mesme lettre.
13. Mars.
Ce iour on eut aduis certain que Monsieur du Plessis-Praslain Auoit des trouppes ennemies Fait vn amas des mieux choisies, Pour s’opposer à l Archiduc qui s’auançoit d’vn pas caduc, Et de qui la desmarche lente Ne doit pas moins d’espouuante.
14. Mars.
Le Dimanche les Deputez En carrosse estoient la montez, quand lettre du Roy fut receuë En termes absolus conceue,
Le Lundy. La teste affublée Nos Chefs estans en l’assemblée, Lesdits articles furent leus, Et la Cour n’en fit point refus ; Mais seulement pour la reforme De quelqu’vn qui sembloit enorme, Ordonna qu’on deputeroit, Et qu’ensemble l’on parleroit, Pour nos Chefs, qui feroient escrire Ce que chacun pour soy desire, Pour estre au traicté de Paris Tous les interessez compris.
15. Mars.
Ce Lundy. Le Courrier du Maine, Mit nos espris hors de la peine Où long-temps ils auoient esté, Si le diable auoit emporté Le sieur Marquis de la Boullaye, qu’il asseura pour chose vraye Auoit paru vers ces quartiers Auecque force Caualliers qui sçauoient mener le carosse, Et ne cherchoient que playe & bosse. que le Marquis de Lauerdin Fuyant deuant eux comme vn din, Toute la Mancelle contrée Pour Paris s’estoit declarée.
La Boullaye
Le Mardy. Tous nos Deputez Sous des passe-ports apportez, Pour la troisiesme fois marcherent, Et comme il estoit dit, allerent Pour leurs Marestez supplier que du mois d’Octobre dernier La Declaration receue Apres tant d’allée & venue Pour le commun soulagement, Ne souffrist aucun detriment.
16. Mars.
Le Mercredy. Lettre ciuille Vint de Monsieur de Longueville, qu’il addressoit au Parlement, Et qui n’estoit qu’vn compliment, A qui fit aussi tost responce, La Cour qui pese tout à l’once. Or ce iour le Duc de Bouillon Ayant pris congè du bouillon, Des medecines. des clysteres, Et des drogues d’Apotiquaires, N’estant debout que de ce iour, Releua la Mothe-Houdancour, A Ville-Iuifue, où nostre armée S’estoit desia bien enrhumée.
17. Mars. Le Duc
C’est ce mesme iour qu’on a sçeu qu’au Mans auoit esté reçeu Nostre Marquis, de la Boullaye, qui bien qu’il criast holla, haye, Alte, Marquis de Lauerdin, L’autre ne fut pas si badin que de tourner iamais visage, Ains courut tousiours dauantage, qu’à la parfin nostre Marquis Ayant force chappons conquis, Les faisoit cuire en cette ville, Et que ses gens estoient cinq mille.
Vn autre aduis bien plus certain, Fut que le Mareschal Pralain, qui d’vne desmarche guerriere Estoit allé sur la frontiere Taster le poux à Leopol, Auoit pris ses iambes au col : Sans auoir dit ny quoy, ny qu’est-ce, (Ce qui n’est pas grande prouesse,) Et qu’estant icy de retour, Dans leurs garnisons d’alentour Ses trouppes estoient retournées : Trouppes tres-mal moriginées,
18. Mars.
Le Ieudy, les chefs de nos bandes, Ayant fait chacun des legendes De tous leurs petits interests, Commirent à Ruel exprés Pour porter leurs humbles prieres, Le Duc de Brissac & Barrieres, Le sieur de Bas & de Crecy.
19. Mars.
Le Vendredy dix neuf, icy Nous sçeusmes que dans la Gascogne La Reine auoit de la besogne, que le Parlement de Bordeaux Tout prest à iouër les cousteaux, Auoit fait armer à nostre ayde, L’action n’en estoit pas laide, Car le Normand & ce Gascon, Et le nostre faisoient tricon.
