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Célestin Moreau, 1857 : « Préface » de sa réédition des « Courriers de la Fronde… » de Saint-Julien

Célestin Moreau, « Préface » de Les courriers de la Fronde, en vers burlesques, par Saint-Julien, revus et annotés par M. C. Moreau, 2 tomes, Paris, P. Jannet, 1857, tome 1, p. V-XXXI.

[copies numériques ici : tome 1 (Gallica) et tome 2 (Google Books)]

[Notre commentaire]
Réputée d’un grand intérêt, cette préface côtoie, dans ce dossier documentaire du Projet Mazarinades, plusieurs textes destinés à la compréhension de l’histoire éditoriale des Mazarinades, comme l’importante « Introduction » de la Bibliographie des Mazarinades du même Célestin Moreau six ans plus tôt.
Nous restituons l’orthographe originale sauf pour les majuscules qui peuvent être accentuées, les césures qui peuvent être réduites, quelques accents aigus devenus graves. Nous insérons entre crochets droits la pagination originale en chiffres romains minuscules. Avec des appels également entre crochets droits, nous conservons les notes de bas de page originales, ici numérotées en continu. Dans ces notes, nous ajoutons les numéros des pièces répertoriées dans la Bibliographie des Mazarinades de C. Moreau, ainsi qu’un lien hypertexte quand la pièce concernée est disponible dans le corpus du Projet Mazarinades.
[Patrick Rebollar, le 30/12/2018]

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[p. v] PRÉFACE.

Nous ne sommes pas de ceux qui disent que l’histoire de la Fronde se doit écrire en vers burlesques ; nous pensons au contraire qu’aucune époque ne demande à être étudiée avec plus de soin et traitée avec plus de gravité. Les jugements qu’on en porte sont pour la plupart empreints d’injustice ou d’exagération. La Fronde n’a été ni une parodie de la Ligue, ni une aspiration vers cette forme de gouvernement que nous appelons diversement constitutionnelle, représentative ou parlementaire ; ceux qui en parlent ainsi ne la connaissent pas. Mais elle n’a pas été non plus un pur caprice de grands seigneurs ambitieux, d’orgueilleux magistrats, de bourgeois mécontents. C’est la comprendre mal que d’en faire une agitation stérile, sans effet comme sans cause. Il n’y a point de ces phénomènes-là dans la vie des peuples ; tout s’y enchaîne providentiellement, c’est-à-dire que tout présent y a son passé et son avenir, que par conséquent tout y a sa raison, [p. vj] son explication ; nous n’ajoutons pas sa justification, à Dieu ne plaise ! car ce qui est contre l’ordre, contre la justice, contre la morale, ne saurait jamais se justifier. Placée entre deux grands règnes, la Fronde se lie intimement à l’un et à l’autre, marquant le point précis où le premier s’est arrêté, par le ressort des résistances qu’il avoit comprimées ; annonçant, expliquant, par ses retours comme par ses élans, le mouvement du second. Réaction contre le gouvernement de Louis XIII, elle a été une préparation du gouvernement de Louis XIV. Voilà son vrai sens, son caractère véritable ; voilà son titre à la plus sérieuse attention des historiens.

C’est à Henri III qu’il faut remonter pour trouver la racine de la politique qui s’est épanouie sous Louis XIV. Les grandes charges de la couronne, dont la puissance avait été établie sur les ruines de la féodalité, commencent à être abaissées, et les secrétaires du roi, devenus secrétaires d’État, s’élèvent ; Villeroy peut entrer en lutte avec le duc d’Épernon.

Henri IV suit la tradition de son prédécesseur, se ce n’est qu’il gouverne lui-même. Ses ministres ont dans l’administration du royaume toute la part qu’il leur donne, et qui ne leur est plus disputée. On sait, il est vrai, qu’ils reçoivent les ordres d’un maître qui veut être obéi.

À la mort du roi, les ambitions se réveillent et les ressentiments éclatent. Les princes et seigneurs, les grands officiers, les gouverneurs de [p. vij] provinces et de places, s’efforcent de ressaisir leurs privilèges abolis, leurs prérogatives perdues, leurs pensions supprimées. Ils se jettent de l’intrigue dans la sédition et de la sédition dans l’intrigue. La Régence, foible et mal servie, lutte péniblement ; pourtant l’autorité royale lui donne déjà tant de force qu’elle résiste même à ses propres fautes. Les états généraux de 1614 montrent que la réaction n’est pas populaire.

La lutte néanmoins continue après la majorité de Louis XIII ; mais Richelieu paroît, et le pouvoir royal triomphe de toutes les oppositions. Les princes se soumettent, les courtisant tremblent, la noblesse est comprimée. C’est la tradition de Henri III et de Henri IV qui grandit et se fortifie. Peut-être parce qu’elle se développe sous une autorité empruntée, elle a plus de hauteur ; son action est plus violente, plus impitoyable, et quelquefois les actes qu’elle conseille, qu’elle commande, ressemblent à des vengeances. Richelieu se sent si bien maître de la situation, malgré les menaces, les manœuvres et les complots, que, pour les besoins de la justice, pour les nécessités de l’Épargne, pour l’utilité de l’administration, il ne craint pas de s’attaquer aux parlements. Sa vie s’écoule ainsi au milieu des entreprises les plus laborieuses, entre les conjurations, les attentats et les guerres, sous le poids des haines et des malédictions ; mais elle s’achève dans la plénitude de la puissance.

