Camaldoli, Michel de (père) [signé] [1649], LETTRE DV PERE MICHEL RELIGIEVX HERMITE DE L’ORDRE DE CAMALDOLI, prés Grosbois, A MONSEIGNEVR LE DVC DENGOVLESME SVR LES CRVAVTEZ DES Mazarinistes en Brie. , français, latinRéférence RIM : M0_2128. Cote locale : A_5_35.
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embrasser est devenu serpent ou beste feroce comme
les Dieux de l’ancienne Egypte, que le Royaume de
Senega adore encor, & nous veut reduire à nous armer
pour nostre defense, & pour sa mort, & à dire comme
Caracallus de son frere Geta sit Diuus dum non sit viuus.
Apres avoir fait en sa faveur l’aplication de cette extase
amoureuse de l’Eglise envers IESVS-CHRIST son
époux, Dilectus meus mihi, & ego illi, qui pascitur inter
lilia.

 

Il n’y point de plus grande faute dans la politique, ny
dans la Morale, que de mépriser l’amour des peuples, &
de vouloir regner par force, quand on le peut avec douceur.
Ie vous conjure & vous exhorte, Monseigneur,
de presser la Royne, & de presser les deux Princes d’accourir
en diligence, pour étouffer vn embrasement, dont
la fumée iraiusques à eux, desabusez-les de ce foible
pretexte d’authorité Royale, qui va perdre le Royaume.
Il n’y a plus d’expedient plus present, pour restablir cette
authorité, ny pour leur soumettre les cœurs, que de les
regagner par des maximes contraires à celles que le Machiaveliste
Mazarin leur à suggerées. Opposez aux conseils
violens de ce tyran, celuy de Ciceron à Marc-Antoine,
& dites particulierement à M. le Prince que vous
apprehendez pour luy qu’il ne soit se soit égaré du veritable
chemin de la gloire par vne mal-heureuse traverse ;
qu’il n’y a, ny honneur, ny seureté, de vouloir montrer
que tout seul on peut plus que tous, & que l’on aime
mieux estre craint & hay qu’aimé & chery de ses
concitoyens. Rien ne nous doit estre plus cher que les seruices
que nous auons rẽdus à nostre patrie : il n’y a point
de gloire plus legitime, que celle d’en estre estimé, loüé



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