Anonyme [1649], L’ASTROLOGVE BVRLESQVE. , françaisRéférence RIM : M0_429. Cote locale : C_2_11.
L’ASTROLOGVE BVRLESQVE. DIALOGVE. L’ASTROLOGVE. LE PAYSAN. LE PAYSAN.
HÉ, bonjour, Monsieur l’Astrologue, Ie voudrois bien faire vne eclogue, Et discourir auec vous De la fortune de nos choux, Que des soldats de bonne mine Ont mangé jusques à la racine. Ils m’ont gasté tout mon Iardin, Et par vn estrange desdain Ils ont rompu ma maisonnette En faisant par tout maison nette.
Nostre voisin a bien perdu, Car tout son plancher est rompu, L’huis de la grange & la fenestre, Qu’il auoit auprés de Vincestre,
L’Astrologue.
Mon bon homme, je vous asseure, Qu’il viendra quelque iour vne heure Où vous verrez asseurement Vn agreable changement, Ne faut seulement que permettre Au Ciel qu’il nous puisse remettre, Au temps que nostre astre malin Se trouuera sur le declin, Et que le bon-heur de la France Rabonnira nostre esperance.
Le Paysan.
Mais, Monsieur, sera-ce bien-tost ? Car vn homme m’a dit tantost, Qui venoit d’auprés la Sorbonne, Que chacun dans Paris s’estonne, Et qu’on n’espere desormais Qu’on vueille maintenir la paix, Et que le Roy va à Compienne, Quand pensez-vous qu’il en reuienne ?
L’Astrologue.
Mon amy, l’affaire des Roys N’est pas celle-là des Bourgeois, Croyez, car ie vois que vostre aage, Vous doit rendre prudent & sage, Qu’il y a quelque grand dessein Que la Reyne a dedans son sein, Et que la force Archiducal, Doit ceder à sa main Royale Qui le contraindra pour iamais Bien tost, ou d’accorder la paix, Ou de bien vistement desprendre Des Villes qu’il voudroit reprendre. Mais pour reuenir à Paris, Ce que vous en auez appris N’est rien qu’vne puce fadaise, Le peuple doit estre à son aise, Et croyez que deuant long temps Tous les esprits seront contens, Le simple peuple aura la vogue, Le soldat ne sera plus rogue, Le Marchand enfin gaignera, Châque Mestier se remettra, L’on verra florir la Iustice, Les meschans quitter ont le vice, Le Parlement plus asseuré Ne se verra plus afferé,
Le Paysan.
Cependant que faudra il faire ? Car ie vois bien que cét affaire, Ne peut auoir si promptement Sa fin ny son commencement, Nostre Roy n’ayant pas l’année Competante à sa destinée, Car tousiours quelque suborneur Voudra luy rauir cét honneur D’auoir veu son bien & sa terre Hors des miseres de la guerre, Et qu’il nous ait mis en repos.
L’Astrologue.
Vous discourez fort à propos Et ie loüe vostre prudence, Car estant dans la dependance
Le Paysan.
A propos, Monsieur, on m’a dit Que vous auez bien du credit, Et que vous lisez dans les astres, Nostre bon-heur & nos desastres, Ie voudrois bien sçauoir de vous Ce qui peut arriuer de nous, Car si la paix estoit bien stable Ie rebastirois nostre estable Pour y mettre des pourceaux gras, Car les soldats l’ont mise à bas.
L’Astrologue.
Mon amy puis que vostre enuie De bonne grace m’y conuie, Puis que vous desirez si fort De sçauoir à droit ou à tort Où doit tourner nostre fortune, Et qu’elle nous sera commune En faisant tous vn mesme essay, Ie vous diray ce que i’en sçay. Sçachez donc qu’en iettant ma veuë Sur vne lune despourueuë De son ordinaire clarté
Le Paysan.
Vrayment, Monsieur, tous ces beaux mots
L’Astrologue.
Ie prendrois les choses plus loin, Mais comme nostre plus grand soin Est de sçauoir ce qui nous touche I’ouuriray seulement la bouche. Et vous feray voir clairement. Le plus prochain euenement. Ie vois Ganimed qui verse Du vin tout nud à la renuerse, Pour la bouche de Iupiter, Que Baccus luy vient presenter. Nous auons fort bonne vendange. De plus ie vois Cerez qui range Des espics le long des sillons, Espais comme des bataillons, C’est que nous aurons abondance. De bleds & de toute semence.
Le Paysan.
Bonne nouuelle que cela, Monsieur, il faut demeurer là On m’attend à nostre Village, Où ie vay dire au voisinage
FIN.
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Anonyme [1649], L’ASTROLOGVE BVRLESQVE. , françaisRéférence RIM : M0_429. Cote locale : C_2_11.