Anonyme [1649], LE REGNE SANS FAVORY, OV L’ABREGÉ De la vie du Roy Henry le Grand, Dedié aux bons François. , françaisRéférence RIM : M0_3078. Cote locale : A_8_28.
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LE REGNE
SANS FAVORY,
OV L’ABREGÉ
De la vie du Roy Henry le Grand,
Dedié aux bons François.

A PARIS,
Chez Robert Quenet, dans la place
d’Auffine.

M. DC. XLIX.

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LE REGNE
SANS FAVORY,
OV L’ABREGÉ
De la vie du Roy Henry le Grand.

Dedié aux bons François.

LA Vertu & la fortune se sont accordées ensemble,
pour donner à ce Prince le tiltre de Grand,
& les merueilles de sa vie le nomment l’Imcomparable
Il fut conceu à la Flesche nasquit à Pau,
passa son enfance à Corase, en lieux aspres, aux
exercices plus rustiques de la campagne, afin que la delicatesse
de la nourriture n’empeschast les actions de son courage.
A sept ans il fut cõduit à la Cour pour y estre esleué auec ceux
auquels il deuoit succeder par droit & par merite. Peu apres
il vid le Roy son Pere mort, la Reyne sa Mere eslongnée, son
Once en défaueur, ses amis en défiance, ses seruiteurs en exil
A seize ans il est recognu General d’vn party, dont les esperances
abb[5 lettres ill.] par la perte de quatre batailles, commencerent
à se releuer sous la faueur de ses armes & le bon heur de

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sa presence. A dix neuf il fut engagé à des nop ces non legitimes,
mais vrayement funestes, qui commencerent par le trespas
inopiné de sa Mere, & furent suiuis de la perte de sa liberté,
mort & proscription des siens. Il sortit de captiuité pour entrer
en la seruitude qu’espreuuẽt ceux qui commandent aux guerres
ciuilles, & à la dignitè de General ne le dispensa de courre
les perils du soldat, iusques à ce qu’il eut mis son party en seureté
par le cinquiesme Edict de Paix. Tout à coup ce grand
calme qu’il auoit obtenu se changea en vn terrible orage, qui
fit fondre sur luy en quatre années dix armées Royales. La bataille
ne Coutras l’Orient de ses esperances fit cognoistre qu’il
deuoit estre craint de ceux qui ne le vouloient aymer. La Tragedie
dont on le fusoit l’argument, & qui auoit la France pour
theatre & les estrangers pour autheurs eut vne effroyable issüe
par la mort de deux Princes, qui remplit le Royaume de feu
& de sang. Le Roy surpris à Tours fut si heureusement se couru
de luy, que trois mois apres il fut r’entré victorieux en saville
Capitale, sans l’execrable parricide qui finit sa vie. Lors
les vrais François tous desolés aprehendans pour vn Roy plusieurs
Tyrans & recognoissans la iuste cause de leur Roy legitime
se iettent entre ses bras. Il void les plus puissantes forces
de l’Europe bandées contre luy, les rebelles insolens, les subjects
estonnez. Il fait autant de combats que de traites, autant
de sieges que de logis. Il digere en son cabinet des angoisses
& perplexitez incroyables, surmonte en a campagne des dãgers
infinis. Dieppe le receuant sert d’exemple d’obeyssance.
Arques le declare inuincible. Paris le croyãt vaincu s’effraye
de le voir à ses portes. Vendosme, le Mans, Lisieux, Eureux,
Alençon, Verneuil, Honfleur, obeïssent à ses armes. Meulandoit
son salut à son secours. Yury releue sa couronne Mantes &
Vernon luy ouurent les portes. Melun reçoit le chastiment de
sa temerité S. Denys luy rend les monuments sacrez de ses
predecesseurs. Paris estoit perdu s’il n’eust craint de le perdre ;
Corbeil se pendant ruine l’armée ennemie & par luy a l’instant
repris fait voir sa diligence. Pont d’Arsy admire sa conduite,