Il a si bien fait taire toutes les résistances que [p. viij] le silence se prolonge jusque dans les premières années de la régence d’Anne d’Autriche. La France cependant soutient contre l’Empire et contre l’Espagne une guerre dont les fortunes diverses la fatiguent et l’épuisent. Les finances sont mal administrées, les impôts se multiplient, et l’argent manque toujours. Le traité de Westphalie est conclu, mais le cabinet de Madrid refuse de le signer. Les armées d’Italie et de Catalogne éprouvent des revers ; on perd des places en Flandre. Le peuple de Paris alors s’inquiète et murmure, la bourgeoisie s’irrite, le Parlement gronde. Pour subvenir aux dépenses de ses armements, la Régence a augmenté le tarif des droits d’entrée ; elle a suspendu le paiement des rentes de l’Hôtel-de-ville ; elle a retranché les gages des magistrats. Tous les mécontents du dernier règne, tous ceux que Richelieu avoit courbés sous son redoutable pouvoir, et qui n’attendoient qu’une occasion pour se relever, s’allient aux mécontents du règne présent. Des intrigues sont ourdies, des promesses sont échangées, des coalitions formées. La sédition qui fait entendre sa voix au Palais de justice descend dans la rue. C’est la Fronde.

Elle manifeste tout d’abord par ses paroles et par ses actes la prétention de rompre la tradition qui s’est établie depuis Henri III, et de défaire ce que Louis XIII a fait. Divisés sur des questions d’un intérêt fondamental, ses chefs sont d’accord en un point, qui est de reprendre ce qu’ils ont [p. ix] perdu. Les princes et seigneurs veulent rentrer dans l’hérédité de leurs charges, de leurs gouvernements, de leurs honneurs ; le Parlement de Paris veut l’abolition des intendants de police, justice et finances, dont la création a diminué sa part d’autorité ; les Parlements d’Aix et de Rouen veulent la suppression de leurs semestres ; le Parlement de Bordeaux veut ressaisir les attributions qui ont été données à la Cour des Aydes de Guyenne.

Tous cherchent le redressement de leurs griefs dans le renversement du régime qu’un pamphlétaire appelle énergiquement des Régences de favoris et de ministres. ((Discours d’état et de religion sur les affaires du temps présent, à la reine [M0_1106]. Paris, Arnould Cottinet, 1649, 2e partie.)). Richelieu leur est odieux autant que Mazarin ; ils le poursuivent des mêmes colères et des mêmes outrages. C’est en effet le ministériat, comme on disoit alors, qu’ils diffament sous ces deux noms ; le ministériat, principe, cause, origine de tout mal ; le ministériat, « venin doux et lent qui corrompt les parties les plus saines de l’État, charme trompeur pour le peuple, piége tendu à la royauté », dit un autre pamphlétaire1 ; le ministériat, objet de la haine publique, jusque là qu’un troisième y trouve la [p. x] claire explication de la chute des anges rebelles2. Dans ses remontrances du 21 janvier 1649, le Parlement de Paris proteste en ces termes contre le titre et les attributions de premier ministre : « La loi fondamentale de la monarchie veut qu’il n’y ait qu’un maître en titre et en fonctions, de sorte qu’il est toujours honteux au prince et dommageable aux sujets qu’un particulier prenne trop de part à son affection et à son autorité, celle-là devant être communiquée à tous, et celle-ci n’appartenant qu’à lui seul3. » C’est la pensée des auteurs de libelles sous une meilleure forme. La Fronde ainsi entend que le roi gouverne seul, qu’il ait des secrétaires d’État pour recevoir et transmettre l’expression de sa volonté, et non un ministre pour exercer sa puissance. C’est son opinion, c’est sa doctrine ; et elle s’en prévaut pour condamner la mémoire de Richelieu comme pour proscrire Mazarin.

[p. xj] Mais à cet égard elle a bien des complices, jusque dans le parti de la cour. Le vieux Brienne ne dit-il pas : « Je ne connois de ministre qu’à Charenton ou aux Mathurins » ? Le parlement ne recueille-t-il pas avec joie de la bouche du duc d’Orléans ces paroles4 : « Je reconnois que ce mot de ministre est une usurpation depuis quelques années, et qu’il ne devroit point être admis »? Enfin que soutient la Cour elle-même pendant le blocus de Paris ? Que le cardinal Mazarin est un domestique de la Reine, rien de plus, et par conséquent qu’il n’appartient pas au Parlement de le renvoyer5.

