Boyer, Paul / sieur du Petit Puy [?] (P. B. E. [signé]) [1649], L’IMAGE DV SOVVERAIN OV L’ILLVSTRE PORTRAICT DES DIVINITEZ MORTELLES : OV IL EST TRAITÉ Contre l’opinion des Libertins du Siecle. Dedié à sa Majesté par P. B. E. Rex verò lætabitur in Dec, laudabuntur omnes qui iurant in eo; quia obstructum est os loquentium iniqua. , françaisRéférence RIM : M0_1684. Cote locale : C_5_58.
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reste ? Lucques, Venise, Genéue, & Ragouse, ne sont-elles
pas tous les iours dans l’apprehension d’estre la proye
de ceux qui ne les sçauroient enuisager sans enuie. Combien
est-ce que les siecles passez en ont veu ruiner, au rapport
des Histoires Grecques & Latines ? Et combien l’Italie
en a-t’elle veu enseuelir sous leurs propres ruines, depuis
qu’elle est au nombre des estres ? Apolonius a tousjours
porté Vespasian dans les sentimens que nous venons
de dire. Ciceron en dissuadoit le vulgaire, l’accusant de
n’auoir ny raison, ny conseil, ny diligence. Le conseil du
peuple se precipite par tout, ainsi qu’vn torrent débordé
par quelque espece de deluge. Demosthenes disoit que le
peuple estoit vne beste bien cruelle & bien dangereuse,
quand il se laissoit surprendre à ses passions déreglées. Platon
en fait vn monstre tout composé de testes. Phalaris
escriuant à Egesippus en disoit des choses estranges. Aristote
en ses Ethiques l’accuse d’erreur & de mensonge.
Plutarque dit qu’il n’escoute pas les raisons, & qu’il est indisciplinable.
De sorte qu’il ne se laisse toucher ny aux documens
d’especes, ny à l’authorité des Magistrats, ny mesme
à la doctrine des Sages. Combien s’est-il veu de grands
hõmes bannis pour auoir voulu trop seuerement embrassé
l’interest de leur patrie. Demosthenes Prince des Orateurs
Grecs, fut banny par ceux d’Athenes, pour auoir
voulu deffendre leur liberté contre Philippes de Macedoine.
Socrates, le plus sage de tous les Philosophes, fut
condamné à mort apres auoir consommé la meilleure partie
de son âge au seruice de la Republique d’Athenes.
Metellus le Numidique fut chassé de Rome apres qu’il
eut gagné la victoire contre Iugurthe, pour n’auoir pas
voulu consentir à l’establissement d’vne loy tres-iniuste.
Hannibal tout percé de coups pour la conseruation de sa
patrie, fut à la fin contraint de sortir de son pays, & d’errer
miserablement par le monde. Camillus pour auoir fait ce
qu’vn grand Capitaine comme luy deuoit faire, ne fut-il
pas contraint de se refugier dans la ville d’Ardea. Licurgue,
tres-renommé Legislateur, apres auoir rendu tous les
seruices imaginables à la Republique de Lacedemone, fut


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