Questier, Mathurin, dit Fort-Lys [1649 [?]], CONCLVSION DV IOVRNAL POETIQVE DE LA GVERRE PARISIENNE. Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie. Par M. Q. dit FORT-LYS. , françaisRéférence RIM : M0_1763. Cote locale : C_4_38_13.
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CONCLVSION
DV
IOVRNAL
POETIQVE
DE LA GVERRE
PARISIENNE.

Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie.

Par M. Q. dit FORT-LYS.

 


VENEZ aymable Paix nous combler de bonheur ;
C’est Vous qui chasserez loin de nous le malheur :
C’est icy qu’on verra l’éclat de vostre gloire,
Où l’on vous placera au Temple de Memoire.
Venez, nous desirons d’encencer vos Autels,
Quoy que nous ne soyons que des hommes mortels.
Ne nous mesprisez pas : Venez, venez nous voir,
Nous vous embrasserons de tout nostre pouuoir.

 

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C’estoit le seul souhait de nos Parisiens,
Que de reuoir de Paix les glorieux liens :
C’est ce que desiroit nostre Françoise terre,
Afin de mieux regir son abondant parterre.
Tout le monde respire vn air doux & plaisaint,
Et le temps ne veut plus se rendre desplaisant :
On n’entend point le bruict des fougueuses allarmes,
On voit les ratelliers bien garnis de leurs armes.
Les Portes sont ouuertes ; on ne fait plus de guet,
La picque se repose ainsi que le mousquet.
L’accent d’vn Qui va là, n’estourdit point l’oreille,
Et l’on a oublié de poser Sentinelle.
Le monde rajeunit, comme vn joly Printemps,
Reprenant le trauail pour escouler le temps.
Il ne faut plus de plomb, de poudre, ny de mesche,
Point de fonde, ny d’arc, encore moins de flesche.
Chacun se tient content de quitter le mestier
De Mars, trop penible dans vn Paris altier :
Et des-ja le matin on donne des aubades
Aux filles, & l’on va ioyeux aux pourmenades.

 

 


C’est vn doux passe-temps que d’aller à Vitry,
C’est estre en Paradis, que de reuoir Yvry :
Nos Citadins ioyeux rappellent leur memoire,
L’vn chante, l’autre rit, & s’amuse à boire
Du vin delicieux, à la santé du Roy,
Qui reuiendra bien-tost, comme le monde croy.

 

 


D’autres plus curieux, d’vne façon naïfue,
Se portent diligens au Bourg de Ville-Iuïfue
Afin d’y contempler les fortifications,
Pour en pouuoir parler dans les occasions.

 

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L’on va à Gentilly, à Arcuëil, à Mont-rouge,
Et là on va blasmant les gens du Bonnet rouge,
A cause qu’ils y ont plein de brutalité,
Commis des cas vilains contre l’hostilité.

 

 


L’on n’oublie pas Clamar, Fontenay, ny Meudon,
Sévre, Sainct Antony qui furent à l’abandon,
Des sales Polonnois, & malins Allemands,
Qui sont, comme l’on sçait, des voleurs & gourmands.

 

 


Sainct Cloud en est aussi, Ruël auecque Nanterre,
Pourmenoirs où l’on va tant par eau que par terre.

 

 


Surenne est du party, mais on ne sçait comment,
Elle a pû endurer vn si fascheux tourment :
Veu que sans espargner les filles ny les femmes,
Ils leurs ont fait sentir leurs impudiques flammes.

 

 


Puis le Mont-Valerien, parmy cette chaleur,
Vid de l’enfer affreux l’execrable valeur.

 

 


Et Sainct Germain en Laye sejour de nostre Roy,
Lieu qui nous a donné en cét an tant d’esmoy.

 

 


On ne manque aussi de visiter Mont-martre,
C’est vn lieu où l’on va ioyeusement s’esbatre.