C’est l’opinion générale, universelle, que le roi doit être le maître et que lui seul a le droit de commander. Royalistes et frondeurs, tous s’accordent dans la même pensée, dans le même sentiment. Seulement les premiers acceptent Mazarin comme l’organe de la volonté royale ; les seconds le repoussent sous prétexte que la liberté du roi est opprimée. Pour les uns la puissance ministérielle n’est qu’un mot ; elle est pour les autres une usurpation flagrante sur l’autorité souveraine, en même temps qu’une injure au caractère de la nation. La dissidence se remarque [p. xij] dans l’application, et non dans le principe ; dans le fait, et non dans la doctrine. Il n’y a plus personne qui contexte les prérogatives de la royauté, personne qui ne soit au contraire disposé à en subir même les exagérations. Est-ce qu’on n’applaudit pas au terrible exercice que Henri III a fait de son pouvoir contre les Guise, et Louis XIII contre Concini ? Un pamphlétaire frondeur a écrit cette phrase : « Louis XIII s’était acquis tant de bienveillance de tous les François par l’assassinat du maréchal d’Ancre qu’il n’aurait jamais pu la perdre6. »

Voilà comment la Fronde, tout en s’efforçant de réagir contre le règne qui vient de finir, court au devant du règne qui commence. En même temps qu’elle s’arme pour détruire les œuvres de la puissance de Richelieu, elle appelle, elle provoque, elle prépare la puissance de Louis XIV. Si elle rend des arrêts contre le ministre d’Anne d’Autriche, si elle livre des batailles aux soldats du prince de Condé, si elle convie les peuples à l’insurrection, ce n’est pas qu’elle refuse l’obéissance ; c’est qu’elle prétend ne la rendre qu’au roi directement. Dans ses remontrances à la reine régente et dans ses circulaires aux provinces, dans ses harangues et dans ses pamphlets, elle ne tient jamais un autre langage. des politiques enseignent [p. xiij] que l’administration du royaume est dans le droit des princes du sang, des ducs et pairs, des grands officiers de la couronne ; elle les répudie. Il n’y a pas de règle à laquelle elle s’attache plus étroitement que celle qui défend de transmettre les gouvernements et les charges comme des héritages7. Sur ce point, elle se sépare sans hésiter des généraux qui commandent ses armées. L’assemblée de la noblesse organise une agitation qui a pour but de contraindre le roi à réunir les états généraux ; le Parlement lance contre elle des arrêts et la force à se dissoudre8. L’esprit de 1614 ne s’est retiré ni du tiers état ni de la magistrature.

Quand donc Louis XIV, après la mort de Mazarin, [p. xiv] prendra dans sa main les rênes du gouvernement, il accordera à l’opinion publique une satisfaction long-temps attendue et sollicitée. Nous comprenons très bien que sa résolution pourra lui être dictée par l’ambition naturelle d’un grand cœur ; mais l’élan imprimé à la nation par les prédications et par les soumissions de la Fronde y aura, sans aucun doute, une part considérable. Il est impossible que ce jeune prince, qui « s’exerce et s’éprouve en secret et sans confident, raisonnant seul et en lui-même sur les événements qui se présentent9 », ne soit pas frappé de l’impatience générale qui l’appelle à parler et à agir en maître. Assurément il sait tout ce que le pouvoir ministériel a soulevé de haines, et il voit que princes, magistrats et peuples sont prêts à se donner de tout leur cœur au roi qui les en délivrera. Son rôle lui est tout tracé par les remontrances que nous avons citées plus haut : il communiquera son affection à tous, et il gardera pour lui seul son autorité.

Pour peu qu’on prenne garde aux premières réformes que Louis XIV a introduites dans l’administration, [p. xv] dans l’organisation de l’armée, dans la distribution des emplois et des charges, on se convaincra aisément qu’il les a toutes ordonnées sous l’influence des mouvements de la Fronde. Il y a là le sujet d’une bonne et curieuse page de son histoire ; mais en ce lieu, et dans ces quelques lignes, nous ne pouvons que l’indiquer.

Il n’est pas douteux que les souvenirs de la Fronde n’aient eu une action puissante sur la conduite du grand roi. Un exemple suffira pour le prouver : celui des mesures prises contre le Parlement de Paris, en 1665 et 1667. Les magistrats ne fléchirent pas seulement sous la volonté impérieuse de Louis XIV, ils cédèrent aussi à la pression de l’opinion. Mais cette opinion, qui l’avoit faite ? N’accusons pas seuls le Parlement et le roi ; ils avoient un complice : c’étoit cet esprit public de la Fronde qui ne mettoit pas de bornes à l’autorité royale, pourvu que le pouvoir ministériel fût abattu. Jamais, aux plus beaux jours de sa grandeur, Louis XIV ne fut entouré de plus de louanges, de plus de flatteries, de plus d’adulations, que pendant les quatre années de la guerre civile, de 1649 à 1652. Les écrivains les plus séditieux, les plus audacieux libellistes, confondirent dans une adoration égale le prince et l’enfant ; ils n’eurent pas d’expressions assez pompeuses, de phrases assez emphatiques, pour exalter la puissance de l’un10 et [p. xvj] les grâces de l’autre. La comparaison du roi avec le soleil fut un lieu commun des pamphlets et des harangues11. Il seroit singulier qu’on y trouvât l’origine de la devise fameuse qui a été tant reprochée à l’orgueil de Louis XIV.

Rarement les factions et les partis ont une perception claire de la portée des opinions qu’ils [p. xvij] accréditent et des moyens qu’ils emploient. Leur vue, courte comme toute vue humaine, est de plus obscurcie par la passion. Une préoccupation trop exclusive du but qu’ils se proposent ne leur laisse discerner souvent ni la vérité de leurs intérêts, ni l’opportunité et l’utilité de leurs actes. Il se peut que les partis de la Fronde n’aient pas su que la voie qu’ils suivoient pour arriver au renversement du cardinal Mazarin les conduisoit à l’exagération du pouvoir royal. Nous ne le croyons pas pourtant. À notre avis, ils sentoient bien que la puissance ne pouvoient être arrachée au ministre que pour retourner au roi ; mais ils ne s’en inquiétoient pas. Tout au plus cela pouvoit être l’affaire du lendemain, et ils avoient bien asse de l’affaire du jour.

