Anonyme [1652], L’ESPRIT DE GVERRE DES PARISIENS, CONTRE L’ESPRIT DE PAIX Du Corinthien, refuté Article par Article. , français, latinRéférence RIM : M0_1282. Cote locale : B_10_9.
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L’Esprit de Guerre des Parisiens,
contre l’Esprit de
Paix du Corinthien, refuté
article par article.

Ecclesiast.

IE ne suis pas Prince, mais ie suis
Bourgeois de Paris, ie suis suiet du
Roy & seruiteur des Princes, ie
suis ennemy des Maz. & Anti-Corinthien ;
mon party est iuste, car
il combat deux tyrans, & ma cabale
est raisonnable ; car elle est authorisée
des Declarations du Roy, & des Arrests du
Parlement ie suis Esprit, & ne fais peur

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à personne, & i’ay vn Corps que ie ne cache point.
le veux la Guerre pour chasser le Mazarin : Ie suis
bon François, & vous auez menty, quand vous
auez dit la mesme chose : Ie suis Parisien d’extraction
& de naissance, & vous estes Florentin par
vos ayeux vous aymés ceux qui vous ont fait Cardinal,
& sans prendre [1 mot ill.] interests de ma patrie,
qui n’est pas la vostre : vous deuriez vous
taire, & ne point mentir : vos actions & vos paroles
sentent le salmigondy, c’est pourquoy elles
sont haissables, Domine [1 mot ill.], qui [1 mot ill.]
iniquitatem : perdes omnes qui loquuntur mendacium. P. 5.

 

Ie ne
suis ny
Prince
ny Mazarin.
&c.

CORINTHIEN.

Vous estes vn seditieux aussi impudent que
criminel vos factions espousent le party de la
Cheureuse, dans lequel vous perirez auec honte
& infamie. Cette femme a fait trop de [1 mot ill.] à la
France pour oublier son nom, & vous estes trop
dans ses interests qui sont Mazarins & contraires
à ceux des Princes pour n’estre pas hay de moy &
de mes compatriotes. Ne dittes donc point que
vous estes veritable & desinteressé, & ne me conseillez
point d’abandonner le party des Princes,
il est iuste & ie n’y periray point si ce n’est en
combattant pour ma Patrie, de cette façon ma
mort sera glorieuse autant que ma vie a esté belle.
Vous voulez me faire ouurir les yeux pour

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voir les maux que vous auez excité dans le Royaume,
pour regretter les Prouinces abandonnées,
pour gemir auec les peuples mendiants, pour
pleurer la foiblesse des loys, & pour mourir miserable
C’est vous qui estes l’Autheur de la Guerre,
& qui auez porté la Reine à la declarer au Prince
de Condé, afin que par son esloignement de
la Cour, on eut vn pretexte pour le retour du
Mazarin : & apres cela vous direz qu’il n’est pas
permis aux Parisiens de respirer, que la Guerre
enpoisonne l’air qu’ils prennent : sçachez qu’ils
ne craindront plus la mort lors qu’ils auront deliuré
leur patrie de vous & de vostre Mazarin. Fac
Domine vt gladio proprio eius superbia amputetur. Iud. 9.

 

Croyez
cét Auis
aussi
desinteressé
que
veritable.
&c.

La naissance & la bonté de son A. R. le courage
& les victoires du Prince de Condé, la vertu & la
sçience du Prince de Conty, le zele & l’affection
du Duc de Beaufort, la sagesse & la generosité du
Duc de Nemours, l’assistance & la moderation
du Duc de Rohan, l’effort & la conduite du Duc
de Sully, les peines & les fatigues du Duc de Richelieu,
les soings & la fidelité du Duc de la Cochefoucaut,
la douceur & la franchise du Duc d’Angoulesme,
la bonne grace & la ciuilité du Prince
de Tarente, la qualité & l’experience de Monsieur
le Chancelier l’addresse & l’esprit de Monsieur de
Chauigny, les emplois de Garchin, la vigilance de
Tauanes, les deffaites de Balthasar, les forces du
Doignon, & la resolution de tous les Chefs qui
commandent dans l’Armée des Princes, nous obligent

