Anonyme [1649 [?]], LE VERITABLE AMY DV PVBLIC. , français, latinRéférence RIM : M0_3917. Cote locale : A_7_69.
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eu l’asseurance de le reciter deuant ceux que cét infame Tyran
auoit tourmentez. Neron peût bien faire rire dans vn banquet
celuy duquel il venoit de faire massacrer le Fils ; La France ne peut
auoir vne telle condescence, & ne peut tesmoigner que du dueil
apres la perte de tous ses Enfans.

 

Reuenons en là, personne ne souffre du mal s’il ne vient de luy
mesme, que ceux qui sont maintenant l’obiet de la haine du peuple,
& ne donnant que trop de suiet de mal parler en oubliant
leurs veritez facent mieux, & nous aurons bien tost la bouche
close, que s’ils se seruent d’autres moyens pour nous tromper asseurement,
il y aura plus de trompez que de trompetes. Nous
sçauons par quel droit on peut opposer la force à la force, que
l’obligation cede à la constance, & que la tyrannie est en son dernier
periode, quand elle est dans son Apogée.

Et vous aussi Peuples qui souffrez & gemissez depuis si long
temps sous le ioug d’vne si rude tyrannie ; Aprenez, aprenez que
c’est vous qui estes la cause de vostre malheur, les au heurs de vostre
calamité, & les forgerons de vos chaisnes. Non n’accusez
point l’imbecillité ou l’insuffiance de vos Souuerains, ny mesme
la malice de celuy qui par ses ruses ou par ses attraits s’est esleué
iusques aupres des degrez du thrône Prenez vous en à vous mesmes,
accusez-vous, iugez-vous, & vous condamnez ; vous auez
attiré par vos offences l’ire de Dieu sur vous. Pour satisfaire à sa
Iustice il s’est seruy de la foiblesse de vos Rois, de la malice des
Ministres d’Estat, & de l’iniustice de ceux qui deuoient suppléer
aux deffauts des vns, & s’opposer la violence des autres. Considerez
qu’elle est l’énormité de vos crimes par l’excez & la rigueur
de ses vengeances. Sans doute que vous auez commis les pechez
des Egyptiens, & des Israëlites, puis que Dieu : vous chastie comme
eux. Oyez parler Esaye, & vous sçaurez de qui il parle, ou à
qui il s’addresse, quand il dit chapitre 1. vers. 7. [Vostre Païs n’est
que desolation, les Estrangers deuorent en vostre presence vostre
terre, chap. 3. vers. 1. & suiuans. I’osteray, dit le Seigneur, l’Eternel
des Armées, le Soustenement & appuy, le Fort, le Iuge, le Preuoyant,
le Cinquantenier, le Conseiller, l’Homme d’authorité,
& leur bailleray de jeunes gens pour gouuerneurs, & les Enfans
domineront sur eux, le Peuple sera rançonné l’vn par l’autre, vn
chacun par son prochain. Quand à mon Peuple les enfans sont



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