Anonyme [1649], L’ARRIVEE DES AMBASSADEVRS DV ROYAVME DE PATAGOCE ET DE LA NOVVELLE France. Ensemble ce qui s’est passé à leur voyage, auec des remarques curieuses. Traduit par le Sieur I. R. , françaisRéférence RIM : M0_390. Cote locale : A_3_3.
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effrenée, les porte sur ces lieux, qui ne luy feront indulgens
comme on a esté en France.

 

Ces paroles ne furent pas plustost finis, que nous
nous embrassames tres étroitement en signe d’amitié,
voyant que nostre mission ne buttoit qu’à vne
mesme fin, nos conioüyssance n’ont pas esté moins
grandes, que nous nous sommes veu exposez sur cét
Element impitoyable a des perils tres euident, vn
nuage épais ayant caché la Lune, aucun Astres ne paroissant
sinon des éclaires, auant coureurs du foudre,
qui suiuoit de bien pres, qui fit vne telle production
de flots & vagues agitées par l’impitoyable Neptune,
de sorte que nous aurions esté perdu, si vne
Balene n’auoit eu pitié de nous en supportans nostre
vaisseau.

Tout estant calme & dans la bonage ayans surgis
à bon port, nous fismes rencontre d’vn monstre Mazarin,
qui auoit la face d’hommes. D’abort estant saisis
de crainte & intimides, nous croyons que c’estoit
Mazarin, que l’iniure du temps auoit i’etté à port &
approchant pour luy dire qu’il estoit le sujet de nostre
emission, & afin de nous en retourner au plus viste,
crainte qu’on ne nous pris pour ces espions. Il ce ietta
dans la Mer, & s’estant derobé quelque temps à
nos yeux, nous en conceusmes quelque ioye, croyant
qu’il estoit noyé & que par ce submergement, la France
seroit de liurée de tous ces maux, mais nous fusmes
bien surpris, le reuoyans paroistre derechef auec vne
gueule beauté & ecumenté.

Ce qui nous osta de peine fut vn homme vestu de



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