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à suiure vn si juste party : il est vray qu’ils
combatent pour eux, parce qu’ils respandent leur
sang ; mais il est encore plus vray qu’ils combatent
pour nous, parce qu’ils nous veulent deliurer
du Tyran qui nous accable : faut-il blasmer leur
ardeur, parce qu’ils ne sont pas vnis auec nous ? ils
en sont plus genereux de s’exposer ainsi sans asseurance
de nostre part, & nous esperons de leur
conduitte, qu’ils ne traitterõt point auec la Cour,
sans procurer l’auantage des peuples, qui est l’execution
de toutes les Declarations données cõtre
le Maza. & les Cardinaux tant François qu’Estrangers,
& la liberté des Officiers dans l’exercice
de leurs charges. Nous ne demandons point
d’autre dedomagement ; il nous suffit pour nostre
interrest que le Parlement soit auerty de ce
traité, i’entens ceux d’entre eux qui ont tousiours
trauaillé pour le bien public, cõme Mr. le Presi.
de Nesmond, Messieurs les Presi. d’Hodic, Chartõ
Viole, Molé, de Thou, la Grange & Mrs. de Broussel,
le Meusnier, des Landes Payen, Portail, Coulon,
Dorat, Montauglan, Pithou, Foucault, le
Clerc de Courcelles, Bitault, Canais, Vedeau, pinõ
Durand, Petau, Croissi, Martineau, Geniers, Cumont,
Pontcarré, Machault & quantité d’autres,
qui sont à loüer, s’il estoit possible de les nommer
sans faire vn trop lõg discours : ceux là Corinthien
ne se dégageront iamais de la fidelité qu’ils ont
iuré aux Parisiens : ton esprit seditieux plutost

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que pacifique ne persuadera point à ce pauure
peuple qu’ils veulent abandonner leur interests
pour composer auec le Mazarin : mais ceux qui
ont des pensions pour trahir leur compagnie &
des Abbaies pour corrõpre leur cõscience, comme
le premier President & les presidens de Bailleul,
de Nouion de Mesme, le Coigneux, Bocquemarc,
Guenegaud, Delamoignon, Perrot, le
Feron, les Conseillers Douiat, Preuost, Seuin,
Quelin, Champré, Grasseteau, le Fevre, Tibœuf,
Ribier, Gaumont, Bernard Resé, Bragelonne,
Corbeuille, la Barre auec Fouquet, Procureur General
lesquels emploïent leur credit & leur ame à
faire perir de faim & de supplices les foibles & les
malheureux, qui ne resistent point a leur iniustice,
ny a leur auarice, vœ qui condunt leges iniquas, scribentes,
iustitiam scripserunt, vt opprimerent in iudicio pauperes
Isaye. 10.

 

Quel interest
auez
vous dans
celuy des
Princes.
&c.

En deffendãt ma cause, ie parle pour mes interrests
& i’ose attaquer celuy qui ne parle en faueur
de persõne, & qui deuroit parler en faueur de tout
le monde : il fait connoistre que ce faux zele qui
l’animoit pendant la Guerre, à la protection des
Parisiens, estoit vn piege pour nous faire succomber.
L’Esprit de Guerre, en ce temps-là, parloit
par la bouche d’vn simple Coadiuteur, & l’Esprit
de Paix, en ce temps cy parle par la bouche d’vn
Cardinal achepté, du sang du Peuple proffite
si tu peu de la connoissance de tes crimes, &

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corrige ta vie aux despens de la Guerre que tu
nous as procurée, & de la mort de tant de pauures
Prouinciaux, qui sont peris par le fer & par la
faim, effuderunt sanguinem eorum, tanquam aquam in
circuitu Ierusalem : & non erat qui sepeliret. Psal. 78.

 

Ie ne
parle
point en
faueur de
qui que
ce soit,
&c.

Ie voudrois bien pouuoir esperer la paix en la
demandant : ce ne seroit pas par ton conseil que
ie iouirois du repos dont tu me flatte. Tu voudrois
que nous eussions vne paix, auec le Mazarin,
pour auoir suiet d’accuser les armes des
Princes. Ta plume escriroit bien des inuectiues
contre le Sang Royal, tes Imprimeurs
seroient employez à mettre sous la presse l’injustice
innocente des Princes, & les auis
criminels que tu nous as donnez ; les chaires de
paris retentiroient par ta propre bouche de la
perfection de ta vie & de la grandeur de tes vertus ;
tous les Predicateurs, Orateurs, & Poëtes
seroient inuitez de louër le zele du Cardinal de
Retz, d’admirer la conduite de son esprit, & d’éleuer
le merite de son escarlate, en taisant les intrigues
& les trahisons qui luy ont procuré cét
honneur. Dites moy, Archeuesque de Corinthe,
pourquoy voulez vous que nous demandions le
Roy ? est il en liberté de venir à Paris ? pouuons-nous
iouyr de ce bon heur sans receuoir le Mazarin
qui le tient prisonnier ? est-il possible qu’vn
aueugle qui s’estoit creué les yeux pendant la
Guerre de Paris, soit deuenu si esclairé pendant
vne autre Guerre de Paris ? est-til possible que le
Prince de Condé contre nous te fasse iustifier nos