 

 


Passons à Sainct Denys voir les Monumens,
Et la ruïne entiere de plusieurs bastimens.

 

 


Auberuilliers ioyeux se nourrit d’esperance,
De bien-tost se vanger en haussant la despence
De Messieurs de Paris ; Et pour se remplumer
Du tort qu’ils ont receus quand on les fit armer,
Pour aller au deuant du Conuoy de Gonesse,
Où ils monstrerent hardis vn tour de leur addresse,
En arrachans vaillans, des racines, & oygnons,
Des blettes-raues, choux, des poireaux : mais voyons

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Si nos gens vont cueillir des mouches à Charonne,
Et si son triple Echo, en ce temps cy resonne.
Oüy ; car on y va encor s’y pourmener,
Et chacun sa Maistresse y desire mener.

 

 


Charanton tout desert leue au Ciel ses yeux,
Priant Dieu d’enuoyer la Paix en ces bas lieux :
Car il auoit besoin de reuoir la journée,
Qui peut changer en bien sa perte infortunée,
Et qui le consolast du tort qu’on luy a fait,
Afin de voir encor son lieu plein & refait.

 

 


Voylà les pourmenoirs de Messieurs de Paris,
On ne lamente plus, ce n’est que jeux & ris ;
On tasche à se r’auoir, on ne craint plus personne,
Le tambour ne bat point, la trompette ne sonne ;
Les armes sont penduës au croc estroictement,
Et le peuple, sans peur, marche adroictement.
On ne sçait plus que c’est que de courir aux Halles ;
De toutes Marchandises on enuoye des balles ;
Chaque Dame pretend de r’auoir sa seruante,
Sans craindre que la faim desormais l’espouuante.
On fait les ouuriers en tous lieux trauailler ;
Ce n’est pas sous les Portes où l’on nous void veiller.
C’est chez nous, maintenant, & en nostre famille ;
On ne void plus trainer d’espée en cette Ville :
Pour faire la Patoüille il n’est point de fallot,
Et l’on void retirer doucement le Pallot.
Neantmoins il y a des personnes maudites,
Qui sement des faux bruicts, des discours, des redites,
Capable de grauer, par leur inuention,
Dans vne ame credible encore l’impression

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D’vne future Guerre, & que la Paix n’est faite,
Que pour nous abuser ou du moins imparfaite.
Langue pleine de fiel arreste tels discours,
Et laisse nous ioüyr de la Paix en nos iours.
A qui t’adresse tu ? As-tu la hardiesse,
Que d’offencer ainsi vne telle Princesse,
Qui nous l’a procurée auec tant de soin ?
Et quoy ! ne sçais tu pas que nous auions besoin
De cette aymable Paix ; car on ne voy personne,
Qui murmure dequoy le Ciel ce bien luy donne ?
Et tu veux empescher que nous goustions le fruict,
Qui en peut prouenir par l’esclat de ton bruict.
Fais mieux si tu me crois, sois sage desormais,
De semblables discours ne t’entretiens iamais :
Mais viens auec nous en toute allegresse,
Entonner ce motet de cette aymée Deesse.

 

 


Ie suis l’aymable Paix,
Qui vous vient retirer des horreurs de la Guerre :
Ie veux supporter vostre faix,
Et vous faire gouster les doux fruicts de la terre.
Contemplez de vos yeux,
L’amour des Cieux.

 

 


C’est moy qui vous cherit,
Desirant desormais vous couronner de gloire,
Par moy rien ne perit :
Sage, ie sçay donner aux humbles la victoire,
Rendans leurs ennemis,
Parfaits amys.

 

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Sans crainte de la mort,
Pardonnez courageux à tous vos aduersaires.
Ie suis vostre support,
Et ne vous laisseray au milieu des affaires :
Aymez moy chastement,
Et sainctement.

 

 


Ie vous feray sentir,
Quelles sont mes douceurs, & mesme ma puissance,
Et feray repentir
Les esprits malheureux qui vous portent nuisance,
Les rendant odieux
Deuant les Dieux.