La chute du premier ministre étoit l’objet suprême de leurs efforts. Ils n’avoient en commun que cette pensée et cette espérance ; hors de là tout étoit division, opposition, confusion. Les prétentions collectives, les ambitions personnelles, se heurtoient tantôt dans l’éclat des luttes publiques, tantôt dans les ténèbres des intrigues secrètes. Il n’y avoit pas, en quelque sorte, un chef de l’armée, par un magistrat du Parlement, qui ne fût resté, avec plus ou moins de mystère, en relation avec la cour. Aussi étoit-il toujours plus difficile de prévenir et de contenir les négociations que de les reprendre. La Fronde n’avoit pas la foi, qu’on nous permette de le dire ainsi ; elle ne croyoit pas tout à fait à la justice de sa [p. xviij] cause, et elle n’avoit pas de confiance en son succès. De là vint qu’elle ne sut ni négocier ni combattre ; de là vint également qu’elle fut, dans l’esprit des contemporains, justiciable du burlesque. Toutes les agitations du palais, tous les tumultes de la guerre, toutes les séditions de la rue, ne suffisoient pas pour cacher aux yeux les moins ouverts l’impuissance des partis qui s’y mêloient, sans se confondre dans l’unité des mêmes intérêts et des mêmes principes. Les caractères ridicules, les aspirations grotesques, les promesses fanfaronnes, n’étoient pas couverts par la sincérité de la conduite ou par la grandeur des actions. Les haines contre Mazarin, si vives qu’elles fussent, ne faisoient pas illusion sur le désintéressement des princes et des seigneurs dont la Cour dédaignoit les conseils ou négligeoit la pauvreté, des maréchaux qui se souvenoient d’avoir reçu l’affront d’un procès criminel, des archevêques qui aspiroient au ministère, des magistrats qui s’étoient offensés de n’avoir pu faire agréer leurs services dans la maison de la Reine. Le peuple lui-même ne s’y trompoit guères, et il trouvoit bon qu’on l’amusât aux dépens des généraux qui « lui ferroient la mule », des bourgeois qui « ne passoient pas Juvisy », et un peu du Parlement, où il voyoit assis sur les fleurs de lys tant d’enfants de la maltôte.

Sans doute il est arrivé au burlesque d’irriter les vengeances et d’allumer les colères. Il a rencontré quelques éclairs de passion dans l’audacieux [p. xix] cynisme de ses insolences ; mais son rôle a été surtout de provoquer le rire par l’ironie, par le sarcasme, par l’invective. Il ne juge pas, il ne raconte pas même ; il raille, il veut être plaisant. Il ne se pique pas d’exactitude, de raison ou de justice, mais d’esprit, et en effet il est parfois très spirituel. Il a des saillies ingénieuses, des boutades piquantes, des railleries fines.Toutefois son sel est fort gros d’ordinaire, et le nom qu’il porte dit assez qu’il n’a souci ni de la délicatesse, ni de la mesure, ni de la convenance. Il ne craint pas d’effaroucher son lecteur, de le blesser, de le rebuter par des pensées graveleuses, par des expressions brutales, par des mots orduriers. Son excuse est dans des habitudes de langage qu’il a reçues, qu’il n’a point faites, dans l’état d’une civilisation assez peu raffinée pour tenir beaucoup au fond, peu à la forme, et dans la facilité avec laquelle il jette au vent de la curiosité ses compositions, destinées à disparoître avec les opinions et les circonstances qu’elles ont eu pour objet de servir.

Ce n’est pas à titre d’historien qu’il faut l’interroger ; c’est comme témoin qu’il peut être utile de l’entendre. Il est toujours l’écho et bien souvent l’organe d’un parti ou d’un homme. Il a écrit en présence des événements, sous l’influence des sentiments et des idées qui prévaloient alors, et qu’il a traduits à sa manière, pour le succès des controverses qui passionnoient le public, et dans lesquelles il est entré avec son caractère de dénigrement [p. xx] sceptique et d’impudente bouffonnerie. Il a été l’instrument de toutes les rivalités, de toutes les jalousies, de toutes les haines. Il s’est prêté à toutes les passions comme à tous les intérêts. C’est assez dire que son témoignage ne doit pas être reçu sans défiance ; mais les divers mouvements de cette société si agitée dont il a suivi les variations s’y reflètent avec une vérité et une vivacité pleines d’enseignements. Il y a tout un côté des mœurs publiques qu’il enlumine de couleurs éclatantes et qu’il éclaire d’une chaude lumière. C’est dans ses vers surtout qu’on voit bien la foule qui grouilloit sur le Pont-Neuf, autour du cheval de bronze ou devant la Samaritaine, dès que le moindre bruit se répandoit par la ville, et qui vociféroit au Palais et jusque sous les piliers de la grand’salle dans les jours d’émeute. Sa langue même, toute parsemée de proverbes et de locutions proverbiales, d’expressions surannées, de termes populaires, sa langue est un sujet curieux d’étude et de réflexion.