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armes ? & que le Prince de Condé pour nous, te
fasse condamner nostre deffence ? quoy ce grand
Prince qui a mis la France à couuert sous les lauriers
de ses conquestes ; sera vn rebelle au Roy,
parce qu’il est ennemy du Coadiuteur ? on dira
qu’il met le trouble dans le Royaume, apres auoir
conserué ses Prouinces ; & le refus d’vn mariage
pour le Prince de Conty, rendra ses actions criminelles
& sa vie chargée de honte & d’attentat à
l’Authorité Royalle ? c’est à quoy il faut s’opposer
par toutes voyes & dire à celuy qui l’accuse encore
d’auoir procuré le retour du Mazarin, que c’est
luy seul auec la Cheureuse qui a medité ce restablissement,
pour le prix duquel on luy a fait teindre
son chapeau en escarlatte. Tolle vestimentum cius
qui spopondit pro extraneo. Prouerb. 27.

 

Demande
la
Paix
pour iouyr
ou du
fruit de
ton trauail,
&c.

Ce nouueau Cardinal n’a-til pas bonne grace
de dire que la deffaite du Mazarin, est vn coup de
cabinet, & non pas de rebellion : que ne fait-il ce
qu’il conseille aux autres, puis qu’il se picque de
grand esprit, & d’estre ennemy du Mazarin ? s’il ne
faut point tirer l’espée pour chasser ce tyran, il est
capable de nous guarantir de sa persecution : c’est
le moyen de rendre les armes de Messieurs les
Princes inutilles, & de se rendre recommandable
à la posterité par vne action impossible à tant de
grands, & possible à vn petit Cardinal : si le cabinet
seul peut en venir à bout, il est coupable du

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mal qu’il pourroit empescher, s’il trauailloit à le
derasciner. Son oysiueté nous doit porter à le haïr,
puis qu’elle nous est si desauantageuse : voila vn
de ces bons Francois qui ne prend part qu’aux interests
de sa patrie, qui se publie Frondeur, & qui se
sacrifie tout pour le seruice des particuliers Mazarins,
comme sont le Roy d’Angleterre, la Reyne sa
Mere, le Due d’Yorkc, le Prince Thomas, le Duc
d’Elbœuf, le Comte d’Harcourt, le Duc de Bouillon,
les Marquis de la Vieuille & de Noirmontier,
les Comtes de Montresor & de Quincé, les Milords
Germain, Montaigu, & Digby, les Princesses
Carignã, & Palatine, la Mareschalle de Guiebriant,
& autres sans oublier le President Amelot de la
Cour des Aydes, Villarceaux Maistre des Requestes
& Perochel Maistre des Comtes. Mais pauure
peuple, sans faire reflection à toute cette cabale
& sans la regarder, il se repete encore vne fois
d’ouurir tes yeux pour considerer les mauuais
desseins qui font armer les Princes, plustost que
la perte du Cardinal Mazarin, qui n’est pas leur
intention. Il te montre que la Campagne nourit
leur Armée, que les Païsans la soldoient & que
les Trouppes de S. A. R. (qu’il n’espargne non
plus que le Prince de Condé quoy qu’il soit son
protecteur) pouuoient empescher son passage sur
les riuieres d’Yonne & de Loire : mais pauure peuple,
ie te dis de ma part, que S. A. R. toute puissante