 

 


Viuez contens icy,
Et faites vos trafics auec plus d’asseurance,
Tandis que me voicy,
Pour remettre, bien-tost, le repos dans la France,
Assemblez vos desirs,
A mes plaisirs.

 

 


Et bien, n’entends tu pas par ces charmans accords,
Que nous deuons, prudens, bannir tous les discords ?
Cognois-tu cette voix, qui de son eloquence,
Nous promet, desormais, la Corne d’Abondance ?
N’est-ce pas cette Paix qui te doit contenter,
Et briser les discours dont tu te peux vanter ?
Cesse, donc, maintenant de blasmer la prudence,
De ceux qui souhaittent le repos dans la France.

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Ainsi tu feras voir que nos fiers ennemis,
De meschans qu’ils estoient se sont rendus amis :
Et que sympatisant leur amour à la gloire,
Ils ayment mieux fléchir, & donner la Victoire
A ceux qui, sans appuy, ne pouuoient resister,
Et qui ne pensoient pas leur malheur éuiter.
Tais-toy, donc, desormais, & refraine ta langue,
Qu’elle ne serue plus qu’à dire vne harangue,
Qui d’vn stil sans pareil, puisse fléchir les Cieux,
Laissant la Paix en paix regner dedans ces lieux
Bannissons les frayeurs qu’vne Panique guerre,
Laisse ordinairement ramper dessus la terre,
Et loüons hautement ce Don donné de Dieu,
En reuerant la Paix qu’il a mis en ce lieu.

 

 


Qui est-ce qui pourra nous fascher desormais,
Puis que nous embrassons mignardement la Paix ?
Qui seroit si hardy de nous porter nuisance ?
Et qui molesteroit nostre libre puissance ?
Seroit-ce l’Estranger ? Non, non, il ne sçauroit,
Nous mener à courbet, ainsi comme il voudroit.
Nul ne peut, orgueilleux, sur nous rien entreprendre,
Qui nous attaqueroit, n’auroit qu’à se deffendre ;
Et d’vn pas diligent nous tourner les tallons,
Cognoissant qui nous sommes, & ce que nous vallons.

 

 


Sus, donc, soyons ioyeux, viuons en esperance,
Et nous resioüissons du repos de la France :
C’est maintenant qu’il faut nous donner le plaisir,
De contempler celuy qui est nostre desir,
C’est le DONNÉ DE DIEV, & le chery des cœurs ;
C’est le Roy des François, qui seul les rend vainqueurs,

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C’est celuy que le Ciel auec soin enuironne,
Et qui sçait conseruer sa Royale Couronne.
Il est le premier Chef, de tout nostre bon-heur,
Seul qui a exilé loin de nous le malheur,
Et qui d’vn sainct amour va remplissant nos ames,
Eschauffant nos desirs aux ardeurs de ses flàmes.
Enfin ce beau Soleil Iuyt sur nostre Horison,
La campagne n’est plus son errante maison.
Il veut dedans Paris establir son Empire,
Vn monde tout entier apres ce bien souspire.
Courage, mon grand Roy, reuenez parmy nous,
Vous nous verrez ployer les genoüils deuant vous.
Ce Peuple qui cherit vne Royale enfance,
Proteste de flechir sous vostre obeyssance.
Sus, donc, ne tardez plus de nous venir reuoir,
Tout s’appreste icy pour vous mieux receuoir :
On vous fait vn bouquet de fleurs admirables,
Que l’Orient chez soy n’en trouue de semblables,
Les Roses & les Lys en seront l’ornement,
Et le gentil Oeillet l’aymé bigarrement :
On laisse le Soucy, auecque la Pensée,
De peur que vostre ame ne s’en trouue offencée ;
Le Girofflier, le Tim, & le verd Romarin,
La douce Marjoleine, & le Baulme terrain,
Auront lieu au Feston. Les rejettons d’Oranges,
Donneront de l’éclat à ces diuers meslanges,
Et toutes les odeurs que le Printemps produit,
Ne seront agencées que pour vostre deduit :
Bref, tout ce qui peut estre agreable à nos yeux,
Vous sera presenté en entrant dans ces lieux.

