Anonyme [1652], LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT Le Combat du Faux-bourg S. Antoine. L’Escarmouche de l’Hostel de Ville. L’Vnion enfumée. La Paille. Le Desespoir du Cardinal. Et le grabuge de la Cour. Miseremini mei, saltem vos amici mei, quia manus Domini terigit me. QUATRIESME PARTIE. , français, latin, italienRéférence RIM : M0_2452. Cote locale : B_18_4.
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prit d’auoir des Curez & des Prestres pour se confesser :
on n’entendoit que des In manus tuas Domine,
&c. Libera me Domine, &c beaucoup se frappoient
la poitrine, disant, Mea culpa, mea culpa,
mea maxima culpa. Enfin ils ressembloient aux matelots,
qui ne prient Dieu que dans la tempeste.
Quelques-vns qui ne se sentoient point tachez du
Mazarinisme voulurent sortir, sautant la barricade,
mais ils furent iettez sur le carreau, car on ne connoissoit
plus personne, tant la confusion estoit
grande. Vn laquais sauua Monsieur nostre Gouuerneur,
tout ainsi qu’Enée sauua son Pere Anchise
de l’embrazement de Troye, car il le porta sur
ses épaules, disant que c’estoit son Maistre, luy
ayant changé de nom & d’habits, & fait oster son
Ordre du Saint Esprit. Vn Conseiller m’a iuré qu’il
fut enfourné l’espace d’vne heure & demie, & qu’il
entendit deux ou trois fois prononcer l’Arrest de sa
mort par Messieurs du Parlement de la Greve. Vn
autre se sauua habillé en Meusnier, tant y a peu de
difference d’vn Conseiller à vn Meusnier, l’vn &
l’autre ne viuant que de la mousture des sacs qu’on
leur porte. Et le S. D. que vous connoissez bien, se
sauua en drille, ayant donné tout ce qu’il auoit d’argent
& ses habits, pour vn meschant habit & vn
mousqueton, criant luy-mesme qu’il falloit assommer
les Mazarins, & faisant le blessé à la jambe
dont il boittoit. Enfin chacun se sauua comme il
pût, car deslors que ces coquins entrerent il n’y
auoit plus de quartier, il n’y auoit que ceux qui


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