Ce mesme iour par vne lettre Thoulouse nous faisoit promettre que nous pouuions tenir pour hoc Le Parlement de Languedoc, qui se declaroit pour le nostre, Tellement qu’auec que cét autre, C’estoit vn quatorze bien fait.
Le Samedy ny beau ny laid, Ny chaud ny froid, à l’audience Nos generaux prirent seance, Et là dirent tous d’vne voix, qu’ils auoient donné cette fois Des propositions à faire, Mais qu’ils l’auoient crû necessaire, Monsieur le Cardinal resté, Pour n’auoir plus de seureté, Sçachant bien qu’homme d’Italie Iamais vne offence n’oublie. qu’au contraire ils estoient tous prests D’abandonner leurs interests S’il luy plaisoit faire voyage, Sinon, que pour vn tesmoignage qu’ils seroient tousiours seruiteurs De nos illustres Senateurs, Ils s’en rapportoient à ces Iuges, Protestans que dans nos grabuges Ils auoient armé seulement Pour le public soulagement.
20. Mars.
Ce iour ordonnance Royalle Dessus la plainte generalle qu’auoient faite nos Escheuins, qui n’estoient pas des quinze-vingts, Voulut qu’on nous donnast des viures, Pain & vin, dequoy nous rendre yures, Et boire en diable à la santé De sa Chrestienne Maiesté, De toutes parts, par eau, par terre, Librement comme auant la guerre Le commerce estant restably, Et le reste mis en oubly : Bonne nonuelle pour la pance.
Lundy vingt & deux, en l’absence Du vaillant Prince de Conty que la fiévre auoit inuesty, Le Coadiuteur en sa place Vint au Parlement, de sa grace, Dire que le iour precedent L’Archiduc homme fort prudent, Escriuit au Prince malade Qu’ayant fait vne caualcade, Et dit au Mareschal Praslain, Ie suis sur la terre villain, Pour oster toute deffiance Qu’il vouloit enuahir la France, Il estoit prest de retourner, Si la Reine pour terminer Les differents des deux Couronnes Vouloit nommer quelques personnes. Et dit nostre frondant Pasteur Que Conty prenant fort à cœur L’occasion aduantageuse De conclure vne paix heureuse, Auoit à Ruel deputé Pour derechef estre insisté Sur ce que l’Archiduc propose, Qui meritoit bien vne pose.
22. Mars.
Ce iour on sçeut qu’à S. Germain On avoit fait accueil humain Aux deputez de Normandie qui pour chasser la maladie Dont nous estions tous menacez, Y venoient comme interessez Pour deliberer du remede ; que le bon Dieu leur soit en aide.
Le Mercredy, l’on sçeust qu’Erlac Estoit clos & coy dans Brissac, quoy qu’en nous voulust faire entẽdre qu’il venoit nous reduile en cendre. L’on sçeust que Normands Deputez S’estoient tous bien-fort aheurtez A l’enuoy de son Eminence, Et l’on nous donnoit asseurance qu’ils ne despliroient leur cahier qu’il n’eust vn pied dans l’estrier. Mais s’il est vray qu’ils le promirent. Ces Normands apres se desdirent, Et certes tutant à propos qu’il se peut pour nostre repos : Car qu’on renuoyast pour leur plaire Vn ministre si necessaire Comme Monsieur le Cardinal ; quelque sot se fut fait du mal, Et plus sot qui l’auroit pû croire qu’vn Prince ialoux de sa gloire Eut deffait ce qu’il auoit fait En vn fauory si parfait, Pour quelque courtaut de boutique Qui n’aimoit pas sa politique. Aussi les Deputez Normans S’ils auoient fait quelques sermens De ne desplier point leur Roolle, Ne garderent pas leur parolle, Et cette fois manquant de foy Seruirent la France & leur Roy.
