Anonyme [1652], LE RESVLTAT DE LA DEPVTATION DES SIX CORPS DES MARCHANDS AVEC LA Harangue faite au Palais d’Orleans & la Reponce de son Altesse aux deputez, leudi dernier 17. Septembre 1652. , françaisRéférence RIM : M0_3521. Cote locale : B_5_14.
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LE
RESVLTAT
DE LA DEPVTATION
DES SIX CORPS DES
MARCHANDS AVEC LA
Harangue faite au Palais d’Orleans
& la Reponce de son Altesse
aux deputez, leudi dernier
17. Septembre 1652.

A PARIS,
Chez SIMON LE PORTEVR.

M. DC. LII.

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LE RESVLTAT DE LA DEPVTATION
des six Corps des Marchands
auec la harangue faite au Palais d Orleans
Et la Reponce de san Altesse Royalle
aux deputez Ieudy dernier 17.
Septembre 1652.

DEPVIS que le Cardinal de Retz
est de retour de la Cour les Ennemys
de Monsieur le Prince ont iugé qu’il
n’y auoit point de moyen plus propre
pour arrester le cours de ses Victoires
que de publier dans Paris que la Paix
estoit faite si les habitans obligeoient
les Princes à se retirer. Ils ont empeche
iusques icy que les Parisiens ne contribuassent
aux frais de la guerre, & contraint
les Princes de se seruir des Estrangers
apres auoir espuise toute leur finances.
Maintenant qu’ils voyent que le
Mareschal de Thurene est perdu & qu’il
n’a de viures qu’a la pointe de l’espee

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estant entouré de toutes pars : Ils ont tenté
toute sorte de moyens pour conseruer
vne armée qui ne peust en aucune facon
subsister, le Cardinal de Retz estant allé
en Cour pour receuoir son bonnet de
Cardinal soubs pretexte d’vne deputation
du Clergé pour demander la Paix a
sa Majeste est reuenu comme triomphant
se ventant par tout d’auoir changé
les Cypres funestes, en des verdoyantes
Oliues.

 

Il a fait publier la Paix par toutes les
parroisses & gaigné en suitte quelques
vns des six Corps des Marchãds ausquels
il a fait entendre qu’el auoit obtenu de la
Cour des passeports pour leurs deputez
& que s’ils si acheminoient ils pouroient
amener le Roy, pretendant parce
moyen de faire mettre en armes
tous les six Corps des Marchands qui
peuuent mettre sur pie plus de cinquante
mille hommes afin de donner de la terreur
aux Princes & les obliger à se retirer
ou à faire vne paix qui luy donne la posession
du Ministere : pour cette fin les six

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Corps des Marchãds ayant receu vne lettre
de cachet, deputerent Ieudy passé
quelques vns de leurs Cõpagnies au Luxembourg,
sur les II heures, au nõbre de
30 dont l’vn d’iceux fit vne Harangue à
S. A. R par laquelle il luy dit,

 

Monseigneur, Nous sommes venus icy
pour representer à V. A. R. comme nous
auos receu vne Lettre de cachet du Roy,
par laquelle sa Majesté nous fait cõmandement
d’ẽuoyer nos Deputez à la Cour :
Nous esperons, Mons. que sa Majesté dõnera
la Paix & qu’elle se rendrau I. iour
dans sa bonne Ville de Paris, ayant desia
donné les ordres qu’on luy prepare son
Chasteau de S, Germain. Les asseurances
que sa Maiesté nous a donné de la Paix, si
nous contribuons de nostre costé, ce qui
est necessaire pour vn si grãd bien, nous
ostant toute sorte de crainte : & la necessité
qui s’augmente tous les iours par la
rupture du cõmerce, nous fait embrasser
cette occasion, pour tesmoigner nostre
zele au seruice du Roy & pour le soulagement
de tant d’ouuriers & d’artisans

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qui lãguissent & meurent de faim par la
cõtinuation de la guerre Nous vous supplions
dõc, Mons. de nous faire la faueur
que de cõmander à vn de vos Secretaires
de nous desliurer des Passe ports, afin
que nous ne perdiõs aucun momẽt pour
nous rendre au plustost aupres de la Maiesté,
pour receuoir l’ordre de ses Commandements,
ainsi qu’il nous a esté cõmandé
par sa Lettre de Cachet, la quelle
nous vous mettons entre les mains.

 

Son A. R. escouta auec attention cette
Harangue, sa bonté & sa moderation arresterent
tous ses ressentiments, & quoy
que il parût vn peu d’emotion sur son visage,
il profera auec vne grande douceur
cette responce.

Mes amis, ie ne doubte point que vous
n’ayez esté portez à faire vos assemblées
à conclurre vostre Deputation, & à me
venir demander des Passe ports pour aller
à la Cour, par le desir extreme de la
paix : Mais ie voy que le mesme feu qui
vous eschauffe vous aueugle. Pensez-vous
auoir plus de credit à la Cour que

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ceux qui y ont desia deputez ? vous vous
abusez, de croire que vous ayez vn plus
grand desir de la paix que moy, les Princes
& le Parlement : i’y ay trauaillé iusques
icy & y trauaille encore auec d’autant
plus de soin que i’y mesle moins que
tout autre mon interest. Croyez vous
emporter ce que nos Deputez, ceux des
Cours Souueraines & du Clergé mesmes
n’ont pû obtenir ? Si vous auez tant
de haste d’aller en Cour, allez ; mais prenez
garde si vous estes asseurez du retour,
& si l’on ne vous fera point promettre
des choses qui ne seront pas en
vostre puissance de les tenir. Quand aux
Passe-ports que vous me demandez, ie
proposeray vostre requeste à la Cour dãs
la premiere Assemblée, & selon les aduis
du Parlement & des Messieurs de l’Hostel
de Ville, ie vous rendray responce dans
quelques ioùrs.

 

Apres cette respõce vn de nos Deputez
voulut encore insister sur les Passe-ports,
& dit à S. A. R. qu’elle en auoit fait deliliurer
aux Deputez du Clergé : à quoy sadite

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A repartit qu’il n’en auoit esté dõné
qu’à M. le C. de Retz, lequel auoit pris
auec luy ceux qu’il auoit voulu du Clergé :
& que puis que l’on auoit refusé à Cõpiegne
de dõner des Passe-ports pour ses
Deputez, ils ne deuoient pas en esperer,
apres quoy tout ces Deputez se retirerẽt
& S. A. R. manda en suite au Preuost de
Marchands & Escheuins de Ville de se
rendre sur les 4. heures apres midy dans
son Palais, où estant arriuez à cette heure
S. A. R. leur communiqua ce qui s’estoit
passé auparauãt. Cependant les Deputez
des six Corps allerent consulter ensemble
ce qu’ils auoient à faire, & il fut resolu
qu’ils ne partiroient point pour Cõpiegne,
& mesme quelques-vns tiennent
que deux de ses six Corps des Marchands,
à sçauoir celuy des Orfévres &
des Espiciers, s’est en suite separé des
autres, & declaré de ne vouloir rien faire
au preiudice des Princes.

 

FIN.

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