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qu’elle est, n’estoit pas capable de resister
apres vne cãpagne en Flandre, contre 8000 hommes
armés de pied en teste, soustenus de 6. pieces
de Canon, & cõduits par les Mareschaux de France
d’Hocquincourt & Grancey, & quantité de vilaine
Noblesse gueuse & Mazarine, sans hazarder
des soldats qui ont porté la gloire d’Estampes
& le Combat du Fauxbourg saint Anthoine par
toute l’Europe. Monsieur le Duc d’Orleans, dit
au Parlement assemblé pour l’Arrest de proscription
contre le Cardinal Mazarin, que ses Trouppes
au nombre de deux mille cinq cens hommes
estoient suffisantes pour empescher le passage,
si elles auoient des Armes pour se deffendre :
& en parlant aux Mareschaux de France de
l’Hospital & d’Estampes qui estoient presents,
vous sçauez, Messieurs, en quel estat sont des
Soldats apres sept ou huict mois de seruice continuel
ce discours suffiroit pour abbatre l’exaggeration
que fait le Coadjuteur contre la conduite
d’vn si grand Prince, qui iustifie toutes ses
actions à la veuë des plus petits, & qui escoute
les plaintes de tous les miserables. N’est ce pas
vne temerite punissable d’accuser la bonté d’vn
Duc Dorleans, qui voudroit au peril de sa vie &
de ses biens rachepter le sang que cette malheureuse
guerre Ciuile a fait repandre depuis neuf
mois ? N’est ce pas estre criminel d’attaquer
l’honneur d’vn fils de Roy, d’vn Frere de Roy &

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de l’Oncle d’vn Roy, qui n’a iamais rien entrepris,
que par l’auis du Parlement, & qui a defferé
à tous ses sentiments auec vne soumission digne
d’vne eternelle louange ? & apres toutes ces connoissances
on voudra obliger ce pauure peuple
que l’on plaint si fort sur le Papier, à prendre les
Armes pour aller saccager le Palais d’Orleans, &
a faire main basse sur les illustres personnes qui le
protegent : c’est vn attentat qui merite la roüe,
lors qu’on aura degradé de ses dignitez, l’autheur
de tant de perfidies. Le Parlement quelque
iour en fera faire vne punition exemplaire,
quoy qu’il veuille l’engager à quitter le party
du Sang Royal, en disant, que les Princes ont
fait des propositions de Paix, sans y appeller ny
le Parlement ny les Peuples : les vns & les autres
remettent volontiers leur interest entre les
mains de Son Altesse Royale : ils scauent qu’elle
est incapable d’entreprendre aucune chose preiudiciable
à l’honneur des vns & au proffit des autres.
Defructu oris sui vnus quisque replebitur bonis, &
iuxta opera manuum suarum retribuetur eis. Prouerbe 12.

 

S’ils veulent
combattre
le
Mazarin
&c.

Le Coadjuteur passe bien plus auãt pour exciter
la sedition contre Monsieur le Prince, il veut le
rendre auaricieux : il fait demander vn Baston de
Mareschal de France à Marchin : Il engage Madame
de Montbason à vne recompense, & tout
Prestre qu’il est, il parle d’elle, auec vn terme qui

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est plus medisant que s’il estoit plus veritable. Il
l’appelle les cheres delices de ce grand Genie le
Duc de Beaufort, & en estant l’honneur à vne
belle Dame, il raille vn Prince qui vit mieux que
luy, qui par sa deuotion veritable fait honte a
celle qu’il n’a pas seulement a l’exterieur,
qui ayme les pauures, qui a conserué la ville de
Paris, & ses enuirons, qui est doux, humble, affable,
& dont le genie (mais non pas comme il l’entend,)
& la conduite seront cheris de tous les Parisiens
auec vn respect admirable, qui durera en
eux aussi longtemps que la memoire de son
nom & de ses vertus esclattera par toute la terre.
Quoy vn Cardinal Mazarin petit reietton de
Sicile voudra disposer des breuets de Duc & pair
au profit des la Meilleraye, des Noirmontier,
des Senneterre ; des Bastons de Mareschaux de
France, au profit des Faber, des Broglio, des Plessis
Bellieres, & des Paluau ? & on blasmera Monsieur
le Prince, si il demande vn breuet de Duc &
Pair, & vn baston de Mareschal de France pour
vn Heros & pour vn Conquerant. Vn Estranger
donnera les Archeueschés de France aux Milords
d’Angleterre, les Eueschés & les Abbayes à ses
Italiens & ce sera vn crime à vn Prince du sang de
souhaitter seulement vn Archeuesché pour son
parent, vn Euesché pour son allié, & vn Abbaye
pour son amy. C’est l’Archeuesque de Corinthe