 

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Il ne nous suffit pas de voir vostre personne,
Nous desirons d’auoir ce que la Paix nous donne.
Afin que nous viuions contens en ce sejour,
En exillant la Guerre, pour y placer l’Amour.
C’est cette grande Reyne, seul sujet de nos vœux,
Qui doit leuer la taye, qui offusquent nos yeux.
C’est ce que vous deuez, Sire, nous octroyer,
Vous pouuez l’amener, & non pas l’enuoyer.
Loin d’icy elle ne peut auoir l’ame contente,
Son absence & la Vostre, est ce qui nous tourmente.
Grande Reyne suiuez ce Phare precieux,
Qui esclaire la terre, comme le Soleil les Cieux.
Venez auecque luy changer nostre Destin,
Personne ne fera en ce lieu le mutin :
Ains on vous benira d’vne façon si belle,
Que iamais en vos iours vous n’en vistes de telle.
On ne parlera plus que de vostre renom ;
Paris sera joyeux d’entendre le beau nom
D’Anne Mere du Roy, Regente de la France,
Qui nous donnant la Paix, nous met hors de souffrance.
Chacun pourra chanter ce motet gracieux,
Qui tesmoigne de vous les soins officieux.

 

 


Vous faites finir cette Guerre,
Qui empeschoit nostre repos :
L’horreur n’est plus dessus la terre,
Tout le monde se rend dispos,
Puis que la Paix,
Rompt nostre faix.

 

-- 10 --

 


Cette Reyne dont la Clemence,
N’a point de prix en cét endroict :
Promet de remettre la France,
Et de luy conseruer son Droict ;
Pour desormais
Aymer la Paix.

 

 


Nous verrons le Throsne de gloire,
Dressé au milieu de Paris ;
Et dans la Maison de Memoire,
Le brillant éclat de l’Iris,
Venant des Cieux
En ces bas lieux.

 

 


Sus, donc venez, ô ! grande Reyne,
En ce lieu faire vostre seiour :
Vous nous octerez hors de peine,
Nous faisant respirer vn iour ;
Iour tres-heureux,
Et amoureux.

 

 


Tout le Peuple de cette Ville,
Vous receuront à bras ouuerts :
Et d’vne façon tres-gentille,
L’on vous presentera des vers,
Où vostre los
Sera enclos.

 

-- 11 --

 


Il ne tient plus qu’à vous adorable Princesse,
De venir dans le lieu où vous estes Maistresse,
Vous y serez receuë auec contentement ;
Vn chacun vous attend, venez y vistement.
Amenez sans delay les deux aymables freres,
Qui peuuent donner fin au cours de nos miseres.
Nous serons resiouys de reuoir nostre Roy,
Parmy vn peuple doux qui l’ayme plus que soy.
Si vostre Majesté cette priere octroye,
Nous ferons aussi-tost cent mille feux de joye.
Il sera des Bourgeois chery & honoré,
Et de la populace humblement adoré.
Vous cognoistrez par là que nos plus grands desirs,
Est de reuoir celuy qui cause nos plaisirs :
Et que nostre amitié ne peut estre parfaite,
Tandis qu’vn tel Soleil prend vne autre retraitte.
C’est icy le vray lieu où il doit sejourner ;
C’est nous faire mourir que de l’en destourner,
De carresser le Roy nos Bourgeois ont enuie :
Faites leur, Grande Reyne, ce bien en vostre vie ;
Ils vous esleueront à Paris des Autels,
Où l’on vous placera parmy les Immortels.