Ce mesme iour : Fut dit en ville Que le grand Duc de Longueville Auoit pour assieger Harfleur Fait partir sous vn chef de Cœur Des trouppes dés le dix-septiesme : Et que ce chef le dix neufiéme Far vn tambour nommé la Fleur Fit sommer la ville d’Harfleur, Qui luy dit vostre fille Heleine ; Ie suis seruante de la Reine. Mais quatre pieces de canon Luy firent bien tost dire non ; Car plus deffaitte qu’vn Cadavre Ayant depesché vers le Havre Dont chacun sçait qu’elle depend, Pour venir estre son garand (C’estoient les termes de sa lettre) Ce Gouuerneur se voulut mettre En deuoir de la secourir Et pour l’empescher de perir Détacha deux cens cinquante hõmes Qui venoient en mangeans des põmes, Quand sur le chemin ces mangeans Tieuuent vn party de nos gens : La peur saisit ces miserables Qui fuyrent comme des beaux diables, Nul ne regardant apres soy. Enfin ils eurent tant d’effroy Que quand dans le Havre ils entrerent Les huict heures du soir frapperent Bien que partis au chant du coq. Et que Harfleur qui nous est hoc, Du Havre fust à demie heuë, Mais la pour qu’ils auoient en queue Leurs fit oublier le chemin, Tellement que le lendemain Ha fleur nous fit ouùrir la porte, La garnison n’estant pas forte
Le Ieudy, iour que Nostre-Dame Sceut que de fille elle estoit femme Par vne Annonciation, Tout estoit en deuotion Quand lettre de cachet venue Fit que sceance fut tenue, Où quand nos Chefs furent venus Tous les premiers propos tenus Furent de sçauoir si la trefve, Ennuyeuse aux gens de la Greve. Et qui finissoit ce iour là, Passeroit encor au delà : Trefve qui receut anicroche Iusques au Lundy le plus proche. Et compris inclusiuement Par vn Arrest du Parlement.
25. Mars
Ce iour à la Ferté sur Iouarre, Vn Mazarin qui disoit, Garre, Qu’on face place à mon cheual, Ie viens pour le party Royal Loger icy des gens de guerre, Fut accueilly à coups de pierre, Et de quelque coup de fuzil, Ie pense que d’vn grain de mil On eust lors bouché son derriere, Heureux de retourner arriere, Maudissant tout cicatrisé, Le manant mal ciuilisé, Qui depuis garda ses murailles, Crainte du droict de represailles.
Samedy du mois vingt-sept, Vostre frere encor tout mal fait Du reste de sa maladie, Fit declaration hardie ; Que celles que iusques à ce iour Il auoit faites à la Cour De ne faire aucune demande Pour luy ny pour ceux de sa bande,
27. Mars.
Le Cardinal estant sorty : Que foy de Prince de Conty Ces declarations signées Qu’on auoit iusqu icy bernées. Receuroient applaudissement, Pourueu qu’il pleust au Parlement, Rendre Arrest, que son Eminence Eust à denicher de la France, Parce qu’il ne pouuoit iamais Autrement conclurre la paix : Que le feu par tout s’alloit prendre S’il n’estoit couuert de sa cendre. Qu’il prioit la Cour d’y resuer Auant mesmes que se leuer ; Surquoy la Cour à sa priere Resua tant sur cette matiere Qu’apres son resue elle a treuué Qu’il auoit le premier resue. Cependant pour faire Grimace, Et pour ne rompre pas en face De ce Prince qu’elle honoroit La Cour dit que l’on enuoiroit Insister sur cette retraitte, Qui ne s’est pas encore faite. Ce iour nous sçeusmes que Ierjay, Du party contraire engage, Partoit de Sainct Germain en Laye Pour s’opposer à la Boullaye Qui faisoit merueille en Aniou, (Car il n’est pas tous les iours fou, Cõme il n’est pas tous les iours feste.) Et puis ce n est que par la teste Qu’il est fol, quand il l’est par fois Notamment les onze des mois.