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Chartres sa Perseuerance, Noyon son courage, Louuiers
sa vigilance. Aumale est tesmoin du sang qu’il respand
pour le salut des siens. Roüen reduit à l’extremité le void aller
au deuant de ses ennemis pour les combatre Iuetot les met en
defordre. Caudebec en couure la fuite, Espernay l’aduance
& Dreux en augmente la honte Toutes les villes forcées publient
sa puissance, les renduës sa foy, les surprises sa bonté, Iamais
battu, tousiours Victorieux. Le mesme Dieu qui l’a conduit
par la main au throsne de ses Peres le garantit d’attantats
énormes & fortifie son ame d’vne singuliere preuoyance pour
rompre de nouueaux desseins qui rendoient les diuisions de la
France immortelles. Il adjouste à ses victoires celle de soy-mesmes,
tend les bras à la verité, recognoit l’Eglise, & Roy
tres-Chrestien est sacre & couronné au plus ancien Temple
de la Chrestienté, A ce coup le pretexte qui auoit donné tant
d’audace aux meschans, & tant de crainte aux gens de bien,
s’esuanoüit. Meaux, Lyon, Orleans, Bourges, le recognoissent
& reprennent le chemin de leur première fidelité. Son cœur
estant le temple & sa bouche Royale l’oracle de la verité induit
ses plus grans ennemis à se fier à sa parole. Il prend Paris,
luy fait receuoir les effects de sa Clemence, y restablit la Iustice,
la Seureté & la Felicité y entrent, permet aux estrangers
d’en sortir armez à la gloire de sa generosité qui ne sçait
ny craindre ny hayr ses ennemis. Laon est leur sepulture, Fontaine
Françoise les contraint de sacrifier leur orgueil aux pieds
de sa valeur. Les villes qui auoient suiuy les plus grande en
la reuolte les imitent en l’obeyssance. Il reduit la Bourgongne,
entre en la Franche Comté finit heureusement la guerre
ciuile, noye en la mer de sa Clemence les choses passées change
les punitions en recompenses, pacifie la Prouence, dompte
l’obstination de la Fere. Marseille recouure sa liberté par la
mort de l’auteur de sa seruitude Il fait l’assẽblée de Roüen, afin
de pouruoir par l’aduis de plusieurs au bien de tous, & cõfirme
les Edicts qui asseurent le repos de son Royaume. L’Espagne
ayant recognu par la reprise d’Amyens, que l’impossible ce

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doit à la Iustice de ses armes, luy demande la Paix par
l’entremise du Pere commun des Chrestiens, & quite pour l’auoir
tout le profit de la guerre. La Bretaigne suit le bon heur
de ses victoires. Pour rendre la Paix entiere il porte ses armes
dedans les Alpes, Montmellian tremble à sa veuë : Piedmont
deuient frontiere, Milan à peur de l’estre, l’Italïe s’estonne,
mais il fait voir qu’il n’est armé que pour auoir le sien La resistanco
n’empesche la prosperité de ses cõquestes, son pur Zele
au reposipublic arreste le cours de ses desseins. Il reuient triõmphãt,
espous la Screnissime Princesse Matie que le Ciel auoit
declaré Reyne des Vertus auant qu’elle fut saluée Reyne de
France, & les benedictions qu’il donne à ce Mariage seruent
de couronnement aux precedentes, & rendent les fleurs de
Lys eternelles. La seuerité de sa Iustice estoit encores incogneue,
quant le mespris insupportable de sa debonnaireté l’irrita
& la contraignit de laisser perdre ce qu’elle ne pouuoit
amander. A vn seul la peine, la crainte a plusieurs, & l’exẽple
à tous. Il dissipe les malignes influences preparées pour
troubler l’Estat, & renuerse les pensées de ceux qui n’ayant
fait la guerre pour auoir la paix, vouloiẽt troubler la paix pour
renouueler la guerre. Sa diligence guerit des vlceres que la
nonchalance eut rendu incurable. Il vient, il void, il triõphe.
Sedan n’ayant peu fouffrir l’esclair de ce foudre, conuincra de
temerité ceux qui en attendront l’esclat. Son nom glorieux
acquiert tant de creance & d’authorité que ses volontez sont
receues pour loix, & ses conseils pour preceptes infaillibles.
Le Conclaue les respecte l’Italie les honore, les Pays bas s’y
soubsmettent. Soubz les heureux auspices de ceste paix il
iouyt du repos qu’il a donné a tous au prix de son sang, & de trẽte
cinq années de son aage. Il tient vnis les esprits diuisez, tẽpere
les passion, restaure les sciences, restablit par Edict les
exilez par Arrest, fait resleurir les commerce & les art, en telle
sorte qu’il semble que la France n’ait esté abbatue par les
mains ennemies que pour se releuer plus haut par les siennes
victorieuses. Tousiours Auguste redouté, aimé, il voit croistre

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ces cinq royales plantes que le ciel a faict naistre pour le bien
de la couronne. Il fait reluire sa pieté, monstre sa magnificẽce
aux bastimens, sa prouidence aux finance, sa liberalié aux
pensions, son iugement au choix des hommes, sa viuacité aux
responces, sa Magnanimité aux accidens, sa Foy enuers
ses alliés, sa Moderation en tout temps, sa Prudence en toutes
choses, sa Iustice enuers tous. Inuincible à la peine, iamais oisif.
Sa Royale cheuelu en est blanchie que de veille & d’experiences
Les lauriers qui couronnent sa teste ont esté cueillis
sur le champ victorieux de trois batailles rangees de trente
cinq rencontres d’armées, cent quarante combats où il a cõbattu
de sa main & en trois cens sieges de places. Et de tout
cela s’est formée ceste grande Renommée qui par la singuliere
prouidence & grace de Dieu le rend Protecteur de la tranquilité
publique, le Restaurateur de l’Estat, l’Ornement de
l’Eglise, l’Arbitre de la Chrestienté, les Delices du monde.

 

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