Anonyme [1652 [?]], L’VNION DE MESSIEVRS LES PRINCES, POVR LE SOVLAGEMENT DE LA FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3909. Cote locale : B_20_4.
Section précédent(e)

L’VNION
DE MESSIEVRS
LES
PRINCES,
POVR LE SOVLAGEMENT
DE LA
FRANCE.

A PARIS,
Chez IACOB CHEVALIER, proche Sainct
Iean de Latran.

M. DC.

-- 2 --

-- 3 --

L’VNION DE MESSIEVRS
LES PRINCES
POVR LE SOVLAGEMENT
DE LA FRANCE.

Iamais la France n’a receu de salutaires
effects des soins de son
Ange tutelaire que lors que
Messeigneurs les Princes touchez
des miseres presentes, ont signé
l’vnion pour la deffence des malheureux François
contre le restablissement du Ministre qui
les a persecutez par la tyrannie qu’il execute
ordinairement.

Monsieur le Prince de Condé n’a eu que

-- 4 --

des motifs d’vn veritable François, & l’on
voit maintenant qu’il n’a iamais employé sa
generosité que pour le repos de l’Estat : s’il
s’est retiré pour ne trouuer pas sa seureté dans
la Cour, Il s’est seruy de sa prudence : Et l’on
n’a deub l’accuser que d’vne tres-bonne conduite.
Ses armes ne tendent qu’à euiter le ministere
de ce Cardinal ; & certainement apres
auoir esprouué luy-mesme la nature de cet esprit
orgueilleux, & veu les raisons qui le faisoient
subsister, il n’a peu moins faire que de
s’opposer au retour d’vn estranger, qui a causé
tous les maux qui nous accablent. Mr le Duc
d’Orleans estoit tres asseuré de ses sentimens, car
il auoit tousiours persuadé à Messieurs du Parlement
qu’il ne falloit pas condamner ses desseins
sans connoistre la suite. Et dans toutes les
Assemblées qui se feirent sur ce subiect, il a
monstré le zele qu’il auoit pour les protecteurs
de la Patrie ; Et ce funeste retour le confirme
dans cette verité. Monsieur le Duc de Beaufort
qui a protegé le peuple dans toutes les rencontres,
& qui est la seule consolation des
affligez se declare ennemy de ce perfide, aux
intentions duquel il a reconnu tousiours de la
fraude, & ausquelles il ne s’est pleu que lors

-- 5 --

qu’il obeїt aux commandemens qui le feirent
abandonner le Royaume. Le sainct Esprit est
descendu sur tout le reste de la principauté, &
dans l’Assemblée derniere du Parlement chacun
reconnut d’où prouenoit nostre misere,
où en ayant vne tres parfaite connoissance, ils
prirent resolution de s’exposer vn million de
fois à tout ce qui peut se trouuer de dangereux
pour l’accomplissement d’vne action si
glorieuse.

 

Suiuons donc ces genereux athletes, & renuersons
ce qui repugne à la Foy Apostolique
sans craindre la mort, puisque c’est le triomphe
de ceux qui aiment Dieu : l’amour de
Dieu demande qu’on cherisse son prochain
comme soy mesme, & voilà le subiet de l’vnion
de tout ce qu’il y a de fidele, de courageux,
& de vaillant dans nos Prouinces. Il n’est plus
temps d’apprehender l’ennemy quand ses victoires
mesmes ne se conuertissent qu’à sa perte,
le Cardinal a plus que d’vn aduersaire, & son
argent ne sera pas plustost finy qu’il n’aura plus
de monde, & quand il en auroit d’auantage il
ne luy seruiroit qu’à vne cheute honteuse ; car
le createur de l’Vniuers qui renuerse du throsne
ceux qu’il luy plaist, se sert de ce moyen

-- 6 --

pour destruire des entreprises si pernicieuses, &
veut faire reuїure l’asseurance qui commençoit
à n’estre plus connue parmy nous.

 

L’intention est originaire de nos passions, nos
passions prouiennent du sang, le sang prend sa
principale scituation dans le cœur ; c’est pourquoy
puisque tant de noblesse est vnie pour l’hazarder
à celle fin de soulager le peuple, c’est vn
amour extraordinaire qui s’y porte, & le cœur
qui tesmoigne l’amour offrant ses plus fortes
armes, assauoir le sang, qui est-ce qui l’espargneroit
pour aider au bien commun ? & pour ne
pas embrasser la conqueste qui nous est preparée
par vne troupe si merueilleuse, & de cette
qualité. Ce bon-heur n’en a point de semblable ;
car de voir vn Cardinal chery de la Cour, & suiuy
d’vne quantité de soldats ennemis, soit par
leur naissance, soit par leur rebellion, qui ne
se croiroit perdu scachant la haine qu’il porte à
la franchise & à la vertu. Neantmoins on se moque
de ses volontez, & il apprendra ce que c’est
de chocquer l’authorité des Parlements, & de
mespriser des Princes indignez d’vn si maudit
ministere. Quoy qu’ils soient esloignez de camp,
leurs desirs sont vnanimes, ils veulent que le
Conseil de sa Maiesté soit purgé de ceux qui l’occupent,

-- 7 --

lesquels estants creatures du Cardinal
Mazarin ont droit de le maintenir, de part, &
d’autre, & iusques au bout de la terre habitable
ils desirent poursuiure cet vsurpateur de nos
biens, Considerons par là la ioye qui se doit conceuoir
d’vne si belle iournée.

 

Il n’y à plus de diuision en France, ceux qui
suiuent la desvnion seront pris d’vne atteinte impreueüe,
& personne ne se peut lasser de crier à
haute voix Reiouyssance, les Princes sont vnis,
mais vnis en plain Parlement, & vnis pour mettre
fin à nos calamitez, & à nos malheurs. La
vefue aura du pain pour soulager le souuenir de
son cher espoux, l’enfant n’aura rien qui luy
manque à l’aduenir pour son education, le marchand
marchera en seureté, l’artisant trauaillera,
le paysan aura le repos, les filles ne feront rien par
desespoir, la ieunesse aura des employs glorieux,
& le tout pour la gloire de nostre Pays, & par le
secours des Princes.

O membres de nostre renommée, excusez la
foiblesse qui nous fait faillir à nostre deuoir, seruez-vous
de vostre commencement pour paracheuer
auec applaudissement la destruction de
ce party plein d’iniquité, nous l’attendons auec
autant de promptitude que vous l’auez proietté

-- 8 --

auec courage, auec equité, & auec vn dernier
effort de vostre bonté pour tous les fidelles François
qui sont dans l’impuissance de le reconnoistre
que par des acclamations publiques qui
vous souhaittent tout le bon-heur necessaire.

 

-- 9 --

Section précédent(e)


Anonyme [1652 [?]], L’VNION DE MESSIEVRS LES PRINCES, POVR LE SOVLAGEMENT DE LA FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3909. Cote locale : B_20_4.