Les courriers de Saint-Julien nous ont paru mériter particulièrement d’être tirés de l’oubli où sont tombées la plupart des Mazarinades. Ils se composent du  Courrier françois traduit fidèlement en vers burlesques, du Courrier burlesque de la guerre de Paris, envoyé à monseigneur le prince de Condé pour divertir Son Altesse durant sa prison, ensemble tout ce qui se passa jusqu’au retour de Leurs Majestés, et du Courrier burlesque envoyé à monseigneur [p. xxj] le prince de Condé, pour divertir Son Altesse durant sa prison, lui racontant tout ce qui se passa à Paris en 1648 au sujet de l’arrêt d’union. Ils embrassent les temps écoulés du 13 mai au 24 octobre 1648 et depuis le 6 janvier jusqu’au 1 avril 1649. On pourrait les appeler la chronique burlesque de la première Fronde. Naudé, qui n’a connu que le Courrier françois, en a porté un jugement favorable dans le Mascurat. Il le range parmi les burlesques qui ne lui déplaisent pas, « à cause, dit-il, qu’il change assez naïvement le sérieux en ridicule. » C’est pourtant le moins remarquable des trois, le moins vif, le moins gai, le moins spirituel, celui dont les allures sont le moins libres et où se rencontrent le moins de ces tours hardis, de ces contrastes heurtés, de ces grotesques images, qui sont les caractères saillants du burlesque.

Et cela se comprend : c’étoit le premier essai de Saint-Julien, du moins autant que nous autorisent à le penser les informations incomplètes que nous avons pu recueillir sur cet auteur. Tout ce que nous savons de sa vie, nous l’avons appris par le privilège qui lui fut accordé en 1650 pour la publication de ses Courriers, et par les Courriers eux-mêmes. Il étoit né à Paris, sur la paroisse de Saint-Paul ; en quelle année ? Il paroît qu’il étoit attaché au marquis d’Alluye, de la maison d’Escoubleau, fils du marquis de Sourdis, gouverneur d’Orléans. On peut conclure d’un passage du Courrier burlesque qu’il faisoit [p. xxij] profession de poète ; mais est-ce avant d’avoir écrit ses vers pour la Fronde, ou après ? Nous n’en connaissons pas d’autres de lui, et nulle part nous n’avons rencontré le moindre renseignement qui nous permette à cet égard quelque conjoncture.

Quand la Cour sortit de Paris, le 6 janvier 1649, Renaudot eut ordre de la suivre à Saint-Germain. Le cardinal Mazarin lui avoit donné la direction de l’imprimerie qu’il faisoit emporter, et qui fut établie dans un des appartements de l’Orangerie12. Son intention étoit d’accepter la lutte avec la Fronde sur le terrain de la publicité, d’opposer aux pamphlétaires ses écrivains, d’avoir, comme le Parlement et les généraux, ses pièces de polémique, ses feuilles volantes, et de faire imprimer les arrêts du Conseil, les lettres et les déclarations du roi, pour les répandre. Renaudot étoit bien l’homme qu’il lui falloit. Fondateur et directeur de la Gazette depuis vingt-cinq ans, il étoit rompu aux habitudes de la controverse, et il connoissoit à fond toutes les petites finesses, tous les petits mystères du métier qu’il avoit exercé le premier. « Madame l’histoire, dit un pamphlétaire, instruisit cet homme de toutes les manigances qu’il [p. xxiij] falloit pratiquer ; comme il falloit adoucir et couler les mauvaises nouvelles, exagérer les avantageuses, assurer les douteuses délicatement, si bien que l’on pût s’en dédire sans contradiction, et faire en sorte de se faire bien venir des puissances, agréer au peuple, et n’attirer sur soi la haine ni la malédiction de personne… Ses préambules étoient toujours farcis de latin, et sa relation avoit bien du style d’un sermon de village. Il savoit les lieux communs, dont il enrichissoit son discours assez à propos ; et, lorsque les nouvelles n’étoient pas abondantes, il trouvoit le moyen, comme étant de pratique, de tirer et allonger la matière pour achever le cayer13. »

Si Renaudot convenoit bien à la fonction, la fonction aussi convenoit fort à Renaudot. Elle devoit, en effet, lui servir à s’affermir dans la faveur de la reine, du Cardinal, de la Cour, et par conséquent à conserver, malgré l’instabilité des choses à cette époque, le privilège de la Gazette ; il n’eut donc garde de refuser. Mais quitter Paris, c’étoit laisser le champ libre à un concurrent ; le parlement pouvoit autoriser la publication d’un journal, breveter quelque écrivain qui consacreroit son savoir-faire à le défendre. La guerre finie, qui l’emporteroit du gazetier du Palais-Royal ou de celui du Palais-de-Justice ? Mazarin pouvoit rester le maître sans doute, mais il pouvoit être sacrifié ; [p. xxiv] la paix pouvoit se faire par un compromis. Dans cette hypothèse, la Gazette seroit-elle assez favorisée pour conserver son monopole ? Le cas étoit douteux. En politique habile, Renaudot résolut d’aller à Saint-Germain sans abandonner Paris. Il partit avec la Cour ; mais il ordonna à ses enfants de demeurer, leur recommandant de publier de leur côté, pour le parlement, une gazette. Pourtant peu s’en fallut que son calcul ne fût trompé. Ses fils firent paroître le Courrier françois dès la première semaine du blocus, et ils le firent avec un succès tel qu’ils eurent la tentation de continuer encore après la conclusion de la paix. Renaudot dut recourir aux voies judiciaires pour réprimer cette tentative d’une concurrence qui lui naissoit justement de la précaution par laquelle il s’étoit flatté de la prévenir. Il fit saisir le Courrier pendant qu’on portait la treizième arrivée chez l’imprimeur, et ses fils reprirent dans le bureau de la Gazette la place qu’ils avoient eu le tort de déserter14.