 

 


Vous Anges du Seigneur, que n’auez vous point fait
Pour attirer sur nous vn repos si parfait.
N’auez vous pas prié & veillé tout ensemble,
Ieusné & maceré vostre corps : il me semble,
Que vous n’auez manqué à vn si sainct deuoir,
Et que vous l’auez fait de tout vostre pouuoir ?
Par tels suffrages Dieu, appaise sa Iustice,
Et modere l’aigreur d’vn merité supplice.

-- 12 --


Il estouffe les feux de son ardent couroux,
Lors que vous luy ployez seulement les genoux.
Mesme il fait desloger la Famine, la Guerre,
La Peste, & les fleaux qu’il iette sur la terre,
Quand vn homme de bien luy demande pardon,
Il ne laisse iamais les siens à l’abandon.
Sus, donc, continüez vos feruentes prieres,
Et inuocquez, deuots, le Pere des lumieres ;
Il vous exaucera en nous faisant sentir,
Ce que vaut enuers luy vn humble repentir.
Et vous sçaurez de Dieu la volonté supréme,
Qui est de conseruer ce Royal Diadéme,
Et de le maintenir ; afin que desormais,
Pour nos trauaux passez nous embrassions la Paix.

 

 


Vous nos chers Senateurs de la Cour Souueraine,
Qui pour nous soulager auez tant prix de peine,
C’est maintenant qu’il faut bannir vostre soucy,
Dautant que nostre mal se rencontre adoucy,
Et que le Ciel, enfin, va verser sur nos testes,
Vn milion de faueurs, dissipant les tempestes,
Qui sembloient ce grand Tout d’vn seul coup bouleuerser,
Et vn monde vaillant par terre renuerser.
C’est vous qui auez pris l’equitable Balance,
Afin de dissipper les ennemis de France.
L’on à suiuy en tout vos aduertissemens,
Lesquels nous ont seruy de diuertissemens.
Vostre vertueux Corps a Paris conserué,
Et pour vous obeyr on a tout obserué.
Vous auez comme nous couru mesme fortune,
Vous auez supporté le faix de la commune.

-- 13 --


L’on vous a veu de nuict arriuer au Conseil,
Et vous auez perdu pour nous vostre sommeil :
Enfin tout ce qu’on peut, auecque diligence,
Faire, vous l’auez fait ; & vostre vigilance
A paru dans vn temps remply de trahisons,
Et dans la plus facheuse de toutes les saisons.

 

 


C’est maintenant de vous genereuse Noblesse,
Qui ne sçauez gouster ce que c’est de foiblesse,
Que ie pretends parler, puisque c’est vostre rang,
Et que vous n’espargnez pour nostre bien le sang,
Que vous auez enclos dedans vos nobles veines,
Afin de nous oster des trauaux & des peines,
Dont la Guerre & le Sort sembloit nous menasser
Et où nos ennemis nous vouloient entasser.
Nous vous remercions, & cherissons vos armes,
Vous estes parmy nous tenus pour bons Gensd’armes.
Vous auez merité le Laurier de la gloire,
Qui sera arboré au Temple de Memoire.
Pour l’interest Commun vous auez combatu ;
L’orgueil de l’ennemy s’est trouué abbatu.
Vostre bras a monstré que toute leur addresse
N’a seruy que pour mieux faire voir vostre proüesse,
Et qu’il y a danger de tanter les hazards,
Alors qu’on s’attaque aux fauorits de Mars.

 

 


Nous vous remercions, Soldats pleins de valeur,
Qui auez appaisé nostre extresme douleur ;
Reuenez hardiment parmy nous, s’il vous plaist,
Quittez, pour vous aymer, tout ce qui nous desplaist.
Ainsi l’on pourra voir, & auec asseurance,
Que la Paix de Paris le repos de France.

-- 14 --


C’est pourquoy nous chantons d’vn ton melodieux,
Ce motet des amis qui ont gardé ces lieux.

