Anonyme [1651], LES SERVICES QVE LA MAISON DE CONDÉ A RENDVS A LA FRANCE CONTRE LES CALOMNIES des Partisans du Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3666. Cote locale : C_11_30.
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l’execution des ordres que [illisible] Officiers ne portoient pas si
deliberement, il estime au moins que la mort deuroit auoir mis son
pere & ses illustres ayeuls à l’abry de ces injures attachees seulement
à la mortalité, & quand les grands seruices que nos Roys en
ont receu auec satisfaction & loüange, qui ont sauué cet Estat des
entreprises des Estrangers, ne pourroient exempter leurs manes de
ces insolences, ceux au moins dont il s’est recemment signalé doiuent
mettre en seureté vn nom que nostre Monarque tient à honneur
de porter, puis qu’il le tient de Henry le Grand.

 

Et veritablement il ny à pas vn homme de sens qui ne iuge apres
auoir leu cette declamation extrauagante, que c’est la production
de quelqu’vn de ces Predicateurs enragez de la ligue contre ce
bon Monarque, sur lequel & son pere Antoine Roy de Nauarre les
mesmes reproches tombent bien plus directement, parce qu’ils
estoient les Autheurs & Chefs du party dont Messieurs les Princes
de Conde n’estoient que les Lieutenans, & si la memoire des
playes de la guerre ciuille laisse des sentimens d’aigreur contre les
cadets, les aisnez n’en sont pas exceptez, puis que leurs freres n’estoient
que les seconds & les vengeurs de leurs iustes querelles.
Louys Prince de Condé premier de ce rameau & le dernier des
enfans de Charles Duc de Vendosme, le premier objet de la rage
de ce malheureux escrit, esprouua en sa vie les diuers accidens de la
fortune & de l’inconstance de la Cour, tant que la France fut regie
par vn bon & magnanime Roy, tel qu’estoit Henry II. il demeura
inseparablement attaché à son seruice, le suiuit en toutes
ses expeditions militaires, & seruit mesme en qualité de volontaire
en ce fameux Siege de Mets contre l’Empereur Charles V. &
fut vn de ces braues qui donnerent des bornes à vne armée de cent
mil hommes, dont le Formidable appareil n’en trouuoit pas en
celles du monde, força ce grand homme à se retirer de despit de
ny auoir pas reüssi. Apres la prise de Therouenne, ce Prince mit en
deroute celuy de piedmont General de l’armée Imperiale, & en ramena
les Chefs prisonniers, & non moins vaillant Soldat que prudent
Capitaine, montoit le premier aux breches, au Siege d’Vlpien
& autres telles que son frere le Comte d’Anguien prit dans le Piedmont,
ce fut luy qui apres auoir fatigue l’armée Espagnole deuant
S. Quentin & cette memorable Bataille perduë, r’asseura Laon,
la Fere & toute cette frontiere, & se jetta dans Compiegne pour



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