L’inquiétude que lui causa cet essai de trahison fut la seule rançon des joies et des profits de sa double entreprise. A Saint-Germain, le roi daigna visiter, le 4 mars, son imprimerie, et agréer des vers que Renaudot « dicta sur-le-champ », et fit tirer devant lui, sur la première conférence de Ruel15. A Paris, ses papiers se vendirent comme du pain ; ce sont les expressions du pamphlétaire que nous venons de citer : « On y couroit comme au feu ; on s’assommoit pour en avoir, et les colporteurs donnoient des arrhes dès la veille, afin qu’ils en eussent des premiers. On n’entendoit les vendeurs crier autre chose que le Courrier françois, et cela rompoit le cou à toutes les autres productions d’esprit16. »

Tant de succès éveilla l’envie et excita les appétits. Des libraires contrefirent le Courrier ; d’autres usurpèrent son titre ; des auteurs l’imitèrent ; Saint-Julien, mieux avisé, eut l’idée de le traduire en vers burlesques. Aucun écrivain ne s’est donné la peine de nous dire si sa traduction fut recherchée avec autant d’avidité que le texte original, mais nous pouvons bien affirmer qu’elle ne manqua pas de lecteurs ; car, aussi exacts que la prose des fils de Renaudot, ses vers sont beaucoup plus gais et beaucoup plus amusants.

Nous en avons d’ailleurs une autre raison : en 1650, la vieille Fronde s’allia au cardinal Mazarin, en haine de la jeune Fronde ou de la Fronde des princes. Quand le prince de Condé eut été arrêté et renfermé dans le château du Havre, Saint-Julien, dont le maître étoit de la cabale du duc de Beaufort, revit son Courrier, le corrigea, l’accommoda aux opinions nouvelles, aux [p. xxvj] intérêts nouveaux du parti, et en donna, sous le titre de :  Courrier burlesque de la guerre de Paris, etc., une seconde édition. Ce n’est plus au premier ministre qu’il s’en prend des colères de la Cour, des rigueurs du blocus, des malheurs de la guerre ; c’est au prince. Ses insultes et ses railleries, ses bouffonneries et ses imprécations, sont toutes dirigées contre Condé, tandis qu’il n’a pour Mazarin que des caresses et des flatteries. Il le déclare innocent des maux dont il le chargeoit dans sa version primitive. Il approuve la résolution avec laquelle la reine s’est appliquée à retenir un si grand et si fidèle ministre. Dans son zèle de converti, il retranche scrupuleusement de ses vers toutes les expressions mal sonnantes, toutes les épithètes injurieuses. Il ne laisse même au besoin de la rime ni la guerre mazarine, ni les troupes cardinales. La palinodie est complète.

Dans sa forme nouvelle, le Courrier eut une fortune que n’a surpassé peut-être celle d’aucun pamphlet de la même époque. Saint-Julien avoit obtenu pour l’imprimer un privilège ; Antoine de Sommaville le lui acheta, et peu après il s’associa, pour l’exploiter, les libraires les plus renommés, Augustin Courbé, Toussaint Quinet, etc. Deux éditions parurent à la fois, l’une in-4, l’autre in-12 ; celle-ci, assez rare aujourd’hui, est encore recherchée. Les exemplaires qui passent dans les ventes se paient toujours cher. Cependant, [p. xxvij] depuis 1719, le Courrier burlesque de la guerre de Paris a pu être trouvé souvent à la suite des Mémoires du cardinal de Retz.

Encouragé par l’accueil qu’il avoit reçu du public, Saint-Julien entreprit vers la fin de 1650 de raconter en vers burlesques les luttes de la Cour et du Parlement pendant l’année 1648. C’étoit en effet une introduction presque nécessaire à son Courrier. Il composa donc le Courrier burlesque envoyé à Mgr le prince de Condé, etc. Le fond en est emprunté à l’Histoire du temps, qu’il abrège, mais qu’il suit presque toujours, qu’il traduit même quelquefois, comme il a traduit le journal des fils de Renaudot. Toutefois Saint-Julien n’a garde d’être frondeur entêté et violent à l’égal de Du Portail. Les circonstances sont changées, et on sait déjà qu’il change volontiers avec les circonstances. Il n’est non plus ni Mazarin autant que dans le Courrier burlesque de la guerre de Paris, ni parlementaire avec la même soumission que dans le Courrier françois. La vieille Fronde est en train de se rapprocher du parti des princes. Elle n’a pas rompu tout à fait avec le cardinal Mazarin ; mais elle travaille secrètement contre lui ; elle intrigue dans le Parlement et à la Cour. Saint-Julien profite de cette attitude incertaine de ses maîtres pour jeter le ridicule sur les hommes et sur les événements de 1648 avec une liberté qui est presque de l’impartialité. Il se moque du duc d’Orléans et du vieux Broussel, de Gondy et de Mazarin, des [p. xxviij] orateurs du palais et des héros de la rue. Jamais peut-être il n’a montré plus d’esprit et déployé plus de verve. Jamais son vers, plus souple et plus facile, n’a été néanmoins d’un meilleur burlesque. C’est sans contredit une des plus plaisantes pièces de la Fronde.