 

 


Lors que pour chastier d’vn peuple l’innocence,
On fait regner chez luy la Guerre & l’insolence,
Il y à des Prudens,
Qui soustiennent son Droict, & conseruent sa vie,
Contre les rudes efforts d’vne mortelle enuie,
Chassant ces imprudens.

 

 


Les autres par des vœux appaisent la vangeance
De Dieu, qui a suiet de punir l’arrogance
De nos cœurs obstinez :
Et dont les bonnes mœurs dissipe la malice,
D’vn tas de mal-viuans qui suiuent la Milice,
Aux meurtres destinez.

 

 


Et les plus courageux vont presenter leurs testes,
Au milieu des combats, des gresles, & des tempestes,
Sans redouter du Sort
L’eschange perilleux, ny aussi les menaces,
Qu’il peint dans les hazards sur les plus nobles faces,
En leur monstrant la mort.

 

 


Ainsi l’on void que Dieu entreprend la deffence
D’vn Peuple humilié, aussi-tost qu’on l’offence,
Le deschargeant du faix,
Qu’il portoit sans suiet, & luy donne assistance,
Afin qu’à l’ennemy il fasse resistance,
Pour obtenir la Paix.

 

-- 15 --

 


Or voicy cette Paix qu’on a tant desirée,
C’est elle qui doit estre des humains admirée ?
Sus, sus, braues Bourgeois habitans de Paris,
Ne mettez desormais cette Paix à mespris.
Et croyez fermement qu’elle est toute celeste,
Puis qu’elle fait cesser l’horreur de la tempeste.

 

 


Vous pauures Paїsans n’ayez peur des allarmes,
Car vous ne verrez plus des diables portans armes,
Chez vous : Reprenez cœur, cét orage est finy,
Et deuez esperer vn bon-heur infiny.
Que personne de vous maintenant ne s’ennuye
Le beau temps est tout prest de dissiper la pluye.
Vous viurez dans vos Bourgs sans craindre les meschants,
Et ferez sans dangers vos labeurs dans les champs.
Et viuant doucement chacun en sa famille,
Vous ne reuiendrez plus vous sauuer dans la Ville.
Vous gousterez le miel d’vn Regne tout doré,
En voyant nostre Roy de son peuple adoré.
Les vols, viols, feux, les meurtres, & brigandages,
Se sont pour tout iamais bannis de vos villages.

 

 


Sus, resioüissez-vous, & de fort bonne grace,
Chantez ce petit mot, pour chasser la disgrace,
Qui vous a si long-temps tenus comme engourdis,
Par la faute des cœurs malins & estourdis.

 

 


Puis que desia la Paix est faite
Nos desirs sont contens :
Nos ennemis faisant retraite,
Dés l’abord du Prin-temps ;
Nostre ioye est parfaite.

 

-- 16 --

 


Car pour nous abbreger la vie,
Leurs cœurs ambitieux,
Ont souuent conçeu cette enuie
D’estre audacieux :
Pour flestir la Patrie.

 

 


Mais Dieu qui à le soin de France,
Dissipe ces mutins :
Et chasse loin nostre souffrance,
Auecque ces malins
Qui n’ont plus d’esperance.

 

 


La Paix triomphe de la Guerre,
On ne void plus de sang
Respandu ; Et mesme la Terre
Donne à chacun son rang,
En son ioly parterre.

 

 


Ha ! Fille du Ciel adorable,
Ne mesprisez nos vœux,
Soyez nous tousiours fauorable,
Et mesme à nos nepueux,
Monstrez vous secourable.

 

 


Enfin, voicy la fin de cette horrible Guerre,
Qui a fasché le Ciel, & menassé la terre.
C’est la fin des debats qu’on a veus en ces lieux :
Ie permets, cher Lecteur, à tous de faire mieux.

 

Fin du Iournal Poëtique de la Guerre Parisienne.

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