Anonyme [1652], LE FRANC BOVRGEOIS DE PARIS, Monstrant les veritables causes & marques de la destruction de la ville de Paris. Et les deuoirs du Magistrat & de tous les bons Citoyens pour y remedier. , françaisRéférence RIM : M0_1408. Cote locale : B_17_2.
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souffrir la faim, tandis que les riches qui auoient
du pain chez eux, ou dequoy en acheter au marché
tenoient les moulins occupez, ce qui seruoit
aussi de pretexte aux Boulangers pour encherir
le pain, aussi bien qu’en tout autre temps les fraudes
ordinaires des Meusniers.

 

La Ville de Paris, a autresfois en de bien
moindres rencontres acheté des bleds des deniers
communs, & fait des magazins publics,
soit pour le reuendre à vn prix moderé au peuple
qui n’en auoit pas, soit pour en faire distribuer
du pain aux pauures en pure aumosne, ou a
moitié prix pour les secourir d’autant, mais en
celle-cy, elle est demeuree comme immobile &
insensible à la misere & necessité des pauures,
bien que peut-estre iamais elle n’y eut esté plus
grande.

Quelques-vns imputent cette faute à l’ancien
Prouost des Marchands, disans qu’il estoit bien
ayse de laisser les peuples dans la necessité & la
souffrance, afin que le desespoir les obligeât finalement
à se jetter sur ceux qu’on leur vouloit persuader
estre la cause de leurs maux, mais le moderne
n’a pas esté plus soigneux depuis qu’il est
en charge, de rechercher ou profiter des moyens
tres-fauorables & auantageux qui luy en ont esté
proposez, quoy que tout le monde esperât
qu’il deut commencer les fonctions de sa charge



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