Nous avons adopté pour cette nouvelle édition l’ordre, non de la composition, mais du temps : nous avons commencé par le Courrier burlesque. Cette disposition s’explique d’elle-même, elle est trop naturelle et trop simple pour qu’il soit nécessaire de la justifier. Le Courrier françois vient ensuite. Nous ne donnons pas en entier le Courrier burlesque de la guerre de Paris, qui n’en est, comme nous l’avons dit, qu’une édition corrigée et accommodée aux circonstances de l’année 1650 ; mais nous citons dans les notes toutes les variantes qui ne sont pas de pures corrections de style. Les autres ne méritent véritablement pas qu’on s’y arrête. Il nous a semblé, d’une part, qu’il valoit mieux emprunter le texte de notre édition du Courrier françois, qui est plus étendu, plus complet, plus profondément empreint de l’esprit qui dominoit parmi la population parisienne pendant le blocus ; de l’autre, qu’il y avoit quelque avantage à placer en regard les uns des autres les divers passages des deux versions qui montrent, avec les changements d’opinion de Saint-Julien, ceux de la vieille Fronde.

On sait quelle est l’incorrection typographique [p. xxix] des Mazarinades. Publiées en général par les libraires du mont Saint-Hilaire, elles se ressentent du lieu qui les a vues naître. Il n’y en a peut-être pas une qui ne soit corrompue par les fautes les plus grossières. Les vers, souvent trop longs ou trop courts, y outragent la mesure, et les mots y sont altérés d’une façon si déplorable qu’ils en deviennent parfois inintelligibles. Avons-nous besoin de dire que nous nous sommes appliqué à rétablir partout la pureté du texte ? Nous avons la ferme conviction que nos efforts n’ont pas été sans succès.

Mais ce n’étoit pas assez de rendre à la pensée de l’auteur sa véritable expression ; il falloit expliquer le sens des termes surannés, des proverbes oubliés, des locutions proverbiales, dont il se sert ; faire connoître par leurs noms et surnoms, quelquefois par les principaux événements de leur vie, les personnages différents dont il parle ; surtout il falloit commenter, développer, rectifier ses récits, et les dégager, à l’occasion, de la forme burlesque dont il les enveloppe, pour présenter les faits dans la vérité de leur caractère. Nous nous sommes en conséquence efforcé de donner tous les éclaircissements qui nous ont paru utiles, dans un grand nombre de notes littéraires, biographiques et historiques. Les dernières sont toutes tirées des pamphlets de la Fronde, par exemple de l’Histoire du temps, du Journal du Parlement, du Courrier françois en prose. Quelques [p. xxx] unes ont été prises dans la Gazette. Nous nous sommes interdit absolument de recourir aux Mémoires que tout le monde connoît, et dont les extraits auroient augmenté dans une trop grande proportion le volume de notre travail. On nous permettra de signaler, parmi les pièces que nous avons citées en entier, les Vers burlesques envoyés à M. Scarron sur l’arrivée du convoi à Paris, que nous croyons de Saint-Julien, et l’Agréable récit des barricades, etc., dont l’auteur est M. de Verderonne. Ce M. de Verderonne étoit Claude de l’Aubépine, marquis de Verderonne, d’abord page de la reine mère, puis gentilhomme du duc d’Orléans et capitaine au régiment des gardes en 1650. C’est de lui apparemment qu’il est question dans l’anecdote que Tallemant des Réaux raconte de Bois-Robert (t. 2, p. 384, de l’édition de M. Paulin Paris). Son père étoit Charles de l’Aubépine, seigneur de Verderonne, conseiller au Parlement en 1618, maître des requêtes en 1624, ambassadeur en Suisse et chancelier de Gaston, dur d’Orléans. L’Agréable récit des barricades est sans contredit la plus spirituelle et la meilleure pièce burlesque du temps. Nous répétons très volontiers après Naudé que « l’auteur a heureusement suivi, et même surpassé, le petit Scarron. »

Qu’il nous soit permis de dire en terminant que nous n’avons point de scrupule des larges emprunts que nous avons fait aux Mazarinades. Notre [p. xxxij] intention a été de donner une idée générale et exacte de ces pamphlets, aujourd’hui encore trop peu connus. Nous ne pourrions regretter que de n’y avoir pas réussi.

MOREAU.

