Anonyme [1649], LOVANGE DE LA GENEROSITÉ DES PARISIENS, PENDANT LE SIEGE DE LEVR VILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2326. Cote locale : A_5_51.
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& de rebutant, se soit voulu rencontrer dans l’occasion
presente. Car outre les considerations que nous
venons de dire, la dépense qu’il faloit faire pour la
leuée des gens de guerre, estoit plus capable de faire
peur que les accidens mesmes de la guerre, & plus capable
de refroidir que les glaces, & que les neiges de
la saison. Tout le monde sçait en quel estat les sangsuës
ont reduit la France, ils vouloient acheuer de luy
tirer encore ce peu de sang qui luy restoit dans les veines,
les Parisiens ont donné le leur pour les en empescher.
Quoy que les malades esperent leur guerison
de la saignée, il s’en trouue pourtant beaucoup qui
apprehendent le coup de la lancette, qui tremblent,
qui retirent le bras, & qui donnent d’autres témoignages
de leur contrainte. Les Parisiens n’en ont pas
fait de mesme, iamais contribution ne se fit auec plus
d’allegresse, ny auec plus de promptitude. Ce n’est
pas le tout que de donner, mais il faut donner vistement,
& de bonne grace. C’est dans cette rencontre
qu’a bien paru la difference qu’il y a de la maletoste à
vne taxe equitable ; car cõme elles s’imposent pour vne
fin directement opposée, elles se leuent aussi d’vne façon
bien differente, celle-là s’exige pour souler l’auarice
de quelques particuliers, & celle-cy se demande
pour le soulagement du public, celle-là est tousiours
accompagnée de tristesse, & de rigueur, & celle-cy
de franchise, & de gayeté.

 

Si les Parisiens en eussent esté quittes pour de l’argent,
on pourroit dire qu’ils ne sont pas fort à plaindre,
& qu’on ne sçauroit puiser que dans cette grande



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