Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.
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de produire les fruits qu’ils nous donnent. Vous estes
ce Soleil, MONSEIGNEVR, qui a la science pour lumiere,
qui esclaire ceux qui ont l’honneur de vous approcher, &
les fait briller cõme des astres en l’absence de leur Soleil.

 

La seule pensée de ces merueilles, MONSEIGNEVR, me
rend en quelque façon participant de ces lumieres, &
m’encourage de poursuiure plus hardiment vn si beau projet,
dont il semble que ie me sois escarté pour loüer des
qualitez qui luy sont si necessaires : Mais ie retourne sur
mes brisées, & reprens le sujet que i’auois laissé. I’imiteray
donc ceux qui voyagent aux païs estrangers, lesquels ont
de coustume lors qu’ils arriuent aux grandes villes, se seruir
des habitans capables de leur faire voir les lieux qui
meritent d’estre remarquez : Ainsi ne me voulant pas fier
à la foiblesse de mon raisonnement, ie prendray pour guide
celuy des Philosophes, les exemples & les opinions de
tous ces grands hommes, qui se sont rendus si excellens &
si capables de traitter de l’vne & l’autre des parties de ce
discours.

Les Egyptiens élisoient leurs Prestres entre les Philosophes
de leur païs, & entre leurs Prestres ils choisissoient
leurs Roys, par cette belle maxime de Platon, que les
Estats seroient heureux si les Rois estoient Philosophes, ou
si les Philosophes y regnoient. Ie ne veux pas oublier à ce
propos ce que le Pere du Grand Alexandre escriuit à Aristote ;
Sçache (dit-il) que le Ciel m’a donné vn Fils, dont
ie luy rends graces, non tant de ce qu’il me l’a donné, qu’à
cause qu’il est né sous vn si grand Philosophe. Car i’espere
qu’estant instruit en ton Escole, il se rendra capable du
gouuernement de nostre Monarchie. Alexandre, suiuant
le iugement de son Pere, & connoissant le fruit qu’il auoit
fait en l’Escole d’Aristote, disoit que son Pere luy auoit
donné le commencement de viure, mais que son Maistre
l’auoit conduit au chemin de bien viure : En quoy il luy
estoit plus obligé, qu’à celuy qui luy auoit donné la vie.

Mais pour sçauoir en quelle estime Alexandre a eu les



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