Or ce Marquis à teste seiche Estoit entré dedans la Fleche,
Ce fut
Le Dimãche on sçeut qu’à Bordeaux Les coups desia pleuuoient à sceaux, Le tout pour la cause commune : L’habitant au clair de la Lune Auoit pris le Chasteau du Hact, Et depuis auoit fait vn pact D’inuestit le Chasteau Trompette ; Cela n’est point dans la Gazette. Ce iour mesme il vint vn courrier, Qui perdit cent fois l’estrier, Et se pensa casser la teste Tant il pressa sa pauure beste,
Le iour d’apres en l’assemblée, De diuers soucis accablée Sçauoir si l’on contineroit Comme la Reine desiroit Nostre trefve en son agonie, Conclut toute la compagnie qu’elle auroit liberalement Vingt & quatre heures seulement. Apres lesquelles nouueau trouble, Et plus de trefve pour vn double.
29. Mars.
Ce mesme iour sut deffendu Par vn Arrest qui fut rendu, qu’on n’imprimast plus aucun liure, Dont le debit auroit fait viure quelque miserable imprimeur, Et quelque Burlesque rimeur. qui comme vn second Mithridate Estoit plus friand qu’vne chatte Au poison qui le nourrissoit Dans l’instant qu’il le vomissoit.
Glorieux de la medisance qu’il faisoit de son Eminence Il viuoit de son acconit : Et c’estoit pour lors pain benist De parler mal du ministere, De chanter Prince de lanlere, (Car on parloit presque aussi mal De vous comme du Cardinal.) On ne vit onc tant de satires Ny de meilleurs, ny de pires qu’on en sic de vous & de luy, Et de vous encor auiourd’huy. La Cour sans expres congé d’elle Sur vne peine corporelle Deffendit de rien imprimer, Ce qui ne fit que r’animer Cette criminelle manie que chacun croyoit assoupie ; Mais de qui la demangeaison S’accroist de puis vostre prison. Le Mardy. La nuict estoit close (L’homme propose & Dieu dispose) Lors qu’on ne les attendoit plus Nos deputez sont reuenus.
30. Mars.
Le Mercredy dans l’audience Le procez de la conference Leû qu’il fut haut de bout en bout, Au lendemain on remit tout.
31. Mars.
Et le premier d’Auril fut leue La Declaration receue qui nous rendit nostre repos, Dont voicy les poinct principaux. Nos arrests, escrits & libelles Ne seront que des bagatelles Depuis le sixiesme Ianuier qu’il fut tant perdu de papier Sans que pour chose aucune faite personne en soit plus inquiette, Ce que pour nous rendre plus doux, Le Roy voulut que contre nous Tant de lettres expediées De Declaration criées Du costé de sa Maiesté, Tout fust cassé par sa bonté, qui prit la place de la haine : Et dit que sa Mammam la Reine Dés le premier beau iour d’Esté Enuoiroit au Fleuue Lethé quelqu’vn qui prist de cette eau forte, qui fit oublier toute sorte D’vnions, ligues & traittez, Dont ne seroient inquietez Ceux qui pour faire telle ligue, Non contens de faire vne brigue, Ont leué soldats, pris deniers, Tant publics que particuliers, qu’on maintiendra dans leurs Offices, Biens, honneurs, charges, benefices. Au mesme estat qu’ils se trouuoient quand les Parisiens beuuoient La nuict des Roys, nuict qu’ils perdirẽt Le vray pour mille faux qu’ils firent : Pourueu qu’ils mettent armes bas, Et ne s’opiniastrent pas Aux ligues s’ils en ont aucune Sous couleur de cause commune. Tous les prisonniers renuoyez : Tous nos soldats congediez, Ce qui fut fait. La Cour ioyeuse D’vne fin de guerre ennuyeuse,
[illisible] Avril L’Esté FIN. |
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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.