Anonyme [1652], LE VERITABLE AMY SANS FLATERIE, A MESSIEVRS DV PARLEMENT, QVI VEVLLENT QVITTER le party de Messieurs les Princes, pour suiure celuy du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_3918. Cote locale : B_12_6.
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de vous imposer aucune taxe, ils mettent leurs
biens à vostre discretion. Ainsi le Mazarin & les
Partizants deuiennent innocens ou coupables,
selon qu’on vous flate, ou qu’on choque vos interests ;
& cette consideration est le seul motif qui
vous fait agir.

 

S’il est ainsi François, où sommes nous ? &
que pouuons esperer à l’aduenir ? si tels sont les
pilottes de nostre nauire, quel orage pour foible
qu’il soit n’aura point le pouuoir de l’agiter ? &
que ne doiuent faire les autres planettes du Ciel
de la France en l’absence de ses deux grands luminaires,
si ce corps qu’on en peut nõmer le Firmament,
a si peu de constance & de fermeté. Malheureux
peuples en effet, mal heureuse ville de
Paris, de dependre de puissances si mal intentionnées,
& si mal vnies : Mais plus malheureux Parlement
d’estre décheu par sa foiblesse du haut rang
destime & d’honneur où l’opinion de sa constance
l’auoit estably dans les esprits de tous les peuples.
Le cœur me saigne, Messieurs, de me voir
forcé de vous parler en ces termes, & dans ce desordre,
& cette confusion de pensées : le ne puis
qu’accuser le mauuis sort de la France, blasmer
tant soit peu vostre conduite, & me preparer à
voir fondre encor sur nous de plus grands malheurs.



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