Anonyme [1649], REQVESTE CIVILLE, CONTRE LA CONCLVSION DE LA PAIX , françaisRéférence RIM : M0_3468. Cote locale : C_9_74.
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criminels, & dignes de mort, lors qu’ils resistent à leurs
Souuerains, sous quelque pretexte que ce soit. Mais voulez
vous que ie vous parle franchement, vous sçauez qu’estant
Espagnole, son esprit a des adresses prudentes que
les plus clair voyans ne peuuent éguiser, & dans l’artifice
de ces entretiens, comme dans la grandeur de ces promesses,
elle oblige insensiblement tout le monde à son
seruice, & par la douceur de ses paroles, elle les trompe sans
mesmes qu’ils s’en apperçoiuent, Que fait elle pour mieux
ioüer son ieu, elle voit que Mazarin n’est qu’vn coquin
dont elle se sert comme vn homme fair d’vn cheual quand
ila vn long voyage à faire, & comme ce President de la
Coür, qui changeoit autant de fois de Secretaire qu’il sait
d’enfans à ses seruantes, afin que les marians ensemble, il
fust deschargé des vns & des autres : le pauure Secretaire
qui auoit enuie de demeurer dans la maison, consentoit
d’abord au mariage que luy proposoit son maistre, & sans
considerer qu’il n’estoit pas plutost entré dans le logis qu’il
estoit destiné pour estre ienain, il espousoit librement la
seruante, & se rendoit seruiteur du maistre, en deuenant
esclaue d’vne sotte. Vous me demanderez si ie veux conclurre
par là, que la Reyne se serue purement de Mazarin
pour satisfaire à ses passions, & qu’elle vse en son endroit
comme cette Reyne d’Egypte, qui faisoit tuer tous ceux
qui l’auoient baisée, de peur qu’ils ne decouurissent ses impudicitez ;
Ie vous respond que mes pensées ne sont pas si
mal heureuses, & que ie ne puis pas iuger absolument
d’vne chose dont ie n’ay pas vne parfaite connoissance. Ie
vous diray pourtant, que dans leurs entretiens, daus leurs
regards, dans leurs yeux, dans leur façon de proceder, l’on
coonoist assez qu’ils s’affectionnent passionnément, &


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