 

  1. Très humble remontrance faite au roi dans son avènement en sa majorité sur les désordres de l’Etat et rétablissement d’un premier ministre [M0_3836]. Paris, André Chouqueux, 1651. []
  2. Le politique universel, ou briève et absolue décision de toutes les questions d’état les plus importantes, savoir est : 1° si les rois sont d’institution divine ; 2° s’ils ont un pouvoir absolu sur nos biens et sur nos vies ; 3° si les conditions avec lesquelles les peuples se sont donnés aux rois ne doivent pas être inviolables ; 4° s’ils sont obligés d’observer les lois fondamentales de l’Etat ; 5° si leur gouvernement doit être monarchique, ou aristocratique, pour le bien commun du prince et des peuples ; 6° s’ils doivent avoir des favoris ; 7° si leurs favoris doivent entrer dans le conseil et prendre le gouvernement des affaires [M0_2818]. S. l., 1652. []
  3. Remontrance du Parlement, envoyée au roi et à la reine régente, sa mère [M0_3319]. Paris, 1649. []
  4. Histoire de la prison et de la liberté de Monsieur le Prince [M0_1639]. Paris, Augustin Courbé, 1561. []
  5. La pièce de Saint-Germain, sans titre ni date [M0_2762, contenu dans M0_1160], commençant par ces mots : « Le roi veut que le Parlement sorte de Paris, etc. » []
  6. Le jugement rendu sur le plaidoyer de l’auteur de la Vérité toute nue et l’Avocat général, partie adverse, par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T.[M0_1775], Paris, 1652. []
  7. Avis, remontrance et requête, par huit paysans de huit provinces, députés pour les autres du royaume, sur les misères et affaires du temps présent, 1649, au Parlement de Paris, et de ceux (sic) députés et assemblés à Ruel pour la conférence [M0_533]. Paris, composé par Misère et imprimé en Calamité, 1649. – Le contrat de mariage du Parlement avec la ville de Paris [M0_783]. Paris, veuve J. Guillemot, 1649. – Concordat de l’union faite entre le Parlement et la ville de Bordeaux avec nos seigneurs les princes, contre les ennemis de l’Etat [M0_731]. Jouxte la copie imprimée à Bordeaux par Guill. Le Court, 1652. []
  8. Journal de l’assemblée de la noblesse tenue à Paris en l’année 1651[M0_1750]. S. l., 1651. Dans cette même année 1651, le Parlement de Bordeaux empêcha la publication des Lettres du roi pour la convocation des États : « N’assemblez par les Etats généraux. Ils ne réduiroient pas votre autorité, comme on le prétend ; au contraire. Mais ils pourroient être un instrument de division et de trouble. les grands s’y feroient des partisans qui agiteroient les provinces. » – Remontrance très humble à la reine mère, régente de France, pour la conservation de l’Etat pendant la minorité du roi son fils (par Nic. Pasquier). Paris, Pierre du Pont, 1650. « Les états généraux pourroient commencer par la corruption et finir par de nouvelles surcharges. » – Réponse des bourgeois de Paris à la lettre écrite des provinces sur le mutuel secours de leurs armes [M0_3415]. Paris, 1649. []
  9. Œuvres de Louis XIV, t. 1, p. 6, des Mémoires historiques. []
  10. « La majesté est tout entière dans le berceau. Son aurore la met dans la plénitude de son éclat, sa naissance dans sa perfection, sa petitesse dans toute l’étendue de sa grandeur. Attendre qu’elle croisse pour lui obéir, égaler nos respects à ses années, c’est raccourcir son règne et croire à l’intermission dans le mouvement de sa puissance. Un roi d’un jour est aussi souverain qu’un vieux conquérant, et celui que nous ne devons regarder que par nos soumissions est toujours grand et élevé. » (Le caractère du royaliste à Agathon [M0_633] ; Paris, 1652.) – « Il faut que nous révérions comme l’image de la puissance de Dieu les princes que nous ne pouvons plus aimer comme l’image de sa bonté. Et parce que toute puissance vient du ciel, elle ne peut être empêchée que de côté-là.. » (Manifeste au roi, contenant quel doit être le conseil d’un prince, à la gloire du Parlement, par L. S. D. T. [M0_2351], Paris, Denys Langlois, 1649). []
  11. « La France est un État monarchique ressemblant au ciel, qui ne peut souffrir qu’un soleil. » (Discours adressé aux soldats françois, dédié à M. Deslandes Payen, conseiller au Parlement [M0_1101]. Paris, L. Sévestre, 1649.) – « Le roi est à l’État ce que le cœur est au corps, le soleil à la nature, le père à la famille, le pilote au vaisseau. » (Lettre d’un véritable François à monseigneur le duc d’Orléans [M0_1898]. Paris, 1649.) – « On dit, et il est vrai, que toutes les fleurs généralement ont inclination vers le soleil et suivent toujours son mouvement ; il en est ainsi du peuple françois : ils ont un amour naturel pour leur prince et suivent avec plaisir le mouvement de son autorité. » (Harangue faite par le président de La Tresne au maréchal du Plessis, dans la ville de Bordeaux, le dernier janvier 1650 [M0_1601]. Paris, Nicolas Gasse, 1650). []
  12. « Le siège mis devant le Ponteau de Mer (sic), par l’ordre du duc de Longueville, que le gouverneur et les habitants du lieu lui ont fait lever, le Te Deum chanté pour la ratification de la paix avec l’Empire, et ce qui s’est naguère passé à la cour. Imprimé à Saint-Germain-en-Laye, le 9 mars 1649. []
  13. Le commerce des nouvelles rétabli, ou le Courrier arrêté par laGazette. Paris, 1649. []
  14. Le commerce des nouvelles rétabli, etc. []
  15. Le siège mis devant le ponteau de Mer, etc. []
  16. Le commerce des nouvelles rétabli. []
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