Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 29 --

obeyr par apres : qui est la plus belle science, & la
plus grande prudence qui se puisse souhaitter en vn
Roy, & laquelle Salomon impetra de Dieu, auec
plusieurs autres graces compagnes de la sapience,
qu’il luy auoit demandé tres-instamment, ne faisant
cas d’aucune autre chose sans icelle. Les Empereurs
Theodose & Valentinian en la Loy quatriesme Tit.
de leg. C. disent grauement & royallement, que c’est
vne voix digne de la Majesté de celuy qui commande
se dire subjet & obeyssant à la loy : & que l’authorité
du Prince en depend, tellement que la submission
qu’il fait de sa principauté sous les Loix, est chose
plus grande que son Empire mesme.

 

Trajan receuant l’espece Imperiale à son couronnement,
dit au Connestable qui la portoit, vse
de cette espée contre moy, si ie fais chose qui soit
contre les Loix. Les Rois Egyptiens auoient coustume
de faire iuger les Iuges, quand ils les pouruoyoient
de leurs Offices, que quand ils leur commanderoient
de iuger iniustement, ils n’en feroient
rien pourtant. Zeleucus Roy des Locrenses, tres-vertueux
Prince, fut si grand & religieux obseruateur
des bonnes loix, qu’ayant fait vne Loy contre
les adulteres, pour arracher les deux yeux à ceux qui
seroient conuaincus : aduint que son fils aisné tomba
en ce crime ; partant suiuant la Loy, il deuoit perdre
les deux yeux. Le pere en estant aduerty, abandonne
son fils à la peine de la Loy : Le peuple s’en émeut,
& le prie n’vser de telle rigueur contre son enfant,
veu mesmes qu’il seroit tres inconuenient d’oster la
veuë à celuy qui quelque iour deuoit estre leur Roy.
Le Pere enfin aucunement amolly par la priere de ses
sujets, & afin de leur accorder quelque chose sans
frauder la Loy, se fit sur le champ arracher vn œil,
& à son fils vn autre : & par cét admirable temperament
d’équité, il se monstra (au respect de la Loy)



page précédent(e)

page suivant(e)