Anonyme [1649], LE CHEVALIER CHRESTIEN PARLANT DES MISERES DV TEMPS, A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_696. Cote locale : C_1_14.
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tristes compagnes de l’infamie de tãt d’autres filles, a chassée
cruellement de leurs Monasteres, ny mesme de plusieurs
Innocens qui le trouuent enseuelis comme des
coupables soubs la ruine des miseres publiques : Mais MADAME,
quelle reputation attend Vostre Majesté, Siecles
futurs, lors que dans les histoires qui n’espargnent pas
mesme les Roys dans la suitte du temps, la posterité lira
que soubs la Regence d’Anne d’Autriche, Fille, Femme &
Mere de trois Roys, Paris se trouua reduit à cette extremité
de mourir de faim, par la passion de quelques Ministres,
qui ne souffroient pas la reproche que le plus auguste
Parlement de France, faisoit à leurs iniustices, que
les Parisiens furent traittez comme des rebelles, parce
qu’ils s’opposerent à l’insolence des Partisans, qui ne viuoient
que du sang du peuple, & que tous les François
furent lors neustres dans leurs propres pays, par ce qu’ils
ne se soubmirent pas assez profondement à ceux qui s’estoient
esleuez dessus leur ruine. Que la Reyne, diront nos
successeurs, qui auoit alors la Regence de l’Estat, n’arrestoit-elle
par son authorité le cours de tant de miseres ? elle
estoit sans doute, ou bien impuissante, si elle ne pouuoit
pas remedier aux desordres du Royaume de son Fils,
ou peu affectionnée au bien de sa conscience, & de ses sujets,
si elle ne vouloit pas les soulager au temps, que la
Famine, que la Guerre, & que la mort les menassoient
dans leur propre Ville ? C’est la pensée, MADAME, que
les siecles suiuans formeront de vous. Iugez donc si estant
desaduantageuse à vostre reputation, vous ne deuez pas y
apporter le remede, par l’heureux retour de nostre Prince


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