Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 27 --

qui ruinent l’esperance de labourer ! Ouy de
quelque costé que ie tourne icy les yeux, ie ne voy
que de l’iniustice & de l’oppression, & point de
Consolateur pour l’innocence affligée. Ha le cœur
me saigne derechef à cette cruelle pensée ! Pleurez
donc, pleurez, mes yeux, & iugez à voir ces funestes
Ieux du malheur de la France, que de tous les
climats du monde le sien est le plus deplorable, &
que iamais siecle n’a veu tant de desordres que celui-cy.

 

DEMOCRITE.

Qui t’oblige à tenir ce discours, pauure abusé ?
ne te souuient-il donc pas des Guerres ciuiles d’Italie,
des Proscriptions du Triumuirat, des Incursions
des Goths & Vandales, & puis des Sarrazins
dans les Prouinces de l’Empire Romain ? des derniers
malheurs de Constantinople, & sur tout de la
Nation Iudaïque par les Roys de Perse ou d’Egypte ?
C’estoient des Guerres sanglantes que celles-là,
& qui meritoient le nom de guerres ; au lieu que
ce ne sont icy que spectacles & badineries. I’avouë
cependant, & ie l’ay dit le premier, que les François
sont les personnes les plus legeres du monde, aprés
les anciens luifs, & les Sybarites. Quoy, s’ils n’étoient
les plus simples du monde, auroient-ils souffert
depuis tant d’années qu’on les bernast comme
on fait, qu’on leur mit impost sur impost, & taxe



page précédent(e)

page suivant(e)