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qui fait ces crimes : par ce qu’il est Cardinal de
Retz, il n’y a que luy seul qui ose auec mensonge
faire passer Mr. le Prince de Condé & le Duc de
Beaufort, pour des interressés, qui agissent auec
auarice. Le premier est assés esleué d’estre Prince
du Sang ; cette qualité le met au dessus de
toutes les incommodités du siecle, & le second
quoy que moins accommodé nous a fait connoistre
au blocus de Paris, qu’il est trop genereux
pour seruir les peuples aux depens de leur bourses
comme a fait le Duc d’Elbœuf & comme vous
aués fait pour estre Cardinal. Ce chappeau couste
à des Particuliers qui vous ont presté de l’argent,
plus de deux millions que vous ne rendrés iamais,
sans compter celuy qui vous a esté donné par le
Mazarin, qui à esté volé dans les Coffres du Roy.
Ditesdonc apresent que vous estes vn bon Prelat,
& que nos Princes sont de mechants Generaux
d’Armée : on vous respondra que vous auez menty,
& que vous mentirez encore, lorsque vous
dirés que la canaille aura des billets pour piller les
maisons des Mazarins. Nous ne souffrirons iamais
cette extremité : mais nous vous commanderõs &
à tous ceux de vostre caballe soit Corinthienne ou
Mazarine de sortir de Paris dans vingt-quatre
heures, & à faute de ce nous mesmes les bons
Bourgeois, nous vous en chasserons par force si
vous ne le faites par douceur : nostre conduite

-- 15 --

est plus moderée que la vostre, elle est plus iudicieuse,
elle abhorre le pillage, elle deffend le
desordre : mais elle desire estre la maistresse de
celuy qui nous peut nuire en esprit, & qui veut
[1 mot ill.] nos consciences par la protection qu’il
donne a quelques lansenistes, qui luy promettent
de refuser la penitence à ceux qui sont opposés
à ses pernicieux desseins & à ses mauuaises habitudes,
corrupti sunt & abominabiles facti sunt in studiis
suis. Psalme 13.

 

Si le Roy
ne leur
ac corde
pas &c.

Mr le Corinthien, vous n’estes pas à la peine de
chasser ces pauures Païsants qui ont amené leurs
bestiaux chez vous : vn petit Bourgeois de mil liures
de rente est plus charitable que vous, parce
qu’il est meilleur Catholique : Il ne craint point
la peste, par ce qu’il fait du bien : mais il craint
celuy qui nous la procurée, parce qu’il fait du
mal. C’est vous qui en serés attaqué le premier,
puisque vous l’annoncez aux autres : quoy que
vous ne soyés pas grand d’origine ny de corps,
elle scaura vous trouuer, fussiés vous caché sous la
Iuppe de la Derodes vos cheres delices, (pour parler
a la façon de vostre grand Genie.) Si vous faisiés
le deuoit d’vn Pasteur, vous exhorteriés vostre
Trouppeau à endurer pour l’amour de Dieu, les
maux dont vous nous menacés : vous nous feriés
esperer vos visites pour nous consoler, vostre charité
pour nous assister, & vostre Eglise pour nous
retirer apres la mort. Qui tollit abamico suo misericordiam,

-- 16 --

timorem Domini derelinquit. Iob. 16.

 

Il est tẽps
que tu y
donne ordre
&c.

Conuerty toy donc, Esprit Corinthien : de
mande pardon à Dieu des Libelles que tu faits
imprimer contre l’honneur des Princes & le repos
des peuples, & ie demanderay au Roy des
Roys apres ta conuersion & ton humilité, qu’il
nous deliure du Mazarin, qu’il ne te fasse point
Ministre, & qu’il nous donne auec la Paix, l’Esprit
de Paix que tu nous souhaitte : alors le Roy
sera comme il est, honoré de tous ses Suiets. Ce
n’est pas Nostre Dieu-Donné qui fait nos miseres,
c’est la Reyne sa Mere qui se vange de nous
& de vous, acause des iniures que vous aués proferées
contre son honneur auant que d’estre Cardinal :
si elle vous fait à present du bien, c’est pour
vous empescher de faire du mal. Elle ne vous
ayme, que par ce que vous la serués contre
Monsieur le Prince : si son Altesse n’y estoit plus,
elle vous haïroit, & tout seruiteur que vous estes
du Mazarin, on vous abandonneroit a la fureur
de vos Ennemis. Vostre esprit est à craindre autant
que vostre mort est à souhaitter. Le peuple
viura heureux s’il est à couuert de la tyrannie Mazarine :
& de la faueur Corinthienne, sa vie & son
bien seront au Roy pour attaquer les ennemis de
son Estat qui veulent enuahir sa Couronne : le Royaume
sera paisible, si les Mazarins de la Cour &
de Paris, & vos amis sont dans l’impuissance : Les
Princes s’approcheront du Roy, pour rendre

-- 17 --

l’honneur & le seruice qu’ils doiuent à sa Maiesté.
les Loix seront reuerées, parce que le Mazarin
& vous auront esté obligez de s’y soumettre,
& vn chacun craindra la iustice du Parlement &
cherira ceux qui la rendent : Les Boureois s’efforceront
dans le repos à faire triompher la France
par ses richesses, la campagne sera cultiuée
auec liberté par le Laboureur, & par le Vigneron :
Le Paysan iouyra de son trauail dans sa maison :
les Armes ne seruiront plus à enrichir les
Conte d’Harcourt, du plessis Belliere, Broglio &
autres : Enfin l’Ordre sera vniuersel, si nous auons
le bon-heur de faire sortir le Mazarin hors
de France, & de vous empescher l’entrée des Conseils
du Roy. Fuis donc, esprit Corinthien & ne
me conseille plus d’attroupper mes compatriottes
pour faire foule aux Palais d’Orleans, & pour
demander à son A R la Paix, qu’elle ne nous
peut pas donner si le Mazarin demeure en France.
Ne m’oblige donc pas à demander le Roy
sans condition, car c’est vouloir le Mazarin, que
tu dis estre ton ennemy, par tes libelles, sçache
que la tranquilité du Royaume est incompatible
auec luy : les crimes le suiuẽt par tout, la vengeance
est toute sa politique, & s’il estoit maistre
de Paris, nous verrions bien-tost des eschaffauts
dressés, & des potences éleuées, pour couper

-- 18 --

les testes des Conseillers, & pendre les Bourgeois
qui se sont opposés à sa tyranie : les rentes
de la Ville & les gages des Officiers seroient suprimés ;
les chaisnes portées à la Bastille, & tout le
peuple desarmé : Voylà ce qui arriuera si le Mazarin
à l’auantage ; mais si nous luy declarõs promptement
la Guerre, nous éuiterons ses malheurs,
nous deliurerons le Roy de sa captiuité, & nous
ferons connoistre à toute la terre, que si les Parisiens
ont tout souffert iusques à present, ce n’a
point esté par lascheté, mais par vn trop grand
respect. Admitte ad te alienigenam, & subuertet te in
turbine, & alienabit te à tuis propriis, Ecclesiastic. II.

 

Croy donc
l’Esprit
de Paix
&c.

COADIVTEVR.

Quoy que vous n’ayez pas finy de cette façon,
i’ay voulu vous faire connoistre qu’apres
auoir imité le nombre de vos sentimens diuisez
en neuf Articles & refutez exatement i’ay trouué
à propos de vous exhorter à ne plus mettre au
iour des libelles diffamatoires : ie viens d’en lire
vn intitulé le vray & le faux de Monsieur le Prince
& de Monsieur le Cardinal de Retz, qui est la
mesme doctrine de vostre Esprit de Paix : le dessein
du premier tend à sedition, & le suiet de
l’autre ne dit rien qu’à vostre auantage, quoy
que fort obscur & embroüillé. I’en ay veu d’autres
intitulez, les Intrigues de la Paix, les Contretemps

-- 19 --

de Monsieur de Chauigny premier Ministre
de Monsieur le Prince, la Lettre du Bourgeois
desinteressé & … que ie refuter ay, si
vous continuez à mesdire de nos Princes, ie demeureray
dans le silence, parce qu’ils sont trop
faux pour estre crus, la refutation se trouue en
eux mesmes, & dans les actions des Princes, il
ny a que le vray & le faux qui contient trois ou
quatre particularitez qui meritent quelque écclaircissement
que vous auez cachez à la verité :
Vous deuiez estre aussi adroit à cacher celuy qui
distribuoit vostre Esprit de paix, il ne seroit pas
prisonnier au Chastelet, & n’auroit pas auoué
que cette piece luy a esté donnée chez vous,
pour distribuer au public : vne autre fois ne vous
laissés pas surprendre car si Monsieur le Duc
d’Orleans n’auoit pas eu trop de bonté, il deuoit
le faire pendre aussi tost, & vous faire demander
pardon des iniures que vous faites escrire à
vostre plume contre l’honneur de S. A. R. que
vous accusés d’auoir fauorisé le passage du Mazarin
en France. Terribilis in ciuitate homo, linguo sus
& temerarius in verbo suo, odibilis erit Eccli. 9.

 

FIN.

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